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Réformes scolaires et orthographiques : l'illettrisme institutionnel


Un enseignant musulman sous l’Etat d’urgence : « Terroriste ! »

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Salah Lamrani

Signez la pétition pour la réintégration de Salah Lamrani : http://www.tlaxcala-int.org/campagne.asp?reference=43

Adressez un courriel de protestation au Rectorat : ce.drh@ac-creteil.fr

Professeur de Lettres Modernes, Titulaire de l’Education Nationale, en poste fixe au Collège ***, je viens de faire l’objet d’une suspension de 4 mois suite à une campagne acharnée d’incitation, de dénonciations calomnieuses et de harcèlement moral, notamment de la part de la direction et de la FCPE, avec la complicité d’enseignants. 


Divers incidents dus à mon activisme dans un établissement dépourvu de culture syndicale et au caractère particulièrement arbitraire de la direction (Mme K. B., principale, et M. A. S., principal adjoint) m’avaient opposé à celle-ci, et je me suis vu brimé, retiré des activités plébiscitées par les élèves, diffamé, agressé verbalement et soumis à des pressions quotidiennes qui m’ont amené à prendre 5 semaines d’arrêt maladie. 

Durant mon absence, des rumeurs gravissimes ont été répandues à mon sujet, tant auprès des enseignants que des élèves (qui m’apprécient énormément), instrumentalisant grossièrement mon activité de traducteur et de blogueur et mon expérience avec la Mission laïque française en Egypte : faute grave mettant en péril les élèves, violences contre des enfants, endoctrinement djihadiste des élèves, terrorisme, etc. Cette atmosphère insidieuse a délibérément été entretenue par la direction. Le 25 janvier, les parents d’élèves de mes classes ont été convoqués à une réunion visant à me porter le coup de grâce, mais mon retour providentiel ce jour-là m’a permis de renverser la situation et de faire la lumière sur le harcèlement dont j’étais victime. La réaction indignée de nombre de parents a poussé la FCPE à m’adresser un courrier élogieux dès le jour suivant, m’assurant de sa confiance et de sa volonté de me voir continuer à exercer mes fonctions auprès des élèves après avoir œuvré contre moi. 

Je me suis plaint de tout cela à mon Inspecteur, en lui promettant prochainement un rapport circonstancié, mais cette décision de suspension sans la moindre enquête, qui vise manifestement à tirer la direction d’une situation très embarrassante (car tout le collège est informé de la situation), de fait, limite notablement ma marge de manœuvre.

Cette triste affaire ne va bien évidemment pas s’arrêter là, et en attendant la suite des événements, j’en publie les premiers éléments.

Pour conclure, il me parait remarquable que même dans un établissement de Seine-Saint-Denis, à forte population d’origine arabo-musulmane et immigrée, avec une direction « arabe » de surcroît, de tels amalgames puissent être en vigueur, et entrainer ainsi une suspension sur la seule base d’un rapport grotesque et mensonger, et surtout, à en croire ladite direction, de lettres calomnieuses adressées par des parents au Rectorat. Dans cette France post-13 novembre, cela suffirait donc pour suspendre un enseignant sans même l’entendre, alors que sa réputation a été gravement entachée par une campagne indigne voire illégale, ce qui ne peut que contribuer à entretenir les craintes et soupçons des uns et des autres. L’intégrité morale d’un fonctionnaire de l’Education Nationale, de même que l’intérêt supérieur des élèves, sont ainsi bafoués sur l’autel du tout-sécuritaire, sans aucune réaction notable du corps enseignant à ce jour. Est-ce là le Collège de demain ?

Salah Lamrani

Annexe 1 : Courriel à mon Inspecteur
Annexe 2 : Courrier de la FCPE
Annexe 3 : Réponse à la FCPE
Annexe 4 : Rapport de la direction
Annexe 5 : Suspension

Annexe 1

De : Salah Lamrani
À : ***
Envoyé le : Mercredi 27 janvier 2016 23h46
Objet : Harcèlement moral

Monsieur l'Inspecteur,

Je me permets de vous faire part de la situation préoccupante dans laquelle je me trouve au sein de mon établissement, le collège ***, où j’ai été affecté à la rentrée 2015 en poste fixe en tant que Professeur de Lettres Modernes (Néo-Titulaire). Un rapport plus détaillé comportant les documents et pièces justificatives, notamment des échanges de courriel et des témoignages de personnels et de parents d'élèves, pourra vous être adressé prochainement. Je vous rappelle que vous m’avez inspecté dans le cadre de mon année de stage l’an passé, au collège ***, où j'ai de très bons états de service.

Depuis la rentrée, mes échanges et relations avec la direction de cet établissement, Mme K. B., principale, et M. A. S., principal adjoint, ont pris une tournure et des proportions de violence invraisemblables, surtout eu égard aux faits qui les ont causés. Je signale dès l'abord que je considère n'avoir commis absolument aucune faute ou manquement, à moins que la qualité de délégué syndical et des actions en ce sens puissent constituer un acte d'insubordination méritant l'hostilité voire les brimades de la direction (diffusion de documents syndicaux, assistance d’un personnel en procédure disciplinaire, prise de parole courtoise mais contradictoire au premier CA où je suis élu, etc., qui seraient étrangers à la « culture » de l'établissement), ou interdiraient de s'investir dans le cadre d'activités autorisées par la hiérarchie et plébiscitées par les élèves. Je signale par ailleurs que les personnels de l'établissement m'ont souvent parlé du caractère particulièrement intrusif des parents du collège, bien que je n'aie pas directement rencontré de tels problèmes, peut-être parce que je suis apprécié de mes élèves. Mais un premier incident le jour même de la rentrée pourrait être révélateur de tels faits et d'usages discutables de la direction : j'avais été accusé de duplicité par celle-ci lors d'un entretien dans son bureau convoqué à cet effet, en présence de la principale et de son adjoint, sur la seule base d'une information fausse et absurde qui aurait été donnée par un parent. Mme B. m'avait ensuite présenté ses excuses et j'ai considéré l'incident clos, sans en avoir informé quiconque au sein de la communauté éducative.

A partir de novembre, après m’avoir donné le feu vert pour deux Clubs que je souhaitais animer, et que j’avais soumis par écrit dès la semaine de la rentrée (la direction m'avait seulement dit, après un certain temps, que je ne pourrais finalement pas être rémunéré pour ces activités du fait d'un manque de moyens, mais j'ai tenu à maintenir bénévolement ces projets et cela a bien sûr été loué et validé), Mme B. les a fermés peu après leur lancement, après le premier CA du 5 novembre, privant ainsi 31 élèves d’activités enrichissantes, sans la moindre raison valable. J'ai demandé des explications mais je n'ai pu en obtenir, cette volonté de comprendre m'étant même reprochée comme un manque de respect pour la hiérarchie. Soucieux de défendre ma crédibilité auprès de la communauté éducative, car je ne pouvais endosser seul cette responsabilité et devais pouvoir me justifier auprès des élèves et personnels, je lui ai demandé, par courriel, une notification écrite et circonstanciée (elle me l’avait catégoriquement refusée suite à ma demande à l’oral), et j’ai finalement été mis en faute par un courriel tendancieux qui m’imputait un manquement potentiellement grave pour la sécurité des élèves dans le lancement de ces Clubs pour lequel je n’aurais pas eu d’autorisation, ce qui constitue une calomnie, d’autant plus grave que ce courriel, dans le contexte de l'après 13-novembre, a ensuite été lu publiquement au CA du 30 novembre : tous les autres élus y ont eu voix au chapitre (le principal adjoint, mon référent car notre établissement est sur deux sites, y a du moins clairement reconnu qu'il m'avait lui-même reconfirmé le feu vert pour lancer mes Clubs après le CA précédent du 5 novembre), mais quand j’ai voulu y donner ma version des faits, je me suis vu intimer le silence, si bien que je n’ai pas pu me faire entendre. C’est cette version qui a été répandue au sein de l’établissement, et d'autres rumeurs calomnieuses de faute grave ont ensuite circulé (non-respect de la laïcité avec mes élèves, etc.). Mme B. a même interdit à Mme ***, la documentaliste, de m'accueillir en tant qu'assistant dans son activité lecture avec les élèves, ce que Mme *** avait fait à deux reprises en résistant une première fois à des pressions en ce sens en arguant du vif intérêt des élèves et de ma qualité de collègue, mais après le second CA, la documentaliste a été convoquée par la principale et a dû céder à regret. Comme je concluais un courriel adressé à la direction le 21 novembre, dans lequel je protestais contre la suspension définitive et injustifiée de mes clubs, « Je ne trouve absolument aucune explication satisfaisante à votre décision, qui démentit à la fois votre adjoint et votre propre accord donné oralement en sa présence, sauf à croire qu’il est dû à des considérations d’ordre personnel qui ne sauraient avoir droit de cité dans des relations professionnelles ni primer sur l’intérêt des élèves. » Comme beaucoup d'autres, ce courriel est resté sans réponse.

La violence du CA du 30 novembre et cette atmosphère délétère m’ont conduit à être arrêté dix jours par mon médecin. Lorsque je suis revenu durant la dernière semaine avant les vacances de Noël, j’ai été soumis à des pressions quotidiennes dont je serai en mesure d'apporter rigoureusement le détail. Au point que même après les vacances, je n’étais pas capable de reprendre les cours, et mon médecin m’a arrêté 3 semaines. Pour information, avant cette année, je n’avais jamais été en arrêt de travail, et sauf stages ou jours de grève, en plus de 2 ans dans l’Education Nationale, je n’ai jamais raté une heure de cours (j'ai raté une demi-heure du fait d'un problème de transport, et malgré des trajets quotidiens de 3 heures).

Durant mon absence, j’ai tout de même voulu avancer avec mes élèves, et me faire adresser des copies pour les corriger et leur renvoyer des contrôles. La CPE était d’accord pour le faire et le leur a annoncé, mais ensuite, cela n’a plus été possible et cette information a été démentie. Ma demande écrite de rattrapage de cours avec mes classes adressée à la direction est restée sans suite.

Plus encore, lorsque j’ai repris les cours ce lundi 25 janvier (à la grande surprise de beaucoup d'élèves, et également à leur joie), j’ai appris que la vie scolaire avait affirmé à toute une classe qu’ils ne devaient pas même faire les contrôles que j’avais donnés avant les vacances et que si à mon retour je leur mettais un zéro pour travail non fait, ils devaient se plaindre aux surveillants qui en aviseraient la direction. Ces devoirs étaient du reste des sujets que j'avais imprimés et laissés à la CPE à leur intention durant une absence en décembre pour formation, et qui sont ensuite restés 10 jours dans le tiroir de la salle de permanence où les a déposés la vie scolaire, et où mes classes étaient presque quotidiennement, mais n'ont pas été distribués ; le seul devoir qui a été fait est celui que j'avais donné en mains propres à une déléguée élève durant un conseil de classe. Du reste, toutes sortes de rumeurs circulaient parmi les enfants, notamment que j’aurais été renvoyé pour faute grave.

Enfin, j'ai appris par mes élèves que le vendredi 22 janvier, la vie scolaire a distribué à mes classes un document de la FCPE sans enveloppe dans lequel il était dit que tous les parents étaient conviés à une réunion le lundi 25, consacrée au sujet préoccupant de mon absence non remplacée et des solutions qui devaient être trouvées, alors que la direction avait bien reçu mes arrêts maladies et qu'il[s] finissai[en]t le 24. Ce qui, dans un tel contexte, ne pouvait manquer de confirmer pour beaucoup les fausses rumeurs qui circulaient, soutenues par cette atmosphère insidieuse.

Lorsque j’ai appris cela, j’ai demandé à mes élèves de dire à leurs parents que je les invitais moi aussi à assister à cette réunion, et que je serais présent dans l’établissement pour parler à qui le souhaiterait après celle-ci. Mais lorsque la réunion a commencé (je n’ai aucunement essayé d’y participer car je n’y étais pas convié ; un représentant FCPE m’a même affirmé mensongèrement qu’elle n’était aucunement consacrée à moi mais à d’autres questions), le principal et son adjoint sont venus me faire sortir de ma propre salle à l'étage supérieur (j’avais dit aux parents que j'y serais présent pour qui le souhaite), au prétexte de l’alarme incendie, et j’ai obtempéré sans mot dire. Ils ont ensuite voulu me faire sortir de l’enceinte même de l’établissement en arguant que c’était une « propriété privée », et face à mon refus d'obtempérer et  mon indifférence placide, voilà un échantillon des menaces et propos injurieux et diffamants qu’ils ont proférés ensuite, en présence d’un parent d'élève, pour me forcer à partir avant la fin de la réunion et m’empêcher de parler aux parents, voire peut-être me pousser à la faute : « pitoyable », « on va appeler la police, vous allez rentrer dans un fourgon », « aucun parent ne veut vous parler », « personne ne va vous soutenir », « danger pour les élèves », « je vais appeler le rectorat et vous interdire l’accès à l’établissement dès demain » (car je serais manifestement incontrôlable et pourrais frapper des élèves dans un accès de colère, qu'ils semblaient s'évertuer à provoquer), « terroriste », etc. Je n’ai pas répondu à ces propos et me suis contenté de les ignorer. Je suis resté debout dehors, dans le parking de l’entrée, pendant plus d’une heure trente, sans perdre mon calme à aucun moment. Et durant tous ces « échanges », je n'ai adressé que quatre mots à la direction : « faites un écrit », et le mot « terroriste » que j'ai répété sur un ton interrogatif.

A la sortie de la réunion, des parents sont massivement venus me voir et m'entendre (une vingtaine pour le moins), et un échange public s'est instauré à l'entrée de l'établissement. Plusieurs parents m’ont fait part de leur vif souhait que je puisse poursuivre à exercer mes fonctions avec leurs enfants, me demandant si j'étais disposé à le faire. Je leur ai affirmé que ma volonté de le faire était absolue, mais quant à ma capacité, je leur ai rapporté les faits ci-dessus sobrement, en rappelant les termes qui avaient été utilisés par la direction pour me faire partir et m’empêcher de leur parler, et en soulignant le caractère extrême et inacceptable de leurs procédés. J’ai fait part de mon souhait de continuer à enseigner à mes élèves, avec qui tout se passait très bien, mais cela nécessiterait que la direction puisse du moins cesser ses manœuvres de déstabilisation personnelle et professionnelle. Un parent a clairement parlé de « harcèlement moral », termes que je n’avais pas utilisés mais qui caractérisent fidèlement la situation, m’invitant à saisir la justice pénale. Lorsque j’ai répété l’accusation de « terroriste » qui m’a été lancée par M. S., et de dangerosité pour les élèves justifiant mon interdiction à l'établissement dès le lendemain prononcée par Mme B., j’ai eu une petite crise de larmes (je précise que certains de mes élèves ont perdu des proches le 13 novembre). Des parents s'étant engagés à agir en ce sens, je me suis engagé auprès de tous, à leur demande et conformément à mon souhait, à être présent jeudi (car gréviste mardi, et n’ayant pas cours mercredi), et à poursuivre ma mission d'enseignement auprès de leurs enfants tant que cela me serait humainement possible. Et tout cela en la présence de la principale et de son adjoint qui sont restés avec moi durant toute la réunion de la FCPE, et étaient maintenant aux tous premiers rangs de l'audience des parents, entendant tout très distinctement.

Je tenais vivement à vous informer de tout cela, en espérant que vous pourrez me soutenir et contribuer à restaurer des conditions qui me permettront d'assurer sereinement ma mission d'enseignement. Je vous informe que je compte également en informer le Rectorat pour faire diligenter une enquête sur ces faits inconcevables.

En vous priant de m’excuser pour ce message, et en vous remerciant par avance de votre attention, je vous prie d’agréer, Monsieur l’Inspecteur, l’expression de ma considération respectueuse.

Salah Lamrani

Annexe 2


Annexe 3 

De : Salah Lamrani
À :<fcpe.college.romain.rolland@outlook.fr>
Envoyé le : Jeudi 4 février 2016 8h09
Objet : Médiation

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie vivement de votre courrier spontané et de cette proposition bienvenue de médiation à laquelle je suis navré de ne pas avoir pu répondre plus tôt. Vous concevrez aisément que les événements notables qui se sont produits dernièrement ont été et restent, à plus d’un égard, éprouvants et mobilisateurs, et que je me devais de prendre toute mesure à même de me préserver et de me permettre de tenir la promesse solennelle que j’aie faite devant des dizaines de parents, après leur manifestation de soutien massive, décisive et touchante, d’assurer tous mes cours de la meilleure des manières sinon concevable, du moins possible, et de préserver autant que possible les enfants de tout contrecoup dû à des faits réels et/ou imputés dont ils n’auraient pas même dû avoir ouï-dire.

Je salue avec chaleur votre volonté de conciliation et la confiance que vous me manifestez, et vous fait part de mon entière disposition, et même de mon souhait le plus vif de participer à une instance de médiation dorénavant indispensable, dans l’intérêt supérieur des élèves, sur lequel aucune considération ne saurait primer, et de la cohabitation sereine de l’ensemble des personnels de l’établissement et acteurs de la communauté éducative. Cette perspective prime à mon sens sur les normes et usages mêmes de la médiation, qui devrait effectivement être menée par une instance dédiée et neutre.

Je suis au regret de n’avoir pu être disponible pour le lundi 1er février ni le jeudi 4 février (votre courrier était ambigu quant à la date exacte), mais je vous propose la date du lundi 15 février à 20h, au réfectoire du collège. Je souhaiterais toutefois que la configuration puisse en être légèrement modifiée de la manière qui suit : en plus des 5 parents FCPE, de la direction et de 5 enseignants du collège qui seraient désignés par vos soins, je pourrais être accompagné de 5 parents de mon choix et de 5 personnes de mon entourage, dont l’identité sera dûment communiquée, et la direction pourra également de son côté faire appel à 5 personnes extérieures.  

Je suis persuadé que votre perspective de médiation et de transparence et votre haute conception de l’intérêt des élèves vous permettront de vous accommoder aisément de cet aménagement, surtout au vu des différents incidents regrettables qui vous ont heureusement amené à proposer cette rencontre. Je suis pour ma part convaincu que de tels élans auraient aisément permis, par exemple, de trouver une voie de conciliation qui aurait assuré le maintien de Clubs enrichissants touchant 31 élèves et animés bénévolement de surcroît, en prenant en compte les intérêts et demandes légitimes de toutes les parties. Il y aurait effectivement là les bases les plus saines et les plus constructives pour un nouveau départ dès la rentrée des vacances d’hiver.

Par ailleurs, il me serait agréable de pouvoir disposer d’un compte rendu exhaustif du CA du 30 novembre et de la réunion organisée le 25 janvier, ainsi que de leurs tenants et aboutissants, du moins pour les parties me concernant.

Dans l’attente de votre réponse que j’espère prompte, je vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes salutations distinguées.

Salah Lamrani

Annexe 4 

rapport-d-1 (pdf, 838.5 kB)

rapport-d-2 (pdf, 954.1 kB)

rapport-d-3 (pdf, 954.2 kB)

rapport-d-4 (pdf, 963.3 kB)

rapport-d-5 (pdf, 919.1 kB)


Annexe 5



« Il n’y a plus de liberté d’expression » : un professeur de Français suspendu à cause de son blog

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14 févr. 2016, 22:01 


Signez la pétition pour la réintégration de Salah Lamrani : http://www.tlaxcala-int.org/campagne.asp?reference=43

Adressez un courriel de protestation au Rectorat : ce.drh@ac-creteil.fr
 © Source : blog de Salah Lamrani

Salah Lamrani, professeur de Français dans un collège de Seine-Saint-Denis suspendu d'après lui pour ses activités de bloggueur, a confié à RT les circonstances de cette décision, en les jugeant inqualifiables.

Dès son embauche au collège Romain Rolland en septembre 2015, le jeune professeur a fait face à des pressions, comme il l’a souligné dans son interview. « J’ai rapidement été confronté à des problèmes avec ma direction qui ne tolérait pas mon activisme syndical au sein de l’établissement et j’ai été franchement soumis à un harcèlement moral qui m’a amené à me faire prescrire cinq semaines d’arrêt maladie », a-t-il expliqué.

Durant son absence, la direction a, selon Salah Lamrani, instrumentalisé son activité de bloggeur qui tourne autour du Moyen-Orient. Durant son temps libre, il traduit en effet des discours de différents hommes politiques, tels que le Secrétaire général du Hezbollah, Bachar el-Assad ou encore Vladimir Poutine, des personnalités qui se trouvent « en première ligne dans la lutte contre Daesh ». Son expérience avec la Mission laïque française en Egypte, contre laquelle il est actuellement en procès, n’a pas non plus plu ni à la direction, ni à certains parents.

« Ainsi, tout ce que je publie sur Internet a été instrumentalisé contre moi, on a voulu me faire passer pour un danger pour les élèves, pour un terroriste qui endoctrinait les élèves. Ces accusations ont été portées contre moi par la direction de l’établissement en présence de parents d’élèves », a-t-il noté, ajoutant que c’est de cette façon que tout le collège a pris connaissance de ses activités.

Il est ensuite revenu au collège où une atmosphère insidieuse régnait et à force d’explications, aurait réussi à renverser la situation en sa faveur. Cependant, Salah Lamrani a rapidement reçu un arrêté lui signifiant la suspension de son poste pour une durée de quatre mois sans aucune explication.

En dénonçant cette action qui instrumentalise son activité de bloggeur qui n’a aucune incidence sur son activité d’enseignant, il a condamné l’état d’urgence, dans le cadre duquel selon lui, « tout musulman, activiste syndical, toute personne est suspectée, réprimée et bafouée ». « Nous n’avons plus de liberté d’expression », a-t-il conclu.

RT France a tenté de contacter la principale du collège K. B. et le principal adjoint A. S. afin d’obtenir un commentaire sur le sujet. Aucune réponse n’a pour l’heure été reçue.

Ground ops in Syria very unlikely: Analyst

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Press TV has conducted an interview with Salah Lamrani, a blogger and Middle East expert, on Russia’s reaction to a proposal by Saudi Arabia and Turkey to dispatch ground troops into Syria.

Source & video : http://presstv.com/Detail/2016/02/15/450429/Syria-US-Turkey-Saudi-Arabia-Lamrani/

The following is a rough transcription of the interview.

Press TV: First of all, as far as the comments of Medvedev go, it seems Russia’s putting out a stark warning against the ground operation. Will this call be heeded though?

Salah Lamrani: There is actually a risk that there will be some kind of ground operation in Syria; but it is very unlikely that it could come from either American forces or Saudi Arabian forces.

The only force that could do such a move is Turkey and there is some chances that this could happen; but actually, it is not likely that such a move could push things the way Turkey or the West wants them because Syria has clearly fallen out of the hands of the terrorists, and thanks to the Russian intervention, it doesn’t seem very likely that anything can turn the tide of events another way except for full global nuclear war, which is very not likely at the moment.

Press TV: Well, what was the goal of a ground invasion? …We’ve heard Israeli officials’ call for basically dividing Syria along sectarian lines. Now, this is a call that was made for Iraq as well. Do you think that a ground invasion would be basically geared towards a goal like that?

Salah Lamrani: What we are seeing in the Middle East ever since Condoleezza Rice spoke about the birth pangs of a new Middle East in 2006, is precisely the West trying to divide all the great Arab and Muslim countries. But today, this seems delusional because everything is going in the direction of a resolution of the conflict, with the Syrian Arab Army being the main force around.

So, even if such thing is still the project of some delusional maniacs like Erdogan or maybe the Israeli government, this is very not likely that such a thing can happen right now. It’s just wishful thinking.

French teacher suffers unjust witch-hunt – Freedom of Expression in France

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SHAFAQNA – Under the cover of its state of emergency Paris has allowed for an insidious intellectual witch-hunt to be carried out against all those the “Establishment” feels stands beyond its pre-ordained narrative.

Today one teacher is speaking up!

Professor Salah Lamrani, a French Literature Middle School tenured teacher in the Paris popular suburb of Seine Saint Denis (which population is majority Arabic-Muslim) made the terrible mistake of exercising his freedom of expression at a time when words and ideas have very much become the property of the state.

A blogger and translator with his own personal views, Mr Lamrani was castigated by a system which still claims to stand and protect democratic principles, when in fact it only seeks to impose its own world views.

A Professor with great integrity, an educator and an intellectual, Mr Lamrani never allowed for his beliefs and opinions to translate into his work at school  – still he was hanged for daring having an opinion, still, he was victimized by an educational system which offers more weight to hear and say than it does fact.

Following a veritable witch-hunt against his person, his character, and his abilities as a teacher, Mr Lamrani was suspended without explanation or due process – sold out to a system which offers little justice to those who dare think outside the box. Mr Lamrani was essentially tossed out, and sold out by his peers for he desired to speak and write freely in a country which no longer offers Liberty to its nationals.

In comments to Shafaqna, Mr Lamrani explained: “A particularly authoritarian figure-head at my school was deeply angered by some of the ideas I explored in my writings, and the political standards I champion in my personal life … This lead to some rather outlandish allegations that I hold sympathies with terror. Needless to say that such claims were extremely damaging to my reputation, as both a teacher and a citizen.”

He added: “Because I publicly opposed some of the ideas the headteacher was promoting – mainly the educational reform system management fronted – I was labelled an undesirable. While most would have expected divergence of opinions to lead to healthy debates I was instead demonized and vilified to be better gotten rid off. Slanderous claims were made by parents to the Rectorate warning that I was radicalizing pupils and other niceties …”

Mr Lamrani has suffered a grave injustice … he now faces an uphill battle for his rights and civil liberties to be recognized.

A well-loved, well-respected teacher, a dedicated educator and passionate intellectual was targeted for he dared argue Resistance against oppression as a principle, and freedom of expression as an inherent and inalienable right.

Shafaqna will be following the story closely!

By Catherine Shakdam for Shafaqna

A French Muslim teacher in the State of emergency: “Terrorist!”

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February 11th, 2016

Translated from French by Jenny Bright

Please sign & share the petition for the reinstatement of Salah Lamrani : http://www.tlaxcala-int.org/campagne.asp?reference=44


Professor of French Literature, licensed by the National Education, with a fixed position in Romain Rolland Middle School of Tremblay-en-France (93290), I have come to receive a suspension of four months on February 11th, following a fierce campaign of incitement, false accusations and moral harassment, on the part of the management and the FCPE (parent’s board), with the complicity of teachers. 

Various incidents due to my activism in an institution devoid of union culture and with a particularly arbitrary character of the management (Mrs. K. B., Principal, and Mr. A. S., Deputy Principal) had opposed me to it, and I was bullied, prevented from organising activities that the pupils enjoyed, defamed, verbally abused and subjected to daily pressures that led me to be prescribed 5 weeks of sick leave. 

During my absence, very serious rumours were spread about me, among both teachers and pupils (who like me enormously), grossly misconstruing my activity as atranslatorandbloggerandmy experience with the French Secular Mission in Egypt: I was accused of serious misconduct jeopardizing the pupils’ safety, violence against children, jihadist indoctrination of children, terrorism, etc. This insidious atmosphere was deliberately maintained by the management. On January 25th, the parents of my classes were summoned to a meeting to bring me the coup de grace, but my return that very day providentially allowed me to reverse the situation and to shed light on the harassment which I was a victim of. The indignant reaction of many parents pushed the FCPE to send me a complimentary letter on the following day, assuring me of their confidence and their desire to see me continue to perform my duties with students after having worked against me. 

I complained about this to my inspector, promising him a detailed report in the near future, and made it clear that I would call everyone to account, but this decision of suspension without any investigation, which clearly aims to save the management from a very embarrassing situation (because the whole school is informed of the situation), in fact, significantly limits my margin of manoeuvre.

This sad case will obviously not stop here, and while waiting to see how events proceed, I publish the first elements.

In conclusion, it seems to me remarkable that even in an institution of Seine-Saint-Denis, with a large population of Arab-Muslim and immigrant background, with anArab” management in addition, such amalgams can be effective, and lead to a suspension on the sole basis of a grotesque and false report, and above all, according to the said management, slanderous letters sent by parents to the Rectory. In this post-November 13th France, this is enough to suspend a teacher without as much as a hearing, while his reputation is badly tarnished by an unworthy, even illegal campaign, which can only contribute towards anyone entertaining fears and suspicions. The moral integrity of an official of the Ministry of Education, as well as the best interests of pupils, are therefore trampled on the altar of high security without any noticeable reaction of the teaching establishment to date. Is this the school of tomorrow?

Salah Lamrani



Appendix 1 : Report to my Inspector

Appendix 2 : Letter from the FCPE (Parents' Council)

Appendix 3 : Answer to the FCPE




Appendix 1 : Report to my Inspector

From:Salah Lamrani
To: ***
Sent: Wednesday, January 27, 2016 11.46 p.m.
Subject: Moral harassment

Mr Inspector,

Let me tell you about the worrying situation in which I find myself within my institution, the Romain Rolland Middle School of Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), where I was assigned in September 2015 in the fixed position of Professor of Modern Letters (New Holder). A more detailed report containing the supporting documents, including e-mail exchanges and testimonies from personnel and parents, will be sent to you shortly. I remind you that you inspected me as part of my internship year last year in *** Middle School in Kremlin-Bicêtre, where I have a very good service record.

Since September, my interactions and relationships with the management of this establishment, Ms K. B., Principal, and Mr A. S., Assistant principal, have taken a violent turn of incredible proportions, especially in view of the facts that caused this. I note at the outset that I consider myself to have committed absolutely no fault, or failure, unless the quality and actions of union delegate could constitute an act of insubordination deserving of hostility and bullying from the management (distribution of union documents, assisting a member of the staff at a disciplinary procedure, taking a courteous but contradictory stance to the first Administration Councli where I am elected, etc., which would be alien to the “culture” of the institution), or prohibiting my involvement in activities authorized by the hierarchy and popular with pupils. I also mention the fact that school staff have often told me about the particularly intrusive character of schools parents, although I have not directly encountered such problems, perhaps because I am appreciated by my students. But a first incident the very first day of school may reveal such facts and questionable practices of the management: I had been accused by management of duplicity during an interview in the office convened for this purpose in the presence of the principal and her deputy, solely on the basis of false and absurd information that would have been given by a parent. Ms B. then presented her apologies to me and I considered the incident over, without informing anyone within the educational community.

Starting from November, after giving me the green light for two clubs that I wanted to start, and for which I had submitted a request for in writing as early as the first week of September (the management had only told me, after a while, that I finally could not be paid for these activities due to a lack of means, but I wanted to continue these as volunteer projects and this had of course been praised and validated), Ms B. closed them shortly after their launch, after the first Administration Council of November 5th, depriving 31 students of enriching activities, without the least valid reason. I asked for an explanation but I could not obtain one, and I was reproached for my desire to understand as if this were a lack of respect for the hierarchy. Anxious to defend my credibility with the educational community, because I could not assume this responsibility alone and had to justify myself to the students and staff, I asked her, by email, for a written and detailed notification (she had orally categorically refused my request), and I was finally put in fault by a tendentious email that attributed to me a potentially serious failure for the safety of students in the launch of these clubs for which I would not have had authorization, which is a calumny, all the more serious in that the email, in the context of post-November 13, was then read publicly at the Administration Council of November 30th: all others there had a say on the matter (the assistant principal, my reference because our School is on two sites, at least clearly recognized that he had himself confirmed the green light to launch my previous clubs after the Administration Council of 5th November), but when I wanted to give my story, I was ordered to keep silent, so well that I could not make myself heard. This is the version that was prevalent within the institution, and other slanderous rumours of misconduct were then circulated (breach of secularism with my students, etc.). Ms B. even prohibited Ms ***, the librarian, to welcome me as an assistant in her reading activity with students, which Ms *** had twice done, resisting a first time to the pressure Ms B. exerted on her, arguing for the keen interest of students and the quality of my work, but after the second Administration Council, the librarian was called in by the principal and had to give in with regret. As I concluded an email to the direction on November 21st, in which I protested against the final and unjustified suspension of my clubs, “I found absolutely no satisfactory explanation for your decision, which denies both your assistant and your own agreement given orally in his presence, except to believe that it is due to personal considerations which cannot have place in professional relations or take precedence over the interest of pupils.” Like many others, this message remained unanswered.

The violence of the Administration Council of November 30 and that poisonous atmosphere led me to be stopped for medical reasons for ten days by my doctor. When I came back in the last week before the Christmas holidays, I was subjected to daily pressures which I will be able to bring into rigorous detail. So that even after the holidays, I was not able to resume classes, and my doctor stopped me for three weeks. For information, before this year, I had never been off work, unless for internships or strike days, and in more than 2 years in the National Education, I never missed a class period (I once missed a half an hour because of a transportation problem, and that despite daily commutes of 3 hours).

During my absence, I still wanted to move forward with my students, and asked the School to send me copies for correction and return their marked work. The Education Advisor was willing to do it and announced this to them, but then, this was no longer possible and this information was denied. My written request for remedial courses with my classes addressed to management remained unanswered.

What's more, when I resumed classes this Monday, January 25th (to the surprise of many pupils, and also their joy), I learned that the Education Board had told a whole class that they should not even do the tests I had given before the holidays and if on my return I was to give them a zero for work not done, they should complain to supervisors who would notify management. This work consisted of subjects that I had printed and to the Education Adviser for them during an absence in December for formation, which then were left for 10 days in the drawer of the duty room where they were placed and where my classes frequented almost daily, but had not been distributed; the only work that had been done is that which I had given personally to a student delegate during a class council. Besides, all kinds of rumours circulated among the children, especially that I had been dismissed for serious misconduct.

Finally, I learned from my students that on Friday, January 22, assistants had distributed a document from the Parents Council (FCPE) to my classes without an envelopein which it was said that all the parents were invited to a meeting on Monday, 25, dedicated to the worrying subject of my lack of replacement and that solutions had to be found, while management had received my medical paperwork and knew that my rest ended on the 24th. Which, in such a context, could not fail to confirm to many the false rumours, supported by this insidious atmosphere.  

When I heard this, I asked my students to tell their parents that I I myself invited them to attend this meeting and that I would be present in the establishment for those who wish to speak to me afterwards. But when the meeting started (I did not try to participate because I was not invited; a FCPE representative even stated to me untruthfully that it was not consecrated to me at all but to other issues), the principal and his assistant came to me to get me out of my own classroom on the top floor (I had told the parents that I would be present for those who wished to see me), under the pretext of the fire alarm, and I obeyed without a word. They then wanted me to leave the precincts of the institution, arguing that it was a “private property”, and faced with my refusal to comply and my placid indifference, there came a flow of threats and defamatory insults, in the presence of a student's parent, to force me to leave before the end of the meeting and prevent me from talking to parents, perhaps even push me to fault: “pitiful”, “we'll call the police, and they'll put you in the back of a van”, “no parent wants to talk to you”, “no one will support you”, “danger to the students”, “I'll call the rectory and ban you access to the facility tomorrow” (because as she put it I was obviously uncontrollable and could hit pupils in a fit of anger, which they seemed to strive to cause), “terrorist”, etc. I did not respond to these remarks and was content to ignore them. I stood outside in the parking lot to the entrance, for more than an hour and a half, without losing my temper at any time. And during all these “exchanges”, I addressed only four words to the management: “write it down” and the word “terrorist” that I repeated in a questioning tone.

On leaving the meeting, parents came to me in a flood to see and hear me (at least twenty), and a public exchange started at the entrance of the establishment. Many parents expressed to me their strong desire that I continue to perform my duties with their children, asking me if I was willing to do so. I told them that my will to do was absolute, but as to my ability, I reported to them the above facts soberly, remembering the words that were used by management to make me go and prevent me from talking to them, and highlighting the extreme and unacceptable nature of their conduct. I expressed my wish to continue teaching my students, with whom all was going very well, but this would require that management could at least cease its manoeuvres of personal and professional destabilization. One parent spoke clearly of “moral harassment”, terms that I had not used but that accurately characterize the situation, inviting me to enter criminal justice. When I repeated the “terrorist” accusation that was thrown at me by Mr S., and of being a danger to my students to justify banning me from the establishment from the next day by Ms B., I had a small attack of tears (I precise that some of my students had lost loved ones on November 13th). Parents having pledged to do so, I committed to all, at their request and in accordance with my wishes, to attend Thursday (as I am striking on Tuesday, and I have no lessons on Wednesday) and to continue my mission of teaching their children as far as humanly possible. And all this in the presence of the principal and his deputy who stayed with me throughout the meeting of the FCPE, and who were now at the very first row of the audience of parents, hearing everything very clearly.

I strongly wanted to inform you of this, and hope that you will support me and help restore conditions that will allow me to calmly continue with my teaching vocation. I inform you that I also plan to inform the Education Authority to conduct an investigation into these inconceivable facts.

Hoping that you will forgive me for this message, and thanking you in advance for your attention, I ask you to accept, Mr Inspector, the expression of my respectful consideration.

Salah Lamrani


Appendix 2 : Letter from the FCPE (Parents' Council)


mediation-fcpe-en (pdf, 138.6 kB)


Appendix 3 : Answer to the FCPE


From:Salah Lamrani
To:<fcpe.college.romain.rolland@outlook.fr>
Sent:Thursday, February 4, 2016 8:09 a.m.
Subject:Mediation

Ladies and gentlemen,

Thank you very much for your mail and for this welcome proposal of mediation which I am sorry not to have been able to respond to earlier. You will easily conceive that the significant events that have occurred recently have been, and remain, in many respects, challenging and mobilising, and that I had to take all measures necessary in order to protect myself and allow me to keep the solemn promise that I made before dozens of parents, after their demonstration of large-scale, decisive and touching support, to continue my lessons in the best possible, if not conceivable, manner, and to protect as much as possiblet the children from any backlash due to events that are either real and/or imputed which they should not even have heard about.

I greet with warmth your desire for reconciliation and the confidence you have shown in me, and I express my availability, and even my fervent wish to participate in a now indispensable mediation in the best interest of students, which must prevail in any consideration, and of the peaceful coexistence of all school staff and members of the school community. This perspective must in my opinion come before the very standards and practices of mediation, which should actually be conducted by a dedicated and neutral body. 

I regret that I was not able to be available for either Monday 1st Februaryor Thursday, February 4th (your mail was ambiguous as to the exact date), but I suggest the date of Monday, February 15th at 8 pm, in the school refectory. However, Iwish that the configuration can be modified slightly the following manner: in addition to the 5 FCPE parents, direction and 5 teachers of the college who would be appointed by you, I could be accompanied by 5 parents of my choice and 5 people around me, whose identity will be duly communicated, and management also can on its side to 5 outsiders.

I am convinced that your perspective of mediation and transparency and your high conception of the pupils’ interest will allow you to easily accommodate this development, particularly in view of the various regrettable incidents that have fortunately led you to propose this meeting. Ifor one am convinced that such outbursts would easily have permitted, for example, of finding a means of conciliation that would have ensured the continuation of the rewarding clubs involving 31 students and in were addition held voluntarily, taking into account the legitimate interests and requests of all parties. That would constitute a healthierandamore constructive basis for a new start after the return from the winter holiday.

Furthermore, it would be agreeable for me to have a full account of the Administration Council on 30th November and the meeting held on January 25th, and all their ins and outs, at least for the parts about me.

While awaiting your response which I hope to be prompt, please accept, Ladies and Gentlemen, the expression of my distinguished salutations.

Salah Lamrani

France, the Police State and the Intellectual

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Victimization in the land of Voltaire

Source : http://www.epictimes.com/catherineshakdam/2016/02/france-the-police-state-and-the-intellectual/

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By Catherine Shakdam Feb 16, 2016 
They say the road to hell is paved with good intentions. In the case of France’s state of emergency, it is the road to Freedom which is littered with gags and shackles. One teacher most of all: Mr Salah Lamrani has learned what it costs to speak “en Français.”

France continues to project this aura of democratic fortitude; lecturing the world on how countries should behave and govern themselves, due to some colorfully narrated history as the “République” representing Freedom, Equality and Fraternity, when in fact it’s on course to become the very despot it warns against.

A police state hiding behind the veneer of Western democratic sainthood, France is in fact a racist and intolerant state vying for complete political, social, economic and intellectual control … Of course one cannot ignore the religious sphere. In the land of Voltaire, one should not overtly say God; only deny his existence, worshiping instead at the altar of secularism.

Where France once stood for Freedom, its state now wrestles with selective freedoms. Paris is actively looking to thin out the rights civilians are still allowed to practice. How beautiful the French Marianne today! How strong the 5th Republic…

What is left to say of a state which persecutes its intellectuals and teachers? What is left to say of a system which promotes witch-hunting and fear-mongering, targeting those with views that differ from the Establishment’s?

Isn’t intellectual diktat the very character of a dictatorship? Has France lost all sense of republican pride and identity that it stooped to policing its most dedicated teachers in the name of political conformity?

photo Fl

In February 2016, Professor Salah Lamrani, a French Literature Middle School tenured teacher in the Paris popular suburb of Seine Saint Denis was unjustly, and unlawfully suspended for four months following phantasmagorical claims he espoused radical tendencies.

Mr Lamrani, whose professional file remains without so much as a blemish, exemplifies France’s descent into ultra-national fascism – this new sense that France needs to stand puritan and absolute in the declaration of its values – even if it means … actually, especially if it means, silencing those who still dare live pluralism as a God given right.

It all began with one teacher’s love for writing and a passion for the French language. A tradition which gifted the world of the likes of Jean-Jacques Rousseau, Emile Zola and Baudelaire has risen today a tyrant, surpressing thoughts, words and philosophies, wielding fear and repression to better bully so-called potential dissidents into not just silence but intellectual uniformity.

A free thinker, Mr lamrani came to clash with a narrow-minded head-teacher, both a product and a tool of the “system”, for he dared express certain opinions on such matters as politics and foreign policy on his personal blog, outside the sphere of control his office could have ever claimed to exert upon his person. Still, he was castigated.

Lamrani openly challenged France’s state of emergency. He dared suggest Russia and Iran were in fact abiding by the spirit of international law in their resistance against Daesh in Syria. An opinion that saw him likened to those rag-tags mercenaries whose blades have inspired only disgust and fear.
In an interview I conducted with him on February 14, Mr Lamrani explained how his troubles stemmed from the implacable authoritarianism his school’s most senior figureheads demonstrated against his person.

“I was suspended without any investigation and in spite of my formal complaint for moral harassment and slander due to my school authoritarian management – who didn’t like my Union and blogger activities, and who accused me publicly of being a dangerous terrorist.”

In times such as ours such claims should not be taken lightly as they can result in dramatic repercussions – not the least Mr Lamrani’s personal safety, and freedom.

Mr Lamrani’s “crimes” were that he denounced state repression, while proclaiming personal political truths on a platform which was his own, outside school hours, and without any effect on his work as a teacher.

Because one head-teacher, Mrs K. B., imagined herself a “keeper” of the establishment, a self-appointed tyrant of the national education complex, one man’s life and future now stand in jeopardy. Because, she, a person of authority, chose to slander and label, to better assert her “power”, a valuable teacher has been shunned by his community and vilified by his colleagues. Without so much as a shred of evidence, without the authorities ever bothering to open an inquiry into his alleged “radicalism”, one man was stripped of his professional dignity.

This is France’s state of emergency! How it treats its nationals, how it rewards free-thinking and intellectualism. France has many lessons to teach the world when it comes to totalitarianism.

But if Mr Lamrani has lost a battle against the Establishment, he is not admitting defeat. In fact, he has vowed to expose the very system which has claimed his freedom and attempted to silence his voice, so that others will learn to speak unhindered.

It was Jean Jaures who said:

“All of us forget that before everything else, we are men, ephemeral beings lost in the immense universe, so full of terrors. We are inclined to neglect the search for the real meaning of life, to ignore the real goals – serenity of the spirit and sublimity of the heart … To reach them – that is the revolution.”

La France, l’État policier et l’intellectuel : victimisation au pays de Voltaire

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Catherine Shakdam – 16 février 2016


On dit que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Dans le cas de l’état d’urgence français, c’est le chemin de la liberté qui est jonché de bâillons et de chaînes. Pour un enseignant en particulier : M. Salah Lamrani a appris ce qu’il en coûte de vouloir parler « en français ».

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La France n’en finit pas de projeter cette aura de fermeté démocratique qu’elle affectionne : elle donne des leçons au monde sur la façon dont les pays doivent se comporter et se gouverner, et elle le fait en raison de l’histoire hautement colorée d’une République qui représenterait la Liberté, l’Égalité et la Fraternité, alors qu’en réalité, elle est en train de devenir le tyran même contre lequel elle met les autres en garde.

État policier se cachant sous le vernis de la sainteté démocratique occidentale, la France est véritablement un état raciste et intolérant, visant au contrôle total : politique, social, économique, intellectuel… On n’y peut pas non plus ignorer la sphère religieuse. Au pays de Voltaire, il n’est pas bon de prononcer ouvertement le mot Dieu ; mieux vaut nier son existence et sacrifier plutôt sur l’autel de la « laïcité ».

Alors que la France a un jour été synonyme de liberté, l’État français jongle à présent avec des libertés sélectives. Paris est même très activement occupé à réduire autant que faire se peut les quelques droits dont les civils sont encore autorisés à jouir. Ah, qu’elle est belle, la Marianne d’aujourd’hui ! Ah, qu’elle est forte, la Ve République !

Que reste-t-il à dire d’un État qui persécute ses intellectuels et ses enseignants ? Que reste-t-il à dire d’un système qui pratique la chasse aux sorcières et le terrorisme intellectuel, en s’acharnant sur ceux qui osent ne pas être d’accord avec l’establishment 

Est-ce que le diktat intellectuel n’est pas la marque même de la dictature ? La France a-t-elle donc perdu toute sa fierté républicaine et son identité, pour soumettre ainsi à des manœuvres de basse police ses enseignants les plus fervents, au nom du conformisme politique ?


En février 2016, M. Salah Lamrani, qui enseigne la littérature française en région parisienne, dans un collège de Seine-Saint-Denis [Romain Rolland, à Tremblay-en-France], a été injustement et illégalement suspendu de ses fonctions pour quatre mois, sous le fantasmagorique prétexte qu’il aurait des « tendances radicales ».

M. Lamrani, dont le dossier professionnel ne présente pas l’ombre de la moindre tache, illustre ici à son corps défendant la descente de la France dans le fascisme ultra-chauvin – au sens nouveau que la France doit se montrer puritaine et absolue dans la revendication de ses valeurs – même si cela signifie… surtout si cela signifie réduire au silence ceux qui osent vivre le pluralisme comme un droit divin.

Tout a pourtant commencé avec l’amour d’un professeur pour l’écriture et avec sa passion pour la langue française… Et voilà qu’une tradition qui a fait cadeau au monde de gens comme Jean-Jacques Rousseau, Emile Zola et Charles Baudelaire, s’est aujourd’hui réveillée tyran, interdisant toutes pensées, mots et philosophies, brandissant la peur et la répression pour mieux brutaliser les prétendus dissidents, qu’elle ne veut pas seulement réduits au silence mais politiquement uniformisés.

Penseur libre, M. Lamrani s’est retrouvé en conflit avec un directeur d’école étroit d’esprit, à la fois produit et outil du « système », pour avoir osé exprimer son opinion sur des choses telles que la politique en général et la politique étrangère en particulier sur son blog personnel, c’est-à-dire en dehors de la sphère dont son établissement puisse revendiquer le contrôle à son égard. Cela ne l’a pas empêché d’être sanctionné.

Lamrani conteste ouvertement l’état d’urgence en France. Il a même osé affirmer qu’à son avis, la Russie et l’Iran sont deux pays qui se plient rigoureusement aux lois internationales en résistant à Daech en Syrie. Opinion qui lui a valu d’être comparé à ces mercenaires hétéroclites dont les lames sanguinolentes n’inspirent que répulsion et dégoût.

Dans une interview qu’il m’a accordée le 14 février, M. Lamrani m’a expliqué comment ses ennuis sont venus de l’implacable autoritarisme dont les dirigeants de son école ont fait preuve à son égard.
« J’ai été suspendu sans que la moindre enquête ait été diligentée et en dépit du fait que je me sois plaint du harcèlement moral auquel m’a soumis la direction de mon école, qui n’approuve pas mes activités de syndicaliste et de blogueur et qui m’a publiquement accusé d’être un dangereux terroriste. »
Par les temps qui courent, il ne faut absolument pas que de telles plaintes soient prises à la légère, ne fût-ce que pour les suites dramatiques qui en résultent – au moins en ce qui concerne la sécurité personnelle et la liberté de M. Lamrani.

Les « crimes » de M. Lamrani ont consisté à dénoncer la répression d’État, et à exprimer des vérités politiques personnelles, à partir d’une tribune qui était la sienne, en dehors des heures de classe et sans la moindre incidence sur son travail d’enseignant.

Parce qu’une directrice – une certaine Mme K. B. – s’est imaginée dans le rôle de gardienne du sérail, bref, s’est auto-désignée porte-parole en chef de l’Éducation Nationale, la vie et l’avenir d’un homme sont aujourd’hui menacés. Parce qu’une personne détenant une petite parcelle d’autorité a choisi de calomnier et de diffamer pour affirmer son « pouvoir », un professeur de valeur a été mis au ban de sa communauté de travail et a été évité par ses collègues. Sans la moindre bribe de preuve et sans que les autorités de tutelle daignent ouvrir une enquête sur son prétendu « radicalisme », un homme a été dépouillé de sa dignité professionnelle.

C’est cela le véritable état d’urgence de la France. Comment elle traite ses nationaux, comment elle entend régler leur compte au libre-examen et à la probité intellectuelle. La France a beaucoup à apprendre au monde en matière de totalitarisme.

 Carte postale à adresser au Rectorat (isabelle.chazal@ac-creteil.fr)

Mais si M. Lamrani a perdu une bataille contre l’establishment, il n’accepte pas sa défaite. Il est tout à fait déterminé au contraire à démasquer le système qui attente à sa liberté et qui a essayé de le réduire au silence, afin que d’autres apprennent à parler sans entraves.

Jean Jaurès n’a-t-il pas dit :

«  … tous nous sommes exposés à oublier qu'avant tout nous sommes des hommes, c'est-à-dire des consciences à la fois autonomes et éphémères, perdues dans un univers immense plein de mystères ; et nous sommes exposés à oublier la portée de la vie et à négliger d'en chercher le sens ; nous sommes exposés à méconnaître les vrais biens, le calme du cœur, la sérénité de l'esprit. »

Essayer de les atteindre, n’est-ce pas cela la révolution ?

Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades.

La vocation de chef d'établissement dans l'Education Nationale (Vidéo)

Un enseignant suspendu pour syndicalisme et blogging (Radio Libertaire)

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Emission Chroniques syndicales du samedi 12 mars 2016


Signez la pétition pour la réintégration de Salah Lamrani : http://www.tlaxcala-int.org/campagne.asp?reference=43

Adressez un courriel de protestation au Rectorat : ce.drh@ac-creteil.fr


Transcription :

[Merci à jj et Narjan pour la transcription]


Présentateur 1 :Bonjour chers auditeurs, chères auditrices de Radio Libertaire, la radio de la Fédération anarchiste, la radio sans Dieu, ni maître.



Vous êtes à l’écoute de Chroniques syndicales, l’émission qui donne la parole aux salariés  en lutte et il y en a. Et vous le savez depuis cette semaine, ce que nous espérions est en train de se réaliser : un gigantesque mouvement social contre le projet de loi El Khomri. Macron-Valls-Hollande ont décidé de s’attaquer, sans réserve, sans limites, au monde du travail et ce monde du travail commence, semble-t-il enfin, après 4 ans d’élection d’un Président de gauche à relever la tête. Donc nous avons eu quand même 500.000 manifestants dans toute la France cette semaine, mercredi nous avons eu des grèves à la RATP, à la SNCF et tout le monde public et privé du travail est appelé à se mobiliser. Même si la fonction publique n’est pas directement concernée pour le moment, son tour viendra si la réforme du Code du travail passe. Car évidemment il y aura une telle inégalité entre les salariés du public et ceux du privé que les campagnes de dénigrement s’acharneront de plus belle sur le public. Donc il faut à tout prix que dans le public et le privé, les travailleurs soient solidaires entre eux.



Alors nous allons parler un peu de l’état d’urgence, de cette politique sécuritaire de l’état français contre les libertés publiques qui se met progressivement en place à laquelle, malheureusement, il semblerait qu’une large partie de la population continue de s’habituer. On va quand même signaler le rendez-vous important de cet après-midi samedi à 14h à St Michel (Paris) en direction du jardin du Luxembourg, une manifestation justement contre l’état d’urgence pour exiger la fin de cet état d’exception. Alors on se souvient, le pont St Michel est l’endroit où la mairie de gauche  avait  posé une plaque en hommage aux manifestants algériens tués par la police française pendant la guerre d’Algérie, et dont les corps avaient été glorieusement précipités dans la Seine. Par conséquent le rendez-vous de cet après-midi est extrêmement important pour stopper l’Etat dans sa volonté de nous priver de nos libertés fondamentales.



Nous allons parler de la répression anti-syndicale avec quelques exemples dont Salah, Professeur de Lettres,  qui a été suspendu par le Rectorat de Créteil depuis le 10 février. Bonjour Salah, tu vas nous en parler.



Salah Lamrani : Bonjour.



Présentateur 1 :Nous allons évoquer des cas de répression syndicale aux éditions L’Harmattan, car une déléguée syndicale a été mise à pied. Encore une fois, le patronat public ou privé en ce moment est engagé dans une volonté répressive très intense. Un patronat  décomplexé issu du secteur public ou d’une PME familiale type L’Harmattan. Nous allons également évoquer le cas de Christian Hagon, menacé de licenciement chez IBM. Donc la répression syndicale de tous côtés, répression à Lyon. Des manifestants sont arrêtés et condamnés en comparution immédiate car, paraît-il, ils auraient plaqué un policier donc entraînant tout de même six mois de prison ferme et 1 000 euros d’amende pour l’un d’entre eux. La répression des libertés bat son plein.



La police est au service d’un projet répressif de casse du Code du travail qui entend tout faire pour empêcher que ce mouvement social ne monte en puissance. Pour résumer, répression du mouvement social, politique et sécuritaire et puis évidement la question non posée : la politique impérialiste de la France, le soutien de guerre officiel ou officieux au Mali, en Afghanistan, en Irak, en Lybie, en République centrafricaine, en Tunisie...



Salah Lamrani : En Arabie Saoudite, au Yémen



Présentateur 1 :Tous ces non-dits comme cette Légion d’honneur décernée par notre grand président François Hollande à l’héritier du royaume wahhabite. Mais évidemment, le vrai problème, c’est la politique impérialiste de la France. Voilà le contexte est sombre mais dans ce désespoir il y a quand même un peu d’espoir : la levée d’un mouvement social me semble-t-il avec notamment l’éruption de la jeunesse dans le débat public avec une mobilisation étudiante et lycéenne qui commence à se construire. C’est un rôle essentiel des étudiants pour pallier le manque de détermination des directions syndicales à organiser la riposte des salariés et des travailleurs.



Salah, suspendu depuis le 10 février par le Rectorat de Créteil, tu es Professeur de Lettres au collège Romain Rolland à Tremblay-en-France, tu es arrivé cette année en septembre et dès le début tu as demandé à la direction de cet établissement de prendre en charge un atelier d’écriture pour les élèves.



Salah Lamrani : En fait ce sont deux clubs. Un club lecture pour les 6ème et 5ème et un club internet pour les 4ème et 3ème, proposés lors de la semaine de rentrée de manière officielle, par écrit, avec des fiches activités spécifiques etc. Et bien-sûr dans la foulée cela a été accepté. Sans entrer dans les détails, on n’empêche pas les gens d’effectuer des activités pour les élèves.



Présentateur 1 :Donc c’est accordé et peu de temps après tout change, que s’est-il passé ?



Salah Lamrani :Il y avait aussi une histoire de rémunération, on rémunère les gens seulement si on se rend compte qu’ils ont besoin d’être rémunérés. C’est à dire que s’ils sont assez passionnés pour le faire gratuitement, on va leur mentir en disant qu’il n’y a pas assez de fonds. C’est un détail mais peu importe.



Donc mes activités ont été validées dès le début par écrit, bien qu’il y ait eu un temps mort pour cette histoire de rémunération. Entre temps j’ai été élu au Conseil d’administration. Donc j’ai vu qu’ils se moquaient de moi quand ils prétendaient qu’il n’y avait pas de rémunération, mais puisque j’en avais déjà parlé (aux élèves), je les ai lancées à titre bénévole, ce qui a été tout bénéf pour eux, de leur point de vue je devais être un pigeon.



Donc cela a été lancé début novembre et l’événement traumatisant du 13 novembre est arrivé – pour information j’ai des élèves qui ont perdu des proches (dans les attentats terroristes). Donc événement marquant et traumatisant et dans la foulée, une instrumentalisation, une référence particulièrement insidieuse, infâme, abjecte à ces événements. On va me supprimer mes deux clubs pour des raisons évoquées à demi-mot. Mais d’abord on me demande, en privé puis en public en plein Conseil d’administration, « Quel genre de livres est-ce que je pouvais bien faire lire aux élèves ? », alors que ce sont des livres qui viennent du CDI, de bibliothèques municipales et de ma collection personnelle de la Bibliothèque verte. Tout cela pour éveiller le soupçon « Monsieur Lamrani, qu’est-ce qu’il pourrait bien faire lire à ses élèves dans ce club ? », ce qui entretient la suspicion.



Présentateur :La suspicion est supposée par principe



Salah Lamrani : Bien sûr, de la part de la principale Mme K. B., du principal adjoint Monsieur A. S., en plein Conseil d’administration. Ensuite, j’ai appris que toute sortes de rumeurs couraient à la fois dans la salle des profs et ensuite auprès des élèves et parents d’élèves,  telles que la suspicion que monsieur Lamrani n’aurait peut-être pas des activités très recommandables, pas très laïques.



Présentateur 2 :Disons le mot c’est Daesh



- Voilà ! C’est Daesh



Présentateur 1 :Peut-être pas exactement ça, mais on t’a suspecté de vouloir endoctriner des élèves.



- Exactement, l’accusation a circulé dans la salle des profs, ce qui est extraordinaire. J’animais mon club lecture. C’est juste de la lecture, des bandes dessinées des livres pour la jeunesse.



Concernant mon club internet, il s’agissait de critiques de bandes-annonces de cinéma qui se sont étendues à toute critique artistique. Et donc ce qu’il s’est passé c’est qu’il y a eu des gens qui ont pris connaissance de mes activités extra-professionnelles, donc mes activités de blogueur, avec une composante politique qui est très anti-état d’urgence et anti-politique extérieure de la France, ce qui me regarde. Je fais ce que je veux en dehors du collège et ça c’est ce qui a servi à alimenter la suspicion. « Mais regardez ce qui dit monsieur Lamrani quand même. Est-ce qu’on voudrait prendre le risque qu’il puisse approcher les élèves alors qu’il pense des choses aussi abominables ? » Rendez-vous compte dénoncer l’état d’urgence et la politique extérieure de la France, c’est abominable.



Présentateur 1 :Comment cela t’a-t-il été dit par tes supérieurs ?



Présentateur 2 :Comment cela t’a-t-il été dit par tes supérieurs ? Avec quel vocabulaire ? Car j’imagine qu’ils ne devaient pas être à l’aise dans leurs pompes...



- C’était pathétique, je suis tellement « discipliné » que avant de poser l’affiche du club lecture (je l’ai publiée sur mon blog), une affiche de Calvin et Hobbes, une BD, avec la mention « Si tu aimes lire un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ou pas du tout, le club lecture est fait pour toi, viens découvrir les livres etc. » J’avais eu l’accord (pour lancer le club) mais tout de même j’ai soumis l’affiche à la hiérarchie car je savais que c’était une hiérarchie un peu spéciale (aimant la déférence), et pendant une semaine entière je n’ai plus eu de nouvelles... Alors je suis allé dans le bureau de la principale pour lui dire que j’étais surpris... C’est à ce moment qu’elle a commencé à essayer d’esquiver sous prétexte que la documentaliste a déjà son activité. Comme si plusieurs activités étaient néfastes. Finalement, elle a craché le morceau, « Monsieur Lamrani, on vous connait pas, vous venez d’arriver, c’est pas tout à fait le moment », donc à la fin le club ne se fera pas, sous aucun prétexte.



Je lui réponds « Vous ne me donnez absolument rien de substantiel, tout ce que je vois c’est une brimade personnelle vous empêchez mon club pour des raisons qui n’ont aucun fondement alors mettez-le moi par écrit. » Elle me répond non. Elle refuse de mettre des raisons par écrit alors que le club est lancé, il y avait déjà une trentaine d’élèves, il y avait déjà eu des séances et ensuite on veut me fermer ces clubs sans me donner de motifs. Donc cela casse ma crédibilité en tant qu’enseignant auprès des élèves qui se sont investis dans ce club donc je lui redemande un écrit, elle refuse. Donc moi je lui ai envoyé un mail avec les historiques de nos échanges dans lesquels la validation du club a été faite, en lui disant en termes diplomatiques que je n’ai pas très bien compris ce qu’elle m’avait dit mais si vous voulez que j’arrête mes clubs il faut que vous me le disiez par écrit sinon je continue.

Présentateur 2 : C’est la moindre des choses avec un motif.



- Voilà, avec une notification écrite circonstanciée ; ensuite pendant une semaine elle a réfléchi. Donc pendant ce temps-là j’ai continué mes clubs et soudain je reçois un courrier qui me met en faute comme quoi je n’aurais pas communiqué une liste préalable d’élèves, ce qui est très grave surtout après les attentats du 13 novembre, les parents d’élèves ne savaient pas où se trouvaient leurs enfants, c’était très confus. Donc suspension définitive des deux clubs.



Présentateur 2 : Là ils ont trouvé une vraie raison.



- Je conçois deux choses : chaque établissement fonctionne comme il veut. L’année dernière (dans un autre établissement), je faisais ce club aussi, je proposais ce club aussi et comme c’est un club bénévole il n’y a pas d’inscription préalable, qui souhaite venir vient ! S’il souhaite venir cette semaine, il vient, s’il ne souhaite pas venir la semaine prochaine, il ne vient pas. Il n’y avait pas de listes, juste des listes d’émargement, on sait qui est présent mais on ne le sait pas à l’avance.



Présentateur 2 : Il faut rappeler que ce n’est pas du tout un enseignement obligatoire.



- Voilà c’est ce qu’on avait convenu ; on m’avait dit : faites des listes d’émargement, donc pas de problèmes, bien sûr que j’ai fait des listes d’émargements. Mais à aucun moment on ne m’a demandé des listes préalables



Présentateur 2 : Donc tu as une direction qui t’as demandé une liste d’émargement, ce que tu as fait en fonction de ce qu’on te demandait, en revanche on t’a pas demandé à l’avance de préparer des listes avec des présents donc tu ne l’as pas fait, mais c’est ce qu’on t’a reproché à la fin, puisque c’est en fait un motif pour te brimer toi et te supprimer tes clubs.



- Bien sûr, ça me mets en faute de manière grave car j’ai mis en danger des élèves et je veux bien croire qu’après les attentats les règles soient devenues plus drastiques mais on n’a qu’à adapter les modalités. Qui peut croire, quand bien même il y aurait eu un malentendu, que l’on m’ait demandé des listes que je n’aurais pas faites, c’est pourtant facile d’ajuster. On ne supprime pas deux activités très enrichissantes qui sont plébiscitées par 31 élèves. C’est intenable comme prétexte.



Donc en l’occurrence je vais porter la question en Conseil d’administration et les choses ont pris une tournure extraordinaire.



Présentateur 1 : J’aimerais intervenir sur un point, toute cette histoire est assez scandaleuse, on a tous une grande solidarité avec toi et étant moi-même enseignant je suis un peu stupéfait du manque de solidarité de tes collègues. C’est là-dessus que j’aimerais intervenir. Est-ce que le collège Romain Rolland à Tremblay-en-France est une petite structure ? Car je sais que les petites structures  donnent plus de poids à la direction par rapport aux grandes structures où il y a des syndicats etc. Est-ce une raison ? Car cette servilité des enseignants où aucun ne se met en grève pour te soutenir....



- Ils se sont mis en grève contre moi, j’y reviendrai. Je suis passé d’un extrême à l’autre. L’an passé j’étais dans un établissement (en tant que stagiaire) avec une culture syndicale très forte, donc j’ai pris certains réflexes... Par exemple la manifestation contre la Réforme du collège, il y avait 100% de grévistes dans mon ancien établissement, dans mon établissement actuel j’étais le seul gréviste. Je suis passé d’un extrême à l’autre (quant à l’établissement).



Présentateur 1 :Cela dit quelque chose, le collège Romain Roland n’a aucune culture syndicale.



- Je vais vous donner trois faits : en octobre, une assistante d’éducation se retrouve en procédure disciplinaire abusive, c’est tellement aberrant, son poste est en jeu, elle me demande de l’assister.



Présentateur 1 : C’est curieux.



- Oui car je viens d’arriver, pourquoi elle me demande à moi ?



Présentateur 2 :Cela consiste à accompagner dans le bureau juste être présent sans prendre partie.



- Voilà ! Donc elle n’a trouvé personne,  seulement moi, le petit nouveau qui puisse l’accompagner.



Présentateur 2 : C’est assez significatif, ce sont des gens avec des contrats précaires.



- Finalement, son poste a été sauvé. Toutefois, en commençant à connaitre la direction, si quelqu’un de nouveau arrive, alors qu’ils ont mis au pas tout le monde, et essaie de « casser » la culture de la direction de ce collège, ce n’est pas accepté. Donc c’était un casus belli, mais ça je ne l’ai su que plus tard.



Présentateur 2 : Ce n’est pas casser les cultures, une personne précaire, ce n’est pas une assistance, personne ne doit être seul dans le bureau de la direction. On doit toujours être plusieurs.



- Voilà, c’est le casus belli, le jour même de la rentrée ils avaient réussi à me provoquer avec leur processus de déstabilisation psychologique. Le jour même de la rentrée je me suis fait agresser par la direction, c’était n’importe quoi, c’est leur manière d’accueillir les gens. Mais ça s’est réglé, et j’ai considéré que l’incident est clos. Pour le premier cas, c’était l’incident avec la surveillante, pour le second cas, j’ai vu dans mon ancien collège, puisque je leur rends visite régulièrement, qu’une pétition syndicale circulait contre la réforme du collège, alors j’ai voulu l’afficher sur le panneau syndical en salle des profs de mon collège. A ce moment, la direction a absolument voulu savoir qui était à l’origine de l’affiche de cette pétition, la direction a su que c’était moi. Un rappel à l’ordre dans le bureau de Monsieur le principal adjoint s’en est suivi, me disant que ce ne sont pas des choses qui se font dans ce collège, qu’il valait mieux, dans un esprit d’entente et de concorde universelle, pour garder des relations d’entente cordiale, il fallait avoir leur accord.



Soit dit en passant cette pétition a eu deux signatures mais finalement elle a disparu ! Comme par hasard, je le dis sans soupçonner la Direction.



Présentateur 2 : Même dans le droit bourgeois, c’est légal d’afficher une pétition.



- Pour le 3ème cas, dans le premier Conseil d’administration auquel j’assiste, les gens sont conditionnés, en résolution, à lever la main pour voter par « qui est contre », « qui s’abstient », il n’est jamais demandé « qui est pour ». J’étais scotché mais sur le moment je n’ai rien dit car c’était le premier Conseil d’administration auquel j’assistais. Sur le moment je me suis dit que je me renseignerai pour savoir si c’est légal et que ça se passe comme ça ailleurs. Mais vraiment le déni de démocratie est flagrant.



Présentateur 2 : En revanche on peut aussi demander à ce que le vote soit à bulletin secret



- Oui je me suis renseigné, la donne a changé et on est passé à un autre système quand j’ai compris à qui on avait affaire.



Pendant ce Conseil d’administration, elle chantait les louanges de la Réforme du collège, c’est très bien, en tant que chef d’établissement c’est sûr qu’elle a plein d’intérêts à titre de gratification, plus de pouvoir pour la hiérarchie, l’autonomie des établissements, c’est magnifique pour eux mais pour l’intérêt suprême des élèves et celui des enseignants c’est catastrophique, alors c’est tout ce que j’ai dit lors d’une prise de parole courtoise mais contradictoire pour rappeler qu’à part deux syndicats minoritaires, tout le monde est contre. Et pour le coup c’est encore casus belli pour eux. Donc je sais que ce qui a posé problème à la Direction c’est mon syndicalisme. Rendez-vous compte, prendre la parole de manière contradictoire, défendre des collègues, faire des pétitions... c’est abusif, c’est comme le sketch des Inconnus, une parole dans une dictature « Un jour je me lèverai et il fera beau », voilà c’est leur culture, ça mérite la peine de mort, dans leur culture ça ne passe pas, tout ça avec le manque de solidarité des collègues. Ce qu’il faut savoir lorsqu’ils ont fermé mes clubs sans motifs : 31 élèves qu’on prive d’un club, un enseignant qu’on bafoue, on casse sa crédibilité, car qu’est-ce que je vais dire aux élèves ? Les élèves se sont investis, ils sont venus et du jour au lendemain il n’y a plus rien ! Ca casse ma crédibilité !



Présentateur 2 : Il faut dire que tu leur fais quand même lire des livres de la Bibliothèque verte, largement subversifs.



Présentateur 4 : J’ai lu que le Petit Chaperon Rouge était interdit au Chili,



Présentateur 2 : On se demande pourquoi



Présentateur 4 : Le Petit Chaperon rouge, dès qu’il y avait du rouge hop...



Salah Lamrani : Ah voilà ! Pour le coup ce sont d’autres accusations pour ma part, ce sont des accusations de couleurs vertes ! Des couleurs vives qui font peur, il y a des gens qui ont les yeux sensibles. (Pour en revenir à mon propos) j’ai posé la question au CA surtout qu’au premier CA ils avaient dit à quel point ils valorisaient toutes ces activités-là, et en coulisses ils ont fait le contraire de ce qui a été annoncé et en plus ils veulent priver les élèves d’une activité. Entre temps je préviens les collègues que je vais porter cette question au CA et je reçois un mail unanime de la part de 11 collègues me disant qu’ils ne pensent pas du tout que le CA est l’endroit où l’on pose des questions car ce sont des questions « personnelles » (Cela ne concerne que moi, à titre personnel).



Présentateur 1 : Un individu A libre avec/ contre un individu B...



Présentateur 2 :Cela ne concerne pas la communauté éducative.



Présentateur 1 : Il n’y a pas de relation de subordination en dehors du travail.



Salah Lamrani : Toutefois, ils veulent bien se proposer comme médiation mais ils veulent s’assurer que je ne poserai pas cette question au CA...Alors je leur réponds : mes chers amis, j’ai déjà eu un problème personnel avec l’administration et je l’ai réglé en 48h de manière personnelle où j’avais été agressé les premiers jours avec une chose absurde et ridicule et ils se sont excusés. Voilà, c’est casus belli, je pense qu’ils n’ont pas apprécié de devoir s’excuser auprès du nouveau titulaire en 48h. Et de ceci je n’avais parlé à personne, je suis professionnel, j’ai cru en leur bonne foi, je suis naïf je fais confiance à une principale qui s’excuse. Pour moi l’incident était nul et non avenu. Mais pour eux, c’était quelque chose dans une relation de pouvoir, dresser tout le monde, que le petit nouveau titulaire soit obligé de s’excuser...



- Cela démontre bien que cette Direction fonctionne à la rumeur.



Salah Lamrani : Exactement, les collègues m’avaient prévenu, il y a des parents qui n’ont rien d’autres à faire que de lancer des rumeurs. Par exemple, j’ai un collègue qui a un problème de santé qui n’est pas visible mais qui est très sérieux qui l’oblige à s’absenter. Un matin il a du emmener son enfant à l’école. Un problème de santé n’empêche pas de faire 300m à pieds mais peut vous empêcher d’être devant des élèves, c’est possible. Des parents d’élèves ont téléphoné pour dénoncer qu’il simulait, alors que ce collègue faisait parfois des crises, c’est affreux. Je le tiens de sa bouche, une fois il a fait une crise, il était monté dans un appartement, la Direction l’a forcé, l’a lynché et c’est son collègue qui a dû le descendre sur son épaule pour bien montrer que son état était gravissime et que ce n’était pas de la simulation. Il me présente ça pour me dire à quel point ils sont humains car ensuite ils se sont excusés. C’est quoi se délire ! C’est Jaurès qui parlait de « La conscience faussée par l’habitude de l’oppression. » Ce sont des choses scandaleuses. Il suffit qu’un parent téléphone et on vous coupe la gorge.



Donc j’ai dit à mes collègues que je prenais bien note de leur refus de poser cette question au CA, cependant c’est à moi de juger s’il s’agit d’une question personnelle, mais chaque membre du CA a le droit de poser une question. Par contre 31 élèves privés d’un club et un enseignant élu de surcroît bafoué et brimé, je suis désolé, mais je vais devoir poser cette question au CA.



Si vous arrivez à régler le problème avant avec le CA, de manière honorable pour toutes les parties, je suis d’accord. Par contre vous n’allez pas jouer la manœuvre dilatoire avec moi, si c’est pas réglé, je la pose au CA.



Au CA, pour le coup on était 8 professeurs dont 2 professeurs qui sont venus en renforts contre leur collègue car lorsque nous en sommes venus aux questions diverses la direction a dit qu’une question avait été posée mais qu’elle ne concerne pas l’établissement, donc elle donne la paroles aux autres professeurs mais pas à moi. La direction lit son courrier diffamatoire dans lequel j’aurai mis en danger les élèves et lorsque j’ai voulu m’expliquer une meute s’est mise à me hurler dessus. Et pour vous dire le mot hurler est tellement indéniable que la Direction en a fait état dans son rapport au Rectorat, elle n’est donc pas au courant que les liens de subordination dans un conseil d’administration n’existent pas, les pauvres ils n’y connaissent rien.



- C’est comme le patronat, il ne connait souvent pas le droit du travail.



Salah Lamrani : Voilà. Ils ont dit (dans ce rapport) que j’avais eu un comportement tellement inqualifiable qu’on m’avait hurlé dessus, c’est pathétique, pitoyable, infâme, je manque d’adjectifs.



- J’ai vu dans le rapport, ils ont été plus loin, il y a du cynisme, ils ont dit "du fait de ton comportement quelqu’un qui est là depuis longtemps et qui a des problèmes de santé t’as hurlé dessus, il suffoquait tellement tu l’as poussé à bout et toi tu persistais dans ton attitude", c’est cynique



- On t’accuse d’homicide volontaire ou involontaire envers une personne qui te criait dessus, que tu avais provoqué ces cris.



Salah Lamrani : Les hurlements de la digne collègue qui fêtait son anniversaire sur tous les écrans, pour le coup tu l’as bien mérité. Franchement avec ce que tu as fait, c’est bien gagné.



- Parfois des gens suffoquent et meurent à la fin, on rappelle aux auditeurs que tu voulais juste poser une question au CA



Salah Lamrani : Je voulais donner ma version des faits, ils ont dit que j’étais en faute, ils ont mis en cause les livres que je faisais lire aux élèves...Mais c’est grave ! On a le droit de dire ce qu’on veut. Tu peux montrer la liste ? Après je veux défendre ma réputation, mon intégrité, ma réputation, mon professionnalisme qui sont bafoués, déchiquetés, on me hurle dessus : « Mais tais-toi ! » avec des hurlements hystériques



- Je crois que ce qui est essentiel c’est  de rappeler  la lecture du rapport où l’établissement ne te rapproche rien dans ton activité professionnelle, rien dans ta relation avec les élèves. C’est uniquement dans une relation avec la hiérarchie et au conseil d’administration.



Salah Lamrani : Absolument, rien que le fait de demander une justification pour eux c’est un acte d’insubordination.



- Cela rappelle quelque chose, ils supportent assez mal effectivement le simple fait qu’on puisse poser des questions.



Salah Lamrani : Et cela mérite la flagellation, pas aller jusque la crucifixion. Je veux comprendre, expliquez-moi ; moi indigène...



- Au départ  tu as fait ce qu’on te demandait, remplir ta liste d’émargement au fur et à mesure que les élèves arrivaient, donc ils émargeaient...on ne t’avait pas demandé de faire des listes d’appels ou des listes de groupe constituées.



Salah Lamrani : Jamais et même dans le CA, le principal adjoint a reconnu qu’on m’avait donné le feu vert donc s’il m’a donné le feu vert et s’il me donne le feu vert cela veut dire que c’est bon ; que toutes les conditions demandées étaient données.



- Et pourtant c’est la chose qu’on te reproche.



Salah Lamrani : Et la veille du lancement je lui ai redemandé le feu vert une 3ème fois, bien que je l’avais eu deux fois, pour être sûr, car j’ai compris qu’il tenait à être déférent envers eux tout en étant poli et pour un principe de formalisme. J’ai pris sur moi car je laisse toujours le bénéfice de la bonne foi, on a tous des petits défauts humains, je croyais au début que c’étaient des « petits » défauts mais après j’ai découvert que c’était plus que petit que c’était de la folie furieuse, une volonté d’écraser les gens, d’aller jusqu’à les détruire. A partir de cette meute qui m’a intimidé en séance etc. je n’ai pas pu reprendre le travail dans ces conditions, mon médecin m’a arrêté 10 jours- soit dit en passant entre temps j’ai enchaîné avec une formation et ensuite l’arrêt maladie. le CA avait eu lieu le soir où je ne faisais pas mes cours.



- Mais t’as pas à donner d’explications



Salah Lamrani : En fait si, car pendant mon absence j’avais laissé des devoirs à mes élèves car ils étaient en permanence pour pas leur faire perdre de temps, ces devoirs sont restés 10 jours dans le tiroir de la salle de permanence pendant 10 jours ils n’ont pas été distribués. Pourquoi ? On préparait mon élimination dès ce moment-là. Donc pour avoir mon élimination c’est pas le tout d’avoir les collaborationnistes du CA côté prof ou côté FCPE il fallait monter aussi les parents contre moi. Donc je précise, je suis un prof très investi, très compétent, je me permets de le dire, et extrêmement apprécié de mes élèves. Donc il fallait préparer à l’avance le terrain pour casser Monsieur LAMRANI, car les parents entendent que du positif à mon sujet, je fais travailler mes élèves. La seule fois où un parent est venu me voir c’était pour me dire que je les faisais trop travailler... donc je suis pas un démago je suis le seul enseignant qui avait deux clubs bénévoles et aussi une heure de colle sur nos heures de cours puisque les heures de colle ne sont pas prévues (par l’établissement)



- Donc en fait tu restais une heure de plus non rémunéré pour des élèves collés.



Salah Lamrani : Voilà, je restais une heure de plus le vendredi.  Ce qui me rend respectable auprès de mes élèves. Les élèves sentent quand on veut leur bien, les faire travailler, je les respecte. Désormais les premiers élèves ce sont ceux que j’ai le plus collés. Ils ont ce bon fond.

Alors après mes 10 jours d’arrêt maladie, je reviens la dernière semaine avant décembre : attaques et pressions biquotidiennes de toutes parts



- C’est ce qu’on constate à la lecture du rapport de la Direction contre toi. Cette Direction relaie la colère de certains parents d’élèves face à un congé maladie. Alors il faut expliquer à la FCPE dans la fonction publique et dans le code du travail que le congé maladie est un droit et qu’on n’a pas à être en colère quand un salarié est malade, cela fait partie de la vie normale des relations de travail et surtout quand il c’est la conséquence d’un harcèlement de la Direction.



Salah Lamrani : Une hypocrisie totale, je n’ai jamais été absent, je n’ai jamais raté une heure de cours j’ai plus d’une heure et demi de trajet ; j’habite dans le 94 et je travaille dans le 93 ce qui fait 3h quotidienne dans les transports ; malgré cela aucun retard ni absence sauf pour ma formation ; deux clubs et mon heure de colle



- Finalement t’as été payé ou pas ?



Salah Lamrani : Ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas de fond, pas de moyens.



- Donc ça a duré plusieurs mois ?



Salah Lamrani : Mes clubs ont duré 3 semaines.



- Et tu n’as pas été payé ?



Salah Lamrani : J’ai pas été payé car ils m’ont annoncé qu’il n’y avait pas d’heures mais ils ont menti il restait encore une heure qui n’avait pas été répartie. Donc je pense que l’heure qui n’avait pas été répartie ils auraient pu me la donner et surtout que sur toutes les heures qui avaient été réparties à leurs vassaux je ne sais pas s’il y’en avait un aussi investi que moi



- Donc comment tu en arrives à la suspension ?



Salah Lamrani : Donc je reviens de 10 jours d’arrêt : agression, harcèlement, pressions de toutes part, j’en tremblais devant mes élèves. Ils n’ont pas remarqué car ils ne savaient rien. Et ce qui m’a complètement déstabilisé c’est que cela venait d’un personnel de service. J’ai énormément de respect pour les personnels de service, je suis celui qui leur parle le plus, je connais leur prénom... en fait c’est un collabo, malheureusement ça existe dans toutes les catégories, ça existe partout ! Ce type se faisait appeler le rebelle.. mais qu’il soit un agent je m’y attendais pas ! Et pour le coup j’ai passé deux semaines de vacances de merde et même à la rentrée je pouvais pas reprendre, car juste avant les vacances j’avais craqué dans le bureau de la FCPE, et d’ailleurs le proviseur adjoint m’espionnait il nous écoutait je m’en suis rendu compte après, ça m’a mis la mort. J’ai pensé que je m’étais humilié pour rien.



- C’est pas très grave.



Salah Lamrani : C’est pas très grave effectivement et ça m’a rendu service. C’était providentiel parce que justement il croyait qu’il m’avait liquidé qu’il ne me reverrait plus. C’est pour ça que le harcèlement moral malheureusement ça existe et le seul problème c’est de le prouver.



- Oui.



Salah Lamrani : Et jusque-là je pouvais pas le prouver mais à partir de la rentrée ils ont vu que je n’étais pas là, que j’ai fait deux semaines, j’ai prolongé d’une semaine ; ils se sont dit : ça y est on l’a cassé il ne va plus revenir, on va le liquider tout de suite ; ils ont dépassé les bornes. Moi le jour où je suis revenu le 25 janvier, après 3 semaines d’arrêt maladie, mes élèves étaient très surpris et très contents de me voir parce qu’ils croyaient tous que j’avais été viré pour faute grave il y avait plein de rumeurs folles qui avaient circulé, ils ont tout mélangé, comme quoi je montrais des truc djihadistes à mes élèves, comme quoi j’avais violé et frappé des élèves en Égypte, que j’avais frappé Monsieur Saoudi etc. Ils ont tous mélangé ! Et puis vous savez, il y a à boire et à manger comme ça, tout le monde n’étant pas sensible aux mêmes choses, si vous mettez tout, vous êtes sûr comme ça de toucher à la corde sensible à un moment ou à un autre. Dans ce contexte jusqu’à des enfants de 6ème qui ne m’ont pas comme profs entendaient ouvertement les surveillants disant dans la cour que j’étais viré pour faute grave que je ne reviendrai plus, le lundi juste avant le 25 janvier, elle a distribué à tous les élèves un papier à en tête de la FCPE invitant tous les enfants de mes classes à une réunion pour régler le problème de Monsieur LAMRANI, sans enveloppe donc c’est illégal ! Sans enveloppe, il faut voir la manœuvre !



- Tu veux dire que la FCPE a écrit un courrier pour se réunir.



Salah Lamrani : Oui, la Direction invitait tous les parents pour évoquer le problème Monsieur LAMRANI, une réunion spécifique.



- Tu veux dire que c’était écrit comme ça ? Pour évoquer le problème de Monsieur..



Salah Lamrani : Des absences problématiques et inquiétantes et non remplacées, il faut trouver une solution.



- Simplement, cela veut dire, ils s’inquiétaient de ta santé et du fait que les professeurs qui sont légitimement malades ne soient pas remplacés, je suis assez d’accord, de ce point de vue, avec la FCPE.



- C’est une démarche assez ambiguë de la part de la FCPE qui à la fois se plaint des absences et qui met en place des sites qui s’appellent au niveau nationale "la ou il y a pas cours" qui consistent en fait à pointer les enseignants qui seraient trop souvent en arrêt maladie. Donc c’est ambigu la démarche de la FCPE



- Les enseignants n’ont pas encore de pointeuse.



Salah Lamrani : J’utilise des termes forts, vous allez voir ce qui s’est passé, vous jugerez sur pièce, c’est pour être sûr de la FCPE, trois par an au moins ;  ils ont vu la cabale contre moi, ils ont vu ce que je subissais. Ils ont écrit à partir de novembre pour signaler mes activités de blogueur, elles justifiaient l’arrêt des clubs.



- Ils ont confondu ta vie privée et ta vie professionnelle.



Salah Lamrani : Ils ont un mandat qui doit être dans l’intérêt des élèves et des parents etc. et pourtant ils collaborent sciemment à des choses qui ne peuvent être que préjudiciables aux enfants. Donc ils l’écrivent, ils tirent la sonnette d’alarme de manière complètement illégale et irresponsable. Ils vont le payer devant la justice sur des choses dans lesquelles ils n’ont pas à fourrer leur nez. De manière insidieuse, suggérer que j’aurai fait état de mes convictions politiques  dans le cadre de mes fonctions ou quoi que ce soit alors que rien du tout ! Il y a un inspecteur aussi qui l’a signalé car voila dans le contexte de l’après 13 novembre la chasse aux sorcières, vous pensez bien un professeur dans l’éducation nationale qui a des convictions politiques, on est dans un pays libre, il faut pas pousser trop loin.



- Et une activité syndicale.



Salah Lamrani : Voilà et une activité syndicale et une conviction politique après on en viendra au mot magique vous verrez ; mais effectivement le gros reproche syndicalisme pour eux c’est du pareil au même la tête qui dépasse pour ouvrir la bouche, pour eux c’est inacceptable.



(Pause musicale)



- Donc on continue avec Salah Lamrani, harcelé par la Direction du collège Romain Roland à Tremblay en France, insulté et menacé par des éléments incontrôlés de la fédération de parents d’élèves qui se prennent pour des contremaîtres qui remplacent la Direction dans un rôle répressif



(Rappel sur la manifestation cet après-midi)



- Donc on continue avec Salah. Une FCPE qui n’arrive plus à supporter les absences, les congés maladie du personnel de l’Education Nationale qui au lieu de se tourner vers le Rectorat pour les remplacements se tourne contre les victimes elles-mêmes des harcèlements qui ont conduit à l’arrêt de travail.



Salah Lamrani : Voilà ! Elle participe à ce harcèlement qui est motivé par l’intérêt supérieur des élèves qui est de ne pas participer à des activités hautement subversives animés bénévolement par M. S. Lamrani. Donc on salue leur haute conception de l’intérêt des élèves. Du fait du harcèlement que je subis il faut quand même que je me préserve seul contre tous ; c’est pas facile. Donc pendant mon arrêt ils ont convoqué les parents, j’ai pris connaissance de mon dossier administratif, les courriers ont été envoyés, à partir de novembre ils signalent mon activité de bloggueur, le 19 janvier la semaine avant que je revienne, un courrier vraiment abject (publié sur mon blog et sur médiapart "le cri des peuples, Jour 4, je raconte chaque jour) la FCPE se permet dans ce courrier d’exiger ma tête elle dit que Monsieur LAMRANI se moque du monde qu’il est certes très compétent et apprécié des élèves mais il n’est pas du tout motivé par la volonté de transmettre le savoir mais par son orgueil insensé, il veut faire plier l’établissement à ses quatre volontés (d’animer bénévolement  des clubs) et c’est parce qu’on refuse qu’il arrête que nos élèves sont privé de cours de français, c’est une situation inacceptable mais on ne veut pas qu’il revienne. Donc c’est subtil ! D’un côté il est compétent et apprécié, par contre on ne veut pas qu’il revienne ! On veut juste un professeur assidu, on enlève "compétent" apparement c’est trop compliqué pour eux ! Par contre si cette situation n’est pas réglée ils veulent en faire un scandale nationale sur tous les médias et surtout prévenir tous les partis politiques sans aucune distinction. Cela signifie « Front national » car ils avaient réussi à nous placer l’identité nationale, le chômage etc. c’est à dire n’importe quel chômeur tous sauf Monsieur LAMRANI !



- Tu as raison de préciser l’allocution « les partis politiques sans exception ».



- Salah Lamrani : L’Inspecteur qui avait cité mon activité de blogueur parlait de certaines choses évoquées « à mots couverts », cela signifie quoi ? Mon identité politique ? Mes convictions religieuses dans un contexte djihadiste, le terrorisme ? Je débarque le 25 janvier, j’entends tout ce qui ce dit ; qu’ils ont distribué des courriers sans enveloppes et cela contribue à ces rumeurs. Ils sont passés voir mes élèves pour leur dire de ne pas faire les devoirs que je leur avais donnés pendant mes absences, que si je revenais et que je leur mettais zéro pour les devoirs qu’ils avaient à faire qui sont resté 10 jours dans une salle de permanence et que je leur ai tout de même donné à faire pendant les vacances pour que je ne prenne pas de retard dans le programme ; même ces devoirs ils leur ont dit de ne pas les faire ! Que si je leur mettais zéro en conséquence, ils avaient juste à se plaindre contre moi...



Présentateur 2 : C’est pédagogique !



Salah Lamrani : Voilà, monter les élèves contre moi, bonne chance ! Ensuite ils ont besoin des parents, c’est pour cela qu’ils convoquent la réunion d’incitation contre Monsieur LAMARANI et par chance je revenais ce jour. J’ai dit à mes élèves qu’étant donné les choses qui se disent sur moi, dites à vos parents que je serai présent dans cette salle pour donner ma version à qui veut ! Car je sais bien que je ne pourrai pas assister à la réunion.



- Aucun collègue ne t’accompagne ou t’aide ?



Salah Lamrani : Personne ! les collègues m’ont poignardé ! Ils ont fait passer des rumeurs en salle des profs, et je sais qui d’ailleurs, car des gens m’informent, soi-disant que je montrais des choses djihadistes, que j’ai fais un hold up du CA pour des questions personnels, j’aurai détourné l’intérêt de...



- De la nation.



Salah Lamrani : Voilà, motivé pour des questions d’ego d’après eux, il pensent que quelqu’un qui s’investit bénévolement sans contrepartie matérielle est par conséquent motivé par l’ego. Et je pense de bonne foi qu’ils ne peuvent pas, dans leur délire, ils ne peuvent pas comprendre le principe du bénévolat, ils pensent que c’est de l’ego. Ce sont des bureaucrates, il y a juste à voir leurs courriers bourrés de fautes d’orthographes envoyés au Rectorat, aucune syntaxe ! Ils auraient une revanche à prendre sur la vie...



- Oui on a l’habitude, ils ne savent pas écrire le français, apparemment c’est pas une compétence nécessaire.



Salah Lamrani : Ils ont reçu beaucoup de mépris dans leur vie, ils s’en sont renié les deux coins de la bouche, et tout ce qui peut représenter le savoir, la connaissance avec un prof épanoui avec ses élèves, c’est une défiance !



- Alors à cette réunion ?



Salah Lamrani : Alors j’étais à l’écart et j’ai juste pu dire que j’étais là après la réunion à qui souhaite me parler ! Et ensuite pendant la réunion ils ont voulu me chasser



Le principal adjoint et la FCPE qui m’avait d’abord menti en me disant que cette réunion n’était pas du tout consacrée à moi, on me prend vraiment pour un con j’ai vu les papiers ; ils ont voulu me prendre pour un con, cela n’a pas marché c’est parti au clash : « Monsieur Lamrani vous devez sortir » car, soi-disant, « on va mettre l’alarme incendie et on va rentrer chez nous » alors que je pensais que le principal et le FCPE habitent dans l’établissement mais ils veulent rentrer chez eux ! Ils veulent mettre une alarme incendie alors qu’il y a une réunion en bas ? Je me suis dit ok on sait jamais il y a peut-être une chance sur mille pour que l’alarme incendie des salles soit différente de celle du réfectoire. Donc je suis sorti de ma salle mais pas de l’établissement, j’étais sur le parking et là c’est beau ce qu’ils ont dit : « Monsieur LAMRANI vous êtes pitoyable, on va appeler la police ».



- Une propriété privée ?



Salah Lamrani : Bien sûr c’est à eux cet établissement.



- Mais non ! ça appartient au conseil général



- C’est stupéfiant d’une fonctionnaire de l’état de s’approprier les lieux.



Salah Lamrani : Là ils l’ont dit à l’oral il n’y avait pas de témoins mais ils sont tellement stupides qu’ils ont réécrit que j’étais sur une propriété privée.



- C’est effectivement très étonnant, je précise Salah, que nous on fonctionne pas sur des rumeurs nous on part sur des textes rédigés par l’administration elle-même, que la FCPE à rédigé elle-même, évidemment si la FCPE ou la direction du collège Romain Roland de Tremblay-en-France souhaite s’exprimer, elles sont tout à fait invitées à exercer leur droit de réponse dans le cadre de cette émission Chronique syndicale sur Radio Libertaire



Salah Lamrani : Moi j’ai scanné tous les documents, je n’ai pas publié des citations, je crois en la démocratie, tout le monde peut dire ce qu’il veut ! Ils ont essayé de me faire craquer. Et là pour ceux qui se souviennent de mon histoire en Egypte. Elle m’a dit « Monsieur Lamrani vous êtes un danger pour les élèves, dès demain je vais appeler le Rectorat pour vous interdire l’accès à l’établissement car vous pourriez agresser un élève dans un accès de colère », et ça c’est ce qui m’était arrivé en Égypte ! Vous voyez la torture morale la plus abjecte d’aller ouvrir les plaies les plus profondes pour me faire craquer !



- Il faut rappeler qu’en Égypte effectivement tu as été dans un établissement de la mission laïque française suite à une cabale de la Direction ça été très grave car, pour rien du tout, tu as été arrêté par la police égyptienne.



Salah Lamrani : Oui mais j’ai gagné, ils ont été déboutés parce que c’était grotesque.



- Oui mais quand même la police égyptienne, tu as passé quelques heures en prison c’est tout de même des centaines de morts.



Salah Lamrani : Ce qui est un traumatisme connu de la Direction car elle a fait une référence et que cette histoire est sur internet. Ils se servent de ça pour me faire craquer ce sont des spécialiste de la déstabilisation psychologique et enfin la cerise sur le gâteau : Monsieur A. S. me dit  « Terroriste ». Le mot est lâché.



- Alors ça il n’a pas osé l’écrire quand même.



Salah Lamrani :« Terreur », ils ont écrit que mon action participait à un « climat de terreur », c’est un aveu à demi-mot, et ça suffit, surtout qu’il y avait un parent d’élève, et que ça été répété à 30 ou 40 parents d’élèves, alors soit il voulait me faire craquer...



- Que tu génères un climat de terreur c’est un peu fort.



Salah Lamrani : Soit me faire craquer, soit de me pousser à lui en coller une si je n’étais pas maître de moi.



- C’est de la provocation, ils cherchent l’incident.



- On a connu ça nous, de la part des gens très responsables  haut placés, on a connu des vols. Ah non il ne faut pas qualifier ça de vols, mais on nous a subtilisé des sacs on s’est servi de ça pour accuser des collègues...



- Des hauts fonctionnaires.



Salah Lamrani : Echec en tout cas car ils voulaient me faire partir, je suis resté debout même si c’était dans le froid au lieu d’être assis au chaud dans ma salle et même eux sont restés une heure et demi debout dans le froid mais ces abrutis s’ils m’avaient laissé dans ma salle  au 1er étage en haut ils auraient pu dire aux parents qui était au RDC que j’étais parti. Mais en me faisant descendre de ma salle ils m’ont mis devant la porte d’entrée qui est le passage obligatoire donc tous les parents me voyaient ils m’ont offert la victoire, le triomphe sur un plateau, car tous les parents passaient par là. Ils ont fait ça car se prenant pour Dieu ils se sont dit : on a terrorisé les professeurs, peut être que notre présence va intimider les parents aussi, manque de pot 50 parents sont venus me parler, ce sont eux qui ont pris la parole massivement autour de moi. " Monsieur Lamrani déjà on ne comprend pas cette réunion. Si vous êtes revenu cette réunion n’a plus d’objet puisque vous êtes revenu pourquoi elle est maintenue ? Donc l’objet est autre, c’est qu’on ne voulait pas que je revienne. Vous êtes très compétent, vous êtes apprécié, les élèves aiment beaucoup pour une fois on aimerait que vous restiez".



- Tu as des retours positifs de la part des parents parce qu’en fait leurs enfants leur disaient que les élèves satisfaits tu les faisais beaucoup travailler etc.



Salah Lamrani : Bien sûr.



- Tu as eu un soutien de la part des parents ?



Salah Lamrani : Surtout des élèves. Et après, la Direction qui a essayé de placer un lot s’est fait sécher, donc humiliation de la FCPE, les parents massivement avec moi, c’était le triomphe, ensuite j’ai passé les 10 jours les plus beaux de ma vie puisque tous le collège était au courant c’était très intense, physiquement à bout, mais moralement ça va ! après avoir subi ça seul contre tous la situation a été retournée en ma faveur.



J’ai vraiment pas eu le triomphe insolent car je suis un professionnel.



Mais le type qui m’avait dit terroriste et celle qui m’avait hurlé dessus, j’ai pas pu, mais tous les autres je leur ai serré la main je me suis réintégré dans la salle des prof etc. pour leur faire comprendre que d’une part on va travailler dans une atmosphère sereine, les enfants n’ont pas à  savoir s’il y a des conflits, qu’on peut être dans la guerre des tranchées, mais en coulisse vous m’avez rendu fou ça va se payer !



Donc là, comme ce n’était pas tenable pour eux, il fallait m’éliminer ils ont encore envoyé des courriers au Rectorat, la FCPE a craqué, une semaine après le courrier voulant ma tête, elle m’envoie un courrier me disant qu’elle voulait m’être agréable, qu’elle voulait renouveler sa confiance, qu’elle ne voulait pas prendre parti, qu’elle était toujours avec moi etc., donc retournement de veste.



- Pourquoi pas après maintes erreurs.



Salah Lamrani : A ce moment-là j’avais pas encore pris connaissance de mon courrier administratif en une semaine d’intervalle d’un extrême à l’autre.



Une semaine après la Direction envoie son propre rapport complètement falsifié au Rectorat : que je ferais peur à tout le monde, je terrorise tout le monde, au secours, on a un fou furieux dans l’établissement, même moi je n’arrive pas à dormir.



- Les auditeurs ne te voient mais t’as pas un gabarit à faire peur.



Salah Lamrani : Lisez leur courrier dans le Jour 4. Donc la suspension tombe le 10 j’en prends connaissance le 11, une suspension non motivée de la part du Rectorat. Mais bien sûr s’ils pensent que je vais disparaître de la circulation ! Nous si on met...



- C’est le Rectorat.



Salah Lamrani : Oui le Rectorat, I. C., DRH du Rectorat ; qu’on félicite pour son discernement car après le 25 janvier j’ai envoyé un rapport à mon inspecteur, très détaillé, très circonstancié qui racontait tous les faits et qui promettait encore des témoignages etc. de personnels de prof et de parents d’élèves qui allaient confirmer tous ce que je disais. Ils en ont pris connaissance le 28 janvier car j’ai vu que l’inspecteur leur a fait suivre. Ils n’ont même pas pris la peine de m’entendre, de me convoquer et 15 jours plus tard ils me suspendent comme ça ! Sur la base de mes courriers très circonstanciés de mon rapport très professionnel face à leur rapport démembré, sans aucune cohérence...



- C’est marrant ça me rappelle quelque chose à moi aussi.



Salah Lamrani : Quand vous savez que c’est ma santé mentale, ma réputation, mon intégrité… Cest pas grave ? Vous passez tout ça au broyeur ? Vous voulez que je disparaisse de la circulation après avoir été accusé de tout ça ! Excusez-moi mais vous me faites rigoler ! C’est vrai qu’à un moment mon métier c’est important mais ma dignité, ma réputation c’est plus important ! Si ça marche bien avec les élèves, ils me respectent, c’est que je suis respectable ! Donc depuis le 12 février tous les jours je fais un sit-in devant mon collège. Je suis sur une chaise.



- Romain Rolland



Salah Lamrani : C’est un spectacle si vous voulez venir voir ça va durer jusqu’au 1er juillet et encore au 1er septembre jusqu’à ma réintégration ou jusqu’à ce qu’on me mette en prison car on m’a dit « terroriste » devant des parents d’élèves, si c’est le cas je suis désolé dans l’intérêt de la sécurité publique, c’est pas une suspension de 4 mois, il faut me mettre en prison ! Car je sais ce que ça veut dire terroriste pour eux et pour la France aujourd’hui dans l’état d’urgence : ça veut dire activiste politique, syndicaliste !



Eux on sait ce sont des terroriste au sens propre du terme on sait ce qu’ils font au Yémen, en Syrie.



- A Calais aussi.



- On a connu des syndicalistes aussi...



Salah Lamrani : Il n’y a pas pire violence psychologique et morale que d’aller casser des portes à 3h du matin pour rien !



- Des militants écolo...



Salah Lamrani : C’est très important je vais conclure sur ça : je me considère pas comme une victime... (silence)



- Tiens bon on sait que c’est dur.



- On le sait on est tous comme ça.



Salah Lamrani : Les vraies victimes ce sont ceux qui se sont fait perquisitionner à 3 h, humiliés, traumatisés, devant leur famille, leurs enfants, ce sont eux les victimes



- Moi aussi je l’ai été.



Salah Lamrani : Malgré ce qu’ils ont fait je vous invite à venir voir tous les jours la scène, le Rectorat à surenchéri en envoyant 3 armoires à glace pour empêcher un élan de solidarité, qui venaient intimider physiquement les élèves pour les empêcher de saluer leur professeur.



- Oui ça me rappelle des choses.



Salah Lamrani : Echec total, ils ont été balayés, la déroute, les parents sont venu indignés car on est dans le 93, vous sortez « terroriste » on touche à la corde sensible, à Neuilly sur Seine vous n’auriez peut être pas eu le même effet, vous auriez peut être gagné sur le terrain on va dire..; donc soutien massif des élèves. Des élèves de 12 ans vous imaginez, on les a menacés, quiconque me parle, la pression psychologique à 3 contre un élève dans le bureau en leur disant que leur scolarité était menacée, qu’il ne fallait pas parler à Monsieur Lamrani, c’est de la folie



- Curieusement les élèves même petits quand ils sentent qu’il y a des choses injustes sont capables d’être très forts.



Salah Lamrani : Les profs m’ont poignardé ou n’ont pas bougé et quand la situation a tourné en ma faveur c’était difficile pour eux car les élèves leur ont demandé des comptes, imaginez les élèves qui voyaient de leurs propres yeux les professeurs sortir et ne pas me saluer ! et même ils faisaient coucou on est avec Monsieur Lamrani.



Il  y a 3 jours, toute une classe (car je suis devant le collège), les élèves ont ouvert les fenêtres en disant « Monsieur LAMRANI on est avec vous ». En plein cours imaginez la tête des professeurs qui n’osent pas me saluer qui passent par les sorties adjacentes exprès pour ne pas me voir.



- Oui ça doit être un peu dur pour eux.



Salah Lamrani : Oui c’est dur, ils ont fait grève contre mes actions, car si j’en prends plein la gueule et que personne n’est au courant c’est pas grave mais si je me défends et que je gagne en plus là c’est inacceptable ! Donc ils ont fait grève contre moi.



- Oui ça aurait été plus simple pour le chef d’établissement que tu t’enterres tout seul chez toi.



Salah Lamrani : Voilà ! Mais c’est pas la politique de la maison, la justice fait ce qu’elle a à faire, y a mon avocat qui travaille..



- Est-ce-que que tu as eu une signification autre que de la part du rectorat depuis, un autre courrier, une motivation ?



Salah Lamrani : Rien du tout !



- Donc tu ne sais toujours pas à l’heure actuelle, il faut le redire.



- Il y a un article du Parisien qui pose effectivement la question.



Salah Lamrani : Le Parisien les a sollicités, ils ont dit qu’ils allaient m’entendre et me convoquer le plus rapidement possible ça fait un mois, on a attend toujours ! puisqu’il y a deux articles...



- Voilà plus d’un mois !



Salah Lamrani : Il y a une pétition en ligne en dix langues, pour le coup c’est une pétition pour ma réintégration, mais aussi une pétition pour l’état d’urgence ; la France qui donne des leçons à tout le monde en matière des droits de l’homme, de liberté qui se croit premier de la classe mais en fait dernier de la classe. que le monde saisisse une occasion, imaginez les profs de tous les pays du monde, y a pas un prof qui a signé cette pétition, il y a des élèves qui ont signé cette pétition d’ailleurs je sais pas comment ils l’ont trouvée ; les gens signent du monde entier mais pas un prof qui ose signer, me parler, me saluer, il y’en a qui osent me saluer de loin, c’est le triomphe sur le terrain...c’est vrai que c’est éprouvant physiquement ; tous les jours ils appellent la police, tous les jours la police fait des rondes parce qu’on leur signale un forcené mais bon la police a du discernement ; ils passent, ils voient juste un homme assis sur une chaise, occupé à boire un café...



- Oui sur une chaise.



Salah Lamrani : Je vous raconte une scène, tous les professeurs qui ne me saluent même pas, l’abjection aucune dignité, qui passent devant...



- Y a personne pour t’apporter un café ?



Salah Lamrani : C’est arrivé la semaine avant les vacances parce qu’en fait le bras de fer se joue les 3 premiers jours, grâce  avec mon expérience en Égypte je sais comment ça se passe, l’élan de solidarité se fait les 3 premiers jours ; tout de suite ou jamais, c’est pour ça qu’ils sont venu au forcing avec les gros bras etc. Ils ont été balayés donc c’était perdu toute la semaine avant les vacances après il y a l’oubli et la fatigue qui jouent aussi donc deux semaines de vacances qui passent, après ils ont voulu en remettre une couche ; la pression de fou qu’ils ont mis sur les gens, les professeurs, les surveillants etc., la terreur. Je dis pas que ce sont des terroristes, ni la gestapo, car quand on est fort, quand on est un état totalitaire, on impressionne les forts, sous Staline, sous Hitler, y avait pas un général 15 étoiles qui tremblait pas. Un vrai état totalitaire fort fait trembler les puissants.



Un état qui s’attaque au plus faible, c’est un signe de faiblesse, c’est pas la gestapo, vous m’excusez, c’est la « Gestapette ». C’est minable !



C’est pour ça que cet état d’urgence il ne faut pas en avoir peu, même mes élèves de 12 ans sont en train de balayer cet état d’urgence, c’est juste un roquet de papier pas un recueil. Cela ne va pas nous impressionner, il ne faut pas en avoir peur et si vous voulez voir l’état d’urgence balayé, si voulez voir toute cette cabale de 5 contre une personne, et encore contre une personne selon les calculs de l’équipe pédagogique, mais les élèves sont avec moi, les parents sont avec moi. Beaucoup de camarades relaient l’histoire c’est pour ça que c’est un scandale c’est pour ça que le Rectorat ne sait pas quoi faire car l’omerta au Rectorat on connait. Mais ils n’ont pas dû comprendre comment en l’espace de quelques jours une pétition en 10 langues, les articles en 4 ou 5 langues,  les médias internationaux sont venus devant l’établissement donc on ne peut plus se taire...c’est trop tard, je continue jusqu’à ma réintégration, pas de négociation possible



- Donc sit-in devant le collège Romain Rolland à Tremblay en France.



Salah Lamrani : Sit-in que je fais tout seul, car sous l’état d’urgence les manifestations sont interdites, je ne veux donner aucun prétexte à être arrêté. Autre scène que je voulais raconter : il y a deux contractuels qui osent me saluer, toujours les plus fragiles, et la scène avec les enfants en hiver, il fait très froid, 4 élèves de 5ème tremblaient de froid, qui ne sont même pas mes élèves, ils ne me connaissent que de réputation, ils sont restés 30 à 40 minutes à grelotter avec moi. A la fin ils s’excusaient de partir car ils devaient aller chercher un frère à l’école et ils sont revenus en courant pour m’offrir une viennoiserie. C’est un triomphe c’est magnifique.



- Ça réchauffe le cœur.



- Ça fait plaisir.



Salah Lamrani : Ce soutien c’est magnifique, j’invite les gens à résister. Leur force c’est notre peur, on cède à l’illusion, des gens qui sont des ectoplasmes : Hollande, Valls, Cazeneuve, Fabius…



- Macron



Salah Lamrani : Des analphabètes, des gens méprisables qui n’ont aucune conscience des intérêts de la nation, des apatrides.



- Cahuzac c’est mon héros.



Salah Lamrani : Tous ce qu’il y a de plus bas, de plus vil, de plus abject – car il y a des gens qui ont un niveau intellectuel, sans morale, qui ont un niveau ou qui calculent... et là l’état d’urgence c’est la dernière carte, faut pas croire que demain sera pire... Un gouvernement socialiste ? Jean Jaurès, dans mon top 5 des personnalités... Ils sont au fond, l’avenir pour nous est radieux à condition qu’on  ne se laisse pas faire et qu’on n’ait pas peur des ombres car ce sont des ombres...



(Signez la pétition sur Tlaxcala)



Le plus important, c’est pas moi, je suis pas en position de victime. C’est que, où que vous soyez, même un contre 100 ne doutez pas que la force du bon droit, de toute éternité, est vouée à triompher. Les principes sont plus importants. Tout, perdre un poste, de l’argent, des libertés c’est pas grave, les principes, la dignité ça paye on a des bonhommes dans notre histoire qui ont fait des choses ! On a pas à le refaire, juste à le préserver et le défendre !



- Comment fais-tu pour vivre si tu es suspendu ?



Salah Lamrani : J’ai mon salaire je suis juste suspendu à titre conservatoire.



- Le salaire est maintenu. Cependant l’administration c’est la terrible héritière de la sainte inquisition de l’église catholique ; suspension mais sans motif.



Salah Lamrani : Un élève, si je le punis, je lui mets un motif. Par contre moi, fonctionnaire de l’Education nationale, j’ai pas droit à un motif !



- Comme pendant l’accusation de l’inquisition tu dois savoir pourquoi et qu’est-ce qu’on te reproche.



Salah Lamrani : En fait ils se sont donné 4 mois pour trouver un motif sauf qu’ils n’ont pas dû vérifier que j’avais envoyé un courrier en LR/AR pour trouver un motif. C’est trop tard. Ils vont avoir du mal. Les pièces sont entre les mains de mon avocat je vais en justice les pièces sont publiées, ils ne peuvent plus rien inventer. En justice ils vont perdre,  sauf qu’ils s’en moquent de perdre. Tout ce qu’ils veulent c’est sauver la face, je compte pas sur la justice pour me réintégrer même si je casse cette suspension ils vont encore me suspendre ! C’est pas I. C. qui va payer, c’est l’état, le procès est pour dans 4 ou 5 ans. Ils s’en moquent !



- L’impunité du multi chef...



- Les grosses boites c’est la même chose.



Salah Lamrani : C’est pour ça que je vais pas leur permettre, si on me casse pas les jambes, je vous donne ma parole, si on me met pas en prison je serai devant le collège, je bouge pas pour me défendre jusqu’au 1er juillet - 1er septembre...jusqu’à l’extrême limite de ma résistance.



- T’as l’air résistant. On rappelle donc que tu es devant le collège Romain Rolland à Tremblay en France.



- Un grand merci à toi Salah, beaucoup de courage.



Salah Lamrani : Merci à vous de me recevoir et de faire connaitre cette histoire, c’est pas pour accabler qui que soit, c’est pour redonner du baume au cœur, on peut se défendre même si toutes les données matérielles sont contre nous, c’est trop gros ! Il faut pas être écrasé par tout, ça c’est trop gros !



- Un grand merci Salah, et donc la résistance...


 

A French Muslim teacher suspended for 4 months without reason

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Source : https://www.zamanfrance.fr/article/a-tremblay-salah-lamrani-prof-suspendu-mois-motif-20417.html

Translated from French by Jenny Bright (March 25th, 2016)



On February 10th, Salah Lamrani, a French teacher at Romain-Rolland Middle school in Tremblay-en-France (Paris Northern Suburb), was suddenly suspended from duty for a period of 4 months. The reason? None, officially. He affirms himself to be the victim of a plot to punish him for his union activities and his political activism on his blog. Zaman Francewanted to know more.




Friday, March 11th, 2016 - 12:27

zaman-france
 
The sky almost fell on his head. On hearing on the 10th of February that he had been suspended as a precautionary measure for a period of four months, Salah Lamrani, a French teacher at the Romain Rolland Middle School, had felt that something was coming but did not immediately understand the situation.
In fact, no official reason has appeared to accompany this administrative decision of suspension against him. Only hostility, cold faces, dry answers, started to be expressed overnight after the terrorist attacks of 13th of November.


“No reasons were mentioned for the decision of suspension, which is absolutely unthinkable, both for my union representative and for my lawyer. In my view, as there is absolutely nothing to reproach me with, they were giving themselves time to find the best angle of attack”, confided the teacher toZaman France.
Contacted by our editorial staff, the Romain-Rolland School in Tremblay-en-France refused to speak. The education authority of Créteil, meanwhile, has inherited the case. It has so far not responded to our requests.
Salah Lamrani suspended: post-13 November effect?
For Salah Lamrani, there is no doubt: he is the victim of a scheme motivated by his trade union investment locally and more generally, by his political-religious activism on hisSayed Hasan blog.
“The very authoritarian management of my school saw me as a problem element because of my unionism, my investment and my popularity with pupils. I was the only one who dared to express a dissenting voice to the Administration Board, which was an act of war to Ms. Khadija BOT, the Principal, and Mr. Abdelkader SAOUDI, Deputy Principal. My personal beliefs, which I never mentioned as part of my duties, were also displeasing to the management and to some parents.”
romain-rolland
Romain Rolland School, in Tremblay-en-France.

What kind of “personal convictions” are we talking about here? “The strong condemnation of 'Charlie-ism', of racist and ambient Islamophobic culture and the proud affirmation of my Arab-Muslim identity, and, internationally, the denunciation of the French foreign policy supporting the terrorism of Daesh (and Israel) and the support of the Syria-Iran-Hezbollah-Russia axis that fights it, of the Palestinian cause, etc.
The teacher-blogger seems to be a possible victim of the post-November 13 effect.
According to Salah Lamrani, the Parents Board (FCPE), the management of the school and an academic inspector had reported his blogging activities to the rectory since November, “without even insinuating that I mentioned my political or religious beliefs in the framework of my duties”,  he says.

The warm support of students
Since then, the man who seized the judge “to request the removal of this decision”, and initiated criminal proceedings “for moral harassment and slanderous denunciations” relies only on mobilizing parents and stops each day sitting on a chair in front of the school waiting for his reinstatement. An online petitioncalling for his reinstatement was spread.
Salah Lamrani also keeps a diary on his blog in which he expresses his feelings, the behaviour of his “former” colleagues, pupils, and parents.

mon-paradis

Worried about his professional future, anxious to resume his teaching duties, Salah Lamrani is determined to fight to assert his rights although without any illusions about a rational response from the academic authority.
“My replacement has been announced. Even a partial mobilization of the educational community could potentially resolve this situation in record time. My only chance of reintegration is through the balance of power. I know exactly how the authority functions, and you have to understand that once my suspension came down, it was absolutely impossible for me to regain my students amicably or by “negotiation” with the union or even through justice. The authority cannot recognize an error of assessment, still less a fault of this calibre, whether due to negligence or, as I believe it to have been, deliberate.
Meanwhile, his only satisfaction is the support and warmth lavished on him by pupils and their parents. “They support me massively, and keep me company as they enter and leave the school. Every day they bring me things to eat and have even brought me extra socks and a hat to protect me from the cold, which is moving.”


Fouad Bahri
 
Signthe petition for the reinstatement of Salah Lamrani : http://www.tlaxcala-int.org/campagne.asp?reference=44

Send a protest letter to the Rectory :isabelle.chazal@ac-creteil.fr


See Day 0, Day 1, Day 2 and Day 3 of the protest, as well as France, the Police State and the Intellectual and a Press TV interview.

Un enseignant suspendu suite à des accusations de « terrorisme » (avec transcription)

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Le Grand Débat RTSF93 - Emission du mercredi 9 mars 2016




Transcription : 


Merci à Diane et Narjan pour la transcription.



Quelques dizaines de seconde de blanc dans la bande-son sont dues à des morceaux musicaux coupés pour droits d’auteur.



ALIBI MONTANA : Bonjour à tous nos auditeurs. Je vous avais dit de rester à l’écoute après mon émission. On a donc le Professeur dont je vous ai parlé, et vous allez pouvoir réagir au téléphone. Nous te laissons te présenter aux auditeurs et nous expliquer les faits, pour que la vérité puisse passer, donne-nous ta version et rappelle-nous les raisons pour lesquelles tu es à l’antenne en direct



SALAH LAMRANI : Bonsoir à tous, (je me présente), Salah Lamrani, Professeur de Français au collège Romain Rolland à Tremblay en France, franco-algérien, originaire de la ZUP de Clermont-Ferrand, donc du 6-3 – c’est le 9 à l’envers – mais dans le 9-3 je suis chez moi, comme dans le 6-3, comme dans toute la France, mais on en reparlera plus tard...



Je suis là ce soir pour vous parler de ce qui se passe actuellement avec mon collège Romain Rolland à Tremblay-en-France duquel j’ai été suspendu de mes fonctions le 10 février [2016] suite à toute une cabale qui a été montée contre moi par la Direction de mon collège et certains parents, la FCPE (Fédération des parents d’élèves), et la complicité de certains enseignants.



Pour le résumer en deux mots, comme un slogan (j’ai pas eu le temps de le préparer en slam, ce sera pour une prochaine fois...), « Professeur de Français, Salah Lamrani dans le 9-3, sous l’état d’urgence ». Pour certains, ça devient  « Professeur de djihadisme » : j’endoctrine les élèves. On m’a dit que j’étais un terroriste en présence de parents d’élèves. Et suite à des différends avec l’administration d’abord et la Direction de mon collège qui ont mal tourné. À partir des attentats du 13 novembre, j’ai commencé à avoir plein de problèmes : on m’a fermé mes clubs, on m’a accusé de faire de choses que je ne devrais pas faire en classe, de ne pas respecter la laïcité, de vouloir endoctriner les élèves… Cela de manière insidieuse ou de manière ouverte, suivant les contextes...



Tout ça pour quoi ? Pour deux raisons. Le mot magique, le mot clé qu’on m’a dit, c’est « terroriste ». Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui en France ? Cela signifie deux choses. D’abord : syndicaliste ! Oui je suis délégué syndical, je suis syndicaliste, j’ai des activités de délégué syndical qui n’ont pas du tout plu à la Direction pour des gestes tout simple : poser des affiches sur des panneaux syndicaux, ce qui est normal pour des établissements normaux. Mais pour, eux c’est tellement exceptionnel qu’on est tout de suite rappelé à l’ordre et convoqué. Ils veulent virer une surveillante. La pauvre n’a personne pour l’assister, tout le monde se débine courageusement, elle me demande de l’aide, donc je l’assiste  Ils n’ont pas pu la renvoyer et ça, ça ne leur plait pas. Donc le problème avec la Direction part de là. Ce sont des dictateurs des autoritaires. Je précise toujours, c’est très important : les noms de la Direction, c’est K. B. et A. S. Donc on est bien dans le 9-3, entre « rebeus », on va dire. Voilà d’où ça part.



Ensuite, ils veulent m’éliminer dans le contexte de l’après 13-novembre ; ils instrumentalisent autre chose car j’ai une casquette de syndicaliste dans l’enceinte de l’établissement, dans le cadre de mes fonctions auprès des collègues, et il y a mon activité de blogueur sur internet. Elle tourne autour de thématiques politiques. J’ai des convictions politiques et religieuses très marquées, que ce soit sur la scène nationale ou internationale.




Sur la scène nationale, j’exècre tous ce qui peut être l’esprit « charliste » et la chasse aux sorcières, qu’elles soit musulmanes ou syndicalistes. L’état d’urgence, il ne faut pas se leurrer, ce n’est pas seulement contre les musulmans. Bien sûr, les musulmans sont les boucs émissaires, car il y a le Front National dont il faut courtiser les électeurs... L’état d’urgence, c’est contre toute parole de liberté. Je dénonce la politique extérieure de la France. Je défends les positions politiques et l’action de a Russie, celles de l’Iran, l’action arabe syrienne, celle du Hezbollah, des Kurdes, tous ceux qui combattent en première ligne Daech. Et finalement, c’est moi qu’on accuse d’être un Da’ouch, un terroriste, d’endoctriner les gens. Après le 13 novembre, il y a des gens qui ne comprennent pas que certains puissent oser (défendre leurs convictions politiques et religieuses non-conformistes, s’afficher fièrement comme musulmans, etc.).



Mais encore une fois, il n’y a aucune relation entre mon activité de prof et mon activité de blogueur... Je n’ai jamais parlé à mes élèves ni aux professeurs de mon activité de blogueur. Mais je ne m’en cache pas. Il suffit de taper mon nom sur internet. Des parents ont pu le faire, et depuis qu’ils l’ont fait, ils ont voulu se payer ma tête au sens littéral du terme. Je raconte toute l’histoire en détail sur internet ... Il suffit de taper mon nom sur Google, sur Médiapart, où je tiens un blog sous le titre « Le Cri des peuples » [Blog censuré depuis, voir mon blog principal sayed7asan.blogspot.fr]. C’était un journal de Jules Vallès, qui s’appelait Le Cri du Peuple. Donc si vous tapez Salah LAMRANI, vous verrez tous les détails, avec le rapport de la Direction et ceux de la partie adverse, qui ont conduit à ma suspension (notamment aux Jour 0 et Jour 4). Ils n’ont rien contre moi. Le seul élément constant qu’ils ont contre moi, c’est mon activité de blogueur. Mais on est encore dans un Etat de droit, il ne faut l’oublier, même s’il y a des gens au gouvernement qui veulent nous le faire oublier, et faire référence à mes activités de blogueur c’est complètement illégal, tant de la part du Rectorat que de la Direction. C’est l’illégalité totale.  



Ma suspension est tombée le 10 février, après deux mois de harcèlement moral. Depuis la mi-novembre, ils m’ont mis la misère, ils m’ont rendu fou. De toute ma vie je n’avais jamais manqué une heure de cours (sauf grève ou formation), et là j’ai pris 3 semaines d’arrêt maladie. Au total 5 semaines d’arrêt à cause d’eux.



Mais le 25 janvier, la situation a tourné en ma faveur. Comme je suis un professeur très apprécié, les parents et les élèves qu’ils avaient voulu monter contre moi se sont retournés contre eux. Ils ont été pris en flagrant délit et pris à partie publiquement le 25 janvier. Ils ont vu que la situation devenait délicate pour eux, que j’étais déterminé à demander des comptes et que tout le collège était au courant de ce qu’ils avaient fait. Il fallait qu’ils se débarrassent de moi. Donc ils ont continué à harceler le Rectorat pour obtenir ma tête, et ils l’ont eue. Aspect intéressant, ma suspension par le Rectorat n’a pas de motif. En tant que profs, nous sommes censés montrer l’exemple. Imaginez que je colle un élève sans motif, parce que je n’aime pas sa tête, et il est collé ? (Ce serait inacceptable).



Ce qui est intéressant aussi, c’est qu’on est dans le 9-3. Je suis un prof de français, le produit de la méritocratie républicaine qui vient de la ZUP, qui a fait de brillantes études, qui parle bien français. Et malgré le fait d’avoir fait des études, d’être prof, d’avoir une activité d’ « intellectuel » sur internet, de blog, etc., il suffit qu’on me sorte le mot magique, « terroriste », prononcé par des pourritures qui ne savent même pas écrire – mes élèves de 6eécrivent mieux qu’eux. Le Rectorat, sans sagesse ni discernement, ne m’écoute même pas ni ne me convoque, alors que je leur ai fait un rapport circonstancié expliquant que je suis victime de harcèlement moral, etc., voilà les preuves. Et 2 ou 3 tocards qui ne savent pas écrire français demandent ma tête et menacent de faire un scandale. Allez voir les pièces qu’ils ont produites, ils ont tout mélangé : on va faire un scandale auprès de tous les partis politiques si on n’obtient pas la tête de Monsieur LAMRANI. Et quand on dit « tous les partis politiques sans distinction », cela signifie le Front national. C’est écrit noir sur blanc, vous pouvez vérifier sur internet. Voilà, on me saque, on me vire.



Mais ils n’ont pas pris en compte plusieurs choses: d’abord on va parler en langage des cités, on est dans le 9-3. On on va parler le langage adéquat, bien que je puisse parler la langue de Molière, il n’y a pas de problème, je m’adapte... Je peux parler toutes les langues. Ils ont beaucoup mal à supporter que quelqu’un soit intellectuellement supérieur à eux. Ce n’est pas parce que je suis exceptionnel, ce sont eux les minables. Surtout, je suis resté attaché à certaines traditions, à certaines valeurs, je ne suis pas un mouton, un pigeon comme les autres qui se font écraser, « bolosser », qui ferme sa gueule.  Donc c’est quelque chose qu’ils ne comprennent pas. Le type parle bien français, il est populaire, compétent, il a fait des études à la fac, il est intellectuel, il est investi (et malgré tout il est attaché à sa religion, à son intégrité…). Et voilà, ils ont voulu m’éliminer. 



Ils ont mal calculé leur coup : on est dans le 9-3, pas à Neuilly-sur-Seine. À Neuilly-sur-Seine, le terrain est peut-être favorable par rapport à l’accusation d’être un « terroriste », mais le 9-3, c’est chez moi, c’est ma culture, et on me sort cette accusation ! Déjà que j’étais absent pendant 5 semaines (et toutes sortes de rumeurs gravissimes ont été répandues à mon sujet), et vous croyez que je vais disparaitre des radars pendant 4 mois et laisser raconter ce que vous voulez et pendant ce temps monter le motif ? Pourquoi le Rectorat n’a-t-il pas mis de motif ? Parce qu’il n’en a pas, tout simplement. On n’a rien à me reprocher pour l’instant, mais on a 4 mois pour trouver quelque chose, en cherchant bien. Et on peut inventer s’il le faut. 



En attendant, je suis sur mon terrain et tout ce qui est action en justice, syndicat, etc., on y va, on y est. Et ils vont payer bonbon. Malgré l’état d’urgence, la France est un Etat de droit, donc ils vont payer cher, même si ça va prendre du temps ...



Dès le lendemain de ma suspension, communiquée le 11 février, donc à partir du 12 février, je prends mon poste tous les jours. Car lorsque les parents m’ont sauvé, ils ont retourné la situation en ma faveur. Je me suis engagé à faire 2 choses : à toujours être présent, ne plus être absent et à rattraper le programme. Donc tous les jours, je suis posté en face de mon collège, sur une chaise; dans le froid, sous la pluie, sous la neige. Du matin au soir, autant que possible de 7h45 à 17h45. Parfois je suis K.O. J’ai une heure 30 de trajet à l’aller et autant au retour, donc parfois j’ai pas le temps d’arriver tôt, mais tous les matins je suis là. Et ça les a mis en panique, parce qu’ils croyaient que j’allais disparaître. Mais non, je n’ai pas disparu. Ils ont quand même essayé de raconter leurs mensonges, mais j’étais là pour raconter ma version des faits. Et ce qui est intéressant, c’est qu’ils sont en train de se faire balayer, humilier... La grande majorité des élèves et des parents sont avec moi, malgré tous ce qu’ils ont dit sur moi, malgré la cabale, les profs qui se permettent de venir et de pas respecter la culture du 9-3,on va dire, et essaient de m’accuser mensongèrement... C’est n’importe quoi ! Ils sont en train de se faire humilier, ils ont perdu toute crédibilité auprès des élèves et des parents. Ils sont allés jusqu’à menacer les élèves, car je suis assis devant le collège. Mais ils ne peuvent rien faire contre moi. Les pauvres, ils ont essayé d’appeler la police, mais je suis assis, je ne fais de mal à personne, la police a du discernement quand même. Là ils sont dans une situation… Là, c’est le neuvième jour, car ça a commencé la semaine avant des vacances, et j’ai repris depuis lundi, tous les jours je suis posé devant l’établissement et les élèves viennent me voir massivement.



Au début, ils ont essayé de faire peur aux élèves en les menaçant. Le rectorat a envoyé 4 armoires à glace, que j’appelle les « déchets des cités », car ce sont tous des rebeus qui sont venu me la jouer culture rebeu. « Oui, on est juste des médiateurs, on est là pour prendre la version des faits. » Et ils ont fait quoi, ces types ? Ils sont allés au contact physique auprès de gamins de 12 ans pour les empêcher de me parler en toute illégalité. En sortant du collège, les gamins viennent me dire bonjour car je suis un prof, ils me respectent. Et ces types viennent presque au contact physique, pour les menacer, les intimider. Eh, vous êtes des bonhommes, vous ?



Mais on est dans le 9-3. Ensuite, des parents sont venus, fous furieux, enfin non, fous de rage – les fous furieux, c’est la direction. Ils étaient fous de rage légitimement car les enfants rentraient en pleurant, racontant qu’on les menace, etc. Ils appelaient les parents, carrément, tellement le pouvoir leur est monté à la tête. Ils croient que comme ils ont fait la loi dans le collège et qu’ils ont dressé tout le monde – les profs n’osent même pas venir dire bonjour, se cachent, sortent par des issues dérobées pour ne pas me voir. Mais les élèves ne se sont pas laissés faire, ils ont du courage, ils viennent me voir. Et leurs parents me soutiennent de manière assez massive.



L’intéressant, c’est que même si tout a l’air contre nous, avec l’état d’urgence, tout le monde contre moi dans le collège, du côté du personnel, de la direction, les enseignants, le rectorat, etc., ce sont eux qui vont se faire manger.



Comme je suis en contact avec des parents d’élèves, je viens d’apprendre que… Il y a une pétition en huit langues qui circule sur internet. Comme des élèves et des parents ont signé la pétition, « ils » les ont convoqués… (Convoquer des élèves parce qu’ils ont signé une pétition et leur mettre la pression, c’est inconcevable !)



C’est un spectacle, c’est incroyable. On peut me suivre à distance, car je ne peux pas organiser une manifestation, d’ailleurs c’est important que je sois tout seul. Mais venez voir, venez voir le spectacle. Et ça durera le temps qu’il faut, jusqu’au 1er juillet et à partir du 1er septembre. Jusqu’à ce que je sois réintégré ou que je sois mis en prison. Parce qu’un terroriste, on ne le suspend pas, on le met en prison. Des gens se sont fait perquisitionner pour moins que ça, leur vie a été détruite. Je ne me considère pas comme une victime, ce qu’ils m’ont fait, c’est chaud, mais il y a des gens qui ont souffert beaucoup plus que moi.



Mais l’intéressant, c’est qu’il suffit de se défendre, et c’est eux qui vont en prendre plein la gueule. Parce qu’ils l’ont cherché. Et ils ne sont même pas capables de faire peur à des gamins de 11 ou 12 ans. Ils se croient la Gestapo, bon, pas la Gestapo qui met des balles dans la tête des gens, mais la Gestapo au petit pied. Ils sont minables. Pathétiques.



ALIBI MONTANA : Quelqu’un veut réagir sur nos ondes. Bonsoir.



P1 : Je suis Mme XXX, mon fils était dans cette classe et il ne m’a jamais rien signalé de spécial. Je ne comprends pas pourquoi on le suspend.



ALIBI MONTANA : Donc vous partagez son avis que c’est quelque chose de tout à fait injuste.



P1 : Ah oui ! Il faut des preuves pour accuser, et quand il n’y en a pas on ne le fait pas. L’ayant vu et entendu, je ne peux l’accuser de rien.


ALIBI MONTANA : Est-ce que cette situation se discute entre parents d’élèves, concernant le professeur ? Vous en avez parlé avec d’autres parents ?


P1 : Non, parce que je ne suis jamais là, je travaille. Mais c’est mon fils qui me dit.


ALIBI MONTANA : Voulez-vous lui dire quelque chose, le fond de votre pensée ?


P1 : Qu’il continue son combat. Quand on est accusé d’être un terroriste, il faut avoir des preuves, on ne peut pas accuser comme ça. En plus, il est apprécié de ses élèves, de mon fils aussi.


ALIBI MONTANA : Le message est passé, Madame, on vous remercie de votre appel. Il a entendu, il est là.


SALAH LAMRANI : Je vous remercie beaucoup, Madame. C’est un témoignage et un soutien parmi beaucoup d’autres et c’est ce qui m’aide à continuer le combat. Les gens savent reconnaître la qualité et j’étais un enseignant très apprécié, parce que je fais travailler les élèves. Mais qu’est-ce qu’ « ils » en ont à faire de l’instruction ? Tout ce qu’ils veulent, c’est leur instinct de domination, ils ne sont pas épanouis donc ils ne peuvent qu’écraser les gens. Sauf que ce sont les enfants qui paient. Vous imaginez la déstabilisation qu’ils subissent ? On les manipule, on les intimide, et ils ont 11 ou 12 ans. Vous savez, la violence morale est beaucoup plus grave que la violence physique. Et qu’à cet âge, ils voient un tel cinéma pour un prof qu’ils apprécient.


Je pourrais vous raconter beaucoup de scènes magnifiques et je vous en raconte une qui s’est passée hier soir. Les profs, bac + 5, sont tellement courageux qu’ils n’osent pas me saluer parce qu’ils ont peur de la direction et qu’ils sont mal avec leur conscience parce que quand j’ai subi du harcèlement puis qu’on voulait me virer, personne n’a bougé. Quand ils ont vu que je résistais et qu’ils ne savaient pas trop quoi dire aux enfants, ils se sont même mis en grève contre moi (pour protester contre ma présence devant le collège et mes chroniques quotidiennes) !


Hier, dans le froid, quatre élèves parmi des dizaines qui viennent me voir, et eux sont en 5e, ce ne sont pas mes élèves, sont restés au moins 30 à 40 minutes avec moi. À grelotter dans le froid pour me parler, pour discuter. Peut-être que leur instinct premier, c’est de me réconforter, mais dès qu’ils voient que j’ai le moral au 777e ciel, ça va. Après, ils n’y tenaient plus à cause du froid, ils se sont excusés de devoir partir. Cinq minutes après, ils sont revenus en courant m’apporter une viennoiserie au chocolat ! Parce qu’ils avaient des remords d’être partis. Ce sont des gamins de 12 ans ! Et les adultes me calomnient…


Et ça, c’est notre culture du 9-3. On dit que les profs ne sont pas respectés ? Soyez respectables ! Le jour où vous le serez, vous serez respectés. Le respect ça se gagne, ça ne se quémande pas.


ALIBI MONTANA : Nous avons un nouvel appel. Bonsoir Madame.


P2 : Bonsoir. Je suis la maman d’un élève de M. Lamrani. On savait vaguement ce qui s’est passé. Nous avons entendu le témoignage de M. Lamrani et franchement, nous sommes choqués, parce qu’ils auraient pu régler le problème différemment. Je pense qu’ils ont voulu s’acharner.


Je voudrais dire qu’on est désolés pour lui, mais que dans tous les cas, il y a beaucoup de monde derrière lui.


R. C’est très gentil, Madame, votre soutien. Au sein de cette radio, nous essayons de faire la lumière sur tout ce qui s’est passé.


P2 : C’est bien. Parce que je pense qu’il mérite vraiment qu’on ne s’acharne pas comme ça sur lui. Il aime son travail, j’ai regardé son blog, il n’y a rien qui incite au terrorisme ou à quoi que ce soit. Donc je pense que c’est vraiment du n’importe quoi !


R. Donc on voit des parents d’élèves qui sont derrière vous et qui ont l’air eux aussi abasourdis par cette nouvelle !


SALAH LAMRANI : Exactement. Le rectorat reçoit quotidiennement des courriers de parents qui demandent ma réintégration et se plaignent des représailles et des menaces qui sont infligées à leurs enfants. Et qui menacent même de saisir la justice. Le rectorat reçoit ça, aucun problème, il ne pense pas que cette direction fait des choses un peu louches, un peu suspectes, et qu’il faudrait réagir. Alors je leur dis. Je vous ai fait mon rapport. Que vous ne me croyiez pas sur parole, je veux bien. Faites votre enquête. Mais quand vous recevez un, deux, trois, dix, ça n’arrête pas, mails de parents qui vous disent que ça suffit, c’est inacceptable, on veut le retour de M. Lamrani, on veut que ces pressions cessent… Et vous ne faites rien !


Bon, ce n’est pas grave. Il y a quelque chose qui existe de tout temps, c’est la loi du silence. Omertà, en italien. Toutes les saloperies peuvent se passer, mais tant que la loi du silence est respectée, ce n’est pas grave. C’est une phrase d’une série pour la jeunesse que je fais découvrir à mes élèves. Elle dit : « Ce ne sont pas les morts qui dérangent, ce sont les cadavres. » Donc si quelqu’un a été liquidé socialement, sa carrière, sa santé mentale, sa vie même, pourquoi pas – il est mort, mais ce n’est pas grave. Par contre, les cadavres dérangent, parce que ce sont des témoignages. Alors qu’une personne se défende, qu’elle soit présente tous les jours, qu’elle fasse un scandale, local, national, international dans les médias, ça, par contre, ça dérange.


C’est pourquoi je lance un appel à tout le monde – pas pour qu’on m’aide, je suis en position de force et je peux tenir… jusqu’à ma retraite, s’il le faut ! – parce qu’il faut se défendre, il ne faut pas se laisser faire, il faut dénoncer (les injustices).


ALIBI MONTANA : Un nouvel auditeur en ligne.


P3 : Je suis Mme XXX, je suis la maman d’un élève de M. Lamrani. Je voulais apporter mon témoignage : tout le monde est conscient que ce que M. Lamrani a raconté, c’est vrai. Les enfants subissent vraiment une Gestapo dans l’école, ils n’ont pas le droit d’aller lui parler, ils sont convoqués. C’est vraiment aberrant. Incroyable.


Après, comme le dit M. Lamrani, on est en France, un Etat de droit, on ne peut pas lui reprocher des choses qui sont fausses. C’est un bon professeur, il est aimé de tous les élèves. Il y a mon fils, mais aussi mon neveu, ma nièce. Tout le monde l’adore. C’est un très bon professeur. À aucun moment on ne pourrait lui reprocher des manquements qui… Qui auraient à voir avec le terrorisme ou autre. Tout ça c’est du bidon ! Ils ont été chercher des fautes qui n’existaient pas !


ALIBI MONTANA : Vous avez votre avis sur pourquoi les choses se sont passées comme ça ?


P3 : Je pense qu’ils ne l’aiment pas, tout simplement, ils veulent qu’il parte. C’est mon avis personnel, puisqu’ils n’ont rien à lui reprocher sur son travail. Je ne connais pas cette direction, je ne comprends pas ce qui se passe. Je ne suis pas la seule, d’ailleurs. Je suis convaincue, et je ne suis pas la seule, qu’il sera réintégré. On est en France, il y a des lois, on ne peut pas faire des choses comme ça.


ALIBI MONTANA : Merci Madame.


P3 : Bon courage, Monsieur Lamrani, et à bientôt !


SALAH LAMRANI : Le courage, ce n’est pas ce qui manque. Entre novembre et janvier, les parents ont fait leur boulot, et le 25 janvier. Maintenant, il ne reste que du plaisir à voir les pourritures s’enfoncer. Pendant deux ans, ils ont mis la misère à tout le monde. Comme je publie sur internet, je reçois des témoignages incroyables de gens qui me racontent des histoires qui se sont passées il y a deux ans et plus, etc. Ces gens sont des pourritures intégrales. Il y a beaucoup de leçons magnifiques à tirer de tout ça, et même pour moi.


Toute expérience n’a de valeur que dans la mesure où elle vous élève personnellement. J’ai découvert des choses magnifiques, et qui m’ont remis un peu à ma place. Quand je suis arrivé dans ce collège, je me sentais en confiance, je me disais c’est des rebeus… Mais non ! J’ai des soutiens de toutes parts, de gens de toutes « couleurs ». Mais les gens qui m’ont le plus poignardé par devant et par derrière, ils s’appellent A., K., S. ; les pires, c’est les rebeus. Et les gens qui sont venus dans les moments décisifs, c’étaient des blondes aux yeux bleus, athées, franco-françaises… On est dans une société très ethnicisée, très confessionalisée. Il y a un discours pour diviser les gens, les monter les uns contre les autres. Il faut se rendre compte que nous sommes tous un peu victimes de ces préjugés. C’est vrai, ce sont surtout les musulmans qui sont victimes et qui sont ciblés, mais à cause de ce matraquage médiatique, même nous on ne s’en rend même pas compte, et parfois on a des réflexes communautaires qu’on ne devrait pas avoir.


Il faut faire confiance à l’être humain, la valeur de base, c’est l’être humain, quelles que soient ses convictions. Et il faut voir comment il se comporte dans une situation donnée. Ce sont là de belles leçons que j’ai reçues. Il faut ouvrir les yeux sur certaines choses, ne pas entrer dans leur logique et se rendre compte qu’on a affaire – que ce soit au niveau de la direction du gouvernement de mon établissement, ou du gouvernement, parce que je dresse un parallèle entre eux – à des minables. Ce sont des « criminels », si on parle de François Hollande, de Laurent Fabius, de Cazeneuve, etc. Ce sont des gens qui ont sur la conscience des dizaines de milliers de familles traumatisées avec leur état d’urgence. Et, à l’échelle internationale, tout le sang des innocents en Syrie, en Libye, etc. Parce que le vrai terrorisme, il vient du gouvernement. Ils nous imposent l’état d’urgence, prétendument contre le terrorisme qu’ils soutiennent depuis cinq ans ! Ça fait cinq ans qu’ils soutiennent Daech. Laurent Fabius a déclaré que « Al-Nosra fait du bon boulot » en Syrie. Vous savez qui est Al-Nosra ? C’est Daech, c’est al-Qaïda en Syrie.


Imaginez que quelqu’un dise que « Daech a fait du bon boulot à Paris » le 13 novembre. C’est le même boulot, c’est des coupeurs de tête, des violeurs, des massacreurs, des terroristes, des barbares. Mais la barbarie n’a pas de religion, pas de nation, pas de patrie. La barbarie, c’est le contraire de l’humanité. Il faut savoir que Daech, c’est l’OTAN, c’est les Américains, les Français, les Saoudiens, les Qataris, et que d’ailleurs, les victimes de Daech sont à 90% des musulmans. Mais les gens qui l’ont soutenu sont en train de se prendre une raclée. Ils ont peur de se faire prendre en flag. C’est pour ça qu’ils font l’omerta, la terreur, mais ce sont des minables et leurs jours sont comptés. Le pire n’est pas à venir, on y est déjà. Quand on est arrivé au fond, on ne peut que remonter. Très rapidement. Donc il faut être optimiste.


ALIBI MONTANA : Nous avons un auditeur, là. Bonjour.


E1 : Je suis un élève de M. Lamrani. Et je voudrais parler du fait qu’il a été suspendu.


ALIBI MONTANA : Tu as quel âge ?


E1 : J’ai 12 ans. Je le soutiens, Je suis de tout cœur avec lui. Et voilà.


SALAH LAMRANI : Merci mon gars. Ça fait plaisir.


ALIBI MONTANA : Même au niveau de vos élèves, on voit qu’ils sont mobilisés derrière vous, avec vous.


SALAH LAMRANI : Il suffit de venir les voir ! Aux heures de sortie, si vous ne comptez pas 10, 15, 20 élèves autour de moi… C’est visible.


C’est pour ça qu’ils sont en train de s’enfoncer, de paniquer. Mais je leur dis : « Vous avez voulu avoir ma tête, mais je ne suis pas dans la vengeance, dans la rancune personnelle. Je suis seulement dans la justice. Déjà à titre personnel, si vous me marchez dessus, je vais me défendre. Je suis gentil, mais il ne faut pas me chercher. Si vous croyez que je vais vous laisser pourrir mes élèves, si vous croyez que des forcenés comme vous vont rester en poste et continuer… Jamais de la vie, vous rêvez. Je serai là le temps qu’il faut et je vous jure que ce n’est pas ma tête qui va tomber, c’est la vôtre. Ça prendra le temps qu’il faut. Mais les gens comme vous n’ont rien à faire dans l’Education nationale. » Et même l’Education nationale a une responsabilité, parce que j’implique le Rectorat, et maintenant ça monte jusqu’au ministère.


Tout à l’heure (dans l’émission précédente) vous avez parlé dans des termes un peu crus, j’en suis désolé pour les élèves, mais c’est le direct… Vous parliez du terme de pédophilie. Vous avez tous entendu récemment l’affaire du prof pédophile qui avait été condamné, l’Education nationale savait, ils l’ont gardé, il a récidivé. C’est quoi ce délire ? Et là je m’adresse à l’Education nationale : c’est quoi votre message ? Qu’un pédophile a toute sa place chez vous ? Des analphabètes, des hystériques, des pervers narcissiques ont leur place à la direction d’un établissement ? Alors, même si je ne suis pas Emile Zola, par rapport à eux, je suis cent fois Emile Zola. Le type qui a étudié, qui devrait faire honneur à la République – je ne crache pas dans la soupe, je sais ce que je dois, dans quelle mesure je suis un produit des classes prépa, etc., il y a des choses positives. Donc cela veut dire que ces gens n’ont pas leur place chez vous ? Alors quel est votre message ? C’est « Faites des études soyez intelligents, soyez irréprochables, consciencieux, soyez appréciés, mais vous serez toujours balayés par la première racaille venue ? » Si c’est ça votre message, alors je n’ai rien à faire chez vous.


Mais quoi qu’il en soit, je ne permettrai pas ça, parce que c’est l’avenir de nos quartiers, de nos cités, de nos villes, de notre pays. Alors je vais faire ce que je peux. Mes élèves m’apprécient parce que je les fais bosser, parce que j’estime que je dois incarner le travail, le sérieux, etc. Mais si vous croyez que je vais leur permettre de saboter mon travail, que la leçon que vous leur donnerez, c’est que ça ne sert à rien d’être irréprochable, d’être fort, et d’être apprécié, pare que la première pourriture venue va vous balayer – jamais de la vie !


ALIBI MONTANA : Un auditeur en ligne.


E2 : Je suis une élève de M. Lamrani et depuis le 25 janvier, il y a eu un souci parce qu’ils ont fait une réunion comme quoi il n’était pas là depuis 5 semaines. Alors que ça ne les a pas dérangés que pendant 4 mois on n’ait pas de professeur de maths. Donc je pense qu’ils veulent vraiment sa tête. Et on ne comprend pas pourquoi.


ALIBI MONTANA : C’est le sentiment que partagent tes camarades ? Vous êtes beaucoup à penser ça ?


E2 : Oui.


ALIBI MONTANA : Merci de ton appel. Encore un autre de vos élèves. On voit bien qu’ils voient l’injustice. Et on espère vraiment que les choses vont bouger.


SALAH LAMRANI : Elles bougent chaque jour. La pétition a 743 signatures. Pourquoi est-elle internationale alors qu’on pourrait penser que c’est un problème franco-français ? La France est  une grande moralisatrice. Elle donne des leçons de droit et de liberté au monde entier pour montrer qu’elle est la première de la classe. Alors qu’elle est la dernière, en fait. Elle a le potentiel, nous avons le potentiel, mais avec les tocards qui sont au pouvoir, qui nous refont la « Gestapette »…


Vous voulez donner des leçons au monde ? Mais c’est le monde qui peut vous en donner, même la Chine : ça signe depuis la Chine, la Russie, l’Iran. La pétition est en huit langues pour l’instant et nous irons plus loin encore. Mon activité de blogueur reçoit beaucoup de soutien et je remercie tous mes soutiens sur le terrain, les élèves, les parents, mais aussi tous les gens qui sont derrière moi, sans lesquels je n’aurais jamais pu tenir. Mes proches, mes collaborateurs, mes amis, mes frères, qui me soutiennent. Pendant que je me gèle toute la journée au collège, je ne peux rien faire. Je ne peux pas écrire. Donc quand je rentre chez moi – j’ai un rythme assez sportif, je mange très peu, je dors très peu. Mais le moral est au sommet. Beaucoup de gens me soutiennent et c’est dans les heures de vérité que les gens se révèlent. Ils se révèlent aussi à eux-mêmes et se montrent sous leur vrai visage. Et c’est radieux. Je ne vois autour de moi que des raisons d’être optimiste, de ne pas lâcher prise et voilà l’appel que j’ai envie de lancer.


Cette pétition a une dimension particulière, limitée à cet établissement, mais elle a aussi une dimension nationale de dénonciation de l’état d’urgence, qui est vraiment une infamie. Ce n’est pas moi la victime, mais les pauvres 3000 personnes qui se sont fait perquisitionner à 3h du matin. C’est la honte. Il faut se rendre compte que si la France fait ça, ce n’est pas un signe de force, mais de faiblesse. Si vous êtes fort, vous vous attaquez aux forts. Staline, par exemple, terrorisait même les grands généraux ! Ce n’est pas de faire trembler les femmes, les vieillards, les petits enfants. C’est les minables qui font ça. Donc on a affaire à des minables, tant le gouvernement que la direction.


[Pause musicale]


ALIBI MONTANA : Nous allons conclure, même si nous reviendrons sur cette histoire. Nous allons la relayer, continuer à en parler, voire te recevoir de nouveau. Nous prenons un dernier auditeur, puis je te laisserai le mot de la fin. Bonsoir Madame.


P4 : J’appelle parce que M. Lamrani est un prof de mon fils de l’année dernière. [Communication coupée]


ALIBI MONTANA : Mais nous avons bien compris tout le soutien que vous recevez. Je vous laisse la parole pour conclure.


SALAH LAMRANI : Ce qui est très important, quelles que soient notre situation, nos capacités, nos compétences, c’est de ne jamais douter de la force du bon droit. Je ne vous dis pas que le bon droit triomphe à la fin, car il triomphe à chaque instant. Certains pensent peut-être que le jour de la victoire sera celui où je reviendrai dans le collège, où je serai réintégré. Oui, ce sera le triomphe, tout le monde sera avec moi. Mais pensez-vous que ce jour-là sera pour moi le plus beau ? Quand on triomphe, tout le monde est là, c’est normal. Mais ce jour sera-t-il plus beau que ce que j’ai vécu hier, par exemple ? Avec des jeunes qui ne sont même pas mes élèves et qui sont venus se geler pendant 40 minutes avant de s’excuser de devoir partir ?


Ce n’est pas à nous de trembler. C’est aux pourritures de trembler, parce qu’elles ne peuvent pas gagner. Elles le peuvent dans leur imagination, dans leurs rêves, mais le bon droit, toutes les sociétés, toutes les civilisations, l’histoire, même… Je vous cite José Marti, un Cubain : « Une idée juste, au fond d’une caverne, est plus puissante qu’une armée. » Je vous l’ai dite en espagnol, en français, je peux vous la dire en arabe. Aidez la cause de Dieu, qui est en fait la cause de la vérité, quelle que soit la religion, et même sans religion. Et si vous aidez la cause de Dieu en défendant la vérité, personne ne pourra vous vaincre (versets du Coran). Je peux vous citer Robespierre, Rousseau, Jaurès, Vallès. Ce sont des lois intangibles, aussi intangibles que les lois de la physique. La justice triomphe à chaque instant. Donc ne doutez jamais de la force du bon droit. Le bon droit triomphe à chaque instant, il suffit d’ouvrir les yeux. Même quand les rapports de force ont l’air d’être désespérés.


Ne lâchez pas l’affaire, défendez votre droit, défendez-vous. Signez la pétition ! Une signature pèse autant que les cieux et la terre. Faites connaître l’histoire. Pas l’histoire d’un pauvre prof opprimé – des victimes, il y en a beaucoup… (mais l’histoire d’un enseignant qui résiste et qui gagne).


Je n’ai pas fait le lien tout à l’heure. Ils disent « terroriste », mais « terroriste » ça veut dire syndicaliste, ça veut dire « islamiste » – les gens ne comprennent pas ce que ça veut dire, alors ils utilisent ce mot – c’est-à-dire quelqu’un qui se revendique de l’Islam. Je me revendique de l’islam. Alors n’ayez pas peur, soyez ce que vous êtes. Ne doutez pas de votre jugement, de votre discernement. Si vous voyez une injustice, combattez-là, ne vous laissez pas faire.


J’ai bon espoir d’être réintégré. Mais quand bien même je ne le serais pas, ce que j’ai aujourd’hui est cent fois plus beau que ce que j’avais avant : tous mes élèves, et les autres (élèves du collège même me soutiennent). Quand vous faites quelque chose (de bien), vous obtenez cent fois plus que ce que vous avez perdu.


Et encore : il y a un article dans Le Parisien, il est sur internet. Signez la pétition, faites tourner. Et ayez confiance. Il suffit d’ouvrir les yeux et se rendre compte qu’on n’a pas affaire à des gens en position de force, mais à des minables qui se feront balayer. Donc confiance, sérénité, ne vous laissez pas faire, n’acceptez pas l’inacceptable. Demandez toujours ce que vous êtes en droit de mériter et tout ira pour le mieux.


ALIBI MONTANA : Très bien. Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup !


SALAH LAMRANI : Merci à vous.
 

Cartooning for War ? Plantu, cette fois-ci, tu t'es planté

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Source : http://tlaxcala-int.org/article.asp?reference=17635



Par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي





Cher Plantu,



Je viens de perdre d'un seul coup tout respect et toute estime pour toi, après avoir découvert l'immondice que tu as produite le 30 mars, pour commenter le lancement par Dolce Gabbana d'une ligne de vêtements féminins destinés aux Musulmanes. Tu n'as pas honte ?

Alors maintenant, de deux choses l'une : ou bien tu présentes tes excuses publiques aux femmes musulmanes que tu as tout simplement diffamées, ou bien tu quittes le journal Le Monde, pour rejoindre Charlie et y sévir sur cette lancée.

Quant à l'association que tu présides, soit tes associés sont d'accord avec toi et dans ce cas, vous devriez vous renommer Cartooning for War, soit ils désapprouvent ton infamie et il ne te reste qu'à démissionner de ton poste de président. A vous de voir.

Signé: un citoyen du monde que les laïco-fascistes du genre Madame Badinter qualifieront sans aucun doute d'islamo-gauchiste...



http://tlaxcala-int.org/upload/gal_13157.jpg

Un « idéologue » d'extrême droite : Vladimir Volkoff

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Je publie la première partie d'un travail universitaire sur Vladimir Volkoff datant de 2009, mais qui retrouve aujourd'hui toute son actualité, les thématiques développées par V.V. ayant incontestablement le vent en poupe (discours sécuritaire et identitaire, dénonciation d'une islamisation & ghettoïsation de la France, défense de mesures d'exception contre la délinquance et la terreur, etc.). Ma recherche s'intéressait surtout à la série des Langelot, ouvrages pour la jeunesse, incontestablement le chef-d'oeuvre de V.V. et à mon sens ses seuls écrits dignes d'un grand intérêt, cette étude constituant la deuxième partie de ce mémoire, la plus conséquente, non publiée ici. Mais les événements récents peuvent rendre intéressante la publication de ce travail, qui développait longuement les « idées » auxquelles Vladimir Volkoff adhérait pour en montrer linconséquence.

Les illustrations ne figuraient évidemment pas sur mon mémoire, et n'ont été ajoutées que pour agrémenter le texte.


Salah Lamrani 


I. L’homme

Tous les éléments biographiques rapportés ici sont issus d’écrits et d’interviews de Vladimir Volkoff[1]. Nous lui laissons le soin de rapporter lui-même sa vie, sans préjuger d’éventuels – et même certains – oublis et/ou « embellissements », conformément au propos de Jean-Jacques Rousseau selon lequel « Je suis persuadé qu'on est toujours très bien peint lorsqu'on s'est peint soi-même, quand même le portrait ne ressemblerait point[2]. »


Exils

« [Un] vieil écrivain français d’origine russe, ramant toujours à contre-courant, semi-raté, mais avec des entrées et des contacts de ci de là, des lecteurs un peu partout, une autorité limitée qui lui était venue tardivement mais venue tout de même, parce qu’il ne s’était jamais vendu à personne…[3] »

Vladimir Volkoff est né le 7 Septembre 1932 à Paris. Fils d’émigrés russes « blancs » orthodoxes exilés suite à la Révolution de 1917 (son grand-père, général dans l’armée tsariste, « a disparu dans la tourmente révolutionnaire, probablement fusillé par les bolcheviks[4] »), il mène une enfance difficile, mais heureuse à l’en croire : 

Dans notre cas, la pauvreté n’était pas triste. Nous étions très pauvres ; j’ai eu, littéralement, faim quand j’étais petit, pendant la guerre. Mon père, né pour être officier du tsar, a passé sa vie à laver des voitures dans un petit garage du XVIe arrondissement, sauf lorsqu’il était caporal [dans la] Légion étrangère, puisque dès que la guerre a éclaté, il s’est engagé dans la Légion pour défendre la France qui l’avait accueilli. (…) Après tout, nous aurions pu essayer de nous adapter, nous aurions pu essayer de renoncer à nos souvenirs, nous aurions pu essayer de devenir des petits bourgeois français comme pas mal de Russes l’ont fait [mais] dans ma famille, c’était l’obsession (…) de la fidélité.[5]

Son expérience d’officier, ses convictions royalistes et anti-communistes, ainsi que son intransigeante « fidélité » (fidélité envers la France et la Russie, envers l’Eglise orthodoxe, envers l’aristocratie dont il est issu, etc.) seraient donc profondément enracinées dans son histoire familiale, dont il aurait ardemment désiré honorer la mémoire.

Le Français, qui n’est que sa seconde langue, ne lui en est pas moins inculqué dès sa plus tendre enfance par le biais de la littérature (Comtesse de Ségur, etc.), conformément à la tradition tsariste russe, pour qui c’était la langue noble par excellence. Il baigne très tôt dans la littérature, et, selon son aveu, a commencé à écrire dès 7 ans[6], pour ne jamais cesser. Vladimir Volkoff grandit dans le culte de la Russie éternelle, et cultive orgueilleusement sa distinction :

J’étais fier (…), j’étais amoureux de mes différences, et je me rappelle en particulier que je me donnais beaucoup de mal pour rrouler les r en Frrançais. (…) Gratitude éternelle à M. Labernède, Professeur de Français, qui comprit tout. ‘Que veux-tu prouver, demanda-t-il ? Que tu es Russe ? Soit. Et quand tu apprends l’anglais, est-ce que tu n’essaies pas de le prononcer comme un Anglais ? (…) Tâche donc de prononcer le français comme un Français.’ Le tour était joué (…) Je me mis à grasseyer comme tout le monde.[7]

Volkoff ne s’en distingua pas moins durant l’ensemble de sa scolarité, et « collectionn[a] bonnes notes et prix d’excellence.[8] » Il obtint son baccalauréat littéraire au Lycée Claude Bernard et sa Licence de Lettres Classiques à La Sorbonne en 1954. Précisons qu’en 1974, il obtint un doctorat en Philosophie, mais sans avoir vraiment étudié cette discipline, puisque sa thèse portait sur la métrique comparée[9].

Son statut d’apatride (bien qu’il soit né en France, il a été déclaré « réfugié politique »), malgré tous ses inconvénients – il n’a pu ni obtenir de bourse d’études, ni être admis à Saint-Cyr, ni passer l’agrégation – lui restera cher : 

A vingt et un ans, j’ai eu le droit d’opter pour la nationalité française ; j’ai décidé de rester apatride. Il a fallu que je paye pour cela. Ce devait être une somme dérisoire mais elle ne l’était pas pour moi et j’ai dû la gratter sou après sou. Sur quoi, quelques mois ont passé, et j’ai reçu une belle lettre du ministre m’expliquant que, puisque j’étais né en France, que je n’avais pas quitté la France, j’étais Français d’office. J’avais vingt et un ans et j’ai pleuré. On m’arrachait une fidélité que je voulais garder intacte. J’ai pleuré sur la France aussi car, entre-temps, j’avais appris à l’aimer et il me semblait ignoble que la nationalité française soit imposée à quelqu’un par la force.[10]


Cette France qu’il a appris à aimer est la France monarchique, découverte dans Les Manants du roi de La Varende, recueil de nouvelles, dont la première, relatant la mort de Louis XVI, fut pour lui une révélation :

J’ai eu à cet instant la révélation qu’il existait une autre France que celle des petits paysans qui m’accueillaient à coups de pierre ou des petits bourgeois qui essayaient de copier sur moi les compositions, une autre France que la France immédiate et grise, une France en couleurs, une France des traditions. C’était idiot de ma part de ne pas m’en être aperçu plus tôt, mais voilà comment à seize ans, à cause d’un morceau de robe, d’un très beau porte-livre et d’un texte qui racontait la mort du roi, j’ai brusquement compris qu’il existait en France quelque chose qui ne m’était pas étranger.[11] 

Dès lors, Vladimir Volkoff fréquentera assidument les cercles monarchistes, et publiera des articles dans Amitiés françaises universitaires, le journal des étudiants royalistes.

L’armée

En 1957, son sursis d’incorporation expire, et il est appelé à faire son service militaire. Il se porte volontaire pour servir en Algérie – en pleine guerre d’indépendance –, conformément à la tradition familiale selon laquelle un noble se doit d’être en première ligne, dans le feu de l’action[12]. Il y passera un peu moins de cinq ans (il a « rempilé »), obtiendra la Croix de la Valeur Militaire (1961) et terminera officier – lieutenant, d’où le pseudonyme sous lequel il publiera les Langelot, Lieutenant X. Il sera notamment affecté au CCI (Centre de Coordination Interarmées), chargé du contre-espionnage – voire du contre-terrorisme –, puis aux SAS (Sections Administratives Spécialisées), dont le rôle principal était la « pacification » et la « guerre psychologique », ou promotion des bienfaits de la colonisation aux indigènes, et évidemment le renseignement.


Après la fin de la guerre d’Algérie, il démissionne de l’armée, selon lui à la fois pour protester contre l’abandon des harkis qu’il considère comme une infamie[13], et surtout car le combat est terminé, et qu’il n’a pas la moindre envie de « faire briller les boutons de guêtre[14] ». Cette expérience le marque profondément, et expliquerait la prégnance qu’auront sur lui les idéologies impérialiste et colonialiste. Après une brève expérience au Secrétariat Général de la Défense Nationale, Vladimir Volkoff, qui entretemps s’est marié et a eu une fille, voyage en Espagne, au Portugal et au Canada, avant de s’installer aux Etats-Unis.

L’Amérique

Vladimir Volkoff avait eu une expérience de l’enseignement dans un collège jésuite d’Amiens, en tant que Professeur d’anglais : il apprit cette langue très jeune, dans Shakespeare et Graham Greene – qui, avec Dostoïevski et Lawrence Durrell, comptent parmi ses principales références littéraires. Il y animait le Club de recherches théâtrales, et s’adonna passionnément, en tant que metteur en scène et comédien, à l’art dramatique. Installé dans l’Old South, à Atlanta (Géorgie), et enchanté du puritanisme traditionnel sudiste, il reprendra ces activités afin de subvenir à ses besoins, enseignant le français et la littérature française et russe à l’Agnes Scott College. Il publie, sous le pseudonyme de Victor Duloup, un manuel intitulé La Civilisation française. Il dirige une troupe de théâtre amateur et s’adonne à la chasse, qui devient également une passion. Et, bien entendu, il ne cesse d’écrire – souvent sous pseudonyme – et d’envoyer ses manuscrits en France.

Consécration et chute

Grâce au succès de son roman Le Retournement (vendu à plus de 100 000 exemplaires), publié en 1979, Vladimir Volkoff accède enfin à la notoriété littéraire tant convoitée ; et à propos de son œuvre majeure, la tétralogie Les Humeurs de la mer, Le Monde titrait, pour l’année 1982, « L’année Volkoff »[15]. Cet engouement sera cependant de courte durée, car les médias se déchaîneront contre lui après la publication du roman Le Montage, « commandé » par Alexandre de Marenches, le directeur de la S.D.E.C.E. (service de renseignements français, ancêtre de la DGSE), afin de dévoiler les méthodes de propagande et de désinformation communistes[16], et leurs relais intellectuels et médiatiques. Dès cet instant, malgré le fait que ce roman ait reçu le Grand Prix de l’Académie Française, la « claque intellocrate » et journalistique se déchaîne contre lui, proférant à son égard les propos traditionnellement employés pour ternir les personnalités controversées qui osent remettre en cause les idées préconçues : « antisémite », « raciste », « stalinien de droite », et autre joyeusetés – nous verrons plus loin dans quelle mesure ces accusations étaient fondées[17]. Même s’il gagna tous ses procès[18], son nom reste terni, de tels affronts discréditant durablement leur homme. Il présente deux fois sa candidature à l’Académie Française, en vain.


Après la chute de l’Union Soviétique, Vladimir Volkoff réalise le rêve que lui avaient légué ses parents, et « retourne » en Russie, cette Russie qu’il chérissait sans y avoir jamais mis les pieds. En 1993, il rentre définitivement en France, et réside dans une maison du Périgord (Bourdeilles, Dordogne) que son succès lui a permis d’acquérir. Il y meurt le 14 novembre 2005.

II. L’œuvre et les convictions

L’œuvre de Vladimir Volkoff est si lourdement lestée d’idéologie qu’il est impossible de la distinguer de ses convictions : le credo du Parnasse (« l’art pour l’art ») est très loin d’être le sien. Le premier constat qui s’impose est celui de la très grande densité de son œuvre : romans (policiers, d’espionnage, historiques, etc.), nouvelles, essais, biographies, théâtre, science-fiction, entretiens, bandes dessinées et ouvrages pour la jeunesse.

Comme son modèle Graham Greene (à qui il dédie son premier roman à succès, Le Retournement), Vladimir Volkoff est profondément marqué par les idées chrétiennes, notamment les questions du mal et de la Rédemption. Avec Durrell, il partage le rejet de la déconstruction de la narration propre au Nouveau Roman, et une conception relativiste du roman, qui, par la multiplication des points de vue, permet « une continuité organisée du narré résolument différente de la continuité organique du vécu. » C’est là, selon lui, « le classicisme de l’an 2000[19] ».

Nous ne nous étendons pas plus sur l’aspect littéraire de ses écrits, pour les raisons explicitées en Introduction [nous ne considérons pas V.V. comme un grand écrivain], mais nous allons essayer de montrer, à travers une analyse minutieuse de ses œuvres – jusqu’aux œuvres romanesques –, la teneur des convictions du sieur Volkoff. Elles s’expriment à travers des schèmes et motifs récurrents que nous nous sommes efforcés de relever et d’élucider.

A. Combats

Vladimir Volkoff est, cela ne fait aucun doute, un écrivain engagé, mais dans l’acception la moins noble du terme : tous ses ouvrages distillent insidieusement son idéologie douteuse, qu’il ne laisse cependant pas d’expliciter, avec plus ou moins de sincérité, dans ses ouvrages théoriques non fictionnels.


1. Aristocratie

Particulièrement marqué par sa situation sociale, son milieu, et son expérience algérienne (et, en ce sens, illustrant magistralement un concept marxiste majeur[20]), il défend fièrement ses principes fortement ancrés à droite, ou, pour lui faire justice, parfaitement « blancs ».

Fidélité

Vladimir Volkoff revendique hautement son héritage orthodoxe et ses convictions aristocratiques. La fidélité envers l’héritage familial serait pour lui le plus sacré des devoirs :

les possibilités de fidélité sont présentes pour ceux qui voudraient s’y exercer : l’Eglise est encore là, pour ceux qui croient que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle ; la terre qui nous entoure renferme toujours les corps des ancêtres à qui nous devons notre vie, notre foi, notre culture ; notre langue n’est pas encore complètement abîmée et nous pouvons nous employer à la sauvegarder ; nous ne ressemblons ni aux Fils de personne de Montherlant ni aux Voyageurs sans bagages d’Anouilh ; nous avons un héritage à transmettre. A quoi être fidèles ? Il me semble que nous devons être fidèles à l’avenir de notre passé.[21]

A travers cette formule sibylline, Vladimir Volkoff exprime le caractère inconditionnel de son allégeance au principe monarchique, dont la légitimité théorique reste inaltérable malgré l’injure du temps et le démenti de l’Histoire. Cette permanence, pour être quelque peu obtuse, est pour lui préférable à la versatilité démocratique, notamment pourfendue dans Pourquoi je suis moyennement démocrate et Pourquoi je serais plutôt aristocrate : au noble art de gouverner, la démocratie substitue « celui de se faire élire[22] », ce qui entraîne évidemment opportunisme et démagogie. Alors que la monarchie repose sur des principes intangibles, et garantit la cohésion de l’Etat en concentrant le pouvoir entre des mains rares et expertes, la démocratie est régie par la volonté des foules, incompétentes et indécises :

J’ai entendu, à quelques semaines de distance, les foules acclamer Pétain et ensuite, et je pense que c’étaient les mêmes foules, crier : Pétain au poteau ! Alors, la volonté des foules, vous savez…[23]



On comprend aisément que Vladimir Volkoff s’enorgueillisse de ne point appartenir à la foule, de ne point obtenir ses suffrages : la démocratie se fonde sur « la quantité des suffrages (fruits d’une opinion ou d’une propagande) », alors que l’aristocratie se fonde sur « la qualité des personnes (réelle ou supposée)[24] ». A la tyrannie du nombre, où règne l’arbitraire, Vladimir Volkoff préfère l’individualité du monarque, qui est sinon éclairé, du moins garant de la cohérence et de l’unité politiques.

Dans Pourquoi je serais plutôt aristocrate, Vladimir Volkoff fonde le credo aristocratique sur l’inégalité foncière des individus, inégalité de droit et de devoirs selon lui :

Quand on a appris à trois ans – ce fut mon cas – qu’on est de ceux qui sortiront les premiers de la tranchée pour monter à l’assaut, on est, par le fait même, persuadé de l’inégalité – foncière sinon confortable – entre les hommes, et on s’ouvre à ce que les structures aristocratiques de la société ont d’inéluctable.[25] 

Mais ces belles phrases sont prestement étouffées par d’extravagantes – et révélatrices ! – remarques, qui montrent que le tempérament aristocratique de Vladimir Volkoff se limite à un profonds mépris du peuple (« Le métro n’a plus qu’une seconde classe. Heureux les trains ‘grandes lignes’ qui en conservent deux.[26] »), doublée d’une érudition pédantesque, l’auteur multipliant les références savantes et décousues. Cet ouvrage n’est qu’un travail de broderie, où l’indécent le dispute au trivial : ainsi, pour montrer que le langage même est aristocratique, Vladimir Volkoff nous précise que 

‘Mes hommages, Madame’ ne rend pas le même son que ‘Salut, la grosse’, encore qu’ils puissent s’appliquer à la même personne.[27]

Ainsi est-il aisé de mettre Vladimir Volkoff face à ses propres contradictions : comment peut-t-il d’une part s’indigner, assez légitimement, de ces « écrivains qui réclament hautement le droit de parler pour ne rien dire (le cadavre exquis ! et puis quoi encore ?)[28] », et d’autre part publier un ouvrage si inconsistant, si facile ? Dans Pourquoi je suis moyennement démocrate et Pourquoi je serais plutôt aristocrate, la densité philosophique de la plume de V.V. est inversement proportionnelle à sa prolixité, dirions-nous pour contrefaire son jargon érudisant[29].

Comme le souligne Vladimir Volkoff, il est gratifiant pour l’orgueil de se démarquer du plus grand nombre, et c’est là pour lui une fin en soi : cette position ne confère de fait que des droits, et pas de devoirs – sinon le devoir envers les ancêtres, envers l’héritage spirituel :

Je me suis longtemps rebellé contre l’exil avant de comprendre qu’il était mon destin et ma patrie. Depuis je le cultive car enfin, je me suis toujours senti guelfe parmi les gibelins et gibelin parmi les guelfes. Mais l’esprit de provocation rejoint l’esprit de justice : quand tout pèse d’un côté, si on a le cœur généreux on veut spontanément peser de l’autre. C’est un choix qui vous exile, mais qui voudrait faire partie de la multitude ? Pas moi. J’ai toujours été conscient que j’appartenais à une minorité et j’en étais plutôt content. Condamné ou promu, j’étais Russe parmi des Français, Français au milieu des Américains, croyant parmi les non-croyants, orthodoxe en face de catholiques ou de protestants et je n’ai jamais eu la moindre envie ni de hurler avec les loups ni de bêler avec les moutons. Peut-être parce que j’ai toujours vécu dans des minorités, quitte à constituer une minorité à moi tout seul.[30] 


Ne devons-nous voir là qu’un signe de résignation orgueilleuse, l’acceptation d’un état de fait qui serait devenue une revendication ? Certes, l’idée d’être seul contre tous n’est pas dénuée d’un certain esprit chevaleresque, donquichottesque, pourrions-nous dire. Mais à travers les principes qu’il défend, Vladimir Volkoff ne cultive en fait que sa distinction, sa différence d’avec la majorité, qui, en fait comme en droit, est dans l’erreur. 

2. Colonialisme

De la guerre

Pour Vladimir Volkoff, l’aristocratie est guerrière par essence : « Une aristocratie qui n’est pas guerrière, c’est un non-sens.[31] » Le principe monarchique, contre toute logique, est validé de par ses réalisations mêmes, et la guerre de par ses implications : 

C’est aux mêmes époques qu’on fait de la bonne peinture et de la bonne guerre. Tout est une question d’énergie. Quand on a l’énergie de mener les croisades, si barbares soient-elles, on a l’énergie de bâtir des cathédrales.[32] 

Ce sont ces pillards de croisés qui ont élevé les cathédrales.[33]  

Il y a un élément civilisateur dans la guerre, ses côtés négatifs sont tellement évidents que je préfère parler des autres. Si Jules César n’avait pas fait la guerre aux Gaulois, la France n’aurait pas bénéficié de la culture romaine.[34]


A travers ces principes saugrenus voire infâmes, Vladimir Volkoff explique qu’il est revenu de son admiration pour Vercingétorix[35], étant donné l’aspect civilisateur de la conquête romaine. Est-ce là un véritable credo, ou n’est-ce qu’un moyen détourné pour justifier sa participation active à la guerre d’Algérie ? En apparence du moins, Vladimir Volkoff, sur la question de la guerre, se présente comme un véritable nietzschéen : 

je crois, comme nos ancêtres, qui n’étaient pas plus bêtes que nous, l’ont cru pendant des siècles, qu’il est bon pour la jeunesse de faire un peu de guerre.

Oh ! pas Verdun ! et certainement pas Dresde ! Mais prendre la mesure de son courage physique dans des situations qui ne soient pas gratuites (comme dans le saut à l’élastique), découvrir ce que peuvent signifier la camaraderie et l’esprit de sacrifice dans des situations dangereuses, surmonter les paresses et les délicatesses excessives de la vie civile, s’endurcir de diverses manières, risquer sa vie pour autrui et même oser transgresser à bon escient le sixième commandement, bref, se pénétrer de ce que Hemingway appelle magnifiquement grace under stress, tout cela me paraît faire partie de l’éducation complète d’un homme. Je souscris à l’idée que développe Dominique Venner dans Cœur rebelle : les Français qui avaient vingt ans entre 1954 et 1962 ont eu de la chance.[36]

Bien entendu, de tels propos sont insoutenables : ce n’est pas la camaraderie de caserne que défend V.V., celle qu’on peut retrouver durant le service militaire, mais la véritable fraternité d’armes, celle du champ de bataille (étranger de préférence, il ne faudrait pas verser trop de sang national), et ce indépendamment de la justesse de la cause, des souffrances infligées aux populations, etc. C’est là une violation flagrante de l’impératif pratique kantien[37] : pour Vladimir Volkoff, il ne s’agit pas tant de se mettre au service d’une cause noble que de mettre une cause à son propre service. Si, à défaut d’être conséquent avec la morale, il semble être conséquent avec lui-même, soutenant à la fois la conquête de la Gaule par Rome et celle de l’Algérie par la France, ce n’est là qu’une apparence, du fait de la grande distance temporelle qui sépare ces deux événements. Au reste, il est aisé de montrer les contradictions de Vladimir Volkoff.

De manière assez explicite, V.V. soutient que le fait fonde le droit (« Il me semble que la conquête, multipliée par le temps, fonde le droit.[38] »), mais il ne laisse pas de dénoncer, par exemple, la révolution française, non pas d’après son principe ou ses réalisations, mais du fait de sa genèse même :
En vérité, qu’y avait-il à fêter le quatorze juillet ? La révolte d’une poignée de racaille contre un roi trop faible pour protéger ses serviteurs ou châtier leurs assassins ? La libération de sept aigrefins d’une prison somme toute confortable ? La victoire sanglante d’une certaine France sur une autre France, en qui toute l’Europe avait vu la « mère des arts, des armes et des lois » ? Le quatorze juillet, la mère de Ladislas faisait une grande lessive et son grand-père français se purgeait religieusement.[39] 

Certes, la grandeur de la prise de la Bastille est avant tout symbolique, mais Vladimir Volkoff l’agonit avec aussi peu de retenue qu’il glorifie la monarchie ; du reste, le 14 juillet, c’est à la fois la prise de la Bastille et la Fête de la Fédération – c'est-à-dire la prétendue « réconciliation nationale » – qui sont célébrées. Toutes ces contradictions et inconséquences démontrent le caractère irréfléchi des sentiments aristocratiques de Vladimir Volkoff, plus viscéraux que rationnels. 

La Question

Vladimir Volkoff, « vétéran » de la guerre d’Algérie, n’a jamais remis en cause son engagement au service de la France coloniale. Il considère que le seul crime de la France a été d’abandonner les harkis, ces collaborateurs algériens qui ont combattu leur propre peuple dans les rangs de l’armée française. Dans l’ensemble de son œuvre, Vladimir Volkoff érige insidieusement le mythe d’une population algérienne acquise à la cause française ; selon lui, et c’est là un poncif, si l’opération « Paix des braves » a été très mal accueillie par les musulmans, c’est avant tout du fait de son excessive indulgence envers les indépendantistes : 

L’opération ‘Paix des Braves’ – naïve ou faussement naïve ? – fut très mal prise par les Musulmans qui ont le sens de la justice : quoi, parce qu’on se ralliait à la France, on était pardonné d’avoir tué, pillé, violé ?[40]

La « paix des braves », ça veut dire : « Tu as tué, tu as volé, tu as violé, maintenant tu te rallies à la France, tu rends ton fusil, et tu n’as plus tué, tu n’as plus volé, tu n’as plus violé. Dibarrassi ! (…) Et le nez que tu as coupé, il va repousser peut-être, parce que tu es rallié ? Et l’enfant que tu as mis dans la femme qui n’était pas à toi, il va mourir peut-être, parce que tu es rallié ?[41]

Tu violes, tu égorges, et puis tu cries vive la France et tu es pardonné ? C’est juste, ça ?[42]

Ainsi, selon Vladimir Volkoff, ce ne sont ni les exactions françaises – celles de l’armée ou de l’OAS –, ni le désir d’indépendance des Algériens qui expliquent l’échec de la « Paix des braves », mais un désir de justice dirigé contre les éléments extrémistes du FLN ! La démarche de Vladimir Volkoff est transparente : ne pouvant assumer de tels propos, par trop scandaleux, il les présente comme l’opinion des populations autochtones, inattaquable :

Je n’ai jamais eu ni haine ni mépris pour ces hommes que j’ai combattus et dont certains étaient de beaux guerriers. Mais je pense qu’ils constituaient une très faible minorité de la population. Les Musulmans qui prirent les armes en faveur de la présence française furent quatre fois plus nombreux que ceux qui luttèrent pour s’en débarrasser.[43]

Ainsi ses romans sont-ils jonchés d’indigènes qui glorifient la colonisation française, depuis un concierge de métropole choqué par le vandalisme de certains jeunes

(« Le vieil Ahmed les regardait, consterné. C’étaient là des enfants de roumis, de ces roumis qui, dans le temps, avaient conquis sa patrie à lui, Chibani, et avaient régné sur elle, pas toujours aussi mal qu’on le disait ![44] »)

jusqu’à cet algérien torturé par les Français au point de perdre la vue qui, par un élan d’abnégation sublime, pardonne à son tortionnaire

(« Je suis vieux, je n’ai plus tellement besoin d’y voir clair, et lui, je ne lui en veux pas, c’est un boujadi (un jeune, un bleu)…[45] ») 

Vladimir Volkoff s’est toujours prétendu irréductiblement hostile à la pratique de la torture : « En Algérie, j’étais contre la torture, j’ai toujours refusé.[46] » Mais en étudiant sa position de plus près, nous sommes amenés à affirmer qu’il s’agit là d’un pieux mensonge. Dans sa Postface à Opération Barbarie, Vladimir Volkoff s’élève contre la campagne du PCF qui affirmait que « L’armée a torturé en Algérie », et réfute cette accusation en cinq points :

1. Lénine recourait à la torture, donc le PCF n’a pas d’autorité morale en la matière.
2. Le FLN aussi torturait.
3. La torture n’est pas la même chose que la question, il ne s’agit pas tant de châtier un coupable que de protéger des innocents.
4. Il n’y a pas que l’armée qui torturait, les différentes polices françaises le faisaient aussi.
5. La torture a existé en d’autres endroits, il ne faut pas l’amalgamer à l’Algérie.


Ainsi, loin de réfuter les accusations du PCF, Vladimir Volkoff les confirme, et, ce qui est bien plus grave, il légitime la pratique de la torture, à la fois par sa banalité, et par la noblesse supposée de ses objectifs – sauver des vies innocentes. Toute moralité est absente de son propos, grotesque et incohérent : il n’agit que par idéologie, esprit de corps et « solidarité » envers ses frères d’armes et. Notons cependant que Vladimir Volkoff souligne que la situation est souvent équivoque, et repose sur des suppositions : le suspect est rarement le chef du réseau terroriste, et il n’est jamais avéré qu’un attentat est en préparation[47]. Tout est donc laissé à la discrétion de l’officier en charge. Mais dans Le Tortionnaire, Vladimir Volkoff nous présente un officier intègre, Lavilhaud, qui se refuse à malmener un suspect, malgré les injonctions de ses camarades ; il s’avère que le suspect était le chef d’un réseau terroriste, et à cause des scrupules de Lavilhaud, un atroce attentat est commis (femmes enceintes éventrées, infirmières violées, etc.). Ainsi les visées propagandistes de Vladimir Volkoff l’amènent-elles à se contredire lui-même.

B. Hantises

Si, dans son autobiographie publiée de manière posthume, il affirme n’avoir « détesté viscéralement » que trois choses, « la démocratie, la pédérastie, la muflerie[48] », Vladimir Volkoff semble avoir été profondément hostile à l’Islam et au communisme, une hostilité que nous caractériserions plutôt de « professionnelle » que de « viscérale »[49] : ce détail, comme nous allons le voir, a son importance, en ce qu’il nous invite à la circonspection quant à la sincérité des assertions de Vladimir Volkoff. Prises à la lettre, elles paraissent insensées, mais si on les considère dans le cadre d’une « guerre psychologique », elles apparaissent plutôt comme le fait d’un habile propagandiste que d’un illuminé.

Propagandiste et habile, Vladimir Volkoff l’est sans le moindre doute : chrétien, nationaliste et aristocrate convaincu, il pourfend à loisir ses bêtes noires, l’Islam et le communisme – et accessoirement la démocratie. Il les dénonce d’autant plus qu’il déplore que la France, dont il admire la tradition monarchiste, a d’après lui manqué succomber à l’un, et s’apprête aujourd’hui à succomber à l’autre :

les Français sont des cavaleurs, ils ont surtout cavalé en 1940, beaucoup de leurs intellectuels ont léché pendant quarante ans les bottes des communistes et les plus masos continuent avec l’Islam.[50]

La violence de cette phrase transcrit assez l’indignation – affectée ? – de Vladimir Volkoff, passéiste convaincu de la supériorité des valeurs européennes ancestrales que sont le Christianisme et la monarchie.


          1. L’Islam

Désinformation

Vladimir Volkoff réussit un tour de force incroyable, celui d’écrire un ouvrage sur la désinformation qui est lui-même un monument de désinformation. Désinformation, flagrant délit[51], composé à l’occasion de l’attaque de l’OTAN contre la Serbie en 1999 – que l’on ne peut certes que condamner –, est une dénonciation vigoureuse de cette intervention à laquelle a participé la France, et qui est, selon lui, une humiliation comparable à l’abandon des harkis après la guerre d’Algérie. Nous souscrivons des deux mains à toute critique sensée de l’impérialisme et de l’interventionnisme américains au nom de valeurs comme les droits de l’homme, le droit à l’auto-détermination, etc. Noam Chomsky avait d’ailleurs publié un article en ce sens[52], que nous avons relu avant de lire l’ouvrage de Vladimir Volkoff. Mais ce dernier, contrairement à Chomsky, est loin d’être motivé par de si nobles idéaux.


Ecrivant depuis Belgrade où il s’est rendu pour témoigner des conséquences de ces bombardements, Vladimir Volkoff commence par dénoncer, de manière acerbe et polémique, la propagande qui a précédé cette invasion :

Cette bombe, voyez-vous, n’a pas été lancée par esprit de conquête ou même de défense, ce n’était pas une bombe raciste ou impérialiste ; à tout prendre, ce n’était pas une méchante bombe du tout : c’était, tranchons le mot, une bombe humanitaire. (…) Oui, des Serbes meurent sous nos bombes, mais ces morts ne comptent pas vraiment puisqu’elles n’étaient pas voulues. En revanche, nos bombardements comptent, bien sûr, mais leurs intentions sont platoniques. Alors on ne va pas nous chercher querelle pour quelques centaines ou quelques milliers de morts accidentelles…[53]

Il est vrai que le prétexte à cette invasion était le nettoyage ethnique auquel étaient soumis les musulmans Albanais et Kosovars, victimes de la terreur serbe, bien réelle : mais il était évident que d’une part, ce n’était là qu’un prétexte et non la véritable raison de ces bombardements[54], et que d’autre part, la conséquence directe de ces bombardements serait d’aggraver considérablement les atrocités commises par les Serbes et d’éloigner pour des décennies la perspective d’un règlement interne et démocratique du contentieux. Toute solution diplomatique fut écartée par l’administration américaine, soucieuse de défendre sa « crédibilité », sa deterrence capacity – capacité à prévenir toute attitude indépendante des vassaux par une démonstration massive et indiscriminée de sa force de frappe.

Vladimir Volkoff n’est nullement ému par la tragédie des Kosovars et des Bosniaques, qu’il minimise constamment, alors qu’il donne maints exemples d’atrocités commises contre les Serbes, avec force détails, et ce sans la moindre rigueur scientifique, car il ne cite pour ainsi dire aucune source, et sans la moindre équité : il dénonce un parti pris pro-musulman, et prend, sans vergogne, le parti pro-serbe[55]. Ou plutôt, pour être tout à fait exact – car nous ne pensons point que le sort de Serbes le souciât véritablement –, prend-il son parti à lui, le parti nationaliste, et, il faut bien le dire, anti-islamique[56] : il ne se prétend ulcéré que par la servilité française (« la France a choisi de servir de valet d’armes à Globocop et de tendre à ses amis de plus d’un siècle le traquenard honteux de Rambouillet.[57] »), mais est surtout révolté par le fait que l’Occident se fasse l’allié de l’Islam contre des Chrétiens :

En outre, le même facteur que dans l’affaire bosniaque a encore joué : les sentiments de culpabilité de l’Occident colonisateur envers l’Islam jadis partiellement colonisé ont été de nouveau exploités, puisque, par chance, la plupart des Albanais, comme les Bosniaques, sont musulmans. L’opération Kosovo aurait-elle connu une réussite pareille si, par exemple, les Albanais avaient été orthodoxes, lefévriens ou mormons ? On se le demande. Le fait que les musulmans ont, à d’autres époques, colonisé la Grèce, la Bulgarie, l’Espagne et la Serbie elle-même, sans compter l’Arabie, le Proche-Orient, l’Egypte, la Libye, le Soudan et le Maghreb, était adroitement escamoté. 

Bien sûr, comme il ne faut tout de même pas trop faire peur au public, on a répandu le bruit que les Albanais, comme les Bosniaques, sont des musulmans peu pratiquants et qu’ils boivent du vin. (Ils en boivent, ils en boivent… je ne sais pas trop s’ils en boivent : quand je voyageais au Kosovo, il est arrivé qu’on me refusât de la bière, soit dit en passant.)[58] 

Cet extrait, analysé de près, révèle parfaitement l’ineptie de Vladimir Volkoff, et son absence totale de probité intellectuelle : plutôt que de nier les atrocités commises par les Serbes (il les reconnaît implicitement, mais affirme qu’il s’agit de « problèmes intérieurs[59] », qui récusent donc à quiconque tout droit d’ingérence), il préfère les écarter en rappelant, tout à fait hors de propos, les invasions musulmanes qui ont eu lieu des siècles auparavant. Pour se rendre compte du caractère scandaleux d’un tel argument, qu’on s’imagine, toutes proportions gardées, l’indignation légitime que susciterait un individu qui, pour minimiser le génocide nazi commis contre les Juifs, affirmerait que les génocides décrits et encouragés dans l’Ancien Testament ont été « adroitement escamotés » par la propagande philosémite. Cet argumentaire, aussi grotesque qu’abject, sombre plus bas encore lorsque, en termes à peine voilés, Vladimir Volkoff exprime son mépris envers l’interdiction islamique de la consommation d’alcool : reprenant à son compte l’argument qu’il semblait dénigrer (le fait que la consommation d’alcool soit un gage de modération), il lui récuse toute réalité en affirmant qu’on lui a refusé de la bière. Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce un crime que de ne pas boire d’alcool ? Et comment les musulmans pourraient-ils à la fois ne pas consommer d’alcool, et en refuser (car pour refuser quelque chose, il faut l’avoir) ? On nage ici dans l’absurdité. Mais nous n’avons pas encore touché le fond.

Petit à petit, Vladimir Volkoff délaisse la rhétorique hargneuse et partisane pour nous révéler le fond de ses convictions. Qu’en est-il vraiment de la brutalité serbe ?

malgré l’agitation créée autour des atrocités serbes au Kosovo, aucun renseignement si peu que ce soit sérieux ne nous indique que les forces de l’ordre serbes aient dépassé le niveau de brutalité indispensable pour faire refluer un mouvement terroriste ; que, par exemple, elles se soient montrées plus expéditives que l’armée française à Madagascar, à Sétif ou pendant la guerre d’Algérie.[60] 

L’idéologie colonialiste de Vladimir Volkoff s’affirme pleinement dans ces lignes : puisque les exactions serbes ne se distinguent guère des massacres commis par la France dans ses colonies (rappelons que la répression de Madagascar et de Sétif a causé plusieurs dizaines de milliers de morts civiles), elles sont parfaitement légitimes et modérées. Qu’il nous soit permis de citer un paragraphe représentatif des tréfonds goebbelsiens de la propagande de V.V. :

Si l’OTAN s’est bien comportée comme le loup de la fable, cela ne signifie pas que tous les Serbes soient des agneaux. Nous ne nions pas la violence de la répression et nous n’en faisons pas l’éloge. Mais voilà, la répression d’une guérilla ne se fait pas par la gentillesse. Quand les troupes du maintien de l’ordre approchent d’un village et qu’on leur tire dessus, le village risque de brûler. Quand elles capturent des hommes connus pour avoir commis des exactions, elles procèdent quelquefois à des exécutions sommaires. Les prisonniers pris les armes à la main ne sont pas toujours interrogés avec urbanité, et les femmes qui dissimulent des grenades dans leur vagin sont passibles de représailles.[61] 

C’est un apologiste du terrorisme qui s’exprime ici, ou, plutôt, pour reprendre sa distinction artificielle[62], un apologiste de la terreur. Le fait que les punitions collectives, les exécutions extrajudiciaires et la torture soient interdites par les Conventions de Genève qui régissent le droit humanitaire (même en temps de guerre) ne semble pas mériter la moindre mention. Mais il est vrai que Vladimir Volkoff, qui se prétend pétri de sentiments aristocratiques[63], n’a que faire du droit des peuples. Les massacres ne le dérangent que quand ils touchent des « innocents » de son bord. Il l’affirme d’ailleurs en toutes lettres lorsqu’il nous brosse un aperçu de la politique étrangère américaine :

Si j’étais américain, je ne me souhaiterais pas d’autre politique étrangère que les Etats-Unis : il est naturel que le plus puissant vise à l’hégémonie. Mais voilà, je ne suis pas américain, je suis Français et j’aimerais…  j’allais dire que la France eût une politique étrangère qui ressemblât à celle des Etats-Unis : il suffira de dire que j’aimerais que la France eût une politique étrangère tout court. (…) Je trouve (…) que les Etats-Unis ont eu de tout temps une politique avisée, lucide, prévoyante et régulièrement marquée au coin du cynisme le plus efficace.

Qu’on ne voie aucun reproche dans cette remarque.

Je ne suis pas de ceux qui souhaiteraient voir les règles de la morale individuelle appliquées à ce qu’il est convenu d’appeler la « géopolitique ». Il est vrai que le prêchi-prêcha humanitaire, puritain et droitsdelhommiste par lequel l’Amérique prétend justifier les plus subtiles et quelquefois les plus brutales de ses entreprises a quelque chose d’écœurant. Lord Owen n’a pas tout à fait tort de faire remarquer que M. Clinton s’est offert le luxe ‘de pratiquer la Realpolitik tout en prêchant la moralité’, et l’on préfèrerait peut-être plus d’impudence et moins de tartuferie, mais dès qu’on a compris que cet humanitarisme, ce puritanisme, ce droitsdelhommisme ne sont que des ruses de guerre, on les supporte beaucoup mieux. (…)

« [Les Etats-Unis] sont intervenus militairement au Guatemala, à Saint-Domingue, à Grenade, au Cambodge, à Panama, en Corée, en Afghanistan, au Soudan, en Irak, en Bosnie, sans compter les chantages ou les actions clandestines exercés au Nicaragua, en Colombie, au Chili, à Haïti, en Iran, au Brésil. Grâce à cette constante absence de scrupules, ils ont endigué le communisme et grâces leur en soient rendues.[64]


Vladimir Volkoff, en pseudo-nietzschéen d’extrême droite, n’a guère de considération pour la souffrance humaine[65], la justice ou le droit à l’auto-détermination des peuples ; il ne respecte que la force brute, et glorifie impudemment les actions les plus barbares des gouvernements des Etats-Unis, avec leur cortège de mort et de destruction. Nous ne nous donnerons pas la peine d’égrener l’interminable litanie des atrocités commises par le gouvernement américain de par le monde[66]. Il nous suffira d’affirmer, comme le faisait Noam Chomsky à propos de Bush fils[67], que Vladimir Volkoff, dénonçant les victimes innocentes des uns, mais justifiant celles des autres, répond exemplairement à la définition de l’hypocrite donnée par les Evangiles (desquelles ils osent tous deux se réclamer) : il impose à d’autres des règles qu’il ne s’astreint pas lui-même à respecter. L’usage qu’il fait des citations placées en exergue de Désinformation, flagrant délit (« La raison du plus fort est toujours la meilleure » de La Fontaine et « Quiconque ne gueule pas la vérité se fait le complice des menteurs et des faussaires. » de Péguy) est purement opportuniste : il s’en sert pour dénoncer l’intervention de l’OTAN contre la Serbie, mais ne laisse pas de glorifier d’autres interventions tout aussi iniques, et bien plus atroces et coûteuses en vies innocentes. Qu’il nous soit permis de reprendre contre lui une autre citation qu’il fait de Péguy : « L’hypocrisie est la forme la plus abjecte de la violence[68] ».

Grande fut notre surprise lorsque nous découvrîmes, dans l’argumentaire brumeux, presque scabreux de Vladimir Volkoff, une rapide référence à Noam Chomsky[69], à ce même article que nous avions consulté avant de lire l’ouvrage partisan de M. Volkoff. Bien évidemment, Vladimir Volkoff ne cite qu’un court extrait, à valeur rhétorique, dénonçant la violence de l’offensive de l’OTAN, sans faire la moindre référence au corps de l’analyse chomskyenne, qui n’est nullement tendre envers les Serbes : ce faisant, Vladimir Volkoff désire seulement, de manière éhontée, invoquer une autorité internationale en défense de ses thèses ignobles. Ce procédé est absolument indigne, tant en temps de paix qu’en temps de guerre, mais il faut se rappeler que Vladimir Volkoff est un « professionnel » qui mène une croisade idéologique contre l’Islam, recourant sans modération aux artifices de la « guerre psychologique » et de « l’intoxication » – pour reprendre le jargon de ses romans d’espionnage. Car il est pour nous évident que c’est le seul rejet de l’Islam qui motive ici Vladimir Volkoff : cette conclusion s’impose, selon nous, après la lecture de son œuvre.

Malgré le caractère insondable de l’abîme éthique dans lequel il a sombré à ce stade de l’ouvrage Désinformation, flagrant délit, le pire reste à venir. En effet, la conclusion de cet ouvrage est que l’Islam est « l’allié naturel de l’Amérique[70] » : avec sa rigueur coutumière, Vladimir Volkoff, pour soutenir cette théorie, nous renvoie sans plus de précisions à des ouvrages de Pierre-Marie Gallois et d’Alexandre del Valle[71], non sans nous citer un autre argument implacable : le fait qu’un islamiste tunisien (anonyme bien entendu) aurait déclaré : « Il n’y a pas de passé colonial entre les pays musulmans et l’Amérique, pas de croisades, pas de guerres, pas d’histoire.[72] » Ce fait est, en effet, de notoriété publique, et n’a guère besoin d’être soutenu par des raisonnements plus solides que ces pseudo-arguments d’autorité : il est bien connu que dans le monde arabo-musulman, la politique étrangère des Etats-Unis a, de tous temps, eu un grand prestige – peut-être aussi grand que la politique d’Israël, également portée au pinacle par les masses musulmanes. Pour abonder dans son sens, nous pourrions rappeler que dans ces pays, de nombreuses manifestations populaires brandissent les drapeaux américain et israélien – sans préciser que ces mêmes drapeaux y sont enflammés.

Il est pour nous évident que Vladimir Volkoff ne croit pas un mot des fadaises indigestes dont il veut sustenter son lecteur : en bon propagandiste, il n’a que le souci de causer du tort à l’ennemi que représente pour lui l’Islam. Son argumentaire, qui nous paraît grotesque – et qui l’est effectivement –, ne l’est pas plus que tous les mensonges dont les populations sont quotidiennement abreuvées. Plus un mensonge est martelé, plus il joue sur les ressorts de la pitié et de la crainte, et plus il a de chances d’être « gobé »[73]. Aucun artifice ne peut être négligé pour ces « idéologues » peu scrupuleux, la seule exigence étant celle de l’efficacité. Ainsi, se voulant visionnaire, Vladimir Volkoff nous présente un avenir sanglant où la France sera soumise au sort de la Serbie :

Mais comment réagira-t-elle, cette France, quand des populations d’extraction non française, devenues majoritaires dans certaines de ses provinces, en réclameront l’indépendance ? (…) Nous essayons de ne pas voir à quel point certaines de nos banlieues sont déjà devenues des enclaves islamiques, mais il n’est pas exclu du tout qu’un « front de libération », récupérant les énergies qui y sont éparses et dont nous ne faisons rien, ne commence à y commettre des actions terroristes.[74] 

Dans cette vision d’Apocalypse, prédit Vladimir Volkoff, la France, contrainte de recourir à des actions aussi violentes que celles qui sont reprochées aux Serbes, pourrait faire face à une attaque similaire des Etats-Unis, toujours prompts selon lui à défendre les musulmans. Ainsi, au slogan originel « NATO-COLA[75] », censé résumer – et de manière assez pertinente – la politique extérieure des Etats-Unis, Vladimir Volkoff substitue-t-il l’invraisemblable slogan « NATO-MECCA-COLA[76] ». Toutes ces balivernes, délibérées, répondent de manière exemplaire à la définition de la désinformation de V.V.[77].


Au reste, il est aisé de se rendre compte du fait que Vladimir Volkoff ne se prend guère au sérieux – mais il se prend au jeu : dans son exposé, il s’amuse à varier les tons, et exprime sa vision de la situation à travers des maximes douteuses, en référence explicite à la fameuse « tirade du nez » de Cyrano dans la pièce éponyme de Rostand. Pour le ton « Prophétique », on peut ainsi lire : « La France, ayant renoncé à sa propre souveraineté, peut difficilement défendre celle de la Yougoslavie.[78] » Le désuet cède rapidement le pas au grotesque, Vladimir Volkoff nous exposant ensuite ses théories fumeuses en des alexandrins aussi harmonieux qu’un beuglement :

Le communisme est mort : c’est pourquoi, croyez-m’en,
Il ne faut plus songer qu’à des désarmements…[79]

Cet ouvrage n’est que le libre déploiement de la vanité sans bornes de Vladimir Volkoff, et de son mépris souverain pour la souffrance humaine, qui n’est pour lui qu’un prétexte, qu’une occasion de faire de l’esprit – tout en faisant œuvre de propagande.

L’adage populaire affirme que l’on peut juger des individus d’après leurs amis, leurs fréquentations ; sans y souscrire complètement, qu’il nous soit permis d’évoquer, à ce propos, l’amitié de Vladimir Volkoff avec une personnalité particulièrement controversée, l’africaniste Bernard Lugan, maître de conférence à l’Université de Lyon III (« Histoire et géostratégie de la francophonie »), critiqué pour son idéologie colonialiste et sa proximité avec l’extrême droite. Dans l’émission qu’il animait sur Radio Courtoisie, Libre Journal, voilà ce qu’il affirmait au lendemain de la mort de son ami Vladimir Volkoff :

Le niveau de la classe intellectuelle française est bien à la hauteur du silence qui a accompagné son départ. Imaginons la mort de je ne sais quel histrion de sixième catégorie : des pages entières dans les journaux lui auraient été consacrées, des montagnes de gerbes auraient été déposées devant son cercueil. Il y aurait eu des émissions spéciales dans les chaînes dites de grande diffusion, dans les grands journaux. Silence. Silence radio. Ceci est bien à l’image de ce qu’est devenue l’intelligence de ce pays. (…) C’était au tout début desaffaires sur la Yougoslavie, et je pense avoir été l’un des premiers (…) à avoir vu qu’il fallait soutenir la Serbie, même si nous aimions les Croates (…), car les Serbes menaient LE bon combat, le bon combat contre l’Islam, et certains de nos amis étaient aveuglés par d’autres souvenirs. A l’époque, j’étais, je crois, tout seul à parler de ce nécessaire soutien à la Serbie. Jean Auguy[80] m’avait invité aux Journées Chouannes (…) et je devais parler de l’Afrique. Ce jour-là, j’avais devant moi un public de catholiques de tradition, de Chouans, qui par définition étaient plutôt pro-Croates que pro-Serbes, ne connaissant pas le problème. Volkoff était (…) au premier rang, assis, et il devait intervenir après moi. J’ai dit à l’assemblée : « Ecoutez, je ne vais pas vous parler de l’Afrique parce qu’il se passe des choses très graves dans l’ex-Yougoslavie, et je pense que nous nous trompons d’adversaire. Les nôtres sont les Serbes, nos amis sont les Serbes, il faut défendre les Serbes. » Et j’ai expliqué pourquoi il fallait défendre les Serbes, et Vladimir Volkoff s’est levé, il m’a embrassé, et a dit « Je ne pensais pas qu’on pouvait entendre cela dans une réunion comme [celle-là]. » Et c’est à partir de ce moment-là que nous étions vraiment rentrés en amitié avec Vladimir Volkoff.[81]

Nous n’avons aucun mal à croire à la solidité de cette amitié, fondée sur des ferments aussi productifs que le rejet de l’Islam – et, par ailleurs, une certaine idée de la France, et une conception toute particulière – roturière, dirions-nous – de la noblesse et de l’honneur[82]. Pour Vladimir Volkoff, bien plus que les amis, ce sont les ennemis communs qui fondent les alliances ; et, après la fin du communisme, l’Islam est l’ennemi par excellence.

Rigueur

Vladimir Volkoff clame pour ses œuvres un véritable professionnalisme, un rigoureux souci du détail, tout en exprimant son mépris pour les dilettantes littéraires qui n’ont aucune connaissance des milieux qu’ils décrivent :

Il n’est pas à la portée de tout le monde de créer des mythes. N’empêche : le bon accueil des orfèvres est toujours plaisant, parce qu’ils ont au départ, et à juste raison, un parti pris de réticence. Les chasubles bleues, les marquis d’Empire, les officiers de Légion en képi blanc, les mandats de perquisition en France et les crans de sûreté sur les revolvers créent chez l’initié une juste irritation qu’un bon artisan cherche à éviter. J’ai reçu quelques récompenses littéraires ; peu m’ont fait autant de plaisir que le témoignage du colonel commandant le premier REC [Régiment Etranger de Cavalerie] :

- Dans vos romans militaires, il ne manque pas un bouton.

C’est comme cela que j’aime témoigner mon respect à mon lecteur.[83]

Cela ne fait aucun doute, Vladimir Volkoff maîtrise passablement les réalités du monde militaire et de celui du renseignement ; mais quelle est sa maîtrise de l’Islam ? Il ne cesse de faire référence à son expérience algérienne, et aux nombreux amis « musulmans » qu’il aurait eu l’occasion d’y rencontrer. Mais il nous semble que ce n’est là qu’un pieux mensonge, et que M. Volkoff n’a guère qu’effleuré la réalité arabo-musulmane, à propos de laquelle sa crasse ignorance est flagrante. Dans La paix des braves, un des épisodes du Berkeley à cinq heures, il nous présente en effet le périple d’un officier français et d’un maquisard berbère en pleine guerre d’Algérie, où l’officier, soucieux de respecter la religion du combattant, ne lui présente « rien d’interdit par l’Islam, ni jambon, ni dindon, ni fruits de mer (…) : foie gras, rôti froid, canard en gelée, salade, fromage. (…) Je lui proposai du whisky. (…)  il préféra passer à l’anisette. (…) Nous partageâmes une bouteille de vin.[84] » Seul un Béotien peut proférer de telles extravagances : l’Islam interdit formellement la consommation du porc, et de toute viande non sacrifiée selon les rites islamiques, sans la moindre prévention contre le dindon ; la consommation des fruits de mer est tout à fait licite pour les musulmans sunnites : ce sont les israélites (et les chiites) qui la bannissent. Quant à la consommation d’alcool, qu’il s’agisse de vin ou d’anisette, elle est formellement interdite. Signalons encore, entre autres légèretés, que dans Le Tortionnaire, qui se déroule justement en Algérie, Vladimir Volkoff retranscrit un dialogue en Arabe, où, à un « Labès » (qui peut se traduire par « Ça va ? »), répond un « Abdullah, labès[85] », mis pour « Al hamdoullah, labès », qui signifie « Grâces en soient rendues à Dieu, ça va bien » (« Abdullah », qui est également un prénom, signifie « serviteur de Dieu », « adorateur de Dieu »).

Un des romans les plus fameux de Vladimir Volkoff, loué par ceux qui voient en lui un précurseur et un fin connaisseur des réalités arabo-musulmanes, est L’Enlèvement, qui, derrière la trame principale[86], nous présente le monde des cellules terroristes islamistes, une année seulement avant les crimes du 11 septembre 2001. Mais seuls des ignares peuvent considérer que le monde qu’il décrit est réaliste. Dans ce roman, un responsable terroriste, face à une nouvelle recrue, commande du whisky, invoquant, entre autres arguments spécieux, une « ruse de guerre », et même le Coran, en citant une traduction du verset 43 de la sourate 4 : « Ne vous approchez pas de la prière quand vous êtes saouls au point de ne pas savoir ce que vous dites.[87] » : ce recruteur fait preuve à la fois d’une grande imprudence (il prend le risque d’ébranler la foi toute fraîche de sa nouvelle recrue en bravant ostensiblement un des interdits fondamentaux de l’Islam), et d’une crasse ignorance du Coran, l’interdiction de l’alcool ayant été établie progressivement, et ce verset ayant été abrogé par d’autres qui interdisaient l’alcool en toutes circonstances. Autre absurdité, Si Youssef, un autre agent recruteur terroriste, met sur le même plan l’autorité du Coran, de Bukhari et d’Al-Muttaki, quand le premier est (pour les musulmans) la parole de Dieu, le second le principal rapporteur de traditions prophétiques (Hadiths) dans l’Islam sunnite, et le troisième un Calife Abbasside du Xe siècle[88]. De même, Si Youssef considère Jésus comme « un prophète, mais tellement moins grand que son successeur[89] », quand l’Islam professe l’égalité de considération due à tous les Messagers divins[90].

Il ne s’agit pas ici de prétendre absurdement que des terroristes islamistes ne peuvent qu’être particulièrement versés dans leur religion, ou respectueux à son égard : en bravant l’interdit fondamental qui considère le meurtre d’un innocent comme un crime inexpiable, comparable au massacre de l’humanité entière[91], les terroristes sortent bien évidemment du cadre de l’Islam, mais il est concevable qu’un agent recruteur essaie d’escamoter cette réalité aux yeux de ses terroristes – et y parvienne. Ce que nous désirons montrer, c’est que l’ignorance abyssale des dogmes islamiques de la part de Vladimir Volkoff d’une part, et ses visées propagandistes d’autre part, l’amènent à faire proférer des absurdités à ses personnages, voire des insanités, car il privilégie au réalisme son désir de dénigrer l’Islam lui-même. Ainsi en vient-il à faire affirmer à ses recruteurs que « Mohamed ne mentionne même pas la circoncision dans le Coran.[92] », alors qu’aucune secte musulmane, si extrémiste et fanatique soit-elle, n’a jamais prétendu que le Coran avait été rédigé par Mohamed : pour tout musulman, c’est la parole de Dieu, révélée au Prophète par l’Ange Gabriel. Seuls ceux qui professent l’imposture de Mohamed et de la religion musulmane ont pu prétendre que c’était Mohamed qui l’avait composé.


Cette visée purement blasphématoire est encore plus flagrante lorsque le terroriste Lakhdar, capturé, affirme gratuitement[93] à Zulfikar, un comparse à la foi chancelante : « D’ici quelques minutes, tu auras soixante-dix jeunes filles à ta disposition, dont, chaque fois, la virginité se renouvellera. Si tu préfères les garçons, cela peut s’arranger aussi : c’est dans le Livre.[94] » Lorsqu’on connaît les sentiments de Vladimir Volkoff à l’égard de la pédérastie, on comprend l’intérêt que peut avoir pour lui un tel propos, dont l’indécence est flagrante. L’Islam, comme toutes les religions monothéistes, condamne l’homosexualité sans appel, et la considère comme une perversion, un crime contre la Création elle-même. Quiconque se réclame de l’Islam, même hypocritement, n’a aucun intérêt à en violer si manifestement, si gratuitement les préceptes. Bien entendu, il est tout à fait certain que nombre de « recruteurs » terroristes soient en réalité des pécheurs patentés, mais ils ne peuvent tromper leurs volontaires au sacrifice qu’en se présentant comme les plus pieux des croyants[95]. Ainsi les impératifs du romancier, chez Vladimir Volkoff, cèdent-ils ici le pas à ceux du « Croisé ».

Dans un autre de ses romans, Vladimir Volkoff va même jusqu’à rabaisser l’Islam au rang d’une superstition animiste[96] : il nous présente en effet le communiqué d’un combattant tchétchène responsable de l’assassinat d’un officier russe qui, en Afghanistan, « faisait arroser les corps des moudjahidin tombés au combat d’un produit chimique qui les transformait en bouillie et, les rendant impurs, leur interdisait l’entrée du paradis d’Allah…[97] » Certes, tous les musulmans sont loin d’être imperméables à l’obscurantisme, mais de telles insanités – qui, de fait, donnent les clés du paradis à quiconque serait « versé » dans ces pseudo-croyances – ne peuvent émaner que d’un profond ignorant des réalités de l’Islam, doublé d’un diffamateur insidieux désirant le présenter comme une religion intrinsèquement rétrograde. Le folklore arabo-musulman qui parsème les œuvres de Vladimir Volkoff, malgré ses années passées en Algérie, n’est qu’un halo superficiel de préjugés et d’incompréhension, voire d’aberrations grossières, qui ne peut tromper que les néophytes. Puisque, à raison, M. Volkoff s’offusque de l’impéritie de ces romanciers qui présentent à leurs lecteurs des « chasubles bleues » et des « officiers de Légion en képi blanc », il comprendra aisément notre « parti pris de réticence » et notre « juste irritation » face à ses propres manquements, très peu respectueux de ses lecteurs.

Un visionnaire ?

Vladimir Volkoff, malgré ses prétentions, n’est ni un précurseur, ni un visionnaire. La thèse du choc des civilisations n’est pas la sienne, mais celle de Samuel Huntington (thèse propagandiste si jamais il en fut), de même que la notion de désinformation, qu’il affirme avoir introduite en France, nous vient également d’Outre-Atlantique, Noam Chomsky développant ces thèses depuis les années soixante. Nous sommes cependant contraints de reconnaître à Vladimir Volkoff un certain talent, qui n’est cependant pas celui qu’il s’arroge, mais celui de « pompier pyromane[98] » à succès : il suscite des craintes infondées dans l’espoir de les voir se réaliser, ou a su lire assez tôt la tendance qui s’impose de plus en plus clairement en ce début de XXIe siècle[99]. La dénonciation de l’Islam, qui n’avait pas pignon sur rue en France à l’époque où il composait ces livres, est de nos jours monnaie courante.

Ce caractère « performatif » de la pensée volkovienne est évident si l’on considère un roman comme Le Bouclage : dans un quartier populaire où la criminalité règne en maîtresse incontestée, une véritable « zone de non-droit » emmurée dans la loi du silence, quelques hommes déterminés, conscients que la loi, trop laxiste et indulgente envers les délinquants, ne peut aucunement mettre fin à l’insécurité, négligent la légalité au profit de l’efficacité[100] afin de purifier le quartier de ses éléments les plus néfastes. Le quartier est hermétiquement bouclé, tous les habitants en sont arrêtés, parqués dans un stade et fichés, et les domiciles fouillés. Il est évident que Vladimir Volkoff n’entreprend pas ce roman dans la perspective d’Aldous Huxley qui, dans Le Meilleur des Mondes, décrivait un avenir infâme qu’il redoutait et dénonçait de manière anticipée ; V.V. est un ardent partisan des méthodes expéditives qu’il décrit – qu’il prône, pourrions-nous dire. Les éléments les plus dangereux seront neutralisés puis éliminés en même temps qu’un groupe terroriste – car le Corazón a également ses terroristes, comme toute banlieue qui se respecte… – dont l’annihilation servit rétroactivement de prétexte à l’opération.

Malgré une prétention ostensible à la vraisemblance[101], Vladimir Volkoff privilégie le registre du pathos[102], en nous présentant une multitude de délinquants sanguinaires, voire sataniques, concentrés dans une proportion invraisemblable qui évoque plutôt les tréfonds de l’Enfer qu’une banlieue difficile : citons, par exemple, le violeur d’une fillette qui lui découpe ensuite les deux bras à la tronçonneuse, un agresseur qui, pour s’emparer d’une bague sertie d’un diamant, découpe le doigt de sa victime à l’aide d’un sécateur (c’est bien connu, les délinquants de nos banlieues ne se déplacent jamais sans leur sécateur portatif…), un étouffeur qui s’attaque de manière indiscriminée à des enfants et des vieillards, etc., jusqu’au stylo – lancé par des élèves turbulents – qui, dans une salle de classe, vient se ficher dans l’œil de la maîtresse, et autres immondes joyeusetés. Ces « images de choc » sont évidemment destinées à forcer l’adhésion du public, et à justifier la brutalité des procédés mis en œuvre pour « purger » ce quartier[103]. Procédés du reste efficaces, car tout finit bien, comme dans un conte de fées : malgré l’illégalité flagrante de l’opération, digne des régimes les plus rétrogrades, les délinquants sont arrêtés et inculpés, la loi du silence brisée, et les médias s’enthousiasment de ce procédé et rendent hommage à la fermeté de la force publique.

Nous reconnaissons donc, à notre corps défendant, le succès des méthodes prônées ici par Vladimir Volkoff, non pas du point de vue éthique, mais factuel : Paula Abad, victime d’un viol, et qui participait à la mise en place de l’opération, faisait remarquer à Julian Dandolo, l’Administrateur de l’Agglomération, qui a conçu le bouclage :

Un jour un homme d’Etat finira bien par comprendre qu’on ne peut décemment pas avoir de politique étrangère, ni de politique sociale, ni de politique économique, ni de politique tout court tant soit peu valable, ni peut-être même de pays dans le plein sens de ce terme, tant que la violence règne dans le métro. Le premier qui aura saisi cela aura les honnêtes gens avec lui. (…) [C]e pays aime qu’on lui fasse une politique de droite avec une étiquette de gauche.[104] 


Il est difficile de ne pas penser au grand succès que connaît de nos jours le discours sécuritaire, stigmatisant les banlieues, et s’attaquant aux conséquences de la pauvreté plutôt qu’à ses causes[105] : nous pourrions presque voir, dans la personnalité de Nicolo Grosso, qui occupe la fonction de Ministre de l’Intérieur dans le roman, un autre Nicolas, qui se proposait de « nettoyer au Karcher » la « racaille » qui, selon lui, infesterait nos banlieues[106].

2. Le communisme

La haine du communisme de Vladimir Volkoff se traduit dans son œuvre par les mêmes excès. Nous évoquerons ici principalement les monuments de malveillance et de malhonnêteté intellectuelle que constituent La Trinité du mal ou réquisitoire pour servir au procès posthume de Lénine, Trotsky, Staline, et La Bête et le venin ou la fin du communisme, ouvrages aux titres programmatiques. Faisant explicitement référence au tribunal de Nuremberg[107], qui a condamné les criminels nazis, il s’étonne de la survivance du communisme en tant qu’idéologie, et s’attache à en montrer la foncière barbarie. En habile propagandiste, V.V. commence par faire acte de sa bonne foi :

  Nous étions convaincus qu’ils représentaient [Lénine, Trotsky et Staline], dans leur totalité, l’incarnation du Mal intégral.

  Il serait puéril de s’imaginer que nous leur reprochions de nous avoir pris nos privilèges ou notre aisance : nous avions eu fort peu d’aisance et moins de privilèges. Nous leur reprochions d’avoir précipité dans la terreur et l’oppression le peuple dont nous étions issus et auquel nous tenions par toutes nos radicelles.[108] 

Nous reconnaissons ici aisément le ressentiment du fils de russe « blanc » dont les parents furent exilés à la suite de la Révolution d’Octobre, qui, versant hypocritement des larmes de crocodile sur la tragédie du peuple russe, ne déplore en réalité que la fin du tsarisme[109]. Avec la rigueur scientifique qui le caractérise, il attribue au communisme « deux cent millions de morts sous toutes les latitudes », dont « les Nicaraguayens[110] ». Vladimir Volkoff, dont l’impudence est sans bornes, ne recule devant aucune falsification pour réaliser ses sombres desseins : il attribue au communisme, et non pas à l’impérialisme, les atrocités perpétrées contre le Nicaragua sandiniste par les Contras, les troupes paramilitaires entraînées et armées par la CIA, qui ont causé des dizaines de milliers de morts civiles durant la « sale guerre » menée pour renverser le gouvernement socialiste démocratiquement élu de Daniel Ortega[111].

Non content de proférer des contre-vérités patentes, Vladimir Volkoff devient franchement risible lorsqu’il réalise une étude physiognomonique des portraits des trois « démons » bolchéviques[112], digne des plus délirantes divagations des Lombroso et autres Lavater. Qu’il nous suffise, pour montrer le profond ridicule de cette entreprise, de citer ce témoignage à charge prononcé contre Lénine : « Des témoins ont souvent vu ses yeux fulgurer de haine.[113] » Est-ce là un travail scientifique et historique, ou n’est-ce au contraire qu’un misérable pamphlet de propagande, qui, s’acharnant sur la dépouille d’un ennemi vaincu[114], en fait l’incarnation du mal absolu et le responsable de tous les maux de la Terre[115] ? Il y a de ça, et également une sorte de divertissement, un exercice de style qui ne fait nullement honneur à Vladimir Volkoff. Nous ne pourrions mieux le caractériser qu’en citant ce propos, qu’il utilise pour décrire Lénine : « Sa pensée n’était jamais une recherche de la vérité ; toute en action, elle supposait la vérité déjà connue et ne visait qu’à sa propagande.[116] » Car, de même qu’il méconnaît gravement l’Islam, Volkoff est un ignare en matière de communisme : ses citations attribuées à Lénine, Trotsky et Staline sont presque toutes de seconde main[117].

Cet ouvrage ridicule et insane, dont la rigueur scientifique est inexistante, est le fait d’un histrion et d’un paltoquet (nous traitons ici M. Volkoff avec toute la considération qui lui est due) : en le publiant, Vladimir Volkoff démontre sa qualité de littérateur sinon vénal, du moins fat, qui, à la précision factuelle qu’exigerait un tel ouvrage, substitue des formules clinquantes (« Lénine, criminel contre l’humanité dont la charogne est toujours exposée en vitrine[118] ») qui sont plus révélatrices de sa haine foncière que des méfaits du communisme.

Dans La Bête et le venin ou la fin du communisme, Vladimir Volkoff réitère les mêmes analyses tendancieuses : le communisme est la cause de « quelque deux cent millions de morts[119] », et d’une stagnation incommensurablement tragique de l’humanité :

Il est vrai aussi que l’extermination des uns, le dépérissement des autres ont épuisé, dans les pays les plus touchés, la banque des gènes disponibles, et que l’humanité ne sera jamais ce qu’elle aurait été sans cette hémorragie et cette gangrène : combien de Mozart assassinés ou atrophiés ? Nous ne le saurons qu’au jour du jugement dernier.[120]

L’effronterie, l’indécence mélodramatique avec laquelle Vladimir Volkoff glose, stylise de manière si malséante sur la souffrance humaine démontre l’indifférence qu’elle lui inspire : pour lui, il ne s’agit que de pourfendre une idéologie, qui le répugne non pas par son histoire violente (car il exalte ouvertement les crimes de l’impérialisme américain), mais par son caractère foncièrement populaire, humaniste et égalitaire. Ces exercices de style – car il ne s’agit pas d’autre chose – n’expriment guère plus que sa vanité sans bornes[121], cette morgue patricienne qui l’amène à ne voir dans la souffrance de la plèbe qu’un prétexte pour faire de l’esprit. A la noble conception hugolienne de la littérature – la plume au service de l’humanité –, Vladimir Volkoff substitue, à la faveur d’un renversement axiologique, sa propre conception « aristocratique » de l’écrit, qui l’amène à se jouer des plus grandes tragédies : comment un cœur véritablement sensible à la souffrance humaine pourrait-il badiner en déclarant que « le communisme a vampirisé la Russie, lui suçant le sang et la forçant à sucer celui des autres[122] » ? Nous ne pouvons le caractériser mieux qu’en reprenant ce mot de Hugo à propos de Chateaubriand – dont l’aristocratie était tout de même plus conséquente que celle de Vladimir Volkoff :

Certains grands hommes, Chateaubriand, par exemple, s’imaginent qu’il y a de la majesté à être comme des somnambules, à affecter l’ignorance des détails, à ne pas apercevoir les choses, à ne pas regarder la vie, à dédaigner l’humanité ambiante. C’est de la manière. Ce qui est grand, à mon avis, c’est de vivre simplement comme les autres hommes, sans effacement et sans orgueil, en voyant ce qu’ils voient, en touchant ce qu’ils touchent, et en pensant un peu plus qu’eux.[123] 


De même que nous ne pouvons prendre au sérieux les attaques de Vladimir Volkoff contre l’Islam, nous considérons ses opuscules sur le communisme comme l’œuvre d’un folliculaire qui lui-même ne se prend guère au sérieux, et qui n’est motivé que par des considérations assez basses, qu’elles soient idéologiques ou de l’ordre de la vanité personnelle. Sans éthique ni rigueur scientifique, ces écrits, truffés de raccourcis tout justes dignes d’un travail universitaire peu scrupuleux, mériteraient amplement le prix Lyssenko attribué annuellement par ses compères du Club de l’Horloge[124], que nous lui attribuons symboliquement, et à titre posthume.

Salah Lamrani
 

[1] Autobiographie posthume de V.V., publiée par Lydwine Helly, Vladimir Volkoff, Les Dossiers H, L’Age d’Homme, Paris, 2006, pp. 20-32, et deux interventions radiodiffusées : l’une sur Radio Courtoisie (1er décembre 2003, à l’occasion de la réception du prix Daudet, récompense décernée annuellement par les auditeurs de Radio Courtoisie à la personnalité française ou francophone ayant le mieux servi la langue française), l’autre sur France Culture (For Intérieur, 7 septembre 1999).
[2] Correspondance complete de Jean-Jacques Rousseau, Genève, Institut Voltaire, 1965, 9:120, cité par Jean Starobinski, La transparence et l’obstacle, Gallimard, Paris, 1957, p. 237.
[3] Vladimir Volkoff au sujet de Divo, c’est-à-dire de lui-même, Le Complot, Editions du Rocher, Paris, 2003, p. 16.
[4] Lydwine Helly, op. cit., p. 20.
[5] For Intérieur.
[6] « J’ai commencé à écrire à sept ans, à envoyer des manuscrits aux éditeurs à dix-huit, mon premier roman a été publié quand j’en avais trente, et il m’a fallu attendre quarante-sept ans pour connaître quelque succès. » Lydwine Helly, op. cit., pp. 21-22.
[7] Radio Courtoisie.
[8] Lydwine Helly, op. cit., p. 21.
[9] Thèse d’esthétique soutenue à l’Université de Liège. Vers une métrique française, French Literature Publication Company, Columbia (South Carolina), 1978.
[10] L’exil est ma patrie, op. cit., pp. 44-45.
[11] Ibid., p. 48. La pièce de tissu en question est le morceau d’une robe qui aurait appartenu à Marie-Antoinette, et que conservait précieusement un ami de V.V., celui-là même qui lui prêta l’ouvrage de La Varende. La famille Volkoff, pour sa part, chérissait « une chute de brocart qui avait servi à faire la robe de l’impératrice douairière. » Ibid., p. 47. L’ouvrage de La Varende était « couvert d’un très joli porte-livre de maroquin rouge », qui impressionna l’indigent V.V. Ibid., p. 48.
[12] « J’étais enfant quand on m’a expliqué que l’officier russe montait à l’assaut le premier, entraînant ses hommes (l’officier allemand, paraît-il, passait le dernier, pour surveiller) et j’ai grandi avec l’idée royale que mon destin était de mourir le premier, que j’étais né pour ça : cette vie m’était seulement prêtée. C’est l’un des grands thèmes de l’humanité, il est très profondément ancré en moi. » Ibid., pp. 21-22.
[13] « Nous fûmes trahis et cent mille Musulmans qui avaient cru en notre parole sont morts égorgés, certains écorchés, certains salés vifs. » Lydwine Helly, op. cit., p. 27.
[14] For Intérieur.
[15]Autobiographie, in Lydwine Helly, op. cit., p. 29. Cependant, selon les Repères biographiques, c’est au roman Le Montage qu’est dû cet hommage. Ibid., p. 45.
[16] « Alexandre de Marenches, découvreur de Sun Tzu, était persuadé, entre autres, de deux choses fort simples : premièrement que l’ennemi (c’est-à-dire, à l’époque, l’URSS) nous faisait une guerre psychologique et deuxièmement qu’un des bons moyens pour s’en défendre serait d’en révéler l’existence au grand public. Il me proposa donc d’écrire un roman sur la désinformation, à charge pour lui de me fournir les renseignements nécessaires. En un sens, je devenais son agent d’influence, mais c’était pour la bonne cause, puisqu’il ne me serait rien demandé que de dénoncer le mensonge et de dire la vérité. » Petite histoire de la désinformation, op. cit., p. 14.
[17] Ces procédés sont courants de nos jours, et les accusations d’antisémitisme n’épargnent pas même des Juifs comme Noam Chomsky ou Norman Finkelstein (dont toute la famille, à l’exception de ses parents rescapés d’Auschwitz, a été exterminée par les nazis), à la faveur du concept grotesque de « haine de soi ». Citons, pour l’anecdote, le genre de preuves sur lesquelles Angelo Rinaldi (critique littéraire à L’Express, 5-12 Septembre 1980), un des ténors de la cabale anti-volkovienne, appuyait ses accusations d’antisémitisme : dans Les Humeurs de la mer, la mère de Beaujeux, le héros, est juive ; dans Intersection, le troisième volume de la tétralogie, un procureur soviétique torture un juif, etc. De ces arguments spécieux, il concluait que V.V. était « un antisémite pervers, car paradoxal »… Volkoff et les médias, in Lydwine Helly, op. cit., p. 180.
[18] « Je gagnai les procès où, accusé d’être antimusulman et antijuif, je décidai de partager mes dommages et intérêts entre trois œuvres : une juive, une musulmane, une chrétienne. J’avais l’air de triompher. » Autobiographie, Ibid., p. 30.
[19] Ces analyses et citations sont extraites de l’étude de John M. Dunaway, The Double Vocation : Christian Presence in Twentieth-Century French Fiction, V, Vladimir Volkoff: The Fecundity of Evil, pp. 124-126.
[20] « Est-il besoin d'une grande perspicacité pour comprendre que les idées, les conceptions et les notions des hommes, en un mot leur conscience change avec tout changement survenu dans leurs conditions de vie, leurs relations sociales, leur existence sociale ? Que démontre l'histoire des idées, si ce n'est que la production intellectuelle se transforme avec la production matérielle ? Les idées dominantes d'une époque n'ont jamais été que les idées de la classe dominante. » Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, Union générale d’éditions, Paris, 1962, p. 44.
[21] Lydwine Helly, op. cit., p. 272.
[22] L’exil est ma patrie, op. cit., p. 115.
[23] Ibid., p. 129.
[24] Pourquoi je serais plutôt aristocrate, Editions du Rocher, Paris, 2004, p. 14.
[25] Ibid., pp. 44-45.
[26] Ibid., p. 137. Citons encore « Montherlant se plaignait déjà de la disparition des cireurs de chaussure au-dessus d’un certain parallèle. » Ibid., p. 141.
[27] Ibid., p. 93. Par justice envers V.V., précisons que dans d’autres œuvres, son caractère foncièrement passéiste s’exprime également à travers de plus nobles regrets : « O époque bénie, où l’on disait ‘Mademoiselle, vous’, où la toile de Nîmes était encore l’apanage des Barbares d’outre-Atlantique, où les femmes ne portaient le falzar que par grand froid, où le langage n’était grossier qu’occasionnellement, où la promiscuité scolaire et vacancière n’avait pas défloré l’ignorance mutuelle des sexes, si favorable aux grandes passions comme aux flirts ! O chères sphinges peuplant les sombres galeries lambrissées qui taraudent la Sorbonne-fourmilière, ô visiteuses perchées en jupes-corolles sur les bancs printaniers du Luxembourg qu’épiaient de farouches gardiens interdisant le plus impalpable des baisers, ô belles impossibles, ne vous rendra-t-on jamais à l’innocence troublée de notre contemplation ? » Il y a longtemps mon amour, op. cit., p. 29.
[28] Ibid., p. 136.
[29] V.V. ne recule pas même devant les barbarismes, naviguant, tel le char de Joseph Prudhomme, sur un volcan en parlant d’optimocrate, de qualitisme ou d’excellentisme (Ibid., p. 40). Il est difficile de considérer sérieusement un homme aussi étranger à la rigueur que V.V.
[30] L’exil est ma patrie, op. cit., pp. 50-51.
[31] La leçon d’anatomie, op. cit., p. 274.
[32] Olduvaï, p. 362. 
[33] Les Maîtres du temps, p. 70.
[34] L’exil est ma patrie, op. cit., p. 105.
[35] « qui était le bon, qui était le mauvais, Vercingétorix ou Jules César, compte tenu de ce que la France était appelée à porter la civilisation au monde ? » Ibid., p. 127-128.
[36] Postface à Opération Barbarie, Edition des Syrtes, Paris, 2001, p. 195. Voilà ce que Nietzsche dit de la guerre : « nous ne connaissons pas d’autre moyen qui puisse rendre aux peuples fatigués cette rude énergie du champ de bataille, cette profonde haine impersonnelle, ce sang froid dans le meurtre uni à une bonne conscience, cette ardeur commune organisatrice dans l’anéantissement de l’ennemi, cette fière indifférence aux grandes pertes, à sa propre vie et à celle des gens qu’on aime, cet ébranlement sourd des âmes comparable au tremblement de terre, avec autant de force et de sûreté que ne fait n’importe quelle grande guerre… » Humain, trop humain, VIII, § 144, trad. A-M Desrousseau.
[37] « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. » Fondements de la métaphysique des mœurs.
[38] L’exil est ma patrie, op. cit., p. 128.
[39] Il y a longtemps mon amour, p. 42. Cf. « ‘Le 14 juillet 1789, le grand peuple français a conquis la Bastille pour en libérer sept pouilleux : quel héroïsme !’ 
Diables de Serbes ! Ils connaissent l’histoire de France mieux que nous. » Désinformation : flagrant délit, op. cit., p. 17.
[40] Postface à Opération Barbarie, op. cit., p. 199.
[41] Le Tortionnaire, p. 87.
[42] Le Berkeley à Cinq heures, ‘La paix des braves’, op. cit., p. 97.
[43] Ibid., p. 201.
[44] Le Bouclage, op. cit., p. 174.
[45] Postface à Opération Barbarie, op. cit., p. 219. Il va sans dire que toutes les références qui sont présentées comme authentiques restent anonymes, à l’image de cet écrivain algérien : « Un écrivain algérien me disait récemment : ‘Il n’y a qu’une seule chose que nous ne puissions pas vous pardonner, c’est de nous avoir abandonnés à la merci d’une armée vaincue.’ » Ibid., p. 201.
[46] L’exil est ma patrie, op. cit., p. 13.
[47] Il conclut en ces termes : « il est fort rare que les choses se présentent de la sorte ». Postface à Opération Barbarie, op. cit., p. 220.
[48] Autobiographie, in Lydwine Helly, Vladimir Volkoff, op. cit., p. 32.
[49] Dans Le Berkeley à cinq heures, V.V. se décrit comme « taxé d’anticommuniste ‘viscéral’ par les journalistes indulgents et ‘professionnel’ par les hostiles ». Vladimir Volkoff, Le Berkeley à cinq heures, Editions de Fallois, L’Age d’Homme, Paris, 1993, p. 187. Nous prenons, par respect envers l’intelligence de V.V., le parti des « hostiles » : les insanités qu’il profère sont dues, selon nous, à ses visées de propagande, non à de la bêtise.
[50] Le Berkeley à cinq heures, op. cit., p. 73.
[51] Désinformation, flagrant délit, Editions du Rocher, Paris, 1999. Il préfère cependant, au terme désinformation, celui de psychocratie ou « empaumement des âmes ».
[52]Crisis in the Balkans, in Rogue States, The Rule of Force in World Affairs, South and Press, Cambridge, 2000, pp. 34-50.
[53] Désinformation, flagrant délit, op. cit., pp. 10-11.
[54] La politique étrangère américaine, qui ne s’est jamais encombrée de notions aussi contraignantes que les droits de l’homme, était directement responsable de cette situation : en 1995, les accords de Dayton, supervisés par les Etats-Unis, avaient partitionné la Bosnie-Herzégovine au détriment des Kosovars, amenant ceux-ci à préférer à la non-violence une stratégie offensive qui amena des représailles massives de la part des Serbes. Noam Chomsky, op. cit., p. 36.
[55] Qu’est-ce que l’objectivité ? Est-ce, comme l’enseignent les écoles de journalisme, un fait arithmétique, qui consiste à donner toujours les deux versions des faits, à toujours rappeler qu’il y a des extrémistes des deux côtés, comme si, durant un conflit aussi peu controversé que la seconde guerre mondiale, il n’y avait pas également eu des « extrémistes » des deux côtés : Dresde, Hiroshima et Nagasaki sont-ils autre chose que d’odieux crimes de guerre ? Cela ne change rien au fait que fondamentalement, la justice était dans le camp antinazi. Prenons un cas concret : l’armée israélienne, durant l’attaque menée contre Gaza fin 2008, a-t-elle commis des crimes de guerre ? Les journalistes et hommes politiques occidentaux se contentent de relayer d’une part les accusations portées par le Hamas et les organisations internationales telles Amnesty International et Human Rights Watch, et d’autre part le démenti de Tsahal, et considèrent agir ainsi en respectant l’équité. Car selon l’éthique en vigueur, ce serait assurément un manque de déontologie que de mettre en relation, sous forme de syllogisme, des faits indéniables en eux-mêmes et d’en tirer les conclusions qui s’imposent : Gaza est l’une des zones les plus densément peuplées du globe, et le Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux (Protocole I, Article 51, ‘Protection de la population civile’) du 8 juin 1977 considère le bombardement de zones peuplées de civils comme un crime de guerre ; Israël a massivement bombardé Gaza ; Israël est coupable de crimes de guerre. Robert Fisk, correspondant du journal The Independent basé au Moyen-Orient, s’indigne de l’hypocrisie et de la lâcheté des médias occidentaux, et donne une définition de ce que devrait être l’éthique journalistique : toujours mettre à l’épreuve les versions officielles, et garder une neutralité qui soit en faveur de ceux qui souffrent. « Si vous vous retrouviez au XVIIIe siècle pour faire un reportage sur le trafic d’esclaves, donneriez-vous le même temps de parole aux esclaves qu’au capitaines de négriers ? Non, vous parleriez surtout aux esclaves. Si vous aviez été présent à la libération d’un camp d’extermination nazi, donneriez-vous le même temps de parole au porte-parole des SS qu’aux victimes ? Non, vous ne le feriez pas ; vous ne parleriez qu’aux survivants. » Ask All You Like About 9/11, But Just Don’t Ask Why, MIT, 5 Février 2003. La traduction est de nous.
[56] L’accusation d’islamophobie a souvent été portée à l’encontre de V.V. (notamment par Pierre Joffroy – dont le véritable nom est Maurice Weil – sur le plateau d’Apostrophes, le 24 Septembre 1982 ; V.V. porta plainte en diffamation et gagna son procès), mais elle est, selon nous, fondée, bien que son hostilité à l’Islam, comme au communisme, soit plus « professionnelle » que « viscérale ».
[57] Désinformation, flagrant délit, op. cit., p. 12.
[58] Ibid., p. 46.
[59] Comparant cette intervention américaine avec l’invasion de l’Irak, il note que « l’Irak avait bel et bien envahi le Koweït, tandis que la Yougoslavie réglait des problèmes intérieurs. » Ibid., p. 54.
[60] Ibid., p. 56.
[61] Ibid., p. 53.
[62] V.V. décrit ainsi les deux ethnies qui s’opposent : « l’une réduite à la guérilla, l’autre à la contre-guérilla, c'est-à-dire, pour simplifier, au terrorisme d’un côté et à la terreur de l’autre. » Ibid., p. 56.
[63] Les nécessités de sa « Croisade », ou plutôt de sa « guerre psychologique » contre l’Islam ne l’empêchant pas d’habiller son propos de sentiments « chevaleresques », il remarque, à propos de la disproportion des forces : « Traiter cette agression de guerre reviendrait à dire que six policiers passant à tabac un voyou auquel ils ont mis les menottes lui livrent un combat singulier conforme aux usages de la chevalerie. » Ibid., p. 71. A propos du supposé enthousiasme des Français quant à cette guerre, il ironise : « Le surprenant, c’est que l’argument de la ‘moralité’ ait joué sur les citoyens, je veux dire les Français, qui laissent facilement attaquer, violer, dépouiller, défigurer des femmes dans le métro en continuant à lire L’Equipe ou Libération, parce que, dans le métro, il pourrait être périlleux d’intervenir. Peut-être est-ce pour se racheter d’une pusillanimité quotidienne que, pour cette fois, ils sont montés (sans le moindre danger) sur leurs grands chevaux et se sont soudains découverts d’une ‘moralité’ irréprochable. Ah ! qu’il est doux de jouer les justiciers en charentaises ! » Ibid., pp. 66-67.
[64] Ibid., pp. 101-103. Précisons encore que V.V. revendique hautement sa fidélité envers la France. Ayant vécu une trentaine d’années aux Etats-Unis, il aurait cependant renoncé à en prendre la nationalité : « Pour devenir Américain il y a encore plus de questions et à la dernière page, il faut dire qu’on refuse toute autre allégeance que l’américaine. Je n’ai pas pu. Je ne peux pas refuser l’allégeance russe, française, familiale. Je ne peux pas. » L’exil est ma patrie, op. cit., p. 50.
[65] Vladimir Volkoff a également des idées « philosophiques » sur la pauvreté et les moyens d’y mettre fin :
« Le manque de personnel des grands hôtels m’attriste, surtout lorsque je pense à tous les chômeurs, vagabonds, dépenaillés divers, qui seraient si bien là, au chaud, à me cirer mes chaussures et à me porter mes valises dans le dos de la Sécu, plutôt qu’à me mendigoter deux francs à l’entrée du métro sans ôter le mégot de leur bouche. 
Pardon pour cette parenthèse socio-philosophique. » Le Berkeley à Cinq heures, op. cit., p. 195.
[66] Pour un aperçu significatif de la politique étrangère des Etats-Unis depuis 1945, voir, entre autres, ces œuvres de Noam Chomsky : The Washington Connection and Third World Fascism ; After the Cataclysm : Postwar Indochina & the Reconstruction of Imperial Ideology ; What Uncle Sam Really Wants ; Rogue States : the Ruleof Force in World Affairs ; Hegemony or Survival : America’s Quest for Global Dominance ; What We Say Goes : Conversations on U.S Power in a Changing World ; Failed States : The Abuse of Power and the Assault on Democracy. Etc., etc.
[67] Dans sa conférence intitulée Distorted Morality : A War on Terrorism ?, 6 Février 2002.
[68] Désinformation, flagrant délit, op. cit., p. 16.
[69] Ibid., pp. 65-66. Dans son ouvrage retraçant l’historique de la désinformation (Petite histoire de la désinformation), V.V. ne fait pas la moindre référence à Chomsky, qu’il ne peut prétendre méconnaître, ayant vécu trente ans aux Etats-Unis. Cela lui permet, sans doute, de laisser entendre qu’il est le premier à s’être intéressé sérieusement à ces questions.
[70] Ibid., p. 109.
[71] P-M Gallois : Le Sang du pétrole, Le Soleil d’Allah aveugle l’Occident ; Alexandre del Valle : Islamisme et Etats-Unis : Une alliance contre l’Europe.
[72] Ibid., p. 111.
[73] Considérons par exemple la fable des « armes de destruction massive » de Saddam Hussein, qui a amené les Etats-Unis à envahir l’Irak en 2003 : si le souvenir des mensonges éhontés qui ont amené le monde à cautionner la première guerre du Golfe a pu contribuer à créer l’extraordinaire mouvement populaire international de dénonciation de l’illégalité et de l’illégitimité de cette seconde invasion, les médias et les opinions ne laissent pas de succomber à nouveau aux inepties américano-israéliennes à propos du dossier nucléaire iranien, ignorant complètement le fait que d’une part, l’Iran ne désire que l’usage pacifique de l’énergie nucléaire, et que d’autre part, quand bien même il désirerait des armements nucléaires offensifs, les puissances qui prétendent lui dénier ce droit sont à la fois les plus nucléarisées et les plus belliqueuses, représentent un obstacle constant à la paix dans cette région, et n’ont aucune légitimité à empêcher d’autres puissances d’acquérir ces armements dissuasifs : il est de la responsabilité des Etats de protéger leur population, et la possession de l’arme nucléaire peut sembler une solide garantie. Voir Manufacturing Consent de Noam Chomsky.
[74] Désinformation, flagrant délit, op. cit., pp. 26 et 148. Cette thèse réapparaît constamment dans l’œuvre de V.V. : dans Le Berkeley à cinq heures, il y affirmait que la France s’intéressait aux méthodes de tortures par privation sensorielle « pour le cas où, par exemple, le lumpenprolétariat immigré deviendrait un bouillon de culture terroriste. » Le Berkeley à cinq heures, op. cit., p. 58. Dans une conférence donnée à des futurs officiers en avril 2005, et intitulée « Guerre révolutionnaire en Algérie », il affirme que les méthodes contre-révolutionnaires mises en place en Algérie le seront bientôt en France même : « Le droit du sol étant ce qu’il est, les visées expansionnistes de l’islam étant ce qu’elles sont, et le pourcentage d’immigrés ayant dépassé, dans plusieurs pays d’Europe, la cote de sécurité, il n’est pas inimaginable du tout que certaines portions de territoire européen veuillent se déclarer indépendantes, avec le soutien des grandes puissances islamiques. Lorsque les forces de police qui déjà, à l’heure où je vous parle, ne pénètrent pas dans certains quartiers, se seront révélées insuffisantes pour maintenir l’intégrité du territoire national, il faudra bien, à moins d’une capitulation pure et simple, que vous interveniez, vous. » Vladimir Volkoff, op. cit., p. 335. 
[75] V.V. affirme avoir vu ce slogan en Serbie. « NATO » est le sigle anglais pour « OTAN »
[76] Evidemment, contrairement à « NATO-COLA », ce slogan ne se trouve pas sous la plume de Vladimir Volkoff. Mais il résume assez bien ce que voudrait nous faire croire V.V. (Mecca-Cola se veut l’un des équivalents arabes de Coca-Cola).
[77] Il la définit comme la « manipulation de l’opinion publique, à des fins politiques, avec une information traitée par des moyens détournés. » Ibid., p. 31.
[78] Ibid.
[79] Ibid., p. 105.
[80] Editeur et militant nationaliste.
[81] Bernard Lugan, Libre Journal, Radio Courtoisie, 22 Septembre 2005.
[82] Bernard Lugan et Vladimir Volkoff seraient prêts à risquer leur sang – à défaut de leur vie – pour défendre leur conception de l’honneur. C’est ce qu’affirme Bernard Lugan, en rapportant cette anecdote révélatrice : « Cette amitié [avec Vladimir Volkoff], je l’ai éprouvée au moins à une reprise : un duel, que je devais mener avec quelqu’un qui méritait quelques centimètres d’acier dans les parties molles du corps, et j’ai demandé à Vladimir d’être mon témoin, et Vladimir Volkoff a immédiatement accepté. A une condition : c’est que l’on se batte en duel à la russe, et que les témoins se battent également. Je dis ‘Bien volontiers, Vladimir, plus il y aura de sabres, et plus on rira.’ Il est évident qu’en face, ils se sont sauvés, on n’a vu personne, et on attend toujours… » Ibid. V.V., lui aussi, sait reconnaître le courage, même chez ses ennemis : ainsi déclare-t-il au sujet des guérilleros communistes latino-américains : « Saluons-les au passage : du moins ils se seront battus et sacrifiés. » La Bête et le venin, op. cit., p. 17. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, qu’il condamne bien évidemment, il osera faire les remarques de bon sens que personne – ou presque, Noam Chomsky et Robert Fisk l’ayant également souligné – n’a osé faire, à savoir que c’est la politique américaine qui est à l’origine de ces atrocités : « Il y a, disons, deux attitudes, l’attitude de Bush qui dit ‘C’est la lutte du bien contre le mal’, ce qui est tout de même un peu grotesque (…), tandis qu’il y a beaucoup d’Américains qui ont compris qu’on ne bouscule pas le monde entier impunément, qu’il finit tout de même par vous arriver quelquefois des bricoles si vous allez trop loin. (…) C’est David contre Goliath, et le petit David est bien obligé quelquefois de recourir à des procédés qui choquent, qui sont spectaculaires, mais qui en réalité ne sont pas plus atroces que les procédés de Goliath. » Fidèle à lui-même, V.V. souligne également : « Nos médias, qui ont tellement de sympathie pour les tueurs du FLN qui jetaient des bombes et des grenades dans des cafés et ensuite s’enfuyaient à toutes jambes, pourquoi n’éprouveraient-ils pas tout de même un peu de respect pour des gens qui vont vraiment jusqu’au bout de leurs idées, qui meurent, qui savent qu’ils vont mourir ? Je les trouve beaucoup plus respectables... » Radio Courtoisie, Libre Journal, 13/09/2001.
[83] Le Berkeley à cinq heures, p. 185.
[84] Ibid., p. 123.
[85] Vladimir Volkoff, Le Tortionnaire, p. 148. Cette erreur se retrouve dans L’Enlèvement, p. 269.
[86] Vladimir Volkoff, L’Enlèvement, Editions du Rocher, Paris, 2000. Le Président américain (directement inspiré de Bill Clinton, qui a mis en place l’intervention de l’OTAN en Serbie) y décide de faire enlever Knezevitch (directement inspiré de Milosevic, mais présenté sous les auspices les plus favorables : humaniste, croyant, adulé par son peuple, d’un caractère noble, etc.), le dirigeant du Monterosso, au prétexte de ces actions défensives contre des populations musulmanes séditieuses, mais en réalité pour s’attirer les faveurs du monde musulman. Ce roman est le pendant romanesque de la propagande abjecte contenue dans les ouvrages sur la désinformation que nous avons analysés.
[87] Ibid., pp. 273-274.
[88] « Le Coran dit : ‘Le combat vous est prescrit.’ Et Al Bokari : ‘Le paradis est à l’ombre des sabres.’ Et Al Muttaki : ‘Un jour et une nuit de combat valent mieux qu’un mois de jeûne et de prière.’ » Ibid., p. 265. Précisons que Bukhari, que V.V. fait parler de son propre chef, n’a fait que collecter et rapporter des propos attribués au Prophète ou à ses Compagnons, et que la figure d’Abu Ishaq Al-Muttaki n’a d’autorité pour aucune faction musulmane. Si ces références peuvent passer pour de l’érudition aux yeux d’ignorants, elles sont grotesques aux yeux de quiconque connaît un peu l’Islam. Pour se justifier de sa réticence à parler des Juifs, V.V. affirmait : « je déteste parler de tout ce en quoi je ne suis pas compétent. » L’exil est ma patrie, op. cit., p. 131. Pourquoi n’a-t-il pas ce même scrupule au sujet de l’Islam ? V.V., en la matière, est un profane qui n’écrit que pour des profanes, et son ignorance est aussi transparente que son mépris.
[89] Ibid, p. 311.
[90] « Dites : ‘Nous croyons en Dieu et en ce qui est descendu sur nous, en ce qui est descendu sur Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, les Tribus, et en ce qui fut donné à Moïse, à Jésus, fut donné aux Prophètes de la part de leur Seigneur. Nous ne faisons de différence entre aucun d’eux, et à Lui nous sommes soumis.’ » Coran, II, 136.
[91] « C’est pourquoi nous édictâmes, à l’intention des Fils d’Israël, que tuer une âme non coupable du meurtre d’une autre âme ou de dégât sur la terre, c’est comme d’avoir tué l’humanité entière ; et que faire vivre une âme c’est comme de faire vivre l’humanité entière. Oui, Nos Prophètes leur vinrent avec des preuves. Pourtant, malgré cela, beaucoup d’entre eux commettent l’abus. » Coran, V, 32.
[92] Ibid., p. 305.
[93] Ces terroristes, ayant attenté à la vie du Président Knezevitch, sont sur le point d’être exécutés sans interrogatoire : Lakhdar n’a donc aucun intérêt à s’attirer la bienveillance de Zulfikar, qu’il méprise ; du reste, il s’exprime en Français, langue que Zulfikar ne comprend pas, et ne désire donc qu’impressionner 2K, un officier français présent, « en assumant [s]a foi jusque dans ses bizarreries et ses ridicules apparents » (Ibid.). Ce n’est là qu’une manière, particulièrement méprisable, de suggérer que les croyances musulmanes sont insensées, car selon ce propos, les derniers des individus y pourraient accéder au Paradis.
[94] Ibid., p. 375.
[95] Voir, par exemple, le portrait d’Oussama Ben Laden brossé par Robert Fisk (qui l’a rencontré plusieurs fois) au premier chapitre de The Great War for Civilisation : The Conquest of the Middle East, ‘One of Our Brothers Had a Dream…’, Vintage Books, New York, 2005, pp. 3-34.
[96] Dans The Searchers, western de John Ford, John Wayne mutile le cadavre d’un Cheyenne en lui crevant les yeux, affirmant que selon leur croyance, cela les empêchera de trouver le repos éternel.
[97] Vladimir Volkoff, Le Complot, Editions du Rocher, Paris, 2003, p. 37.
[98] Malgré son inélégance manifeste, cette formule éloquente exprime l’idée induite par la notion de self-fulfilling prophecies, ou « prophéties auto-réalisatrices ».
[99] A son échelle, Vladimir Volkoff entreprend, par exemple, la même chose que les Etats-Unis désiraient en Irak après leur enlisement consécutif à l’invasion de 2003, lorsqu’ils commencèrent à évoquer le spectre de la guerre civile. L’éminent spécialiste du Moyen-Orient, Robert Fisk (auteur de Pity the Nation : Lebanon at War et The Great War for Civilization : The Conquest of the Middle East), résumait ce propos ainsi, dans une conférence donnée avec Noam Chomsky (Conflict in the Middle East) : en parlant de guerre civile à propos de la société irakienne, alors que celle-ci n’a jamais été une société sectaire, ils espéraient amener les sunnites et les chi’ites à s’affronter afin de prévenir tout redressement de l’Irak. Et de fait, nous avons une situation de guerre civile aujourd’hui.
[100] « Et si on s’en moquait, du tollé, comme les Israéliens en Palestine, Thatcher aux Malouines et Reagan à Grenade ? » Le Bouclage, Editions de Fallois, L’Age d’Homme, Lausanne, 1990, p. 117. « [L]e véritable ennemi du policier n’est plus le voyou ni l’avocat du voyou mais le juge d’instruction ». Ibid., pp. 197-199.
[101] En note de bas de page, à propos d’une statistique inquiétante selon laquelle « les agressions de femmes seules sur la voie publique ont augmenté de 607 % en un an », l’auteur précise : « Pour demeurer dans une stricte vraisemblance, la plupart des statistiques attribuées à l’Agglomération ont été empruntées à la région parisienne. V.V. » C’est notamment pour des nécessités romanesques que V.V. situe assez explicitement cette intrigue en Espagne, où le spectre du pouvoir absolu de Franco ajoute un ressort supplémentaire à l’intrigue lorsque certaines évoquent, au sujet du bouclage, des craintes de coup d’Etat fasciste. Le critère idéologique joue également, car cette manière détournée d’évoquer la situation de la France peut être une stratégie argumentative.
[102] Il le fait en flattant les pulsions les plus basses que sont le voyeurisme et le sensationnalisme, qui font de nos jours le succès d’émissions et de revues sordides : comme nous l’avons vu, les conceptions aristocratiques de V.V. s’effacent prestement devant ses combats idéologiques, qu’il mène sans la moindre décence. Nous ne nions pas qu’il existe, dans nos sociétés, de véritables barbares ; mais au-delà du fait que V.V. réunit dans un périmètre réduit une variété invraisemblable de criminels, nous dénonçons l’emploi d’un ressort si peu noble dans un ouvrage qui se veut littéraire (mutilations infâmes, mœurs sexuelles sataniques, etc.). Ces thématiques, qui du reste peuvent être évoquées avec talent par de véritables écrivains (Cf. Les Diaboliques de Barbey d’Aurevilly, ou la prose célinienne), constituent hélas, à notre époque, un procédé grossier et vulgaire destiné à attirer un public manufacturé à l’avenant, en arborant de manière éhontée les bannières de l’art. Du reste, Chateaubriand, aristocrate plus respectable, déclarait dans la Préface d’Atala : « Peignons la nature, mais la belle nature : l'art ne doit pas s'occuper de l'imitation des monstres. » Chateaubriand, Atala - René, Pocket, 1999, Préface de la première édition, p. 143.
[103] L’opération est, rétroactivement, baptisée P.U.R.G.E.
[104] p. 584.
[105] V.V., par l’intermédiaire de Paula Abad, nous exprimait ses idées à ce sujet. Il considère les habitants des banlieues en situation difficile comme des « victimes d’eux-mêmes, en fin de compte, car d’autres, ayant traversé les mêmes épreuves, en étaient ressortis sans léser autrui » (p. 439.) : évidemment, un homme aussi distant des problèmes du peuple que l’est V.V. ne peut qu’exprimer ces sophismes pseudo-aristocratiques, étendant à autrui les exigences qu’un aristocrate authentique ne s’imposerait qu’à lui-même, et concluant que si des individus, par une chance ou des talents supérieurs, ont pu s’en sortir, on est en mesure d’exiger de tous le même succès. Triste conception minimaliste, qui se satisfait non pas de la probabilité du succès pour les populations défavorisées, mais de sa simple possibilité, et ce aux antipodes de la notion d’ « égalité des chances » – alors même que l’une des citations liminaires de Pourquoi je serais plutôt aristocrate, de John Ford, était : « La démocratie dont je suis partisan, c’est celle qui donne à tous les mêmes chances de réussite, selon la capacité de chacun. Celle que je repousse, c’est celle qui prétend remettre au nombre l’autorité qui appartient au mérite. » Ibid., p. 7. Nous précisons que nous nous gardons bien d’attribuer à V.V. toute idée exprimée par un de ses personnages : mais nous estimons avoir une connaissance suffisante de l’individu et de ses principes pour pouvoir lui en attribuer certaines sans le moindre doute.
[106] La comparaison a ses limites, car Nicolo Grosso citait Démosthène, Euripide et les Gracques, alors que notre barbare inculte, incapable de s’exprimer en bon français (même lorsqu’il lit ses discours, qui, nous le présumons, sont composés par des gens plus lettrés), ne peut se réclamer que des Bigard et des Doc Gynéco. Quant à la nature des opérations répressives mises en place, elles se valent : que dire en effet de descentes de police musclées réalisées à six heures du matin, sous l’œil des caméras, pour arrêter des suspects dont la plupart seront ensuite relâchés fautes de motifs d’inculpation ? De telles opérations sont menées contre des sans-papiers présumés, mais le furent également à l’occasion des émeutes de Villiers-le-Bel de 2007 (où les forces de l’ordre ont fait l’objet de tirs de grenaille), consécutives à la mort de deux adolescents, tués par une voiture de police dont les occupants prirent la fuite avant même l’arrivée des secours, se rendant coupables de non-assistance à personnes en danger : une descente de police fut ensuite réalisée contre plusieurs résidents, dont le foyer d’un des deux jeunes tués. Rappelons que Churchill disait que dans une démocratie, seul un livreur de lait peut frapper à notre porte à l’aurore...
[107] Tribunal à l’équité hautement douteuse, comme l’évoque allusivement V.V. dans La Trinité du Mal (ce qui ne l’empêche pas de louer son « injustice cautérisante » Ibid., p. 94.), et comme l’a démontré Noam Chomsky : en effet, n’y étaient considérés comme « crimes de guerre » que les crimes commis par les seuls nazis. Les bombardements massifs de populations civiles, notamment à Dresde, Hiroshima et Nagasaki, crimes de guerre si jamais il en fut, ne furent aucunement dénoncés. Dans La Bête et le venin, V.V. rectifiait le tir : « les procès de Nuremberg, faits par des vainqueurs à des vaincus, au mépris des conventions internationales et au nom d’une législation inventée a posteriori constituent un déni de justice. ». La Bête et le venin, op. cit., p. 155.
[108] La Trinité du mal, ou réquisitoire pour servir au procès posthume de Lénine, Trotsky, Staline, Editions de Fallois, L’Age d’Homme, Lausanne, 1998, p. 7.
[109] A la faveur d’un aperçu historique éminemment partial, V.V. nous démontre, dirions-nous de manière à peine abusive, que sous le règne de Nicolas, la Russie était la plus heureuse des nations, que les libertés et la justice, régnaient, etc.
[110]Ibid., p. 12.
[111] Cf. Noam Chomsky, What Uncle Sam Really Wants, ‘Teaching Nicaragua a Lesson’, Odonian Press, Berkeley, 1995, pp. 40-46. V.V. attribue également au communisme les victimes de la guerre d’indépendance angolaise (contre le Portugal puis contre l’Afrique du Sud et les forces qui la soutenaient), alors même que les socialistes menés par Agostinho Neto luttaient (avec l’aide internationaliste de Cuba) pour leur indépendance, et que les Etats-Unis et le régime raciste d’Afrique du Sud voulaient les soumettre. De même, dans La Bête et le venin, V.V. attribue au communisme les morts causées par le régime Khmer au Cambodge (soutenu par la politique américaine génocidaire, qui désirait miner le recouvrement du Vietnam), sans considérer que c’est bien la République socialiste du Vietnam qui, en 1979, y a mis fin, ce même Vietnam contre lequel étaient ignoblement intervenus les Etats-Unis, avec les encouragements enthousiastes de Volkoff. Sur ce sujet, voir Noam Chomsky, ‘Inoculating Southeast Asia’, Ibid., pp. 58-60.
[112] « J’ai posé leurs trois portraits devant moi ; je veux me pénétrer du maléfice de leurs visages. » La Trinité du mal, op. cit., p. 14.
[113] Ibid., p. 52.
[114] Précisons tout de même qu’il le combattait déjà avant la disparition de l’URSS, notamment avec la publication du roman LeMontage, qui lui a valu maintes attaques. Il ne s’agit pas tant d’un sursaut de la « treizième heure », à l’image des « poules » qui, à la Libération, furent les plus prompts dans leurs condamnations des collaborateurs et les plus impitoyables dans leur châtiment, mais d’une marque de vanité, d’un désir de s’approprier une victoire qu’il estime comme la sienne. Cette hypothèse est manifeste lorsque, dans La Bête et le Venin ou la fin du communisme, V.V. rappelle subtilement sa préséance : « M. Landsbergis, Président de la République de Lithuanie, a réclamé « un procès de Nuremberg du communisme ». Ne lui disputons pas la paternité de cette idée… » (La Bête et le Venin, op. cit., p. 154). V.V. n’a pas l’ « âme généreuse » de Langelot, pour qui « la victoire a toujours un goût amer ». (Après le combat épique contre M. Huc : « L’excitation du combat était retombée et, pour les âmes généreuses, la victoire a toujours un goût légèrement amer. » Langelot et le satellite, p. 203).
[115] Jusqu’aux perversions proprement impérialistes, comme la torture couramment employée par les services spéciaux, notamment en Algérie : « car c’est contre une conspiration communiste que, à tort ou pas tout à fait, l’armée croyait s’y battre » La Bête et le venin, op. cit., p. 21. Ainsi les victimes elles-mêmes deviennent-elles coupables, au mieux complices : qu’on s’imagine l’indignation que susciterait un individu qui exempterait les nazis de leurs crimes au prétexte qu’ils pensaient lutter contre une conspiration sémite… Ce rapprochement n’est pas arbitraire, V.V. s’échinant, à travers ses ouvrages, à présenter le communisme comme une idéologie d’extrême droite : « Les Protocoles des sages de Sion, Mein Kampf et Votre bel aujourd’hui ? Pardon, j’ai tort de mettre Maurras dans cette équipe : un vrai monarchiste ne peut pas être un fasciste. Tiens, je vais t’apprendre quelque chose : c’est mon Directorat qui a eu l’idée géniale d’assimiler le fascisme à une tendance de droite, alors qu’en réalité il est plutôt plus à gauche que nous. » Aleksandre Psar, dans Le Montage, op. cit., p. 153.
[116] Ibid., p. 55.
[117] Ses principales sources sont Wolfe, Fischer et Valentinov. Elles sont tellement hétéroclites, qu’il orthographie, dans ses références directes, tantôt « Lénine », tantôt « Lenin ». N’ayant, apparemment, jamais lu aucun ouvrage de Lénine ou de Trotsky, ni même de Marx, il ne laisse pas d’affirmer : « je ne pense pas que Lénine ait réellement été marxiste. » Ibid., p. 56.
[118] Ibid., p. 95.
[119] La Bête et le venin, op. cit., p. 9. V.V. ne laisse pas de préciser, avec la pompe qui le caractérise : « cela fait aussi le nombre correspondant d’orphelins, d’enfants posthumes, de mères accablées, d’amours brisées, et de vies marquées au poinçon du désespoir, les survivants étant plus à plaindre que les morts. » V.V. est complètement hermétique et étranger à la notion d’objectivité.
[120] Ibid., p. 10.
[121] V.V. ne la nie nullement, nous l’avons vu. Cf. « nous n’étions pas très forts en humilité, mais je crois que nous étions assez forts sur le sacrifice. » L’exil est ma patrie, op. cit., p. 105. Nous ne reviendrons pas sur la conception qu’a V.V. de l’aristocratie, conception qui l’amène à avoir autant de mépris à l’égard de la vie d’autrui qu’à l’égard de la sienne propre – en théorie, car en pratique, il aime sa vie et méprise celle des autres.
[122] La Bête et le venin, op. cit., p. 10. Peut-être pourrions-nous voir, dans ces propos pour le moins incongrus à la fin du XXe siècle, un autre stigmate de cette désuétude volkovienne que nous avons évoquée, cet atavisme suranné qui l’amène à considérer qu’on peut encore, de nos jours, composer un poème après une tragédie, comme Voltaire et son Poème sur le désastre de Lisbonne ; mais ce n’est pas là un argument déterminant, d’autant plus que V.V. n’est qu’un thuriféraire de McCarthy & Reagan, et considère que Franco a mené une « guerre héroïque » (Autobiographie, in Lydwine Helly, op. cit., p. 27.) contre les communistes...
[123] Cité par Arnaud Laster, Pleins feux sur Victor Hugo, Comédie-Française, Paris, 1981, p. 93.
[124] Cette association d’extrême droite, nationaliste et colonialiste, décerne chaque année ce prix à « une personnalité qui a, par ses écrits ou par ses actes, apporté une contribution exemplaire à la désinformation en matière scientifique ou historique, avec des méthodes et arguments idéologiques. » Parmi les lauréats, citons Olivier Le Cour Grandmaison pour son œuvre Coloniser, exterminer : Sur la guerre et l’État colonial (2005), et Pierre Bourdieu pour l’ensemble de son œuvre (1998).

Discours du Prophète (saas) sur le mois béni de Ramadan / Invocations

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Discours de Sayed Hasan Nasrallah à propos du discours du Prophète (saas) sur les faveurs du mois de Ramadan (sous-titré en français) : https://www.youtube.com/watch?v=6bVCbmro79M (partie 1), https://www.youtube.com/watch?v=muDjxCI1Lxo (partie 2), https://www.youtube.com/watch?v=dziVAu1lSA0 (partie 3) et https://www.youtube.com/watch?v=ngFYHqPoOIA (partie 4)



L'Imam Reda (ع
), citant la chaîne de transmission de sa lignée paternelle, rapporte de l'Imam Ali ( ع) : « Un jour, le Prophète (ص) nous a tenu les propos suivants :


 
« O gens ! Le mois de Dieu est arrivé à vous avec la Bénédiction, la Miséricorde et le Pardon. C'est le meilleur des mois pour Dieu, ses jours sont les meilleurs des jours, ses nuits les meilleures des nuits, ses heures les meilleures des heures.
 
C'est un mois durant lequel vous êtes invités à être les hôtes de Dieu et vous êtes placés au rang des gens honorés.
 
Pendant ce mois, votre souffle est glorification, votre sommeil adoration ; vos [bonnes] actions sont acceptées et vos implorations exaucées.
 
Alors, demandez à Dieu, votre Seigneur, avec une intention sincère et un cœur pur, de vous faire réussir le jeûne et la lecture de Son Livre, car misérable est celui qui se trouve privé du Pardon de Dieu pendant ce mois grandiose.
 
Rappelez-vous, en ayant faim et soif, la faim et la soif du Jour du Jugement. Faites l'aumône à vos pauvres et à vos indigents. Respectez vos personnes âgées et soyez miséricordieux envers vos jeunes.
 
Renouez vos liens de parenté, faites attention à votre langue, détournez votre regard devant l'illicite et n'écoutez pas ce qui vous est interdit.
 
Attendrissez-vous sur les orphelins des autres, on s'attendrira sur les vôtres.
 
Repentez-vous de vos péchés auprès de Dieu et levez vos bras pour L'implorer aux heures de vos prières, car ce sont les meilleures heures pendant lesquelles Dieu, Tout-Puissant, regarde Ses serviteurs avec Miséricorde. Il leur répond s'ils s'entretiennent avec Lui, Il leur donne satisfaction s'ils L'interpellent, Il les exauce s'ils L'invoquent.
 
O gens ! Vos âmes sont prisonnières de vos actes, libérez-les en demandant pardon ! Vos dos sont alourdis par vos fardeaux, soulagez-les en prolongeant votre prosternation. Sachez que Dieu a juré, par Sa Puissance, de ne pas torturer ceux qui prient et ceux qui se prosternent, de ne pas les effrayer par le feu [de l'Enfer] le Jour où les gens se lèveront pour le Seigneur des mondes.
 
O gens! Celui d'entre vous qui, pendant ce mois, offre le repas de la rupture du jeûne à un jeûneur croyant, aura auprès de Dieu [la récompense de] la libération d'un esclave et le pardon de ses péchés passés.
 
Quelqu'un dit : « O Messager de Dieu ! Nous n'avons pas tous, les moyens de le faire. » Alors il (ص) répondit: « Evitez le feu [de l'Enfer], ne serait-ce qu'avec la moitié d'une datte ! Evitez le feu [de l'Enfer], ne serait-ce qu'avec une gorgée d'eau ! Car Dieu offre cette récompense même à celui qui utilise cette facilité quand il n'a pas les moyens de faire plus.
 
O gens ! Pendant ce mois, celui d'entre vous qui améliore son caractère aura droit au passage sur la Voie droite le jour où les pieds trébucheront ; celui qui soulage ses domestiques, Dieu lui atténuera son compte [son jugement] ; celui qui s'empêche [de faire du] mal, Dieu le dispensera de Sa Colère le jour où il Le rencontrera ; celui qui honore un orphelin, Dieu l'honorera le jour où il Le rencontrera ; celui qui renoue ses liens de parenté, Dieu se rapprochera de lui avec Miséricorde le jour où il Le rencontrera ; celui qui coupera ses liens de parenté, Dieu le privera de sa Miséricorde le jour où il Le rencontrera ; celui qui fait bénévolement une prière, Dieu lui inscrit l'acquittement de l'Enfer ; celui qui accomplit une obligation, aura une récompense équivalente à celle de quelqu'un qui aurait accompli soixante-dix obligations pendant les autres mois ; celui qui prie beaucoup sur moi [le Prophète (ص)], Dieu chargera sa balance [de bonnes actions], le jour où les balances s'allègeront ; celui qui récite un verset coranique, aura la récompense de celui qui aurait achevé la lecture de tout le Coran pendant les autres mois.
 
O gens ! Les portes du Paradis sont ouvertes pendant ce mois, demandez à votre Seigneur qu'elles ne soient pas fermées pour vous. De même, les portes de l'Enfer sont fermées, aussi, demandez à votre Seigneur qu'elles ne soient pas ouvertes pour vous. De plus, les démons sont enchaînés, demandez à votre Seigneur qu'ils n'aient pas de prise sur vous. »
 
L'Imam Ali dit: « Je me suis levé et j'ai dit : « O Messager de Dieu ! Quelle est la meilleure chose à faire pendant ce mois ? »

Le Prophète répondit : « O Abou-l-Hassan, la meilleure chose à faire durant ce mois, est de s'abstenir de tout ce que Dieu a interdit. » »


L'Imam al-Sadeq (as) a dit :

« Celui qui n’est pas pardonné durant le mois de Ramadan, ne sera pas pardonné jusqu’au prochain mois de Ramadan sauf s’il se présente sur la place d’Arafat (à la Mecque) » 

« Si tu jeûnes, tes oreilles, tes yeux, tes cheveux,ta peau, l'ensemble de tes organes doivent jeûner [s'abstenir] non seulement de ce qui est interdit mais aussi de ce qui est détestable. »
« Le jour durant lequel tu jeûnes ne doit pas être semblable aux jours où tu ne jeûnes pas. »
« Le jeune ne consiste pas seulement à [s'abstenir] de manger et de boire, mais si vous jeûnez, empêchez votre langue de mentir, détourner vos yeux de ce que Dieu a interdit, ne vous disputez pas, ne vous jalousez pas, ne médisez pas (entre vous), ne menez pas de vaines discussions pour vous faire voir, ne vous disputez pas (en faux ou pour le vrai), ne vous insultez pas, ne dîtes pas de mots grossiers, ne soyez pas injustes entre-vous, ne vous comportez pas de façon insensée, ne vous ennuyez pas, ne négligez pas le souvenir de Dieu, la prière. Obligez-vous au silence et au mutisme, à la patience et à la sincérité. Évitez la compagnie des mauvaises gens, les assertions fausses et les mensonges, les inventions et les disputes, les mauvaises opinions, la médisance et la calomnie. Soyez attentifs à l'au delà, dans l'attente de vos jours (l'apparition de l'Imam al-Mahdi - as) et de ce que Dieu a promis, faisant vos provisions pour la rencontre avec Dieu.Vous devez être calmes et pleins de dignité, humbles et soumis, de l'humilité des serviteurs effrayés devant leur maître, emplis de peur et d'espoir.
Pour cela, ô jeûneur, purifie ton coeur des défauts, assainis ton intérieur des impuretés, nettoie ton coeur des souillures : innocente-toi devant Dieu de tout autre que Lui, obéis-Lui loyalement, abstiens-toi devant ce que Dieu t'a interdit, secrètement ou ouvertement, crains Dieu à Sa juste mesure dans ton for intérieur et ouvertement, offre-toi à Dieu pendant les jours de ton jeûne, vide ton coeur pour lui, consacre-toi à lui dans ce qu'Il t'a ordonné et à ce à quoi il t'a appelé.
Si tu fais tout cela alors tu es un jeûneur pour Dieu en jeûnant son véritable jeûne et accomplissant ce qu’Il t’a ordonné. Et chaque fois que tu ene fais pas quelque chose de ce qui t'a été indiqué, ton jeûne s’en trouve diminué d'autant. » 
Le Messager de Dieu (saas) entendit une femme insulter une de ses servantes alors qu'elle jeûnait. Il lui présenta de la nourriture. Elle lui répondit : "Je jeûne, ô Messager de Dieu !". Il lui dit : "Comment jeûnes-tu et tu insultes ta servante ?! Le jeûne n'est pas seulement se retenir de manger et de boire. Mais Dieu l'a aussi placé comme un voile contre tout acte et parole détestables. Peu de gens jeûnent vraiment, mais beaucoup ont faim. !".

Ali ibn Abi Taleb (as) a dit : "Combien de jeûneurs n'ont de leur jeûne que la soif ! Combien de gens qui prient n'ont de leurs prières que la fatigue ! Combien est aimable le sommeil des clairvoyants lucides et leur rupture de jeûne !"


INVOCATIONS POUR LE MOIS DE RAMADAN

(Télécharger ici une récitation de l'invocation de l'Ouverture)



Invocations à lire chaque jour du mois de Ramadhan

Cette invocation était lue par le Prophète (saas) tous les jours du mois de Ramadan, après chaque prière obligatoire.

O Allah, fais entrer la joie chez ceux qui reposent dans les tombes ;

اَللّـهُمَّ اَدْخِلْ عَلى اَهْلِ الْقُبُورِ السُّرُورَ

Allâhumma adkhil 'alâ ahl-il-qobûr-as-sorûra,



O Allah, enrichis tous les pauvres ;

اَللّـهُمَّ اَغْنِ كُلَّ فَقير

Allâhumma aghni kolla kolla faqîr-in,



O Allah, rassasie tous les affamés ;

َللّـهُمَّ اَشْبِعْ كُلَّ جائِع

Allâhumma achbi' kolla jâ'i'in,



O Allah, habille tous ceux qui sont dévêtus ;

اَللّـهُمَّ اكْسُ كُلَّ عُرْيان،

Allâhumma-ksu kolla 'aryân-in,



O Allah, aide règle la dette de tous les endettés ;

اَللّـهُمَّ اقْضِ دَيْنَ كُلِّ مَدين

Allâhumma-qdhi dayna kolli madîn-in,



O Allah, soulage la souffrance de tous ceux qui sont dans la détresse ;

، اَللّـهُمَّ فَرِّجْ عَنْ كُلِّ مَكْرُوب،

Allâhumma farrij 'an kolli makrûb-in,



O Allah, aide tous les gens exilés à retourner chez eux ;

اَللّـهُمَّ رُدَّ كُلَّ غَريب،

Allâhumma rodda kolla gharîb-in,



O Allah, libère tous les prisonniers ;

اَللّـهُمَّ فُكَّ كُلَّ اَسير،

Allâhumma fukka kolla asîr-in,



O Allah, réforme tout ce qui est corrompu dans les affaires des Musulmans ;

اَللّـهُمَّ اَصْلِحْ كُلَّ فاسِد مِنْ اُمُورِ الْمُسْلِمينَ

Allâhumma açlih kolla fâsidin min omûr-il-moslimîn-a,



O Allah, guéris tous les malades ;

، اَللّـهُمَّ اشْفِ كُلَّ مَريض،

Allâhumma-chfi kolla marîdh-in,



O Allah, colmate notre pauvreté avec Ta Richesse;

اللّهُمَّ سُدَّ فَقْرَنا بِغِناكَ،

Allâhumma sudda faqrinâ bi-ghinâk-a,



O Allah, change notre difficile situation par l'Excellence de Ton Etat.

اَللّـهُمَّ غَيِّر سُوءَ حالِنا بِحُسْنِ حالِكَ،

Allâhumma ghayyir sû'a hâlinâ bi-husni Hâlika,



O Allah, aide-nous à payer nos dettes et libère-nous de la pauvreté.

اَللّـهُمَّ اقْضِ عَنَّا الدَّيْنَ وَاَغْنِنا مِنَ الْفَقْرِ،

Allâhumma-qdhi 'anna-d-dayna, wa aghninâ min-al-faqri,



Certes, Tu es capable de toutes choses.

اِنَّكَ عَلى كُلِّ شَيء قَديرٌ.

Innaka 'alâ kolli chay'in qadîr-on

Une autre invocation

O le Très-Haut, O le Grand, O le Pardonneur, O le Miséricordieux, Tu es le Seigneur le plus Grand, Celui à Qui rien ne peut ressembler, et Qui est Tout-Entendant, Tout-Voyant. Ce mois est le mois que Tu as honoré, exalté, glorifié, et placé au-dessus des autres mois. C'est le mois dans lequel Tu as prescrit le jeûne pour moi. C'est le mois de Ramadan, dans lequel Tu as fait descendre le Coran, comme guide pour les gens, et comme signes clairs de guidance et de ligne de démarcation (entre le bien et le mal), et Tu as placé la Nuit du Destin que Tu as rendue meilleure que mille mois. O Toi Qui combles de faveurs (les autres) sans que personne puisse T'en combler, place-moi parmi ceux auxquels Tu as accordé Tes faveurs en les sauvant de l'Enfer. Admets-moi au paradis par Ta Miséricorde, ô plus Miséricordieux des miséricordieux.

Yâ 'Aliyyo yâ 'Adhîm-o, yâ Ghafûro yâ Rahîm-o, Anta-r-Rabb-ol-'Adhîmo, Al-lathî laysa kamith-lihi chay'-on wa-Huwa-s-Samî'-ol-Baçîr-o. Wa hâthâ chahrun Charraftaho wa 'adh-dhamtaho wa karramtaho wa fadh-dhaltaho 'alâ-ch-chohûr, wa-huwa-ch-chahr-ul-lathî faradh-ta çiyâmaho 'alayya, wa-huwa chahru Ramadhân al-lathî anzalta fihî-l-Qor'âna Hudan li-n-nâsi wa bayyinâtin min-al-hudâ wa-l-forqân, wa ja'alta fîhi Laylat-al-Qadri, wa ja'altahâ khayran min alfi chahr-in. Fa-yâ Tha-l-Manni wa lâ yomanno 'alayka, monna 'alayya bi-fikâki raqabati min-an-nâr, fîman tamonno 'alayhi, wa adkhilnî-l-jannata, bi-Rahmatika yâ Arham-ar-Râhimîn

يا عَلِيُّ يا عَظيمُ، يا غَفُورُ يا رَحيمُ، اَنْتَ الرَّبُّ الْعَظيمُ الَّذي لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَيءٌ وَهُوَ السَّميعُ الْبَصيرُ، وَهذا شَهْرٌ عَظَّمْتَهُ وَكَرَّمْتَهْ، وَشَرَّفْتَهُ وَفَضَّلْتَهُ عَلَى الشُّهُورِ، وَهُوَ الشَّهْرُ الَّذي فَرَضْتَ صِيامَهُ عَلَيَّ، وَهُوَ شَهْرُ رَمَضانَ، الَّذي اَنْزَلْتَ فيهِ الْقُرْآنَ، هُدىً لِلنّاسِ وَبَيِّنات مِنَ الْهُدى وَالْفُرْقانَ، وَجَعَلْتَ فيهِ لَيْلَةَ الْقَدْرِ، وَجَعَلْتَها خَيْراً مِنْ اَلْفِ شَهْر، فَيا ذَا الْمَنِّ وَلا يُمَنُّ عَلَيْكَ، مُنَّ عَلَيَّ بِفَكاكِ رَقَبَتي مِنَ النّارِ فيمَنْ تَمُنَّ عَلَيْهِ، وَاَدْخِلْنِى الْجَنَّةَ بِرَحْمَتِكَ يا اَرْحَمَ الرّاحِمينَ

INVOCATIONS A LIRE AU MOMENT DE LA RUPTURE DU JEÛNE

اَللّـهُمَّ لَكَ صُمْتُ، وَعَلى رِزْقِكَ اَفْطَرْتُ، وَعَلَيْكَ تَوَكَّلْتُ، اَللّـهُمَّ رَبَّ النّورِ الْعَظيم
Allahumma laka sumtu wa a'iâ rizqika a'ftartu wa a'layka tawak-kaltu. Allahumma rabban-nûril-a'zhîmi.
Mon Dieu! Pour Toi j'ai jeûné, avec Ta nourriture j'ai rompu le jeûne et c'est sur Toi que j'ai compté! Notre Dieu, Seigneur de la lumière grandiose!

بِسْمِ اللهِ اَللّـهُمَّ لَكَ صُمْنا وَعَلى رِزْقِكَ اَفْطَرْنا فَتَقَبَّلْ مِنّا اِنَّكَ اَنْتَ السَّميعُ الْعَليمُ
Bismillahi. Allahumma laka sumnâ wa a'lâ rizqika a'ftamâ fata-qabbal minnâ i'nnaka a'ntas-samîu'l-a'lîmu
Au nom de Dieu, Notre Dieu! Nous avons jeûné pour Toi, avec Ta nourriture nous avons rompu le jeûne. Alors accepte de nous car Tu es celui qui entend et qui sait.


Les invocations à lire toutes les nuits du mois de Ramadan

1 - Mon Dieu! Seigneur de ce mois de Ramadan durant lequel Tu as descendu le Coran et Tu as rendu le jeûne obligatoire pour Tes sujets, Prie sur Mohammed et la famille de Mohammed! Accorde-moi de visiter Ta Maison Sacrée, cette année et tous les ans et pardonne-moi ces péchés majeurs car nul autre que Toi ne les pardonne! O le Tout Miséricordieux, le Tout Savant!

اَللّـهُمَّ رَبَّ شَهْرِ رَمَضانَ الَّذي اَنْزَلْتَ فيهِ الْقُرْآنَ، وَافْتَرَضْتَ على عِبادِكَ فيهِ الصِّيامَ، صَلِّ عَلى مُحَمَّد وَآلِ مُحَمَّد، وَارْزُقْني حَجَّ بَيْتِكَ الْحَرامِ في عامي هذا وَفي كُلِّ عام، وَاغْفِرْ لي تِلْكَ الذُّنُوبَ الْعِظامَ، فَاِنَّهُ لا يَغْفِرُها غَيْرُكَ يا رَحْمنُ يا عَلاّمُ .

2 - Mon Dieu! Introduis-nous parmi les Vertueux! Elève-nous au rang des 'Iliyyîne! Abreuve-nous à une coupe remplie d'un breuvage limpide de la source de Salsabîl! Marie-nous avec des Hûri aux grands yeux, par Ta Miséricorde! Fais-nous servir par des jeunes gens éternels, semblables à des perles cachées! Nourris-nous de fruits du Paradis et de chair d'oiseaux! Revêts-nous d'habits légers de soie et de brocard! Assure-nous la réussite de la nuit du Destin, de la visite de la Maison Sacrée, de la tombée en martyr sur Ta Voie! Réponds à nos requêtes et à nos demandes! Fais-nous Miséricorde quand Tu rassembleras les premiers et les derniers, le Jour du Jugement Dernier! Inscris-nous l'exemption du feu [de l'Enfer]! Ne nous enferme pas dans l'Enfer! Ne nous inflige pas Tes châtiments et Tes opprobres! Ne nous nourris pas de l'arbre de Zaqqûm ni de la plante de Darîi' ! Ne nous place pas avec les démons! Ne jette pas de feu sur nos visages! Ne nous revêts pas d'habits de feu ni de tuniques de goudron! Et délivre-nous, ô pas de dieu autre que Toi, de tout mal, au nom de « pas de dieu autre que Toi »!


اَللّـهُمَّ بِرَحْمَتِكَ فِي الصّالِحينَ فَاَدْخِلْنا، وَفي عِلِّيّينَ فَارْفَعْنا، وِبَكَأس مِنْ مَعين مِنْ عَيْن سَلْسَبيل فاسْقِنا، وَمِنَ الْحُورِ الْعينِ بِرَحْمَتِكَ فَزَوِّجْنا، وَمِنَ الْوِلْدانِ الُْمخَلَّدينَ كَاَنَّهُمْ لُؤْلُؤٌ مَكْنُونٌ فَاَخْدِمْنا، وَمِنْ ثِمارِ الْجَنَّةِ وَلُحُومِ الطَّيْرِ فَاَطْعِمْنا، وِمِنْ ثِيابِ السُّنْدُسِ وَالْحَريرِ وَالاِسْتَبْرَقِ فَاَلْبِسْنا، وَلَيْلَةَ الْقَدْرِ وَحَجَّ بَيْتِكَ الْحرامِ، وَقَتْلاً في سَبيلِكَ فَوفِّقْ لَنا، وَصالِحَ الدُّعاءِ وَالْمَسْأَلةِ فاسْتَجِبْ لَنا، وَاِذا جَمَعْتَ الاَوَّلينَ وَالاخِرينَ يَوْمَ الْقِيامَةِ فاَرْحَمْنا وَبَراءَةً مِنَ النّارِ فَاكْتُبْ لَنا، وَفي جَهَنَّمَ فَلا تَغُلَّنا، وَفي عَذابِكَ وَهَوانِكَ فَلا تَبْتَلِنا، وَمِنَ الزَّقُّومِ وَالضَّريعِ فَلا تُطْعِمْنا، وَمَعَ الشَّياطينِ فَلا تَجْعَلْنَا، وَفِي النّارِ عَلى وُجُوهِنا فَلا تَكْبُبْنا، وَمِنْ ثِيابِ النّارِ وَسَرابيلِ الْقَطِرانِ فَلا تُلْبِسْنا، وَمِنْ كُلِّ سُوء يا لا اَله إلاّ اَنْتَ بِحَقِّ لا اِلـهَ إلاّ اَنْتَ فَنَجِّنا .

3 - Mon Dieu! Je Te demande de faire en sorte, dans ce que Tu arrêtes et décrètes en ordre irrévocable dans l'ordre sage de la prédestination qui ne s'annule ni ne change, de m'inscrire parmi ceux qui visitent Ta Maison Sacrée dont le hajj est loué, le sai'î gratifié, les péchés pardonnes et les mauvaises actions expiées; de faire en sorte, dans ce que Tu arrêtes et décrètes, de prolonger ma vie en bien (dans Ton obéissance) et en [bonne] santé, d'augmenter mes ressources, de faire de moi une personne par qui Tu remportes la victoire pour Ta religion et de ne pas me remplacer (par quelqu'un d'autre)!

اَللّـهُمَّ اِنّي اَسْاَلُكَ اَنْ تَجْعَلَ فيـما تَقْضي وَتُقَدِّرُ مِنَ الاَمْرِ الَْمحْتُومِ فِى الاَمْرِ الْحَكيمِ، مِنَ الْقَضاءِ الَّذي لا يُرَدُّ وَلا يُبَدَّلُ اَنْ تَكْتُبَني مِنْ حُجّاجِ بَيْتِكَ الْحَرامِ، الْمَبْرُورِ حَجُّهُمْ، الْمَشْكُورِ سَعْيُهُمْ ،الْمَغْفُورِ ذُنُوبُهُمْ، اَلْمُكَفَّرِ عَنْ سَيِّئاتِهِمْ، وَأنْ تَجْعَلَ فيـما تَقْضي وَتُقَدِّرُ، اَنْ تُطيلَ عُمْري في خَيْر وَعافِيَة، وَتُوَسِّعَ في رِزْقي، َوَتَجْعَلَني مِمَّنْ تَنْتصِرُ بِهِ لِدينِكَ وَلا تَسْتَبْدِلْ بي غَيْري

4 - Que la Majesté de Ton Noble Visage me préserve d'avoir [encore] une dette à Ton égard ou un péché pour lequel Tu me châtieras quand se terminera ce mois de Ramadan, ou que se lèvera l'aube de cette nuit-ci!

اَعُوذُ بِجَلالِ وَجْهِكَ الْكَريمِ اَنْ يَنْقَضِيَ عَنّي شَهْرُ رَمَضانَ، اَوْ يَطْلُعَ الْفَجْرُ مِنْ لَيْلَتي هذِهِ، وَلَكَ قِبَلي تَبِعَةٌ اَوْ ذَنْبٌ تُعَذِّبُني عَلَيْهِ

5 - Mon Dieu! Les mendiants se sont arrêtés à Ta porte, les pauvres ont cherché refuge auprès de Toi, et le bateau des indigents s'est amarré au bord de la mer de Ta Largesse et de Ta Générosité, espérant l'accès à l'esplanade de Ta Miséricorde et de Ta Bonté. Mon Dieu! Si Tu ne fais Miséricorde, en ce noble mois, qu'à ceux qui T'ont été sincères dans leur jeûne et dans l'accomplissement [de leurs actes], qui [le fera] au pécheur négligent alors qu' il se noie dans la mer de ses péchés et de ses fautes?
Mon Dieu! Si Tu ne fais Miséricorde qu'aux obéissants alors qui [le fera] aux désobéissants?
Si Tu n'agrées [les actes] que de ceux qui agissent alors qui [le fera] des négligents?
Mon Dieu! Les jeûneurs ont gagné, ceux qui ont accompli [leurs actes] l'ont emporté, les sincères ont été sauvés. Fais-nous aussi Miséricorde, à nous qui sommes Tes serviteurs pécheurs, par Ta Miséricorde, libère-nous du feu par Ta Clémence et pardonne nos péchés par Ta Miséricorde!
O Le Plus Miséricordieux des miséricordieux!


إلهي!.. وقف السائلون ببابك، ولاذ الفقراء بجنبك، ووقفت سفينة المساكين على ساحل بحر جودك وكرمك، يرجون الجواز إلى ساحة رحمتك ونعمتك.
إلهي!.. إن كنت لا ترحم في هذا الشهر الشريف إلا لمن أخلص لك في صيامه وقيامه، فمن للمذنب المقصر إذا غرق في بحر ذنوبه وآثامه؟..
إلهي!.. إن كنت لا ترحم إلا المطيعين، فمن للعاصين؟.. وإن كنت لا تقبل إلا من العاملين، فمن للمقصرين؟..
إلهي!.. ربح الصائمون، ونجا المخلصون.. ونحن عبيدك المذنبون، فارحمنا برحمتك، واعتقنا من النار بعفوك، واغفر لنا ذنوبنا برحمتك يا أرحم الراحمين، وصلى الله على نبيه محمد وآل محمد

L'INVOCATION DE L'OUVERTURE (IFTITAH)

دعاء الاِفْتِتاح

(A lire chaque nuit du mois de Ramadan)

(Bism-illâh-ir-Rahmân-ir-Rahîm)

بِسْمِ اللهِ الرَّحمْنِ الرَّحيم

Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux

(Allâhumma innî aftatih-uth-thanâ’a bi-hamdik-a wa Anta musaddidun li-ç-çawâbi bi-mannik-a)

أللَّهُمَّ إنِّي أَفْتَتِحُ الثَّناءَ بِحَمْدِكَ وَأَنْتَ مُسَدِّدٌ لِلْصَوابِ بِمَنِّكَ

O mon Dieu! Je commence l’éloge par Ta louange, car c’est Toi qui conduis immanquablement et par Ta faveur, vers la Vérité,


(wa ayqantu Annaka Anta arham-ur-râhimîn-a fî mawdhi‘-il-‘afwi wa-r-rahma-ti,
وَأَيْقَنْتُ أَنَّكَ أَنْتَ أَرْحَمُ الرَّاحِمِينَ فِي مَوْضِعِ الْعَفْوِ وَالرَّحْمَةِ 

etparce que j'ai acquis la conviction que Tu es le plus Clément des cléments quand il s’agit de pardon et de Miséricorde,


(wa achad-dul-muâqibîna fî mawdhi-in-nikâli wan-naqima-ti, wa adham-ul-mutajabbirîna fî mawdhi-il-kibriyâ’i wa-l-adhama-ti)

وَأَشَدُّ المُعاقِبِينَ فِي مَوْضِعِ النَّكالِ وَالنَّقِمَةِ وَأَعْظَمُ المُتَجَبِّرِينَ فِي مَوْضِعِ
الكِبْرِياءِ وَالعَظَمَةِ

le plus ferme de ceux qui punissent, lorsqu'il s'agit de Châtiment et de Vengeance, et le plus Grand des grands, lorsqu'il s’agit de Gloire et de Majesté.

(Allâhumma athinta lî fî duâ’ika wa mas’alatika : f-asma yâ Samîu mid-hatî, wa ajib yâ Rahîmu dawatî, wa aqil yâ Ghafûru athratî)

اللَّهُمَّ أَذِنْتَ لِي فِي دُعائِكَ وَمَسْألَتِكَ فَـاسْمَعْ ياسَمِيعُ مِدْحَتِي وَأَجِبْ يَا رَحِيمُ دَعْوَتِي وَأَقِلْ يا غَفُورُ عَثْرَتِي

O mon Dieu! Tu m'as autorisé à T'invoquer et à Te solliciter; entends donc, ô Toi qui écoutes, mon éloge! Réponds donc, ô Clément, à mon invocation; et pardonne donc, ô continuel Pardonneur, mes trébuchements !

(fakam, yâ Ilâhî, min kurbatin qad farajtahâ, wa humûmin qad kachaftahâ, wa athratin qad aqaltahâ, wa rahmatin qad nachartahâ, wa halaqata balâ’in qad fakaktahâ.

فَكَمْ يا إِلـهِي مِنْ كُرْبَةٍ قَدْ فَرَّجْتَهَا وَغُمُومٍ قَدْ كَشَفْتَها وَعَثْرَةٍ قَدْ أَقَلْتَها وَرَحْمَةٍ قَدْ نَشَرْتَها وَحَلْقَةِ بَلاءٍ قَدْ فَكَكْتَها


Car combien de peines, ô mon Dieu, n’as‑Tu pas soulagées ? et combien de soucis, n'as‑Tu pas enlevés ? et combien de trébuchements n’as-tu pas absous ? et combien de miséricordes n'as-Tu pas répandues ? et combien de cercles de malheur n’as-tu pas dénoués ?

(alhamdu lil-Lâh-il-lathî lam yattakhith çâhibatain wa lâ walada-n, wa lam yakun lahu charîkan fi-l-mulki, wa lam yakun lahu waliyy-un min-ath-thulli, wa kabbirhu takbîra-n).

الْحَمْدُ لِلَّهِ الَّذِي لَمْ يَتَّخِذْ صاحِبَةً وَلا وَلَداً وَلَمْ يَكُنْ لَهُ شَرِيكٌ فِي الْمُلْكِ وَلمْ يَكُنْ لَهُ وَلِيٌّ مِنَ الذُّلِّ وَكَبِّرْهُ تَكْبِيراً
 
Louange à Dieu qui ne s’est donné ni compagne ni enfant, qui n'a pas d'associé dans la Royauté, qui n’a besoin de protecteur pour Le défendre contre l’humiliation, et dont on doit donc proclamer hautement la Grandeur.

(alhamdu lillâhi bi-jamîi mahâmidihi kullihâ, alâ jamîi niamihi kullihâ)



الْحَمْدُ لِلَّهِ بِجَمِيعِ مَحَامِدِهِ كُلِّها عَلَى جَمِيعِ نِعَمِهِ كُلِّها

Louange à Dieu avec l’ensemble de toutes Ses Qualités louables et pour l'ensemble de tous Ses Bienfaits.

(alhamdu lillâh-illathî lâ mudhâdda lahu fî mulkihi wa lâ munâzia lahu fî amrihi)

الْحَمْدُ لِلَّهِ الَّذِي لا مُضَادَ لَهُ فِي مَلْكِهِ وَلا مُنَازِعَ لَهُ فِي أمْرِهِ

Louange à Dieu qui n’a pas d’opposant dans Sa Royauté, ni de rival dans Son Commandement.

(alhamdu lillâh-illathî lâ charîka lahu fî khalqihi, wa lâ chabîha lahu fî adhamatihi.)


الْحَمْدُ لِلَّهِ الَّذِي لا شَرِيكَ لَهُ فِي خَلْقِهِ وَلا شَبِيهَ لَهُ فِي عَظَمَتِهِ

Louange à Dieu qui n’a pas d’associé dans Sa Création, ni de semblable dans Son Immensité.

(alhamdu lillâh-il-fâchî fî-l-khalqi amruhu wa hamduhu, adh-dhâhiri bi-l-karami majduhu, al-bâsiti bi-l-jûdi yadahu allathî lâ tanquçu khazâ’inuhu wa lâ tazîduhu kathrat-ul-atâ’i illâ jûdan wa karaman : innahu huwa-l-Azîz-ul-Wahhâb-u.)
الْحَمْدُ لِلَّهِ الْفاشِي فِي الْخَلْقِ أَمْرُهُ وَحَمْدُهُ الظَّاهِرِ بِالْكَرَمِ مَجْدُهُ الْباسِطِ بِالْجُودِ يَدَهُ الَّذِي لا تَنْقُصُ خَزَائِنُهُ وَلا تَزِيدُهُ كَثْرَةُ الْعَطَاءِ إلاَّ جُوداً وَكَرَماً إِنَّهُ هُوَ الْعَزِيزُ الْوَهَّابُ
Louange à Dieu qui répand Son Commandement et Son Eloge dans la Création; qui fait apparaître Sa Gloire par Sa Générosité; qui tend Sa main par Sa Largesse, Celui dont les trésors ne diminuent pas, et dont les dons généreux ne font qu’augmenter la Générosité et la Munificence; Il est le Puissant, le Continuel Donateur.

(Allâhumma innî as’aluka qalîlan min kathîrin, maa hâjatin bî ilayhi adhîma-tin wa ghinâka anhu qadîm-un, wa-huwa indî kathîr-un, wa-huwa alayka sahlun yasîr-un),

اللَّهُمَّ إِنِّي أَسْألُكَ قَلِيلاً مِنْ كَثِيرٍ مَعَ حاجَةٍ بِي إِلَيْهِ عَظِيمَةٍوَغِنَاكَ عَنْهُ قَدِيمٌ وَهُوَ عِنْدِي كَثِيرٌ وَهُوَ عَلَيْكَ سَهْلٌ يَسِيرٌ
 


O mon Dieu! Je Te demande peu (de choses) par rapport à l'immensité (de ce que Tu possèdes), alors que mon besoin en est grand, Ton non‑besoin en est avéré; et alors que pour moi c'est beaucoup, pour Toi, c’est facile et aisé

(Allâhumma inna afwaka an dhanbî, wa tajâwuzaka an khatî’atî, wa çafhaka an dhulmî, wa sitraka alâ qabîhi amalî
wa hilmaka an kathîri jurmî, indamâ kâna min khata’î wa amdî)
 

اللَّهُمَّ إِنَّ عَفْوَكَ عَنْ ذَنْبِي وَتَجاوُزَكَ عَنْ خَطِيئَتِي وَصَفْحَكَ عَنْ ظُلْمِي وَسَتْرَكَ عَلَى قَبِيحِ عَمَلِي وَحِلْمَكَ عَنْ كَثِيرِ جُرْمِي عِنْدَمَا كَانَ مِنْ خطأي وَعَمْدِي

O mon Dieu! Le fait que Tu aies pardonné mon péché, oublié ma faute, absous mon injustice, couvert mon action détestable, fait preuve d'indulgence envers les nombreux crimes que j’ai commis délibérément et dont je suis pleinement coupable,

atma‘anî fî an as’aluka mâ lâ astawjibahu minka al-lathî razaqtanî min rahmatika, wa araytanî min qudratika wa ‘arraftanî min ijâbatika


أَطْمَعَنِي فِي أَنْ أَسْألَكَ مَا لا أَسْتَوْجِبُهُ مِنْكَ الَّذِي رَزَقْتَنِي مِنْ رَحْمَتِكَ وَأَرَيْتَنِي مِنْ قُدْرَتِكَ وَعَرَّفْتَنِي مِنْ إِجَابَتِكَ





(tout cela) m’a encouragé à Te demander ce que je ne mérite pas, de Toi qui m’as accordé les moyens d'existence par Ta Miséricorde, qui m’as fait entrevoir (une partie de) Ta Puissance et connaître (une partie de) Ta réponse.


(fa-çirtu ad
ûka âminan, wa as’aluka musta’nisan, lâ khâ’ifan wa lâ wajilan, mudillan alayka fîmâ qaçadtu fîhi ilayka),






فَصِرْتُ أَدْعُوكَ آمِناً وَأَسْأَلُكَ مُسْتَأْنِساً لا خَائِفاً وَلا وَجِلاً مُدِلاًّ عَلَيْكَ فِيما قَصَدْتُ فِيهِ إِلَيْكَ

Aussi me suis-je permis à T'appeler en toute confiance, et à Te solliciter avec gaieté, sans peur ni crainte, exigeant de Toi avec familiarité ce pour quoi j'étais venu vers Toi.


فَإِنْ أَبْطَأَ عَنِّي عَتِبْتُ بِجَهْلِي عَلَيْكَ وَلَعَلَّ الَّذِي أَبْطَأَ عَنِّي هُوَ خَيْرٌ لِي لِعِلْمِكَ بِعَاقِبَةِ الأُمُورِ

(fa-in abta’a annî atabtu bi-jahlî alayka, wa laalla-l-lathî abta’a annî huwa khayran lî, li-ilmika bi-âqibat-il-umûr-i)


Si cela (ce que je voulais de Toi) tardait à me parvenir, je Te blâmerais par mon ignorance; alors que peut‑être ce retard vaut‑il mieux pour moi, pour la simple raison que Tu connais préalablement le résultat des choses...


(fa-lam ara mawlan karîman açbara `alâ `abdin la’îmin minka `alayya)

 
فَلَمْ أرَ مَوْلَىً كَرِيمَاً أَصْبَرَ عَلَى عَبْدٍ لَئِيمٍ مِنْكَ عَلَيَّ

 

Ainsi, je n’ai jamais vu un Maître plus généreux et plus patient que Toi envers un serviteur aussi mesquin que moi.

(yâ Rabbi ! Innaka tad`ûnî fa-’uwallî `anka, wa tatahabbabu ilayya fa-atabagh-ghadhu ilayk(a)


يَا رَبِّ إِنَّكَ تَدْعُونِي فَأُوَلِّي عَنْكَ وَتَتَحَبَّبُ إِلَيَّ فَأَتَبَغَّضُ إِلَيْكَ

 

O mon Dieu! Alors que Tu m'appelles, je Te tourne le dos, et alors que Tu Te montres aimable envers moi, je Te boude;

(wa tatawaddadu ilayya falâ aqbalu minka, ka-anna liya-t-tattawula `alayka)

 
وَتَتَوَدَّدُ إِلَيَّ فَلا أَقْبَلُ مِنْكَ كَأَنَّ لِيَ التَّطَوُّلَ عَلَيْكَ
 

et alors que Tu me témoignes de l'affection, je la refuse de Ta part, comme si Tu m’étais redevable de quelque chose;

(fa-lam yamnaaka thâlika min-ar-rahmati bî wa-l-ihsâni ilayya wat-tafadh-dhuli alayya bi-jûdika wa karamika)
فَلَمْ يَمْنَعْكَ ذَلِكَ مِنَ الرَّحْمَةِ لِي وَالإِحْسَانِ إِلَيَّ وَالتَّفَضُّلِ عَلَيَّ بِجُودِكَ وَكَرَمِكَ
 

et malgré tout, cela ne T’a pas empêché d’être Miséricordieux envers moi, Bienfaisant à mon égard, et de me couvrir de la faveur de Ta Largesse.

(fa-rham ‘abdaka-l-jâhila, wajud ‘alayhi bi-fadhl ihsânika innaka Jawâdun Karîm).

فَارْحَمْ عَبْدَكَ الْجَاهِلَ وَجُدْ عَلَيْهِ بِفَضْلِ إِحْسَانِكَ إِنَّكَ جَوَادٌ كَرِيمٌ .
Sois donc Miséricordieux envers Ton serviteur ignorant, et offre-lui généreusement la faveur de Ta Bienfaisance; car Tu es le continuel Donateur, le Généreux.


(al-hamdu lillâhi Mâlik-il-mulki, Mujrî-l-fulki, Musakh-khir-
ir-riyâhi, Fâliq-il-içbâhi, Dayyân-id-dîni, Rab-bi-l-âlamîn-a)الْحَمْدُ لِلَّهِ مَالِكِ الْمُلْكِ مُجْرِي الْفُلْكِ مُسَخِّرٍ الرِّياحِ فَالِقِ الإِصْبَاحِ دَيَّانِ الدِّينِ رَبِّ الْعَالَمِينَ
Louange à Dieu, Maître de la Royauté, Celui qui fait voguer les vaisseaux, qui asservit les vents, qui fait revenir l'aube, le Juge du Jour du Jugement, le Seigneur des Mondes.


(al-hamdu lillâhi ‘alâ hilmihi ba‘da ‘ilmihi, wa-l-hamdu lillâhi ‘alâ ‘afwihi ba‘da qudratih-i)
الْحَمْدُ لِلَّهِ عَلَى حِلْمِهِ بَعْدَ عِلْمِهِ وَالْحَمْدُ لِلَّهِ عَلَى عَفْوِهِ بَعْدَ قُدْرَتِه

Louange à Dieu qui a fait preuve de Clémence, bien qu'Il sache; louange à Dieu qui a gracié bien qu'il soit Puissant ;


(wa-l-hamdu lillâhi alâ tûli anâtihi fî ghadhabihi, wa-huwa qâdirun alâ mâ yurîd-u)

وَالْحَمْدُ لِلَّهِ عَلَى طُولِ أَنَاتِهِ فِي غَضَبِهِ وَهُوَ قَادِرٌ عَلَى مَا يُرِيدُ

Louange à Dieu pour Sa Grande Patience dans Sa Colère, alors qu'Il a tout pouvoir sur tout ce qu’Il veut.


(al-hamdu lillâhi Khâliq-il-khalqi, Bâsit-ir-rizqi, Fâliq-il-açbâhi, thî-l-jalâli wa-l-ikrâm-i wa-l-fadhli wa-l-in`âm-i),

 الْحَمْدُ لِلَّهِ خَالِقِ الْخَلْقِ بَاسِطِ الرِّزْقِ فَالِقِ الإِصْبَاحِ ذِي الْجَلالِ وَالإِكْرَامِ وَالْفَضْلِ وَالإِنْعَامِ
Louange à Dieu, Créateur des univers, Pourvoyeur des moyens de subsistance, plein de Majesté et de Munificence, de Grâce et de Bienfaisance,(allathî bauda falâ yurâ, wa qaruba fa-chahid-an-najwâ, tabâraka wa taâlâ),
الَّذِي بَعُدَ فَلا يُرَى وَقَرُبَ فَشَهِدَ النَّجْوَى تَبَارَكَ وَتَعَالَى

Celui qui est si loin qu'Il n'est pas visible, et si proche qu'Il entend les conciliabules. Il est Béni et Très Élevé.


(al-hamdu lillâh-illathî laysa lahu munâziun yuâdiluh-u, wa lâ chabîhun yuchâkiluh-u, wa lâ dhahîrun yuâdhiduh-u)

الْحَمْدُ لِلَّهِ الَّذِي لَيْسَ لَهُ مُنَازِعٌ يُعَادِلُهُ وَلا شَبِيهٌ يُشَاكِلُهُ وَلا ظَهِيرٌ يُعَاضِدُهُ
Louange à Dieu qui n'a pas de rival égal à Lui, ni de semblable de Son niveau, ni de soutien qui L'appuie;


(qahra bi-izzatih-il-aizzâ’-i, wa tawâdhaa li-adhamatih-il-udhamâ’-u, fa-balagha bi-qudratihi mâ yachâ’-u),

قَهَرَ بِعِزَّتِهِ الأَعِزَّاءَ وَتَوَاضَعَ لِعَظَمَتِهِ الْعُظَمَاءُ فَبَلَغَ بِقُدْرَتِهِ ما يَشَاءُ

Il a vaincu par Sa Puissance les puissants, et devant Sa Grandeur, les grands se sont humiliés. Il atteint par Son pouvoir tout ce qu'il veut


(al-hamdu lillâh-illathî yujîbunî hîna unâdîh-i, wa yasturu ‘alayya kulla ‘awratin wa anâ a‘çîh-i, wa yu‘adh-dhim-un-ni‘mata ‘alayya (ou ladayya) falâ ujâzîh-i)
الْحمْدُ لِلَّهِ الَّذِي يُجِيبُنِي حِينَ أُنَادِيهِ وَيَسْتُرُ عَلَيَّ كُلَّ عَوْرَةٍ وَأَنَا أَعْصِيهِ وَيُعَظِّمُ النِّعْمَةَ عَلَيَّ فَلا أُجَازِيهِ.
Louange à Dieu qui me répond, lorsque je L’appelle, (et) qui couvre tous mes défauts alors que je Lui désobéis, (et) Il augmente pour moi Ses Bienfaits sans que je l'en récompense.


(fa-kam min mawhaibatin hanî’atin qad atânî, wa makhûfatin adhîmatin3 qad kafânî, wa bahjatin mûniqatin qad arânî)فَكَمْ مِنْ مَوْهِبَةٍ هَنِيئَةٍ قَدْ أَعْطَانِي وَعَظِيمَةٍ مَخُوفَةٍ قَدْ كَفَانِي وَبَهْجَةٍ مُونِقَةٍ قَدْ أَرَانِي
Combien de bons Dons ne m’a‑t‑Il pas faits, (et) combien de catastrophes terrifiantes ne m’a‑t‑Il pas évitées? (Et) combien de splendeurs ne m’a-t‑Il pas fait voir ?


(fa-uthalayhi hâmidan, wa ath-kuruhu musabbihan)

فَأُثْنِي عَلَيْهِ حَامِداً وَأَذْكُرُهُ مُسَبِّحاً

Aussi fais-je Son éloge en chantant Sa louange, et L’invoqué-je en Le glorifiant.


(al-hamdu lillâh-illathî lâ yuhtaku hijâbuhu, wa lâ yughlaqu bâbuhu, wa lâ yuraddu sâ’iluhu, wa lâ yukhayyabu4âmiluhu)
الْحَمْدُ لِلَّهِ الَّذِي لا يُهْتَكُ حِجَابُهُ وَلا يُغْلَقُ بَابُهُ وَلا يُرَدُّ سَائِلُهُ وَلا يُخَيَّبُ آمِلُهُ
Louange à Dieu dont le Voile est inviolable, dont la Porte ne se ferme pas, qui ne repousse pas celui qui Le sollicite, ni ne déçoit jamais celui qui a placé son espoir en Lui.


(al-hamdu lillâh-illathî yu’ammin-ul-khâ’ifîn-a),
الْحَمْدُ لِلَّهِ الَّذِي يُؤْمِنُ الْخَائِفِينَ
Louange à Dieu qui rassure ceux qui ont peur,


(wa yunajjî-ç-çâlihîn(a)
5, wa yarfa-ul-mustadhafîna, wa yadha-ul-mustakbirîna, wa yuhliku mulûkan wa yastakhlifu âkharîn-a)
وَيُنَجِّي الصَّالِحِينَ وَيَرْفَعُ الْمُسْتَضْعَفِينَ وَيَضَعُ الْمُسْتَكْبِرِينَ وَيُهْلِكُ مُلُوكاً وَيَسْتَخْلِفُ آخَرِينَ
qui sauve les véridiques, qui relève les opprimés, qui rabaisse les orgueilleux, qui fait périr les rois et les remplace par d'autres.


(al-hamdu lillâhi qaçim-il-jabbârîn-a, mubîr-idh-dhâlimîn-a)
6,وَالْحَمْدُ لِلَّهِ قَاصِمِ الْجَبَّارِينَ مُبِيرِ الظَالِمِينَ
Louange à Dieu qui foudroie les tyrans,
qui anéantit les oppresseurs
(mudrik-il-hâribîn-a,nakâl-idh-hâlimîn-a),
مُدْرِكِ الْهَارِبِينَ نَكَالِ الظَّالِمِينَ
qui rattrape les fuyards, qui inflige un châtiment exemplaire aux injustes ;


(çarîkh-al-mustaçrikhîn-a, mawdhi‘i hâjât-it-tâlibîn-a, mu‘tamad-il-mu’minîn-a)

صَرِيخَ الْمُسْتَصْرِخِينَ مَوْضِعِ حَاجَاتِ الطَالِبِينَ مُعْتَمَدِ الْمُؤْمِنِينَSecours de ceux qui appellent à l'aide, Objet des besoins des solliciteurs, Celui sur qui comptent les serviteurs pieux.
(al-hamdu lillâh-illathî min khachyatihi tar‘ad-us-samâ’ wa sukkânuhâ wa tarjuf-ul-ardhu wa ‘ummâruhâ,
wa tamûj-ul-bihâru wa man yasbahu fî ghamarâtihâ)الْحَمْدُ لِلَّهِ الَّذِي مِنْ خَشْيَتِهِ تَرْعَدُ السَّمَاءُ وَسُكَّانُها وَتَرْجُفُ الأَرْضُ وَعُمَّارُهَا وَتَرْجُفُ الأَرْضُ وَعُمَّارُهَا وَتَمُوجُ الْبِحَارُ وَمَنْ يَسْبَحُ فِي غَمَرَاتِهَا
Louange à Dieu dont la crainte fait tonner tant les cieux que leurs habitants,
frémir tant la terre que ses résidents, et voguer sur les mers et toute créature nageant dans leurs profondeurs
(al-hamdu lillâh-illathî hadânâ li-hâthâ wa mâ kunnâ li-nahtadî lawlâ an hadânâ-llâh-u)
الْحَمْدُ لِلَّهِ الَّذِي هَدَانَا لِهَذَا وَمَا كُنَّا لِنَهْتَدِيَ لَوْلا أَنْ هَدَانَا اللهُ
Louange à Dieu qui nous a bien guidés vers tout cela alors que nous n'y aurions pas été conduits sans Lui.


(al-hamdu lillâh-illathî yakhluqu wa lam yukhlaq-u, wa yarzuqu wa lâ yurzaq-u, wa yut`imu wa lâ yut‘am-u)

الْحَمْدُ لِلَّهِ الَّذِي يَخْلُقُ وَلَمْ يُخْلَقْ وَيَرْزُقُ وَلا يُرْزَقُ وَيُطْعِمُ وَلا يُطْعَمُ

Louange à Dieu Qui crée et qui n’est pas créé; Qui dispense les moyens d'existence sans que nul ne les Lui fournisse, Qui nourrit et n’a point besoin de nourriture,


وَيُمِيتُ الأَحْيَاءَ وَيُحْيِي الْمَوْتَى وَهُوَ حَيٌّ لا يَمُوتُ بِيَدِهِ الْخَيْرُ وَهُوَ عَلَى كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ




(wa yumît-ul-ahyâ’a wa yuhy-il-mawtâ wa-huwa Hay-yun lâ yamût-u, bi-yadihi-l-khayru wa-huwa ‘alâ kulli chay’in qadîr-un)


Qui fait mourir les vivants et ressuscite les morts, alors qu'Il est Le Vivant et qu'Il ne meurt Jamais. Il tient entre Ses mains le Bien, et Il est Puissant sur toute chose.


(Allâhumma çalli ‘alâ Muhammadin, ‘abdika wa rasûlika wa amînika wa çafy-yika)
اللَّهُمَّ صَلِّ عَلَى مُحَمَّدٍ عَبْدِكَ وَرَسُولِكَ وَأَمِينِكَ وَصَفِيِّكَ
O mon Dieu! Prie sur Muhammad, Ton serviteur et Ton prophète, Ton confident, Ton élu,


(wa habîbika wa khîratika min khalqika wa hâfidhi sirrika wa muballighi risâlâtik-a)

 
وَحَبِيبِكَ وَخِيرَتِكَ مِنْ خَلْقِكَ وَحَافِظِ سِرِّكَ وَمُبَلِّغِ رِسَالاتِكَ

 

Ton bien‑aimé et la meilleure de Tes créatures, le gardien de Ton Secret, celui qui communique Tes Messages.

(afdhala wa ahsana wa ajmala wa akmala wa azkâ wa anmâ wa atyaba wa at-hara wa asnâ wa ak-thara
7 mâ çallaytâ wa bârakta wa tarah-hamta wa tahan-nanta wa sallamta ‘alâ ahadin min ‘ibâdika wa anbiyâ’ika wa rusulika wa çafwatika wa ahl-il-karâmati ‘alayka min khalqika), أَفْضَلَ وَأَحْسَنَ وَأَجْمَلَ وَأَكْمَلَ وَأَزْكَى وَأَنْمَى وَأَطْيَبَ وَأَطْهَرَ وَأَسْنَى وَأَكْثَرَ مَا صَلَّيْتَ وَبَارَكْتَ وَتَرَحَّمْتَ وَتَحَنَّنْتَ وَسَلَّمْتَ عَلَى أَحَدٍ مِنْ عِبَادِكَ وَأَنْبِيَائِكَ وَرُسُلِكَ وَصَفْوَتِكَ وَأَهْلِ الْكَرَامَةِ عَلَيْكَ مِنْ خَلْقِكَ

D'une manière plus grande, meilleure, plus belle, plus vertueuse, plus développée, plus magnanime, plus pure, plus sublime et plus avantagée que tu l'as fait pour quiconque parmi Tes serviteurs, Tes prophètes, Tes messagers, Ton élite et toutes Tes créatures ‑ que Tu as honorés, sur qui Tu as prié, que Tu as Bénis, que Tu as couverts de Ta Miséricorde, sur qui Tu t’es attendri, et que Tu as salués.

(Allâhomma wa çalli ‘alâ ‘abdika, ‘Aliy-yun Amîr-il-Mu’minîn, wa Waçiy-yi Rasûli Rab-bil-‘âlamîn, ‘abdika wa waliy-yika, wa akhî rasûlika, wa Hujjatika ‘alâ khalqika wa Âyatik-al-Kubrâ wa-n-Naba’-il-‘Adhîm-i)

للَّهُمَّ وَصَلِّ عَلَى عَلِيٍّ أَمِيرِ الْمُؤْمِنِينَ وَوَصِيِّ رَسُولِ رَبِّ الْعَالَمِينَ عَبْدِكَ وَوَلِيِّكَ وَأَخِي رَسُولِكَ وَحُجَّتِكَ عَلَى خَلْقِكَ وَآيَتِكَ الْكُبْرَى وَالنَّبَإِ الْعَظِيمِ
Mon Dieu! Prie également sur Ton serviteur Ali : le Commandeur des croyants, l’héritier présomptif du Messager du Seigneur des mondes, le frère de Ton Messager, Ton argument auprès de Ta créature et la Grande Nouvelle.


(wa çalli ‘alâ-ç-çiddîqat-it-Tâhirati, Fâtimat-iz-Zahrâ’i, Sayyidati nisâ’-il-‘âlamîna)
وَصَلِّ عَلَى الصِّدِّيقَةِ الطَاهِرَةِ فَاطِمَةَ الزَّهْراءِ سَيِّدَةِ نِسَاءِ الْعَالَمِينَ

Prie aussi sur la véridique et pure, Fatimah Zahrâ’, Maîtresse des femmes des mondes.

(wa çalli ‘alâ Sibtay-ir-Rahmati wa Imâmay-il-Hudâ, al-Hasani wa-l-Husayni, Say-yiday Chabâbi Ahl-il-Jannati),
 
وَصَلِّ عَلَى سِبْطَيِ الرَّحْمَةِ وَإِمَامَيِ الْهُدَى الْحَسَنِ وَالْحُسَيْنِ سَيِّدَيْ شَبَابِ أَهْلِ الْجَنَّةِ
Prie aussi sur les deux petits‑fils
de la Miséricorde, les deux Imams du Droit Chemin : al-Hassan et al‑Hussain, les deux Maîtres de jeunesse du Paradis.(wa çalli ‘alâ A’immat-il-Muslimîn-a : ‘Aliy-yin-ibn-al-Husayni, wa Muhammad(in) al-Bâqir, wa Ja‘far(in) as-Sâdiq, wa Mûsâ-al-Kâdhim, wa ‘Aliy(in) ar-Ridhâ, wa Muhammad(in) al-Jawâd,وَصَلِّ عَلَى أَئِمَّةِ الْمُسْلِمِينَ عَلِيِّ بْنِ الْحُسَيْنِ وَمُحَمَّدٍ الباقِر وَجَعْفَرٍ الصادِق وَ موسى الكاظِم وَ عَليٍ الرِّضا وَمُحَمَّدٍ الجَواد
Prie également beaucoup et toujours sur les Imams des Musulmans : Ali Ibn al‑Hussain, Mohammad al‑Bâqer, Ja`far al‑Sâdiq, Moussâ al-Kâdhim, Ali al‑Redhâ, Muhammad al‑Jawâd,


wa ‘Aliy(in) al-Hâdî, wa-l-Hasan-il-‘Askarî, wa-l-Khalaf-il-Hâdi-y al-Mahdi-y : Hujjajika ‘alâ ‘ibâdika, wa Umanâ’ika fî bilâdika, çalâtan kathîratan dâ’imatan)
وَعَليٍّ الهادي وَالحَسَنِ العَسكَري وَالْخَلَفِ الْهَادِي الْمَهْدِيِّ حُجَجِكَ عَلَى عِبَادِكَ وَأُمَنَائِكَ فَي بِلادِكَ صَلاةً كَثِيرَةً دَائِمَةً
et Ali al‑Hâdi, al‑Hassan al‑‘Askari ainsi que le Successeur guidant et bien-guidé. Ce sont Tes preuves auprès de Tes serviteurs et Tes confidents dan Ta patrie (la Terre).


(Allâhumma wa çalli ‘alâ Waliyyi Amrika al-Qâ’im-il-Mu’ammal wa-l-‘Adl-il-Muntadhar-i wa huffahu bi-malâ’ikatik-al-muqarrabîn, wa ayyid-hu bi-rûh-il-qudsi yâ Rab-bal-‘âlamîn)اللَّهُمَّ وَصَلِّ عَلَى وَلِيِّ أَمْرِكَ الْقَائِمِ الْمُؤَمَّلِ وَالْعَدْلِ الْمُنْتَظَرِ وَحُفَّهُ بِمَلائِكَتِكَ الْمُقَرَّبِينَ وَأَيِّدْهُ بِرُوحِ الْقُدْسِ يَا رَبَّ الْعَالَمِينَ
O Mon Dieu! Prie également sur le Tuteur de Ton Commandement, le Redresseur espéré et la Justice attendue. Entoure‑le de Tes anges les plus proches de Ta Gloire, et soutiens‑le par l'Esprit Saint, ô Seigneur des mondes !


(Allâhumma-j‘alhu-d-dâ‘î ilâ kitâbika wa-l-qâ’ima bi-dînika)
اللَّهُمَّ اجْعَلْهُ الدَّاعِيَ إِلَى كِتَابِكَ وَالْقَائِمَ بِدِينِكَ
O mon Dieu! Fais de lui celui qui appelle à Ton Livre et qui redresse Ta Religion;


(istakhlifhu fî-l-ardhi kamâ-stakhlaft-allathîna min qablihi, wa makkin lahu dînahu-llathî irtadhaytahu lahu)اسْتَخْلِفْهُ فِي الأَرْضِ كَمَا اسْتَخْلَفْتَ الَّذِينَ مِنْ قَبْلِهِ مَكِّنْ لَهُ دِينَهُ الِّذِي ارْتَضَيْتَهُ لَهُ
fais de lui Ton Lieutenant sur la Terre, comme Tu le fis pour ceux qui vécurent auparavant. Établis fermement la Religion que Tu as agréée pour lui!


(abdilhu min b‘ada khawfihi amnan ya‘buduka wa lâ yuchriku bi-ka chay’an)

أَبْدِلْهُ مِنْ بَعْدِ خَوْفِهِ أَمْنَاً يَعْبُدْكَ لا يُشْرِكُ بِكَ شَيْئاً
Change son inquiétude en sécurité; qu'il T’adore (pleinement) et ne T’associe rien.
(Allâhumma a‘izzahu wa-a‘ziz bihi, wa-nçurhu wa-ntaçir bihi, wa-nçurhu naçran ‘azîzan, wa-f-tah lahu fat-han mubînan)

اللَّهُمَّ أَعِزَّهُ وَأعْزِزْ بِهِ وَانْصُرْهُ وَانْتَصِرْ بِهِ وَانْصُرْهُ نَصْراً عَزِيزاً وَافْتَحْ لَهُ فَتْحاًيَسِيراً وَاجْعَلْ لَهُ مِنْ لَدُنْكَ سُلْطَاناً نَصِيراً
O mon Dieu! Rends‑le puissant et donne la Puissance par lui (à ceux qui vont avec lui); rends‑le victorieux et donne la Victoire par lui. Accorde-lui une victoire décisive et une conquête évidente.
(allâhumma adh-hir bihi dînaka wa sunnati nabiyyika, hattâ lâ yastakhfî bi-chay’in min-al-haqqi makhâfata ahadin min-al-khalq(i)اللَّهُمَّ أَظْهِرْ بِهِ دِينَكَ وَسُنَّةَ نَبِيِّكَ حَتَى لا يَسْتَخْفِيَ بِشَيْءٍ مِنَ الْحَقِّ مَخَافَةَ أَحَدٍ مِنَ الْخَلْقِ
O mon Dieu! Rends par lui évidentes Ta Religion et la Sunna (la Tradition) de Ton prophète afin qu'il ne cache rien de la vérité par crainte de l'une de Tes créatures.


(Allâhumma innâ narghabu ilayka fî dawlatin karîmatin tu‘izzu bihâ-l-Islama wa ahlahu wa tuthillu bihâ-n-nifâqa wa ahlahu)
اللَّهُمَّ إِنَّا نَرْغَبُ إِلَيْكَ فِي دَوْلَةٍ كَرِيمَةٍ تُعِزُّ بِهَا الإِسْلامَ وَأَهْلَهُ وَتُذِلُّ بِهَا النِّفَاقَ
وَأهْلَهُ

O mon Dieu! Nous désirons de Ta part, un Etat honorable par lequel Tu rends puissants l'Islam et ses adeptes, humiliés l'hypocrisie et ses adeptes,


(wa taj`alanâ fîhâ min-ad-du`âti ilâ tâ`atika wa-l-qâdati ilâ sabîlika, wa tarzuqna bihâ karamat-aduniyâ wa-l-âkhirat(i)

وَتَجْعَلُنَا فِيهَا مِنَ الدُّعَاةِ إِلَى طَاعَتِكَ وَالْقَادةِ إِلَى سَبِيلِكَ وَتَرْزُقُنَا بِهَا كَرَامَةَ الدُّنْيَا وَالآخِرَةِ
et dans lequel Tu nous places parmi ceux qui appellent à Ton obéissance, qui conduisent vers Ta Voie; et grâce auquel Tu nous accordes l'Honneur de ce bas‑monde et de l'Au‑delà.

(Allâhumma mâ
arraftana min-al-haqqi fa-hammilnâhu, wa mâ qaçurnâ anhu faballighnâhu)
اللَّهُمَّ مَا عَرَّفْتَنَا مِنَ الْحَقِّ فَحَمِّلْنَاهُ وَمَا قَصُرْنَا عَنْهُ فَبَلِّغْنَاهُ

O mon Dieu! Ce que Tu nous as fait savoir de la Vérité, fais‑nous l'appliquer, et ce qui nous en a échappé, fais-le nous parvenir.


(Allâhumma almum bihi cha‘thanâ wa-ch‘ab bihi çad‘anâ)

اللَّهُمَّ الْمُمْ بِهِ شَعَثَنَا وَاشْعَبْ بِهِ صَدْعَنَا

O mon Dieu! Rassemble-nous par lui (l'Imam Mahdi l'Attendu) et mets par lui un terme à notre dispersion, colmate par lui notre brèche;


(wa-rtuq bihi fatqanâ, wa kath-thir bihi qillatanâ)
وَارْتُقْ بِه فَتْقَنَا وَكَثِّرْ بِهِ قِلَّتَنَا

rétablis par lui notre intégrité, accrois par lui notre petit nombre;


(wa a‘izza bihi thillatanâ, wa-ghni bihi ‘â’ilanâ)

وَأَعْزِزْ بِهِ ذِلَّتَنَا وَأَغْنِ بِهِ عَائِلَنَا

transforme par lui notre humiliation en puissance; et assure par lui nos moyens de subsistance;


(wa-q-dhi bihi ‘an maghraminâ, wa-jbur bihi faqranâ)

وَاقْضِ بِهِ عَنْ مُغْرَمِنَا وَاجْبُرْ بِهِ فَقْرَنَا

acquitte par lui notre obligation; mets fin par lui à notre pauvreté;


(wa sudda bihi khillatanâ, wa yassir bihi
usranâ)وَسُدَّ بِهِ خِلَّتَنَا وَيَسِّرْ بِهِ عُسْرَنَا
subviens par lui à ce qui nous manque, simplifie par lui nos difficultés,


(wa bayyidh bihi wujûhanâ, wa fukka bihi asranâ)

وَبَيِّضْ بِهِ وَجُوهَنَا وَفُكَّ بِهِ أَسْرَنَا
purifie par lui nos faces; affranchis‑nous par lui de notre captivité;


(wa anjih bihi talabatinâ wa anjiz bihi mawâ‘îdanâ)
وَأَنْجِحْ بِهِ طَلِبَتَنَا وَأَنْجِزْ بِهِ مَوَاعِيدَنَا
fais aboutir par lui notre demande; fais‑nous tenir, par lui, nos promesses;


(wa-astajib bihi da‘watanâ wa a‘tinâ bihi s’ulanâ; wa ballighnâ bihi min-ad-dunyâ wa-l-âkhirati âmâlanâ
وَاسْتَجِبْ
بِهِ دَعْوَتَنَا وَأَعْطِنَا بِهِ سُؤْلَنَا وَبَلِّغْنَا بِهِ مِنَ الدُّنْيَا وَالآخِرَةِ آمَالَنَا

réponds, par lui, à notre appel; et accède, par lui, à notre demande; et fais réaliser, par lui, nous nos espoirs dans ce monde et dans l’Au-delà;


wa a‘tinâ bihi fawqa raghbatinâ, yâ Khayr-al-mas’ûlîna wa Awsa‘-al-mu‘tîn(a)

وَأَعْطِنَا بِهِ فَوْقِ رَغْبَتِنَا يَا خَيْرَ الْمَسْؤُولِينَ وَأَوْسَعَ الْمُعْطِينَ
et donne‑nous, par lui, plus que nous ne pourrions désirer! O Toi, le Meilleur des responsables, le plus Généreux des donateurs!


(achfi bihi çudûranâ, wa-th-hib bihi ghaydha qulûbina)

اشْفِ بِهِ صُدُورَنَا وَأَذْهِبْ بِهِ غَيْظَ قُلُوبِنَا
Et guéris, par lui, nos poitrines; éloigne, par lui la haine qui ronge nos cœurs;
(wa-hdinâ bihi limâ-khtalafa fîhi min-al-haqqi bi-ithnika, Innaka tahdî man tachâ’u ilâ çirâtin mustaqîm(in)
وَاهْدِنَا بِهِ لِمَا اخْتُلِفَ فِيهِ مِنَ الْحَقِّ بِإِذْنِكَ إِنَّكَ تَهْدِي مَنْ تَشَاءُ إِلَى صِرَاطٍ مُسْتَقِيمٍ
et guide‑nous, par lui, si Tu le permets, vers la Vérité lorsque le bon droit est controversé, car Tu conduis qui Tu veux, vers le droit chemin


(wan-çurnâ bihi ‘alâ ‘aduwwika wa ‘aduwwinâ, Ilâh-il-Haqqi, Âmîn)
وَانْصُرْنَا بِهِ عَلَى عَدُوِّكَ وَعَدُوِّنَا إِلَهَ الْحَقِّ آمِينَ
Et fais‑nous triompher, par lui, de Ton ennemi et notre ennemi, Ô Dieu de Vérité! Amin!


(Allâhumma innâ nachkû ilayka faqda nabiyyinâ - çalawâtika `Alayhi wa Älihi- wa ghaybati Imâmina)
اللَّهُمَّ إِنَّا نَشْكُو إِلَيْكَ فَقْدَ نَبِيِّنَا صَلَوَاتُكَ عَلَيْهِ وَآلِهِ وَغَيْبَةَ وَلِيِّنَا
O mon Dieu! Nous nous plaignons auprès de Toi, de la perte de notre Prophète, de l'occultation de notre Imam,


(wa kathrata ‘aduwwinâ wa qillata ‘addadinâ),

وَكَثْرَةَ عَدُوِّنَا وَقِلَّةَ عَدَدِنَا
du grand nombre de nos ennemis, et de la petitesse de notre nombre,
(wa chiddat-il-fitani binâ, wa tadhâhur-az-zamâni ‘alaynâ),

وَشِدَّةَ الْفِتَنِ بِنَا وَتَظَاهُرَ الزَّمَانِ عَلَيْنَا
de la difficulté de nos épreuves, de l'hostilité de notre époque à notre égard.
(fa-çalli ‘alâ Muhammadin wa Âle Muhammadin, wa a‘inna ‘alâ thâlika kullihi bi-fat-hin minka tu‘ajjiluhu)

فَصَلِّ عَلَى مُحَمَّدٍ وَآلِهِ وَأَعِنَّا عَلَى ذَلِكَ بِفَتْحٍ مِنْكَ تُعَجِّلُهُ

Prie donc sur Muhammad et sur la famille de Muhammad, et aide‑nous contre tout ceci par une ouverture que Tu nous accorderas rapidement


(wa bi-dhurrin tuk-chifuhu, wa naçrin tu‘izzuhu, wa sultâni haqqin tudh-hiruhu)

وَبِضُرٍّ تَكْشِفُهُ وَنَصْرٍ تُعِزُّهُ وَسُلْطَانِ حَقٍّ تُظْهِرُهُ

et par la dissipation du mal dont nous souffrons, et par une victoire que Tu rendras éclatante, et par un gouvernant juste que Tu feras apparaître,

(wa rahmatin Minka tujallilunâhâ, wa ‘âfiyatin Minka tulabisunâhâ
[3], bi-Rahmatika yâ Arham-ar-râhimîn-a) وَرَحْمَةٍ مِنْكَ تُجَلِّلُنَاهَا وَعَافِيَةٍ مِنْكَ تُلْبِسُنَاهَا بِرَحْمَتِكَ يَا أَرْحَمَ الرَّاحِمِينَ .
et par une Miséricorde de Ta part, dont Tu nous couvriras, et par une bonne santé dont Tu nous habilleras. Par Toi, O le plus Miséricordieux des miséricordieux.


Lettre de Sayed Ali Khamenei à la jeunesse occidentale suite aux attentats terroristes à Paris

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Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr/

Voir la première lettre de Sayed Ali Khamenei suite aux attaques contre Charlie Hebdo : http://sayed7asan.blogspot.fr/2015/12/lettre-de-ali-khamenei-la-jeunesse.html


Le 29 novembre 2015

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux

A la jeunesse des pays occidentaux,

Les événements tragiques qui se sont produits en France du fait du terrorisme aveugle me poussent une fois encore à m’adresser à vous, les jeunes gens. Il est déplorable que ce soit de tels événements qui constituent le cadre de nos échanges, mais la vérité est que si de telles questions douloureuses ne nous amènent pas à rechercher des solutions, à interagir et à nous interroger mutuellement, les dommages causés en seront décuplés.

La souffrance de tout individu, où que ce soit dans le monde, est une source de tristesse pour tous ses semblables du genre humain. La vue d’un enfant qui perd la vie sous les yeux de ses proches, d’une mère dont la joie que sa famille lui faisait éprouver se transforme en deuil, d’un époux qui transporte précipitamment le corps agonisant de son épouse en espérant vainement quelque secours ou d’un spectateur qui ne sait pas qu’il est en train de vivre les derniers moments de sa vie – ce sont là des scènes qui suscitent des émotions et sentiments violents chez tout être humain. Quiconque possède un minimum de compassion et d’humanité ne peut manquer d’être ému et attristé face à de telles scènes, qu’elles se produisent en France, en Palestine, en Irak, au Liban ou en Syrie.

Il est évident que les un milliard et demi de musulmans du monde partagent eux aussi ces sentiments et éprouvent de la révolte et de l’aversion face aux auteurs et aux responsables de ces crimes odieux. Cependant, si les souffrances d’aujourd’hui ne nous servent pas à construire un avenir meilleur et plus sûr, elles ne deviendront que de simples souvenirs amers et stériles. Je pense sincèrement que seuls vous, les jeunes, en tirant les leçons des événements douloureux de ces derniers jours, avez la capacité de découvrir de nouvelles voies pour construire l’avenir, et de faire obstacle à la voie néfaste qui a conduit l’Occident à l’impasse dans laquelle il se trouve. 

Il est vrai qu’aujourd’hui, le terrorisme est un mal qui nous touche tous, mais il faut pourtant que vous sachiez que l’insécurité et la tension que vous avez expérimentées durant ces récents événements comportent deux différences essentielles par rapport aux souffrances endurées par les peuples d’Irak, du Yémen, de Syrie et d’Afghanistan depuis de nombreuses années. La première différence est que le monde islamique a été victime de la terreur et de la cruauté dans une plus large mesure sur le plan territorial, de manière plus intense sur le plan de la quantité et pour une période bien plus longue sur le plan de la durée. Et deuxièmement, que ces violences sont malheureusement soutenues par certaines grandes puissances du monde à travers des méthodes diverses et redoutablement efficaces.

Aujourd’hui, plus personne n’ignore le rôle des États-Unis dans la création, le renforcement et l’armement d’Al-Qaïda, des Talibans et de leurs sinistres successeurs. En plus de ce soutien direct, les pays notoires qui assistent ouvertement le terrorisme takfiri restent les principaux alliés de l’Occident malgré leurs régimes politiques qui comptent parmi les plus arriérés au monde, tandis que les démocraties les plus avancées, les plus éclairées et les plus dynamiques de la région sont impitoyablement assaillies. L’attitude teintée de préjugés de l’Occident face au mouvement d’éveil au sein du monde islamique est un exemple significatif des contradictions des politiques occidentales.

Un autre exemple de ces contradictions est le soutien inconditionnel au terrorisme d’Etat d’Israël. Cela fait maintenant plus de soixante ans que le peuple opprimé de Palestine subit les pires actes de terrorisme. Si, depuis quelques jours, les Européens se sont réfugiés dans leurs maisons et évitent de fréquenter les lieux publics, depuis des dizaines d’années, les familles palestiniennes ne sont pas en sécurité même dans leurs propres maisons face à la machine de mort et de destruction du régime sioniste. Actuellement, quelle cruauté est comparable aux constructions de colonies par le régime sioniste ?

Tous les jours, et sans jamais être condamné de façon sérieuse et efficace par ses influents alliés, ni même par les organisations internationales prétendument indépendantes, ce régime continue à détruire les maisons des Palestiniens, leurs champs et leurs vergers. Ces destructions sont perpétrées sans même leur permettre de rassembler leurs biens ou leurs produits agricoles, et tout cela se déroule généralement devant les yeux terrorisés et embués de larmes des femmes et des enfants, qui voient les membres de leur famille se faire frapper sauvagement, et dans certains cas les voient trainés vers d’horribles salles de torture. Dans le monde d’aujourd’hui, avez-vous connaissance d’une cruauté comparable en étendue, en intensité et en durée ?

Si abattre une femme au milieu de la rue pour le seul crime d’avoir protesté face à un soldat armé jusqu’aux dents n’est pas du terrorisme, alors qu’est-ce qui pourrait bien être qualifié de terrorisme ? Cette barbarie ne devrait pas être appelée « extrémisme » pour la seule raison qu’elle serait commise par la force militaire d’un gouvernement occupant ? Ou peut-être que ces images ayant été diffusées quotidiennement sur nos écrans de télévision depuis soixante ans, elles ne devraient plus remuer nos consciences ? 

Les invasions militaires contre le monde islamique ces dernières années, qui ont causé d’innombrables victimes, sont un autre exemple de la logique contradictoire de l’Occident. Les pays agressés, en plus des pertes humaines subies, ont vu leurs infrastructures économiques et industrielles détruites, leur mouvement vers le progrès et le développement arrêté ou ralenti, et dans certains cas, ils ont été renvoyés des dizaines d’années en arrière. Malgré tout cela, on leur demande insolemment de ne pas se considérer comme des opprimés. Comment peut-on réduire un pays en ruines, anéantir ses villes et ses villages, puis demander à ses habitants de bien vouloir ne pas se considérer comme des opprimés ? Au lieu d’encourager les gens à l’ignorance et à négliger ces catastrophes, des excuses sincères ne seraient-elles pas plus appropriées ? Les souffrances qui ont été infligées au monde islamique durant toutes ces années par l’hypocrisie et la duplicité des agresseurs ne sont pas moindres que celles qu’ont causées les dommages matériels.

Chère jeunesse ! J’ai l’espoir que vous pourrez changer, dès à présent ou dans l’avenir, cette mentalité imprégnée d’hypocrisie, dont l’art le plus abouti consiste à dissimuler des objectifs à long terme et d’embellir des buts malfaisants. D’après moi, la première étape pour l’instauration de la sécurité et de la paix est la réforme de cette mentalité qui n’engendre que la violence. Tant que des doubles standards guideront la politique occidentale, tant que le terrorisme sera divisé, aux yeux de ses puissants protecteurs, en « bon » et « mauvais » terrorisme, et tant que les intérêts des gouvernements prévaudront sur les valeurs humaines et morales, il ne faudra pas chercher ailleurs que dans ces principes néfastes les racines de la violence. 

Malheureusement, ces racines se sont profondément établies dans les politiques culturelles de l’Occident au cours de longues années, provoquant une invasion feutrée et silencieuse. Beaucoup de pays dans le monde sont fiers de leurs cultures nationales et locales, cultures qui en se développant et en se régénérant ont fortement nourri les communautés humaines durant des siècles. Le monde islamique ne fait pas exception. Cependant, à l’ère actuelle, le monde occidental s’efforce fébrilement de cloner et de dupliquer sa propre culture à l’échelle mondiale, recourant pour ce faire à des outils sophistiqués. Je considère l’imposition de la culture occidentale aux autres peuples et la dévalorisation de cultures indépendantes comme une forme de violence silencieuse et extrêmement néfaste.

L’humiliation de cultures riches et l’offense à leurs caractéristiques les plus respectées se produisent couramment, alors que la culture alternative qui est proposée en guise de remplacement n’a pas la moindre qualification qui puisse lui faire prétendre à ce titre. Par d’exemple, les deux éléments d’ « agression » et de « corruption des mœurs », qui sont malheureusement devenues les principaux éléments de la culture occidentale, ont causé une dégradation du statut et de l’admissibilité de leurs pays d’origine eux-mêmes.

Maintenant, la question est celle-ci : est-ce un « péché » que de ne pas vouloir de cette culture agressive, vulgaire et imbécile ? Sommes-nous coupables si nous essayons de faire barrage au torrent d’inconvenance qui, sous diverses formes pseudo-artistiques, tente d’emporter notre jeunesse ? Je ne nie évidemment pas l’importance et la valeur des liens interculturels. Chaque fois qu’ils se forment dans des conditions normales et respectueuses de la société réceptrice, ces liens entrainent du progrès, de l’épanouissement et de la richesse. Par contre, les interactions imposées sans harmonie sont infructueuses et nocives.

Il nous faut reconnaitre avec regret que des groupes infâmes comme Daech sont la progéniture issue de telles rencontres néfastes avec des cultures importées de l’extérieur. Si la question était simplement d’ordre théologique, de tels phénomènes auraient dû exister avant l’époque coloniale, alors que l’Histoire montre le contraire. Les archives historiques les plus fiables montrent clairement comment la confluence entre le colonialisme [britannique] et une idéologie extrémiste et rejetée [le Wahhabisme] au sein d’une tribu bédouine [les Saoud] a semé le grain de l’extrémisme dans la région. Sinon, comment serait-il possible qu’une immondice comme Daech puisse naître de l’une des écoles religieuses les plus morales et les plus humanitaires au monde qui, dans son Texte fondateur, considère l’assassinat d’un être humain comme équivalent à l’assassinat de toute l’humanité ?

D’autre part, il faut se demander pourquoi des individus qui sont nés en Europe et qui ont été élevés dans cet environnement intellectuel et moral peuvent être attirés par de tels groupes. Peut-on vraiment croire qu’après un ou deux voyages dans les zones de combat, des gens deviennent tout à coup tellement extrémistes qu’ils peuvent cribler leurs concitoyens de balles ? Sur cette question, il ne faut certainement pas oublier les effets d’une vie menée dans une culture pathologique et dans un environnement malsain engendré par la violence. Il faut en faire une analyse complète qui révèle les aspects corrupteurs manifestes et latents de la société. Peut-être qu’au cours des années de croissance économique et industrielle, une haine profonde a pu naitre dans le cœur de certaines couches sociales du fait des inégalités et éventuellement des injustices légales et structurelles de ces sociétés, et ait formé certains complexes qui, de temps à autre, se manifestent brutalement de cette manière horrible.

Quoi qu’il en soit, c’est vous qui devez découvrir les réalités de votre propre société, et identifier et démêler les problèmes et les rancœurs. Les plaies doivent être guéries et non rouvertes. Les réactions hâtives sont une erreur fatale dans la lutte contre le terrorisme, élargissant les fossés existants. Tout acte hâtif et émotionnel qui isolerait, intimiderait ou angoisserait les communautés musulmanes d’Europe et d’Amérique, composées de millions de personnes actives et responsables, et qui les priverait plus encore de leurs droits fondamentaux et les écarterait de la société, non seulement ne résoudrait en rien les problèmes, mais les aggraverait et amplifierait les tensions et les rancœurs. Des mesures superficielles d’apparat et d’urgence, surtout si elles prennent une forme légale, n’auront d’autre résultat que de creuser les polarisations actuelles et d’ouvrir la voie à de nouvelles crises. 

Selon les informations que j’ai reçues, certains pays européens ont issu des directives qui encouragent les citoyens à espionner les musulmans. Cette attitude est oppressive, et nous savons bien que la pente de l’injustice peut frapper quiconque de manière imprévue. De plus, les musulmans ne méritent pas d’être traités de la sorte. Depuis des siècles, le monde occidental connaît bien les musulmans – depuis le jour où les Occidentaux ont été accueillis sur les territoires islamiques et ont été attirés par les richesses de leurs hôtes, et le jour où ils ont eux-mêmes accueilli les musulmans et ont bénéficié de leurs connaissances et de leurs idées, ils n’ont généralement expérimenté que la bonté et la tolérance.

C’est pourquoi je vous demande, chère jeunesse, de bâtir les fondements d’une relation cordiale et juste avec le monde islamique, sur la base d’une compréhension appropriée, d’une connaissance profonde et des leçons tirées des expériences tragiques. Alors, vous verriez dans un avenir proche que cet édifice bâti sur des fondations si solides apportera une atmosphère de confiance à ses architectes, leur lèguera la chaleur de la sécurité et de la paix et leur ouvrira des perspectives prometteuses pour un avenir radieux dans le monde entier.

Sayed Ali Khamenei

Patriotisme, nationalisme et chauvinisme : de Vladimir Poutine à Marine Le Pen ?

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Marine Le Pen et Vladimir Poutine sont souvent rapprochés, hâtivement et à tort. Car pour quiconque connait quelque peu la Russie et Poutine, il est évident que si leurs discours peuvent sembler se rejoindre sur des points de politique extérieure, ils diffèrent radicalement quant à la politique intérieure, et notamment au rapport à l'autre, qu'il s'agisse des immigrés, des musulmans ou de l'Islam, honnis par le FN et honorés en Russie.


Dans ces extraits, Vladimir Poutine dénonce explicitement la transformation pernicieuse du nationalisme et du patriotisme en chauvinisme et en xénophobie et/ou islamophobie, idéologies dangereuses dont le Front National français s’est fait le champion. Tout en s'affirmant lui-même le premier nationaliste authentique de son pays, le Président russe revendique hautement son attachement à une Russie multiethnique et multiconfessionnelle, en rappelant que quoique séculaire, l’Etat russe reconnait légalement quatre religions traditionnelles (Christianisme, Islam, Bouddhisme, Judaïsme). Et bien que la proportion de musulmans soit moindre en Russie qu’en France, l’Islam y est reconnu par la loi comme la deuxième religion nationale, ce qui contraste avec la situation française et le discours du Front National en particulier, qui stigmatise en permanence les populations immigrées, les musulmans et l’Islam alors que la Russie les considère comme des composantes à part entière de l’identité russe et une véritable richesse, remparts des saines valeurs traditionnelles contre une certaine forme de nihilisme. Les fausses questions du voile, du halal ou de la lutte contre l'islamisme seraient absolument grotesques et indécentes en Russie. Pour Vladimir Poutine, de telles politiques sont irresponsables car elles mènent au délitement et à l’autodestruction des sociétés et des Nations et ne peuvent en aucun cas servir les intérêts du peuple même qu'elles prétendent défendre.

Le FN n'est pas un parti anti-système, et quand bien même il arriverait au pouvoir, il ne ferait que remplacer l'oligarchie existante par une autre qui serait soumise aux mêmes diktats fondamentaux. Et pour le cacher, il mettrait en place des mesures dont les populations les plus vulnérables feraient les frais : certainement pas la remigration que craignent certains (et que d'autres souhaitent), qui entrainerait une guerre civile, mais tout de même beaucoup de dégâts sur nombre de vies individuelles, de branche et de souche. C'est déjà le discours FN qui explique en grande partie le climat raciste et islamophobe ambiant, contribuant à l'ignorance des masses quant aux questions essentielles qui sont éludées au profit de réflexes d'hostilité primaires et imbéciles.

Il n'est ni concevable de voter pour tous les apatrides (les élites qui bafouent les intérêts nationaux au profit de ceux de Washington, Bruxelles, Tel-Aviv...) dont le passif au pouvoir est connu, ni de voter CONTRE eux par le choix d'une Marine pétrie du même immoralisme et opportunisme que l'ensemble de la classe politique, dont les maux sont très clairement prévisibles, et les bienfaits très hypothétiques. Voter POUR un Poutine, un De Gaulle, un Jaurès, un Robespierre, quand ils se présenteront, certainement. Se compromettre avec des individus qui ne reculent devant aucune abjection, se rendre complice de tout ce qu'ils ont fait et de tout ce qu'ils feront, certainement pas.

Il n'y a aucune confusion entre la France et la Russie, ni sur le plan historique, ni sur le plan géopolitique. Que l'immigration et l'Islam en France soient plus récents qu'en Russie ne change rien à l'affaire : Vladimir Poutine comparait l'identité nationale à un organisme vivant, qui évolue, et le principe de réalité, les principes moraux et la sauvegarde de la paix civile, que le FN bafoue, doivent s'imposer et primer partout.

Par sa stratégie ignoble et manipulatrice du bouc émissaire, le Front National se révèle comme un danger pour la France et le peuple français dans son ensemble. L'abstention semble la seule forme de contestation possible.

***

Adresse à l'Assemblée Fédérale, 12 décembre 2012

Traduction : Sayed Hasan


Vladimir Poutine : [...] Nous traitons et continuerons à traiter avec beaucoup de soin et de respect tous les groupes ethniques, tous les peuples de la Fédération de Russie. Notre diversité a toujours été et reste la source de notre beauté et de notre force.

Mais nous ne devons pas oublier que toute manifestation de nationalisme ou de chauvinisme cause un préjudice direct et énorme, surtout à l'encontre des composantes du peuple et du groupe ethnique dont les nationalistes prétendent défendre les intérêts.

C'est pourquoi les propositions de solutions « simples et définitives » avancées par les différents groupes nationalistes et extrémistes de toutes sortes constituent un grand danger pour la Russie. Quels que soient leurs slogans, tout ce qu'ils font est de tirer le pays vers le déclin social et la désintégration. Nous devons considérer toute tentative de provoquer des tensions interethniques ou de l'intolérance religieuse comme un danger pour l'unité de l'Etat russe et une menace pour nous tous. [...]


Echanges entre Vladimir Poutine et des journalistes après son intervention au Forum de Valdaï, le 24 octobre 2014

Traduction : Sayed Hasan



Modérateur : [...] Veuillez m’excuser, [donnez la parole à] notre ami venu de Chine.

Journaliste : Monsieur le Président, [je suis] Feng Shaolei, de l’Université de Shanghai. Ma question porte sur le processus de modernisation de la Russie. Vous avez souligné à plusieurs reprises l’importance de la notion de conservatisme. Je pense que c’est là une notion très importante, un concept-clé de la Russie et de la modernisation de la Russie.

Vous n’êtes pas sans savoir que l’Europe, les Etats-Unis et l’Asie de l’Est ont eux aussi leur conception du conservatisme. Pourriez-vous nous expliquer la spécificité de votre conception du conservatisme ? En quoi est-elle différente d’autres conceptions du conservatisme ? Sera-t-elle un concept prédominant dans la modernisation de la Russie, ou jouera-t-elle plutôt un rôle temporaire, seulement pour une période déterminée ?

Merci beaucoup.

Vladimir Poutine : Tout d’abord, le concept de conservatisme n’est pas notre création. Et le concept de conservatisme dont je parle n’est pas très différent de l’interprétation traditionnelle de ce concept ou de cette approche. Cela ne signifie pas que le conservatisme consiste en une sorte d’auto-isolement et en une réticence à l’évolution et au développement. Le conservatisme sain consiste à utiliser le meilleur de tout ce qui est novateur et prometteur en vue d’un développement progressif.

Cependant, avant de détruire ce qui est ancien, les fondations même qui nous ont amené à atteindre notre niveau actuel de développement, il est nécessaire de commencer par comprendre comment les nouveaux mécanismes vont fonctionner. C’est une chose extrêmement importante.

Cela signifie que si nous voulons survivre, nous devons soutenir les piliers fondamentaux sur lesquels nous avons construit nos sociétés tout au long des siècles. Ces piliers fondamentaux incluent le respect et la protection des mères et des enfants, l’attachement et la préservation pour notre propre histoire et nos accomplissements, et le respect de nos traditions et de nos religions traditionnelles. La Russie a quatre religions traditionnelles qui sont reconnues par la loi[dans l’ordre : Christianisme, Islam, Bouddhisme et Judaïsme], et c’est un pays très diversifié.

Nous devons donc créer une base solide avec tout ce qui nous aide à façonner notre identité en tant que nation russe multiethnique, en tant que communauté russe multinationale, et en consolider les fondements, tout en restant ouverts à tout ce qui est nouveau et efficace dans le monde, tout ce qui peut contribuer à la croissance et au développement. Nous utiliserons très certainement tout cela.

Je vous invite donc tous instamment à ne pas déformer nos propos et à ne pas considérer que si nous parlons de conservatisme, cela signifie que nous comptons fermer les portes et nous confiner au passé. Cela ne correspond aucunement à la réalité de nos plans. [...]

Journaliste : [Question] Et pour ce qui est du nationalisme ?

Vladimir Poutine : Le nationalisme ? Le patriotisme peut devenir du nationalisme. C’est une tendance dangereuse, je suis d’accord avec vous sur ce point. Nous devons bien garder ce principe à l’esprit et faire tout notre possible pour empêcher que cela se produise. C’est dangereux pour le pays. Le plus grand nationaliste en Russie, c’est moi. Mais le nationalisme le plus noble et le plus juste consiste en la mise en œuvre d’actions et de politiques qui bénéficient au peuple.

Cependant, si le nationalisme signifie l’intolérance vis-à-vis d’autres personnes, le chauvinisme, cela détruirait notre pays, qui a été initialement constitué comme un Etat multiethnique et multiconfessionnel. Ce n’est pas seulement une voie sans issue, mais le chemin de l’autodestruction. La Russie fera tout ce qu’elle peut pour s’assurer que cela ne se produise pas. [...]


Adresse à l'Assemblée Fédérale, 4 décembre 2014

Traduction : Sayed Hasan

 
Vladimir Poutine : [...] Nous allons protéger la diversité du monde. Nous dirons la vérité aux peuples à l’étranger, de sorte que tout le monde puisse voir l’image réelle et non déformée et fausse de la Russie. Nous allons promouvoir activement les affaires et les échanges humanitaires, ainsi que les relations scientifiques, éducatives et culturelles. Nous le ferons même si certains gouvernements tentent de créer un nouveau rideau de fer autour de la Russie.

Nous n’entrerons jamais dans la voie de l’auto-isolement, de la xénophobie, de la suspicion et de la recherche d’ennemis. Ce sont là des manifestations de faiblesse, alors que nous sommes forts et confiants.

Notre objectif est d’avoir autant de partenaires égaux que possible, à la fois à l’Ouest et à l’Est. Nous allons étendre notre présence dans ces régions où l’intégration est à la hausse, où la politique n’est pas mélangée avec l’économie, et où les obstacles au commerce, aux échanges de technologies et d’investissements et à la libre circulation des personnes sont levés.

En aucun cas, nous n’allons limiter nos relations avec l’Europe ou l’Amérique. Dans le même temps, nous allons restaurer et étendre nos liens traditionnels avec l’Amérique du Sud. Nous allons poursuivre notre coopération avec l’Afrique et le Moyen-Orient.

Nous voyons à quelle vitesse l’Asie-Pacifique s’est développé au cours des dernières décennies. En tant que puissance du Pacifique, la Russie tirera pleinement parti de ce potentiel énorme.

Tout le monde connaît les dirigeants et les « locomotives » du développement économique mondial. Beaucoup d’entre eux sont nos amis sincères et des partenaires stratégiques.

L’Union économique eurasienne va commencer à être pleinement opérationnelle le 1er Janvier 2015. J’aimerais vous rappeler ses principes fondamentaux. Les principes majeurs sont l’égalité, le pragmatisme et le respect mutuel, ainsi que la préservation de l’identité nationale et de la souveraineté de l’Etat de tous les pays membres. Je suis convaincu qu’une coopération étroite sera une puissante source de développement pour tous les membres de l’Union économique eurasienne.

Pour conclure cette partie de mon discours, j’aimerais dire encore une fois que nos priorités sont d’avoir des familles saines et une nation saine, ce sont les valeurs traditionnelles que nous avons héritées de nos ancêtres, combinées avec un accent sur l’avenir, la stabilité comme une condition essentielle du développement et du progrès, le respect des autres nations et États, et la sécurité garantie de la Russie et la protection de ses intérêts légitimes. Telles sont nos priorités. [...]


Vladimir Poutine inaugure la plus grande mosquée d'Europe à Moscou, 23 septembre 2015

Traduction : Sayed Hasan

Vladimir Poutine, le Président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev, le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Président de la Turquie Recep Tayyip Erdogan ont assisté à l’inauguration de la mosquée-cathédrale de Moscou suite à sa reconstruction.

La mosquée a rouvert après des travaux de reconstruction majeurs conçus pour augmenter sensiblement sa capacité d’accueil. Le nouveau bâtiment peut accueillir jusqu’à 10.000 fidèles à la fois. 

***



Vladimir Poutine : Cher M. Erdogan, cher M. Abbas, chers dignitaires religieux, chers invités étrangers, chers amis,

Permettez-moi de vous féliciter de tout mon cœur en cette inauguration de la mosquée-cathédrale reconstruite de Moscou. C’est un grand événement pour tous les musulmans de Russie.

Une des plus anciennes mosquées de Moscou se trouvait sur ce site historique et a subi une reconstruction qui en fait maintenant la plus grande en Europe. Elle a été réalisée avec une magnifique architecture moderne et novatrice digne de la capitale de notre pays uni, multiethnique et multiconfessionnel. Cette nouvelle mosquée est digne de la Russie, dans laquelle, je tiens à le souligner, l’Islam, en vertu de la loi de notre pays, est l’une des religions traditionnelles de la Russie, avec des millions de nos citoyens qui se comptent parmi ses adeptes.

Je tiens à remercier tous ceux qui ont participé aux travaux sur ce magnifique édifice et tous les musulmans en Russie et à l’étranger qui ont fait un don pour cet effort. Nous sommes reconnaissants envers les gouvernements de la Turquie et du Kazakhstan pour leur contribution à la reconstruction de la mosquée.

Je suis sûr que la mosquée deviendra un centre spirituel majeur pour les musulmans à Moscou et dans toute la Russie, prodiguant de l’éducation et diffusant des idées humanistes et les valeurs véritables et authentiques de l’Islam. Elle diffusera la connaissance et la spiritualité et contribuera à unir les efforts des musulmans et également des personnes d’autres confessions dans de nobles causes communes. Le Coran nous enjoint à essayer de se surpasser les uns les autres dans le bien.

Dès sa création, la Russie a toujours été un pays multiethnique et multiconfessionnel. Cet enrichissement mutuel des différentes cultures, traditions et religions a toujours constitué la spécificité et la force distinctives de notre pays.

La communauté musulmane de Moscou, par exemple, a émergé à l’époque médiévale, et cela se reflète dans les racines tatares de beaucoup de noms de rues de la capitale.

Les traditions de l’Islam éclairé se sont développées au cours des siècles en Russie. Le fait que différents peuples et religions vivent paisiblement ensemble en Russie est en grande partie grâce à la communauté musulmane, qui a apporté une contribution remarquable à la préservation de l’harmonie dans notre société et s’est toujours efforcée de construire des relations au sein des  religions et entre elles fondées sur la tolérance pour les croyances des uns et des autres.

Aujourd’hui, l’Islam traditionnel est une partie intégrante de la vie spirituelle de la Russie. Les valeurs humanistes de l’Islam, comme les valeurs de nos autres religions traditionnelles, enseignent aux gens la compassion, la justice et l’affection et les soins pour nos proches. Nous accordons une grande importance à ces valeurs.

Le nombre de mosquées et de centres culturels islamiques a considérablement augmenté en Russie au cours des 20 dernières années. De superbes mosquées ont été construites dans le Tatarstan, le Bachkortostan, la Tchétchénie et d’autres régions russes. En 2003, notre pays est devenu un observateur permanent à l’Organisation de la Conférence Islamique. Des milliers de pèlerins en provenance de Russie font le Hajj, et le nombre de madrasas et d’écoles rattachées aux mosquées a également augmenté de manière considérable.

Il est important d’éduquer les jeunes musulmans dans les valeurs islamiques traditionnelles et de prévenir les tentatives de nous imposer des conceptions du monde qui nous sont étrangères et qui n’ont rien à voir avec l’Islam authentique. Permettez-moi de déclarer que les autorités continueront d’aider à la relance du système russe d’écoles théologiques islamiques et d’éducation religieuse.

Comme vous le savez, j’ai soutenu les autorités du Tatarstan et les principaux organes spirituels musulmans sur la question de la création de l’Académie Islamique Bulgare, relançant ainsi cet ancien centre musulman russe de religion et d’apprentissage.

Bien sûr, nous devons continuer à développer le réseau des centres culturels et éducatifs musulmans. Leur but est de réunir les musulmans, de leur communiquer le code spirituel, culturel et moral inhérent à l’Islam traditionnel en Russie, d’aider à résoudre les problèmes communs et de participer à l’éducation des jeunes.

Je relève le rôle important que les musulmans et surtout leurs chefs spirituels jouent dans le renforcement de l’harmonie interethnique et interreligieuse. Leur rejet et condamnation de toutes les formes de fondamentalisme et de radicalisme ont apporté une contribution majeure à la lutte contre le nationalisme et l’extrémisme religieux.

Le travail dans ce domaine est d’autant plus important aujourd’hui, alors que nous voyons des tentatives d’exploitation cyniques des sentiments religieux à des fins politiques.

Nous voyons ce qui se passe au Moyen-Orient (cela a déjà été mentionné ici aujourd’hui), où les terroristes du soi-disant « État islamique » pervertissent une grande religion mondiale, compromettant l’Islam, semant la haine, tuant des gens, y compris des religieux, et détruisant avec barbarie des monuments de la culture mondiale. Leur idéologie est construite sur des mensonges et des distorsions flagrantes de l’Islam.

Ils essaient également de recruter des adeptes ici, en Russie. Les dirigeants musulmans de la Russie utilisent courageusement et sans crainte leur influence pour résister à cette propagande extrémiste. Je tiens à exprimer mon immense respect pour ces personnes qui effectuent leur travail héroïquement et ont subi des pertes. Je ne doute pas qu’ils vont continuer d’éduquer les fidèles dans l’esprit de l’humanisme, de la compassion et de la justice.

Chers amis, cette nouvelle mosquée est inaugurée alors que la communauté musulmane est sur le point de célébrer la grande fête de l’Aïd al-Adha. Permettez-moi de féliciter tous les musulmans de Russie en cette fête joyeuse et de vous souhaiter à tous les bienfaits, le bonheur et la prospérité.

Je vous félicite en cette inauguration de la mosquée.

Les marchands de soupe de la Mission laïque française: clientélisme et enfants-rois (1)

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Récit de l’affaire Sayed Hasan /
Mission laïque française (MISR Language Schools) & Services de l’Ambassade de France au Caire


Titre original : Les marchands de soupe de la M*** laïque française [mot supprimé par décision du Tribunal des Référés du 8 décembre 2015, qui m'a condamné à 2500 euros d'amende au total pour diffamation – sans parler des frais engagés pour ma défense qui s’élèvent à un peu plus ; la MLF demandait une censure totale des articles incriminés et 12 500 euros, ce qui constituait clairement une tentative d'intimidation et de censure, mais sur l'ensemble de cet article portant des accusations très sérieuses contre la MLF, seul un mot du titre a été jugé diffamatoire. Je ferai appel si j'en ai les moyens (voir section 'Soutenir Sayed Hasan' ci-contre), car d'après moi, c'est à la fois la langue française (confusion nom propre / nom commun) et la logique (principe de non-contradiction) qui sont condamnées, et, a fortiori, la liberté d'expression. Je rapporterai le détail des faits dans un article à part, mais en attendant, je republie la première partie de cette affaire, exerçant un droit si chèrement acquis.]


 Première partie


Les faits évoqués ci-dessous sont attestés par des documents et témoignages multiples et explicites. Des notes de fin fournissent des extraits éloquents (et plus agréables à lire) de ces éléments de preuve. Les noms marqués d’une astérisque (*) ont été modifiés.

Ce dossier est actuellement instruit aux prud’hommes et auprès du Défenseur des Droits, et il reste en voie de complétion. Tous les acteurs de cette affaire et quiconque peut apporter un témoignage ou des documents quelconques sur ces instances sont instamment invités à le faire en mentionnant, le cas échéant, s’ils souhaitent que leur participation soit anonyme.

Merci d’adresser toute correspondance à cette adresse e-mail : 7asan.saleh [at] gmail [point] com


Voir également : 





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Les marchands de soupe / Carpetbaggersde la M*** laïque française



Introduction

1 – Un établissement particulièrement difficile 

2 – La « petite » affaire : Samuel Métaux / Sayed Hasan

3 – La « grande » Affaire : exclusion illégale, menaces, violences, tentative de subornation et plainte diffamatoire…

4 – … pleinement cautionnées par la direction de la Mission laïque française

5 – Le parti pris des instances diplomatiques

Conclusion                                                                    



Introduction

Je suis professeur de Français, âgé de 28 ans et Titulaire de l’Education Nationale. Durant l’année scolaire 2012-2013, j’ai été recruté à Paris pour un poste dans un établissement du réseau de la Mission laïque française en Egypte, la section française de la MISR Language Schools. Située au Caire, elle est conventionnée par le ministère des Affaires étrangères et homologuée par le ministère de l’Education nationale. Mon employeur était la Mission laïque française, comme cela est spécifié dans ses statuts, sa Charteet le contrat de travail[1]. Le Proviseur était M. Frédéric TUMPICH, et il occupe toujours son poste à ce jour. La direction égyptienne générale de cet établissement comportant cinq sectionsétait menée par Mme Nermine NADA. 

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Dès ma prise de fonctions, j’ai constaté que de graves manquements de la direction de l’établissement mettaient en danger la sécurité des personnels et le bien-être de tous, causant divers incidents. En effet, comme en attestent de nombreux documents, rapports et témoignages de personnels enseignants, parents, élèves et de la direction[2], cet établissement présentait de graves problèmes au niveau de la discipline et même de la sécurité des élèves et personnels. L’atmosphère était notamment caractérisée par un manque de respect envers les professeurs et le rejet de leur autorité de la part des élèves et personnels égyptiens d’éducation, un chaos endémique empêchant la tenue des cours[3], le refus des élèves d’assister aux cours[4], l’annulation par le Proviseur français des punitions données aux élèves par les enseignants[5], etc. A tout cela s’ajoutait le lynchage en règle des personnels français et égyptiens par l’administration et les parents, qui les tenaient pour les seuls responsables de ces dysfonctionnements, alors que ceux-ci incombaient à la direction de l’établissement, et que les enseignants comptaient parmi les principales victimes de cette situation[6]. Les personnels français et égyptiens étaient tenus en respect, avec une redoutable efficacité, par diverses pressions (accusations d’incompétence, déni, menaces d’exclusion…[7]), ce malgré des agressions verbales et intimidations physiques de la part des élèves contre certains professeurs[8]. Tout cela a même entraîné une agression physique de lycéens à l’encontre d’un collègue Titulaire de l’Education nationale proche de la retraite (François* E., professeur de Physique), ce qui l’a notamment amené à exercer son droit de retrait durant une semaine, sa sécurité ne pouvant être assurée. Ces agissements étaient absolument impunis et même couverts, étouffés, et, de fait, encouragés par le laxisme de l’administration. Pour celle-ci,« le client est roi », tandis que les personnels enseignants, quantité négligeable et éminemment amovibles, ne sont là que pour être livrés en pâture[9] aux élèves qui paient des droits d’inscription faramineux et peuvent donc se comporter comme les propriétaires de l’établissement[10]. Les personnels qui essayaient d’agir étaient menacés, discrédités, et, dans mon cas, exclus, violentés et calomniés. La vie même des élèves était mise en danger par des installations électriques défectueuses dans les laboratoires. Ces installations avaient pourtant fait l’objet de plaintes publiques de la part de François* E. et de Farid* Y., professeur de Mathématiques-physique également Titulaire[11].

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Je m’étais employé à pallier certains de ces dysfonctionnements, en accord avec mon supérieur hiérarchique, Frédéric TUMPICH, ce qui m’a amené à m’opposer directement à la direction égyptienne, qui prenait toujours fait et cause pour les élèves les plus turbulents. Celle-ci a alors voulu se débarrasser de moi. Car bien que les statuts des personnels (et les engagements contractés avec les parents, qui inscrivent leurs enfants dans une école dont on leur garantit que la gestion est purement française) prévoient que la section française soit gérée indépendamment, par la seule direction française[12], il s’est avéré que la direction égyptienne impose toutes ses décisions dans les faits. Le Proviseur français a un rôle purement fantoche et se soumet aux intimations coercitives de personnels subalternes égyptiens[13]. J’ai donc fini par être exclu le 28 mars 2013 de manière violente et illégale (sans notification écrite, manu militari et par un simple fait accompli), battu par huit vigiles sous les yeux de mes élèves de 6e traumatisés et en pleurs, tout cela pour un prétexte spécieux : une altercation avec un collègue, Samuel METAUX, qui avait eu lieu la veille, en dehors de l’établissement. Pourtant, des témoignages de professeurs, de parents et d’élèves ont établi que Samuel METAUX me harcelait de longue date au sein même de l’établissement. Pour l’incident du 27 mars même, les témoignages directs de trois enseignants et l’aveu du proviseur, Frédéric TUMPICH (dès le 29 mars 2013, en présence de Farid* Y., représentant élu des personnels), concordent pour établir que Samuel METAUX m’avait agressé verbalement et physiquement, et que je n’ai fait que me défendre. Frédéric TUMPICH n’en a pas moins soutenu, en toute connaissance de cause, une version des faits mensongère, notamment dans ses courriels adressés aux parents, afin de justifier la décision de la direction égyptienne en lui donnant une teinte française et de me discréditer.

Je me suis efforcé de faire respecter mes droits, et face à ma résistance et du fait de l’intervention de parents d’élèves, l’administration de l’établissement a ensuite rétroactivement « justifié » cette exclusion par d’autres accusations calomnieuses qui ne m’ont jamais été notifiées par écrit (pas plus que mon exclusion définitive et ses raisons alléguées). J’ai en effet été accusé d’agressions verbales et même physiques contre des élèves, et une plainte judiciaire en ce sens a été déposée contre moi pour me neutraliser et me décourager. Ces accusations fallacieuses ont entraîné mon arrestation violente par la police, mon placement dans une cellule de 1 mètre carré, puis mon déferrement au Parquet. La justice égyptienne a rapidement débouté la MISR Language Schools de toutes les accusations portées contre moi, notamment grâce à nombre de témoignages de parents et d’élèves et, dans une moindre mesure, de personnels. 

Tout au long de l’affaire, l’administration n’a pas hésité à recourir à des menaces et à des brutalitéspsychologiques contre les élèves en leur interdisant de me parler, et en s’évertuant à les persuader que j’étais un véritable danger pour eux malgré les faits avérés, et le grand attachement de mes élèves pour moi. La directrice égyptienne, Mme Nermine NADA, et le Proviseur français, Frédéric TUMPICH, ont personnellement colporté ces calomnies et exercé les pressions et menaces. Celles-ci m’ont en particulier été rapportées par mes élèves et leurs parents, indignés – les plus jeunes, âgés de 11 ans à peine, étaient en pleurs[14]. Des menaces similaires ont également été exercées contre les personnels, afin de les dissuader de m’apporter de l’aide et même de me saluer, et j’ai été au désespoir de constater que mes collègues et concitoyens faisaient preuve de bien moins de solidarité à mon égardque les parents et même les élèves. La plupart des enseignants ont fini par complètement m’ignorer et m’abandonner, alors qu’une simple grève aurait très vraisemblablement suffi à résoudre le problème. Sans doute se sentaient-ils plus vulnérables, se trouvant dans un pays étranger ayant une langue et une culture différentes, et étaient-ils dissuadés de toute intervention par l’exemple de la violence qui m’était infligée.

J’ai essayé autant que possible de régler cette affaire par la négociation et sans tapage, transmettant ma version des faits abondamment documentée à la direction de l’établissement et de la MLF et aux instances françaises, et en leur faisant savoir, directement et par le biais de mes avocats, que j’étais disposé à un règlement à l’amiable, à condition qu’il fût honorable et respectueux des lois. J’avais refusé, dans un premier temps, le paiement de l’intégralité de mes salaires à venir jusqu’à la fin de l’année scolaire contre mon départ et mon silence (une proposition de Frédéric TUMPICH suite aux premiers échanges avec la direction de la MLF), parce que cela se serait fait par-dessous la table et aux dépens de ma réputation salie par leurs diffamations, ce que je ne pouvais envisager en aucun cas. D’autant plus que ces salaires m’étaient de toute façon dus contractuellement, et le restent jusqu’à ce jour, le contrat n’ayant jamais été légalement rompu – le mois de mars même, travaillé, ne m’a toujours pas été payé. En vue d’un règlement à l’amiable, j’ai sollicité l’intervention de plusieurs élus, instances et personnalités médiatiques et intellectuelles, notamment les députés et sénateurs des Français de l’étranger, qui sont généreusement intervenus. Les instances ministérielles sollicitées (Education Nationale, Affaires Etrangères, ministres déléguées chargées des Français de l’étranger et de la Francophonie) n’ont pas donné suite à mes demandes d’assistance. J’ai sans cesse sollicité l’intervention de la Mission laïque française à Paris, mon employeur selon les textes (cf. note n° 1), chargé de la gestion des établissements de son réseau. Mais elle n’a jamais donné aucune suite à mes sollicitations par courriel et par courrier recommandé. De son côté, la direction de mon établissement a accepté le principe de la négociation, avant de le rejeter au dernier moment : il ne s’agissait, de sa part, que d’une manœuvre dilatoire visant à se rapprocher de la fin de l’année scolaire et à épuiser mes ressources et ma volonté. 

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Siège de la MLF à Paris, 9 rue Humbolt (75015)

Contre toute attente, et au mépris des faits avérés et des lois et accords en vigueur, la direction de la Mission laïque française et les services de l’Ambassade de France, sont intervenus, mais de manière partiale et aux côtés de la direction de mon établissement. Ils ont agi de concert contre moi, en toute connaissance de cause, dès le premier jour et jusqu’au bout, de la manière qui sera détaillée dans les 4e e 5esections. Dès le 31 mars 2013, dans un courriel adressé aux parents d’élèves, Frédéric TUMPICH affirmait qu’une intervention de l’Ambassade de France avait été sollicitée et que celle-ci s’était prononcée en faveur de mon exclusion illégale (« C’est pourquoi Mme Nermine NADA et l’Ambassade de France ont conjointement décidé, pour la sécurité de vos enfants [sic], d’interdire à M. S. l’accès de l’établissement. »). Frédéric TUMPICH fut pleinement soutenu par la Mission laïque française, mon employeur : bien qu’elle ait reçu ma version des faits ainsi que les nombreux documents et témoignages collectés – qui ont rapidement conduit la justice égyptienne à m’innocenter de toutes les accusations portées contre moi –, la MLF a poursuivi son œuvre, continuant à relayer en toute connaissance de cause les accusations calomnieuses portées à mon encontre. Dans deux lettres adressées respectivement à M. Alain MARSAUD, député des Français établis hors de France, et à Mme Joëlle GARRIAUD-MAYLAM, sénatrice des Français établis hors de France, intervenus à ma demande, Jean-Christophe DEBERRE, Directeur général de la Mission laïque française, ainsi que Yves AUBIN DE LA MESSUZIERE, Président de la Mission laïque française, ont soutenu des allégations qu’ils savaient calomnieuses. Ils ont même surenchéri sur les imputations diffamatoires de MISR en prétendant que « la sécurité de la communauté éducative ne permet pas la réintégration de M. L. », ce le 25 avril 2013, près d’un mois après que les pièces qui m’ont innocenté devant la justice égyptienne leur aient été transmises. Cette position a encore été confirmée le 5 juin 2013, après que mon établissement ait été débouté par le Parquet de toutes ses plaintes contre moi, le Président de la MLF soutenant malgré ce développement considérable que « l’on peut craindre que rien n’ait depuis contribué à modifier ce point de vue ». Ces éléments seront rapportés en détail dans la 4e section, en soulignant les contradictions manifestes que ces deux courriers présentent entre eux, avec les statuts de la MLF et avec les faits avérés et alors connus de tous. Les services du Consulat de France ont procédé de même, et des menaces d’enlèvement et de mise au ban proférées à mon encontre par Paul PETIT (Attaché de Coopération Educative représentant le Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France) dès le 28 mars 2013, le jour de mon exclusion, devant mon établissement, ont été partiellement mises à exécution, alors qu’elles auraient pu me coûter mon intégrité physique et mentale, voire ma vie. Un enseignant français, Eric Lang, était mort dans un commissariat du Caire dans des conditions suspectes à ce moment-là, et des proches informés de mon affaire et des violences que j’avais subies entre les mains de la police ont cru que c’était moi, son identité n’ayant pas été révélée immédiatement, et cela aurait bien pu être le cas. En effet, du fait des mesures qui ont été prises contre moi par les services diplomatiques, j’ai été contraint de vivre en Egypte plusieurs mois sans ressources (de fin mars à la mi-septembre 2013), exposé à de grands risques et dans un grand dénuement, recherchant vainement un autre emploi, sans savoir que j’étais soumis à un véritable ostracisme, si bien qu’il m’était impossible de retrouver un poste. Je n’en ai eu la preuve que tardivement, comme nous le verrons. A partir de juillet 2013, je n’avais souvent plus même de quoi m’acheter de l’eau, dormant à même le sol dans un appartement complètement vide, alors que des événements sanglants avaient lieu en Egypte. J’étais donc à la merci de quiconque. Il m’a fallu des mois pour commencer à me remettre de tous les sévices, pressions et harcèlements subis, et j’aurais très bien pu ne jamais m’en relever.

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Mon avocat d’alors, après analyse des pièces du dossier, dénonça « une institution qui a utilisé les procédés les plus déloyaux pour [me] mettre en cause avec des accusations graves [par] l’instrumentalisation d’informations [qu’elle] savait mensongères dès l’origine. Cette attitude est d’autant plus critiquable qu’elle s’inscrit dans un contexte inspiré par la discrimination.[…]Les pièces du dossier que vous m’avez transmises sont tout à fait claires pour établir deux points : 1/ l’agression est le fait de Monsieur Samuel METAUX ; 2/ cette agression, qui était déplorable mais au final assez minable, a pris une ampleur toute particulière compte tenu de l’attitude de l’employeur, et des autorités diplomatiques qui ont agi sans réflexion préalable suffisante. Les deux éléments se conjuguent pour démontrer qu’il existe autour de cet établissement une véritable culture de l’impunité et que l’agression, comme l’attitude de l’administration, repose sur la conviction que vous alliez être broyé par la machine, préférant vite quitter l’Egypte en demandant votre compte. […] Il est assez remarquable, alors que vous étiez pris par le feu des événements, d’avoir pu constituer ce dossier et d’avoir pris le temps d’écrire et de prendre à témoin, réunissant ainsi d’importants éléments de vraisemblance, et surtout amenant la partie adverse à réagir. […] Le mail adressé parMonsieur TUMPICH le 31 mars 2013 vous décriva[i]t comme quelqu’un de violent, à tel point que la seule solution était de vous écarter de l’établissement. Vous êtes décrit auprès des parents comme une sorte de semi-sauvage, incontrôlable. Or nous savons qu’à ce stade, Monsieur TUMPICH était parfaitement informé que l’agression n’était pas de votre fait ; […] c’est donc à dessein, dans le but de [vous] casser et de vous obliger à quitter votre poste et l’Egypte qu’il a choisi de prendre à partie les parents. [Quant à la direction de la Mission laïque française], avec son autorité, [elle] se permet d’écrire à un Député en accréditant une version des faits qu’[elle] sait entièrement fausse, et qui vous présente comme un individu dangereux et infréquentable. […] Il a fallu toute votre vigilance et votre courage pour inverser la manœuvre. »

Ces faits sont, à mon sens, très préjudiciables à la France, à son image et aux ressortissants français à l’étranger. Ceux-ci devraient être protégés de tels agissements, surtout lorsqu’ils sont recrutés en France pour travailler pour une institution française (la MLF), sous la tutelle de deux ministères, et sont ensuite complètement abandonnés et, plus encore, accablés par les instances qui sont censées les protéger. Bien plus, les enfants qui sont placés dans ces établissements par leurs parents, confiants dans la réputation d’excellence de la France, sont à mon sens les principales victimes de cette situation. Leur potentiel est dilapidé par les conditions extrêmes qui règnent dans ces établissements de la Mission laïque française. Cette situation ne permet nullement la transmission d’une instruction et d’une éducation décentes à des enfants qui sont, de par leur statut social, l’avenir de leurs Nations, qui est par conséquent compromis.

Ayant établi que « Cet établissement joue sur l’impunité en pensant que s’il existe un litige avec un salarié, il sera traité par la juridiction égyptienne, et avec une efficience toute relative et un impact très réduit en France », mon avocat préconisa alors la conduite d’une action « pour fragiliser tout ce système qui, ignorant la loi, fonctionne finalement comme un système mafieux, au sens opaque et privilégiant des intérêts particuliers ». Cette action, je suis déterminé à la mener.




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Mission laïque française : slogans et réalité 

[Terme supprimé suite à décision de justice]


1 – Un établissement particulièrement difficile 

Le quatrième point de sa Charte stipule que « La Mission laïque française accueille et réunit dans son réseau d’établissements des enfants de toutes origines et de toutes cultures.Au-delà de la réussite scolaire et de l’épanouissement individuel des élèves, elle [la MLF] cherche à développer chez eux l’exercice du libre jugement, le respect de l’autre, la compréhension des héritages de l’histoire, l’ouverture au monde dans sa diversité grâce à la maîtrise de plusieurs langues. Elle les initie à l’usage des droits et des devoirs de la citoyenneté. » Malgré ces déclarations éthérées et le fait que la MISR Language Schools ait la réputation d’être parmi les meilleures écoles d’Egypte, la réalité est très différente, comme nous l’avons déjà entrevu ci-haut. 

Mon recrutement même, depuis Paris, début novembre 2012, faisait suite au départ précipité d’une enseignante française (Myriam* H.) qui avait 12 ans d’expérience en France (en région parisienne), d’excellents états de service, mais n’avait pu tenir dans les conditions de chaos et d’impunité qui régnaient dans l’établissement égyptien[15]. Il y a eu au moins trois démissions – pour ne pas dire « désertions », parfaitement justifiées au vu des conditions de travail régnant à MISR – au total durant l’année scolaire[16]. Et malgré le fait que, de l’aveu même du Proviseur français, Frédéric TUMPICH, j’avais intégré mon poste dans des conditions particulièrement difficiles[17], il n’avait pas moins envisagé explicitement de me renvoyer purement et simplement, quelques jours seulement après m’avoir fait venir de France pour ce premier poste, au prétexte que j’avais du mal à gérer cette situation exceptionnellement chaotique[18].Il a pour ce faire froidement invoqué la période d’essai de trois mois pendant laquelle tout enseignant peut être renvoyé sans préavis, selon les termes draconiens et non réciproques du contrat, sans autre forme de procès. Par la suite, quand j’ai réussi à reprendre mes classes en main, Frédéric TUMPICH m’a exprimé (le dernier jour avant les vacances de Noël) ses vives félicitations pour ce succès spectaculaire[19], et il s’est excusé de m’avoir « jeté dans la gueule du loup » sans préavis. Durant ces vacances, une collègue Titulaire de l’Education Nationale, Sylvie* F., qui se trouvait en France en congé maladie, enceinte, et au chevet de son compagnon très gravement malade, a été, illégalement et de manière ignoble, poussée à la démission par Frédéric TUMPICH – une infamie qu’il a réitérée cette année même, en 2015, avec une autre collègue Titulaire et enceinte simplement car elle avait besoin d’un emploi du temps aménagé. A la suite d’une plainte de Sylvie* F. auprès de ses autorités de tutelle, il a dû se rétracter, et il a ensuite affirmé avoir été contraint de céder aux pressions de l’administration égyptienne[20]

Tous ces éléments montrent que les personnels enseignants français, recrutés en France et invités à travailler dans un établissement français sous tutelle française, dont tous les documents sont à en-tête de la MLF, et dont la Charteprécise qu’elle est leur seul employeur (« Sous   l’autorité   du   chef   d’établissement   ou   du directeur de leur école, ils agiront dans le respect des textes officiels, des orientations et des directives : du ministère de l’éducation nationale ; du ministère des Affaires étrangères ; de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger ; de la Mission laïque française  qui est leur employeur et à laquelle ils rendent compte de leur action. »), sont en réalité traités comme du rebut, livrés pieds et poings liés aux caprices des élèves et au joug de la direction égyptienne et abandonnés à leur sort, sacrifiés sur l’autel du lucre, voire du néo-colonialisme[21]

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MISR Language Schools, « unvrai roman » déjà évoqué en 2008 dans le bulletin n° 88 du syndicat enseignant SGEN-CFDT qui dénonçait notamment « un turn-over excessif des personnels titulaires détachés dans cet établissement. (…) Les personnels ont travaillé des mois après la rentrée scolaire sans contrat car ‘ceux-ci étaient en cours de négociation’ avec la direction égyptienne. Le problème, c’est que les personnels ne savaient pas au juste ce qui faisait l’objet de négociation… L’équipe enseignante du premier degré, soit une quinzaine de personnes dont huit recrutés locaux en situation assez précaire, est en outre à la merci de la direction égyptienne (…). La charge de travail des enseignants est si importante qu’ils ont le sentiment de porter l’école à eux seuls. (…) Tous ces éléments pèsent. Et puis, les collègues n’ont plus les mêmes horaires, le climat général se détériore et l’ambiance dans l’équipe n’est plus au beau fixe. A Misr Language school, c’est pas la vie en rose tous les jours…[22] » Mais malgré ce rapport éloquent, cette situation ne s’est pas améliorée le moins du monde, bien au contraire.

Après être parvenu, en déployant les plus grands efforts, à instaurer une ambiance de respect et de travail dans mes classes, je me suis employé à assister François* E., un de mes collègues en difficulté qui faisait face à un véritable harcèlement de la part de lycéens. Avec l’aval du proviseur de la section française, Frédéric TUMPICH, je m’efforçais de contribuer à la résolution de certains des problèmes de cet établissement. J’espérais protéger les élèves et les enseignants, et créer les conditions qui nous permettraient de réaliser notre vocation de pédagogues et de dispenser un savoir de niveau acceptable en termes d’instruction et d’éducation[23]. J’assistais donc François* E. en me tenant à ses côtés durant ses cours avec les lycéens, le dimanche matin, mon jour de repos, et cela à titre bénévole[24]. Malgré ma venue toute récente, et le fait que j’étais alors un débutant, ma jeunesse et ma connaissance intime de la langue et de la culture arabe facilitaient mes relations avec les élèves, comme mon succès inespéré avec mes propres élèves l’avait démontré à tous. Mais ces interventions aux côtés de François* E. m’ont souvent fait entrer en confrontation directe avec la direction égyptienne de l’établissement, qui donnait la préséance aux élèves sur les personnels enseignants, et tolérait depuis le début de l’année qu’ils arrivent aux cours avec une demi-heure de retard, puis qu’ils n’y assistent pas en ma présence[25], ce que j’ai dénoncé avec vigueur. Frédéric TUMPICH m’a explicitement dit à plusieurs reprises que je figurais sur la liste noire de l’administration égyptienne[26], malgré (ou plutôt du fait de) mon investissement et mes succès avec mes propres élèves, les élèves de mes collègues et les collègues eux-mêmes. Ces actions m’avaient valu, de la part de Frédéric TUMPICH, une proposition de poste de CPE (Conseiller Principal d’Education, fonction alors dévolue à des personnels égyptiens) pour l’année scolaire suivante, et même l’organisation d’interventions en primaire avec la directrice de cette section, Marie-Paule M., qui envisageait de son côté de m’y recruter pour l’année scolaire 2013-2014. Frédéric TUMPICH m’a également invité à « consolider » ma situation auprès des parents d’élèves, et à mettre en avant auprès d’eux mes initiatives et succès, pour pouvoir me protéger face à la direction égyptienne, qui ne souhaitait pas renouveler mon contrat et avait résolu d’attribuer mon poste de professeur de Lettres à Samuel METAUX, Professeur de Philosophie (auto)proclamé (sic), pour la rentrée suivante[27]. Autant d’indices éloquents de l’impuissance de la direction française face à Nermine NADA : sur le papier, Frédéric TUMPICH est le seul responsable de la gestion et des recrutements, alors que, dans les faits, il n’est pas même consulté.

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 Sayed Hasan avec sa classe de 6eB, deux semaines avant l'exclusion

C’est donc dans l’objectif de renforcer ma position au sein de l’établissement, et avec le plein soutien de mon supérieur hiérarchique, que j’ai convoqué les parents d’élèves de 6eà une réunion pour le 4 avril 2013, ce qui a entraîné une vive réaction de l’administration égyptienne dès qu’elle l’a appris, le 27 mars. Elle m’a demandé avec préoccupation ce que je comptais dire aux parents, et a essayé de me dissuader de tenir cette réunion en invoquant divers prétextes spécieux. En ce qui concerne François* E., après trois interventions à ses côtés qui ont été couronnées de succès[28], Frédéric TUMPICH a fini par m’interdire d’assister mon collègue, du fait des pressions de l’administration égyptienne qui cédait aux élèves les plus dissipés et, de fait, les encourageait à poursuivre, sinon à escalader leurs actions. Cette interdiction m’a été signifiée par écrit le 17 mars 2013[29]. Je n’avais d’autre choix que d’obtempérer, et ce fut effectivement ma dernière intervention avec François* E. Il ne s’agissait de rien de moins que de mise en danger de l’intégrité d’un enseignant, au vu et au su de tous. Mais les pressions et intimidations étaient telles qu’aucun des autres enseignants n’a osé réagir, malgré un rapport explicite de François* E. appelant à l’aide le 25 mars, deux jours avant son agression, qui se concluait ainsi : « Devant de tels comportements, qui s’ils ne sont pas rapidement stoppés, peuvent aboutir à une situation dangereuse, je vous demande […] de bien vouloir mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour faire cesser ces agressions et assurer ma protection. Il n’est pas digne d’un établissement scolaire de laisser faire de tels agissements d’élèves.[30] » Le 26 mars 2013, la question de l’action que prendraient les enseignants français si François* E. se faisait agresser physiquement par ses lycéens a été soulevée explicitement par Paul* B., professeur de Sciences Vie & Terre, en présence de trois collègues : Farid* Y. (professeur de Mathématiques-physique), Eric* C. (professeur de Français) et moi-même. Eric* C. a nié le danger, suscitant une réaction indignée de ma part. J’estimais son attitude irresponsable, d’autant plus qu’il était le professeur principal de la classe la plus menaçante[31]. J’ai appelé à une grève si une agression se produisait. 

De manière prévisible, François* E. a été agressé physiquement le jour suivant, le 27 mars, par un élève de Seconde – Frédéric TUMPICH était alors en France. François* E. a quitté l’établissement et a exercé son droit de retrait durant une semaine entière. Je me suis distingué par ma réaction au sein de mes collègues, dénonçant virulemment l’irresponsabilité des Conseillers Principaux d’Education (CPE)qui prenaient fait et cause pour les élèves. J’ai demandé un rendez-vous avec la directrice égyptienne, Nermine NADA, pour mettre fin à ces incidents. J’ai exprimé publiquement ma solidarité avec mon collègue, et j’ai appelé les personnels français à faire grève. Mais François* E. lui-même m’en a dissuadé, voyant que j’étais le seul qui soit prêt à prendre une telle mesure. Je me suis donc contenté de ne pas faire cours l’après-midi. J’ai emmené mes élèves à l’extérieur des classes, pour évoquer l’incident du matin et désamorcer la situation. En accord avec Sylvie* F. qui avait alors cours avec cette classe, je suis intervenu auprès de la classe de Seconde qui avait agressé François* E., afin de « faire la morale » aux élèves, conformément aux décisions entérinées précédemment par Frédéric TUMPICH[32]. Je leur ai tenu un propos d’une substance similaire à celui que j’avais auparavant tenu à d’autres lycéens en compagnie de François* E.[33] Cependant, l’administration a persisté dans son attitude de déni du problème, et ces événements ont été maquillés dans le compte rendu qu’en a fait Frédéric TUMPICH à son retour. Sa « version officielle » falsifiée reprenait simplement les accusations des élèves, selon lesquelles François* E. était l’agresseur,et passait tout bonnement sous silence une agression d’un enseignant Titulaire proche de la retraite qui l’a amené à exercer son droit de retrait une semaine durant. Peut-être cet enseignement se revendiquant « laïque » a-t-il adopté (et amplifié) le motto chrétien « faute avouée à moitié pardonnée », le « repentir sincère » (sic) manifesté par l’élève agresseur ayant entraîné un effacement pur et simple du fait de toute archive[34].

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Sayed Hasan et François* E. à Gizeh, où se situe MISR Language Schools

Enfin, je suis aussi entré en conflit avec l’administration égyptienne à cause de plusieurs irrégularités sur mes salaires. Ceux-ci ne m’avaient pas été payés intégralement. Le préjudice s’élevait à plus de 300 euros. D’autres collègues avaient été victimes de procédés similaires,ces écoles étant un commerce sinon crapuleux, du moins juteux et florissant, ayant pour seul critère non pas la qualité de l’enseignement mais la rentabilité, aux antipodes de l’« association à but non lucratif » revendiquée dans la Charte de la MLF[35]. Je m’en suis plaint par écrit, le 24 mars, en exigeant le paiement intégral des sommes dues ainsi que des indemnités compensatrices, du fait des préjudices causés par les mensonges délibérés et avérés de la direction égyptienne. Celle-ci ne m’avait toujours pas ouvert de compte en banque, vraisemblablement pour des raisons fiscales, et a ensuite refusé de me répondre aux sollicitations de mes avocats, confirmant les soupçons d’irrégularités dans les déclarations légales me concernant[36]. J’ai obtenu un rendez-vous avec la direction égyptienne pour la semaine suivante en vue de régler ce contentieux.

Ainsi, à la date du 27 mars (la veille de mon exclusion), l’administration de l’établissement avait plusieurs conflits avec moi, dans lesquels ses torts étaient manifestes. Cesdifférends devaient être réglés dès la semaine suivante : 

1/ les problèmes de discipline qui, ayant débouché sur l’agression physique de François* E. le jour même, juste après qu’on m’ait interdit de l’assister, me donnaient pleinement raison et démontraient l’incompétence et l’irresponsabilité de la direction ;

2/ la réunion avec les parents que j’avais convoquée pour la semaine suivante, avec l’aval et même à la suite de la recommandation de mon seul supérieur hiérarchique, Frédéric TUMPICH. Cette initiative inquiétait l’administration égyptienne, qui n’avait aucun pouvoir sur moi d’après les statuts. Elle redoutait ce que je pourrais dire aux parents – crainte exacerbée par l’agression contre François* E. Cette réunion aurait renforcé ma position au moment où les contrats pour l’année suivante étaient renouvelés, selon le raisonnement de Frédéric TUMPICH – un calcul sagace et bienveillant ;

3/ l’affaire des retenues avérées sur mes salaires et des falsifications au sujet de mon compte en banque, qui devait être réglée la semaine suivante, lors d’un rendez-vous en présence de Nermine NADA, la directrice égyptienne elle-même – qui ne m’avait jamais reçu jusque-là –, de Frédéric TUMPICH et de Yara YOUSSEF, qui faisait office de secrétaire. 

Trois excellentes raisons pour eux de se débarrasser de moi au premier prétexte – qu’ils cherchaient déjà depuis plusieurs semaines, selon Frédéric TUMPICH. Un incident extérieur allait leur fournir grossièrement un tel prétexte. La gravité de la situation était telle qu’ils ont cru parer ainsi au pire, à savoir les trois confrontations dangereuses prévues la semaine suivante. De leur point de vue, il était impérieux de me neutraliser et même de me discréditer de manière préventive.

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Je ne peux pas m’étendre sur le niveau réel de l’instruction dispensée dans ces établissements. Je me contenterai d’attester qu’il est déplorable, que des cours sont dispensés par des enseignants qui n’ont nullement la qualification ou l’expérience requises – cf. l’exemple de Samuel METAUX, prétendu enseignant de Philosophie qui prend en charge des cours de Lettres, sur lequel je reviendrai, ou d’autres enseignants à qui on demande/impose d’enseigner une autre matière que la leur, etc. –, et que les résultats sont falsifiés, afin de complaire aux élèves et par conséquent donner une fausse impression de réussite (cf. cet échantillon explicite signé Samuel METAUX, qui révolutionne littéralement l’arithmétique[37]). Un rapport rédigé à la fin de l’année scolaire 2012-2013 par une collègue Titulaire, Stéphanie* C., dénonçait cette situation : « La plupart des difficultés de mes collègues sont nées à partir des premières notations… Beaucoup de mes collègues des différentes disciplines, notamment les non-titulaires, ont dû faire face à des situations ingérables de prise du pouvoir par les élèves. Le chef d’établissement ne semble pas concerné par la « politique éducative » de l’établissement (qui est pourtant une de ses missions) et ne cherche pas à offrir les meilleures conditions d’apprentissage aux élèves. Il a très vite adopté une politique ‘clientéliste’, devançant même parfois les désirs des parents et concrètement ce sont les parents qui font et défont les contrats des personnels non-titulaires. Les personnels titulaires sont davantage protégés par leur détachement…. jusqu’à la fin de l’année. Un seul collègue titulaire [Eric* C.] a obtenu le renouvellement de son contrat, il faut dire qu’il n’a pas signé la lettre [de protestation] que nous avions écrite au sujet de notre collègue [moi-même] qui se trouvait à la grille et qu’il partageait les mêmes valeurs ‘clientélistes’ que notre chef d’établissement. » Plus encore, des homologations de classes à examen se font sans inspection, et malgré la non-reconduite des enseignants Titulaires dans lesdites matières[38], ce qui avait déjà été dénoncé dans le rapport SGEN-CFDT de 2008 cité précédemment : « Visite de l’inspecteur de zone dans le primaire et constat peu enthousiasmant : il s’en est fallu d’un cheveu que l’établissement ne soit homologué. Motifs invoqués : absence de projet d’école et de cadres dignes du système français. Alors, au boulot ! Mais les personnels y sont déjà et même plus qu’avant ! (…) Ainsi, malgré la réticence de l’inspection à cette évolution (non prise en compte du rythme biologique des enfants et arabisation jugée excessive), élèves et enseignants ont vu leurs horaires de travail s’allonger mais… pas leur salaire ! Le Sgen-CFDT s’étonne, compte tenu de l’actuelle situation, que l’homologation ne fasse pas l’objet d’un cadre plus précis avec obligation d’inclure un volet social car les personnels, et surtout les recrutés locaux, ont la vie dure à Misr. Quant aux titulaires, ils viennent et s’en vont… »

J’ai évoqué tous ces problèmes – ainsi que l’ensemble des faits susmentionnés – lors de ma première rencontre (le 28 mars 2013) avec Paul PETIT, du Service culturel de l’ambassade de France, et il n’a manifesté aucune surprise. Au contraire, il a corroboré mes dires et même surenchéri en me disant, je cite, « Vous n’avez pas idée de ce qui se passe à Balzac » – un autre établissement de la Mission laïque française au Caire. Je savais déjà par ailleurs qu’il se passait des choses similaires, et même pires dans les autres établissements français d’Egypte. Comme j’y reviendrai en détail dans la seconde section, Paul PETIT m’a dissuadé de mener toute action en justice par des exhortations qui étaient d’abord bienveillantes en apparence, se sont progressivement faites plus fermes et enfin ouvertement menaçantes face à ma détermination, m’avertissant que si j’essayais de mener une quelconque action qui pouvait porter préjudice à l’image de la France, les services diplomatiques me mettraient de force dans un avion en direction de Paris. Cela n’est rien moins qu’une menace de kidnapping et une violation de la souveraineté égyptienne, contre un ressortissant français qu’on croyait vulnérable et sans défense.

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Ambassade de France au Caire 

Précisons que dès 1936, le professeur Henri Guillemin, enseignant en Egypte, dénonçait par euphémisme « des ‘élèves’ lecteurs assez moyens, dans un climat où la tricherie aux examens n’était pas exempte [sic] », ce qui correspond tout à fait à ce que j’ai vu et entendu. Henri Guillemin s’étonnait de ce que le Ministre de l’Education Nationale, Jean Zay (artisan du caractère gratuit et obligatoire de l’enseignement secondaire, assassiné en 1944 par la Milice durant l’Occupation), « a[it]été aussi aimable pour les Jésuites que pour l’école laïque ; car il y a la Mission laïque et les Jésuites. Il est allé voir les uns et les autres. Les Jésuites travaillaient à l’influence française, c’est évident, à l’influence de la langue française, d’une manière sérieuse[39] ». Comme je l’ai moi-même constaté, il en va en effet tout autrement pour l’enseignement dispensé par les établissements de la Mission laïque – et il est vrai que des établissements catholiques du Caire comme La Mère de Dieudispensent un enseignement et une instruction qui peuvent faire honneur à la réputation d’excellence de la France, comme j’ai pu en témoigner auprès de personnels et d’élèves particuliers de cet établissement[40].  

Stéphanie* C. résume cette situation dans son rapport, auquel je souscris complètement : « Je ne connais pas le droit local mais il y a une telle corruption et les institutions égyptiennes telle la justice sont dans un tel délitement que les employeurs peuvent agir en toute impunité. La MLF (malgré ses beaux discours sur ses valeurs et son éthique) et l’administration française en la personne de l’attaché de coopération culturelle [ Paul PETIT], de par leur manque de réaction cautionnent en quelque sorte les agissements de toutes ces écoles homologuées. Cet attaché s’était déplacé à l’école lorsque notre collègue d’origine algérienne s’est vu refuser l’entrée dans l’école, il a gentiment conseillé à notre collègue de renoncer à faire valoir ses droits sous peine de se retrouver dans un avion avec un aller simple. Lorsque notre collègue lui a parlé des nombreux dysfonctionnements de l’école il lui a répondu qu’il était au courant mais que c’était encore pire dans d’autres écoles du Caire comme Balzac… (elles aussi homologuées). En bref, tout le monde sait mais ne dit rien car ‘c’est politique’… c’est le prix à payer de la Francophonie !!! (…) J’étais révoltée lorsque je voyais écrit sur la banderole à l’entrée de l’établissement ‘Lycée français’ alors que de mon point de vue c’est une complète imposture. Je peux certifier qu’aucun cadre de l’éducation nationale française n’est venu dans cet établissement en vue de l’homologation de la terminale durant l’année scolaire 2012 – 2013 et pourtant la terminale a été homologuée. » 

On comprend donc l’intérêt que pouvaient avoir la direction de la MLF et les autorités diplomatiques à agir contre moi, afin d’étouffer ce qui se passait réellement dans ces établissements en fait d’instruction et d’éducation. Cela est révélateur des liens inavouables qui existence entre les différentes composantes de cette organisation. 

[A suivre...]





[1]Charte des personnels de la MLF : « Sous l’autorité du chef d’établissement ou du directeur de leur école, ils [les enseignants] agiront dans le respect des textes officiels, des orientations et des directives : du ministère de l’éducation nationale ; du ministère des affaires étrangères ; de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger ; de la Mission laïque française qui est leur employeur et à laquelle ils rendent compte de leur action.» Cf. également : « Partenaire des ministères français de l’Éducation nationale et des Affaires étrangères, elle [la MLF] a pour objectif ‘de diffuser à travers le monde la langue et la culture françaises par un enseignement de qualité, respectueux de la liberté de conscience et de la diversité culturelle’. À ce titre, elle participe de la politique éducative et culturelle développée par les postes diplomatiques dans le monde. […] La Mission laïque française gère et anime un réseau de 126 établissements scolaires fréquentés par 49 800 élèves. » http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/enjeux-internationaux/cooperation-educative-enseignement/politique-scolaire/article/le-reseau-de-la-mission-laique
 
[2] Cf. ces échantillons de courriels de Frédéric TUMPICH lui-même, qui évoque « des classes bordélisées ou bruyantes » (19 novembre 2012), et qui reconnaît qu’il est sur le point de craquer dans un courriel à Salima* C., enseignante de Français et d’Histoire-Géographie, Titulaire de l’Education Nationale, plus de vingt ans de services, après qu’elle ait été écrasée sous une armoire durant un cours : « Bonjour la rescapée, Je suis carrément preneur de la masseuse. (…) J’y vais parce que sinon c’est le burn out. » (10 novembre 2012). Cf. encore la note n° 10, et cet extrait d’un rapport de Salima* C. adressé à Frédéric TUMPICH début mars 2013 : « A la mi-janvier, ne supportant plus l’absurdité de ma situation dans ces classes, je vous annonce mon intention de partir. Vous me suppliez de ne pas démissionner. Vous exprimez clairement qu’une seconde démission porterait préjudice à votre carrière. Vous êtes au bord des larmes. Vous me promettez de mettre en place les mesures qui s’imposent… Aucune mesure efficace n’est prise de votre part une fois de plus. Je ne me sens pas épaulée par mon supérieur hiérarchique. Mes collègues ont le même sentiment. »

[3] Cf. ce rapport de Salima* C. au Proviseur, Frédéric TUMPICH, datant de mars 2013 : « Dans ces classes, je tente quotidiennement, d’une heure à l’autre, d’instaurer un retour au calme pour faire cours. Et j’y parviens souvent mais à mon détriment. L’effort qu’il faut fournir pour capter leur attention est démesuré. Il faut s’arrêter toutes les dix minutes pour remettre de l’ordre. De plus, à chaque séance, il faut recommencer à zéro. Ces excès de la part des élèves m’épuisent : mon épaule se paralyse et me fait subir de vives souffrances jour et nuit. Je consulte plusieurs médecins tout en continuant de travailler. Finalement, début octobre 2012, un spécialiste estime que je dois impérativement cesser de travailler sous peine de perdre l’usage de mon bras. Et me prescrit un arrêt de travail. Des collègues très expérimentés sont l’objet de divers mouvements d’élèves contestant leur compétence et plusieurs d’entre nous vous demandons de mettre fin à cette agitation. Aucune action de votre part ne se fait jour. »

[4] Cf. ce rapport de Myriam* H., la collègue que je remplaçais, daté du 17 octobre 2012 (un mois avant mon arrivée) : « Je rencontre depuis la rentrée de gros problèmes avec la classe de 4ème A qui me freinent considérablement dans ma progression. Mercredi 17, la cloche sonne, les élèves de 4ème A ne semblent pas l’entendre. Ils continuent de chahuter aux abords de la classe et ignorent délibérément ma présence à la porte. A plusieurs reprises je leur demande de se ranger, en vain. Finalement, je parviens à les faire ranger. Ils entrent dans la classe et recommencent de plus belle à chahuter et à se parler les uns aux autres en ignorant totalement ma présence. Je leur demande de se tenir debout à leurs tables avant de s’asseoir, quelques-uns s’exécutent mais les autres continuent de s’agiter et de parler. Je réitère ma consigne et je demande le silence pour faire l’appel. Ils m’ignorent. Je m’adresse en particulier à certains d’entre eux [et leur demande] de respecter le règlement et je leur propose de réviser le contrôle de conjugaison à venir en précisant qu’ils sont tous capables d’obtenir de bonnes notes à ce contrôle. Après quoi, je recommence l’appel, aucun d’entre [eux] ne répond à l’appel de son nom vu le brouhaha. Je hausse le ton en leur exprimant ma déception devant un pareil comportement et leur répète qu’ils sont capables d’obtenir de bons résultats dès lors qu’ils consentiraient à adapter un comportement d’élèves sérieux. Les bavardages continuent de plus belle, certains élèves me tournent le dos en parlant à leurs camarades. Le raffût prend encore plus d’ampleur (cris aigus, éclats de rires, balancement sur les chaises, etc.) quand je leur dis, je cite : ‘Arrêtez ! J’ai l’impression d’être chez les fous !’ Ils devenaient incontrôlables et je me suis sentie démunie face à ce manque total de respect. Le bruit enfla encore, m’humiliant davantage. A bout, je leur annonce que j’en ai assez de ne pas arriver à faire correctement mon travail et que je vais finir par partir. Réaction des élèves en chœur : ‘au revoir Madame’ en riant, en m’imitant et en continuant à se balancer sur leurs chaises ! Sur ce, j’ai en effet quitté la classe pour prévenir Madame Ola. Celle-ci n’étant pas là, Madame Mona s’est précipitée pour me remplacer mais revint quelques minutes plus tard en disant : ‘c’est la catastrophe, il faut prévenir Frédéric.’ »

[5] Cf. cet autre rapport de Myriam* H., datée du 11 mars 2013 : « Dès la deuxième semaine, après une semaine de prise de contact avec les élèves, ces derniers ont montré le comportement suivant : - Ils entrent en classe en chahutant. - Je fais l'appel dans le brouhaha. - Ils ne m'écoutent pas, n'obéissent pas et refusent de se calmer malgré mes demandes. - Le cours commence généralement après 10 ou 15 minutes de négociation avec les élèves. - Je suis sans cesse interrompue par des bavardages et des demandes intempestives qui parfois ne concernent pas le cours. - Ils méprisent totalement le règlement intérieur. - Certains élèves vont même jusqu'à se moquer de moi en m'imitant. - Je dois élever la voix pour me faire entendre. - Ils font des comptes-rendus mensongers à leurs parents. - Ils contestent leurs notes et comme je maintenais systématiquement la note attribuée, ils me faisaient une mauvaise réputation auprès d'autres élèves et auprès de leurs familles. - Ils se rendaient ‘dans mon dos’ dans le bureau du proviseur pour me dénigrer et celui-ci annulait mes punitions. Les élèves revenaient en cours, forts de leur victoire et multipliaient les provocations à mon égard. J'ai interpellé Monsieur le proviseur à plusieurs reprises pour lui décrire la situation et tenter de trouver avec lui des solutions. En vain. Après mon départ il a expliqué ma démission aux collègues en disant que je n'étais pas compétente et que j'étais ‘psychologiquement fragile.’ Il savait très bien cependant que j'avais 12 ans d'expérience et d'excellents états de service. Comme je l'ai écrit à Monsieur TUMPICH en Octobre 2012, la situation à Misr Language School me semblait déjà irrécupérable. J'ai ensuite été recrutée par un autre établissement au Caire [La Mère de Dieu] où règne une discipline parfaite grâce à laquelle je peux exercer avec bonheur mon métier d'enseignante. Cette discipline est le fait de la direction de l'établissement qui considère qu'elle est un préalable et une base inégociable pour faire cours et dont elle se porte garante. » Même après le départ de Myriam* H., le Proviseur a continué à prêter une oreille complaisante aux élèves par-devers les enseignants, comme l’atteste ce courriel de Salima* C. au Proviseur Frédéric TUMPICH daté du 13 février : « S***, W***, et A*** [étaient] installés au fond de la classe [et] ont bavardé sans interruption pendant toute la projection. Je leur ai demandé à plusieurs reprises de se taire car ils dérangeaient leurs camarades. Rien n'y fit. Ils ont continué à bavarder. J'ai donc pris la décision de saisir leurs carnets de correspondance et de leur attribuer une fiche de suivi qui est – parfois – le seul moyen de les tempérer un peu quelques jours. Quelle ne fut pas ma surprise, au moment où je quittais l'établissement de découvrir accidentellement ces trois élèves chez le proviseur où ils étaient allés se plaindre d'avoir été ‘fichés’ par moi !! »

[6] Cf. par exemple cet extrait d’un courriel que j’ai adressé à mes proches le 23 novembre 2012, quelques jours seulement après mon arrivée, suite à une réunion direction-parents-professeurs et après « briefing » de la part des collègues expérimentés : « C’est un établissement pour la haute de la haute, qui paient une fortune, et qui sont traités comme les clients princiers qu’ils sont. L’établissement entier est donc à leur service, depuis les surveillants et femmes de ménage qu’ils peuvent traiter comme de la m***, jusqu’aux Professeurs et même aux plus hauts degrés de l’administration, CPE, Proviseur, Directrice d’établissement. Imaginez un PROVISEUR qui doit négocier avec les élèves pour obtenir leur carnet de correspondance, et qui reçoit des appels des parents pour telle ou telle sanction mise par un Prof et qu’il va ensuite s’efforcer d’effacer, en appelant le Prof ou directement en supprimant de lui-même la sanction. Les élèves et leurs parents sont les clients, et entre eux et un Prof y a pas à hésiter, j’ai assisté à une réunion parents-profs, c’était hallucinant, les parents remettaient tout sur le dos des Profs (un gars a parlé de la Gestapo, style les Profs sont malveillants et se liguent contre les élèves) et l’administration acquiesçait, disant qu’il y avait des abus et manquements, ct [c’était] les Profs d’une part contre l’administration et les parents d’autre part, vraiment tendu. Ce qui compte c’est que le client soit content, et pour ça tous les moyens sont bons. C[’est] une pression infernale pour t[ou]t le monde, et b[eau]c[ou]p ne parlent que de partir. » Voir encore ce rapport de Salima* C. à Frédéric TUMPICH daté du 31 mars 2013, qui dénonce « des enfants rendus tout-puissants par défaillance du cadre, (…) l’indiscipline compulsive et usante des élèves de l’établissement, leur attitude irrespectueuse à l’égard des règles et des enseignants, leurs versions déformées des faits à leurs parents, et leur impunité » et dénonce l’organisation par Frédéric TUMPICH de cette « réunion des parents d’élèves (…) où les enseignants déjà fortement perturbés par l’agitation constante des jeunes sont appelés à se justifier comme s’ils étaient coupables. Régulièrement, votre gestion sera basée sur la culpabilisation de l’enseignant. Et nous aurons affaire en permanence au double bind : réception d’ordres contradictoires inapplicables. De surcroît, vous êtes l’auteur de nombreux revirements : ce qui est préconisé un jour est abandonné ou renié le lendemain... Pas de vision globale : navigation à vue. On évite un récif in extremis ; on heurte le suivant de plein fouet.»

[7] Cf. par exemple ce rapport d’une collègue titulaire, Stéphanie C*, rédigé à la fin de l’année scolaire 2012-2013 : « Liberté pédagogique : Rien d’écrit mais les pressions par le proviseur pour satisfaire les parents (dans notre contrat il est indiqué le mot « clients » et non parents) sont permanentes. Si les parents demandent au proviseur que tel professeur de maths distribue des polycopiés de son cours à ses élèves (qui ne veulent pas prendre de notes), le soir même le collègue reçoit un mail du proviseur lui donnant l’ordre de donner des polycopiés à ses élèves.(…)Une collègue titulaire qui refusait de se laisser dicter sa façon de travailler pour faire plaisir aux parents a été l’objet de harcèlement moral de la part du chef d’établissement. »

[8] Cf. ces extraits du témoignage de François* E. portant sur des événements survenus les 14 et 21 mars, daté du 11 mai 2013 : « je me suis fait agresser verbalement par l’élève N***, celui-ci voulant faire rester ses camarades de 1ère-ES dans la salle […] cet élève m’agressa de nouveau verbalement et tenta de m’intimider physiquement le jeudi 21 mars, en présence de Farid* Y., un enseignant du Collège. »

[9] Cf. ce courriel adressé au Proviseur le 5 décembre 2012 par Salima* C. : « Mr le Proviseur, Irrécupérable ou pas ?! Je parviens de moins en moins à supporter le comportement des élèves de toutes les classes (excepté mes secondes mais elles semblent faire endurer à d'autres ce qu'elles m'épargent à moi) Aujourd'hui je suis rentrée avec un renouveau de douleur au bras... Rasl'bol. C'est usant, harassant et inintéressant. Si des mesures radicales ne sont pas prises (autres que des animations socio-culturelles bien inefficaces), je jette l'éponge. Ce n'est plus une vie. Je rentre chaque jour chez moi exténuée, et je me couche immédiatement pour dormir systématiquement au moins deux ou trois heures !! Ces élèves sont atteints d'une agitation compulsive et impunie qui rend bien vaine toute stratégie de récupération complaisante. De 8h à 15h, sans compter le trajet, toute la semaine, nous sommes en présence d'un état de fait dont l'absurdité n'a d'égale que sa capacité de détruire. Croyez bien, malgré les apparences, en la cordialité de ce message. »

[10] Cf. cet extrait du rapport de Stéphanie* C. au sujet de la place des parents : « Ils payent donc ils peuvent tout exiger… Les élèves égyptiens vivent dans une société où les relations humaines sont bâties sur le modèle ‘dominants/dominés’. Les élèves des écoles homologués de par leur classe sociale sont nés du côté des ‘dominants’ avec tout ce que cela comporte : nombreux domestiques à leur service, argent qui permet de ‘tout’ acheter. A l’échelle de la relation pédagogique on retrouve les mêmes problèmes, face à des enfants ‘rois’ qui ont tendance à se conduire en toute impunité puisque leurs parents payent et l’administration, dont la direction française actuelle (…), exaucent tous leurs vœux. Il faut être très déterminé, montrer qu’on ‘domine’ sa classe, sans compromission (ce qui demande beaucoup d’énergie surtout quand la direction ne nous soutient pas) ou bien se laisser aller à la démagogie. » Frédéric TUMPICH, dans un courriel qu’il m’adressait le 8 novembre 2012, juste après mon recrutement et avant mon départ pour l’Egypte (et qu’il a fait suivre à Salima* C.), corroborait ces faits : « La situation a été très tendue cette semaine (…) Je suis en train d'organiser du soutien, etc... de répondre à une poussée d'énervement en partie justifiée et en partie irrationnelle des parents d'élèves. (…) Et quand ils ont l'impression qu'on les mène nulle part, [les élèves] décrochent et se lancent dans une agitation qui épuise certains de vos collègues. (…) Ne pas élever la voix quand ils se mettent à discuter. Ils réagissent très mal quand on les brutalise. (…) Quand ils sont tentés de prendre la tangente, entrent dans une discussion, commencent à se parler d'un bout à l'autre de la classe, etc... j'ai dit très doucement: ‘Non, nous avons notre programme à faire. C'est plus important. Si. C'est plus important.’ Je ne sais pas si cela marcherait à Sarcelles ou Saint-Denis, mais là, ça marche. Evidemment, l'expérience est faussée car je suis le proviseur. » Remarque de Salima* C. au sujet de cet extrait dans un rapport qu’elle a adressé à Frédéric TUMPICH : « Les élèves sont donc capables d’avoir un comportement scolaire impeccable et de respecter l’enseignant… à condition qu’il soit proviseur ! Vous démontrez ainsi vous-même que votre fonction est décisive aux yeux de nos élèves. Quel message leur parvient-il alors lorsque vous annulez des punitions de l’enseignant ou que vous leur prêter une oreille complaisante alors qu’ils sont sanctionnés par un professeur à cause de leur indiscipline incessante, voire de leur insolence ? » 

[11] Etaient notamment dénoncés l’absence « [d’]un disjoncteur différentiel [dans] le labo-1 pour pouvoir déconnecter les tables élèves. Cela a pas mal traîné et suite à l'intervention de Farid* en réunion avec des parents cela fut installé […]. J'ai aussi fait déplacer l'ingénieur chargé du suivi des travaux des labos pour lui faire constater que les connexions de fils électriques étaient apparentes et que cela présentait un réel danger pour les élèves, d'autant plus que ces connexions étaient au pied des tables métalliques. Cela n'a jamais était modifié jusque mon départ fin juin. » (François* E.)

[12] Cf. Article 1 du Contrat : « [L’employé] reçoit ses instructions du chef d’établissement de la section française. » Il est bien stipulé dans la Charte de la MLF que celle-ci est le seul employeur des enseignants, et qu’ils ne répondent que devant des instances françaises (cf. note n° 1).

[13] Cf. ce rapport de Stéphanie* C. qui dénonce « l’attitude du chef d’établissement français dont la connivence avec les investisseurs (carrière oblige) provoque des comportements de soumission de la part des professeurs qui subissent l’insupportable que ce soit de la part des élèves, des familles-clients ou de la direction égyptienne » et « l’impunité d’un chef d’établissement français qui agit en dehors de tout ‘contrôle’ français et qui soumet le personnel à l’arbitraire ». Frédéric TUMPICH, acceptant d’être traité comme un pion de la part de l’administration égyptienne, a lui-même ses propres moments de panique comme nous l’avons déjà vu en note n° 2. La réalité est en effet très éloignée des protestations de transparence de la Charte de la Mission laïque française, dont le point 6 prétend que « La Mission laïque française garantit la qualité du projet éducatif proposé aux familles par ses établissements. Elle veille à la transparence de leurs procédures de gestion et au bon usage des moyens qu’ils recueillent. »

[14] Frédéric TUMPICH, dans un courriel du 12 avril 2013 adressé aux personnels, y faisait directement référence avec une remarquable impudence : « Mme Nermine et moi avons aussi été discuter avec les élèves de 6ème pour mettre fin aux rumeurs [c’est-à-dire les répandre, en vain] et avons communiqué avec les parents par écrit puis en recevant une délégation. Le sens de notre message était simple: nous avons rappelé que le recours à la violence physique était inexcusable» [alors que deux des 3 personnes qui avaient effectivement usé de violence, Samuel METAUX, l’agresseur, et sa compagne Mme Isabelle C., qui s’est mêlée à la danse en me mettant un coup de poing auquel je n’ai pas réagi, n’ont nullement été inquiétés et sont encore en poste à ce jour, et j’ai été le seul à être sanctionné, malgré la légitime défense établie sans le moindre doute possible]. Comparer ces allégations à ce message d’une élève de 6e daté du 31 mars 2013, juste après la propagande ignoble de Frédéric TUMPICH et Nermine NADA visant à me faire passer pour un élément dangereux et incontrôlable : « Cher M.Sallah, Ne soyez pas triste. M.Sallah on a tous pleurer quand vous etes exclue par l'ecole,on voulais vous voir mais l'ecole nous as dit que c'etait interdit. Je vous souhaite une bonne chance monsieur. (…) Toute les 6eme vous aime.» ; ou ce témoignage d’une maman d’élève de 6e datant du 12 mai 2013, après que les diffamations à mon encontre aient atteint de nouveaux sommets: « Au sujet du Professeur S., je n’ai entendu que tout le bien possible de la part de mon fils (élève de 6e) et des autres élèves de sa classe et des autres classes et niveaux. Tous attestent fermement de ses bonnes manières dans son comportement avec eux. […] Au début, j’avais l’impression qu’il était exagérément doux avec ses élèves mais il semblerait que cela ait été sa manière de tisser des liens de proximité avec eux. Cette vue est soutenue par le très fort attachement et la grande affection qu’ils éprouvent maintenant pour lui» ; ou encore ce témoignage d’un parent d’élève de 4e daté du 1er mai 2013 : « les vigiles de l’école ont menacé les élèves en leur disant que la Directrice de l’école avait dit que tout élève qui parle avec le Prof. S. aura des problèmes dans l’école.» Nous reviendrons plus en détail sur ces éléments dans la section 3.

[15] Selon Frédéric TUMPICH, une forme de discrimination aurait également joué dans le sort qui a été réservé à Myriam* H., eu égard à son origine algérienne. Je résumais ce propos dans un courriel à Frédéric TUMPICH daté du 3 avril 2013 : « Je me souviens de notre première entrevue sur Skype, pendant laquelle vous me parliez du racisme ambiant à MISR, m’avertissant qu’en tant qu’Arabe, ce serait encore plus dur pour moi, et plus encore en tant qu’Algérien, et que du reste cela avait beaucoup joué dans le départ de Myriam*. Vous m’avez averti de ce à quoi j’allais m’exposer, mais vous m’avez présenté ce racisme comme émanant des parents et des élèves. Hors, je vois une expression magistrale de ce racisme dans la décision de l’administration égyptienne d’exclure un SAYED HASAN et de garder un SAMUEL METAUX, avant toute enquête, et malgré toutes les preuves accablantes contre Samuel Métaux qui vous ont été transmises. Et j’ai parlé à de nombreux parents indignés qui ont présenté la chose en ces termes. » Un parent d’élève de 6e s’en indignait effectivement dans un courriel collectif à tous les parents daté du 9 avril 2013 : « si vous creusez dans l’histoire de l’école, vous découvrirez que de tels incidents n’arrivent qu’avec des Français non-purs – c’est une honte… :( » Au-delà même de mes différends avec MISR, l’école « vendant » une image française, elle considère en effet qu’un nom « arabe » a une connotation moins positive qu’un nom « français », indépendamment des diplômes & compétences (sans quoi la « petite » affaire Métaux/L. n’aurait pu avoir lieu, comme nous le verrons dans la 2e section), et ce point a ainsi pu s’ajouter à tous les autres contentieux. 

[16] Ces démissions sont recensées par Salima* C. dans un rapport adressé à Frédéric TUMPICH le 31 mars 2013 : « [L]a démission [de Myriam* H.] fut suivie par le départ du professeur de musique qui fut chahuté à l’extrême par les élèves de 4ème A sous mes yeux et ceux de Madame Sylvie* F., professeur d’anglais. Pas de sanction. (…) Madame Sylvie* F. part en congé maladie. Diverses remplaçantes se succèdent dont l’une prendra la fuite en laissant ses affaires étalées sur une table (…). Madame Christelle* G. démissionne à son tour à la fois pour des raisons administratives : l’établissement ne lui procure pas de visa de travail et fait payer des impôts chaque mois à cette salariée clandestine involontaire qu’on refuse de lui rembourser ; elle démissionne également pour des motifs dus à la situation générale du collège. »

[17] Cf. cet échange entre Salima* C. et le Proviseur Frédéric TUMPICH au soir de mon arrivée, le 19 novembre 2012 : Salima* C. « Il a fallu aujourd'hui tenir les 6èmes d'une main de fer (dans un gant de velours...); ils ont été très pénibles : agitation et bavardages permanents. Il faut, à mon avis, protéger rapidement Mr S. qui les aura 8 heures par semaine... Bien cordialement, et bonne soirée. » Réponse de Frédéric TUMPICH : « Oui, mais faire quoi? Maintenant, j'envoie les espèces de zombies qui nous servent de pions dans les classes bordélisées ou bruyantes au lieu de les laisser prendre le soleil dans la cour comme si de rien n'était. Mais ce n'est pas assez. S. a eu les 4A en afterschool. Il était sous le choc...On se voit demain. On montre de la solidarité. Bonne soirée. »

[18] Cf. ces extraits de courriels adressés à mes proches les 27 et 28 novembre 2012 : « Paraîtrait (rumeur rumeur) qu'on veut carrément me virer et qu'on attend juste le prétexte. Mais 4 ou 5 collègues ont été dans le même cas. On me conseille d'envoyer un mot au Proviseur pour avoir une trace écrite. Je préfère aller le voir de visu. » « C[’est] vraiment des rats et on est que des pions pour eux. (…) on dispose de moi et on me remplace, ce matin je me plains et le proviseur me rappelle texto que je suis en période d'essai pour 3 mois, style amovible à souhait. » Ce qui était d’autant plus scandaleux que le Proviseur lui-même était à bout, comme en témoigne son affirmation précédemment citée dans son courriel à Salima* C. daté du 8 novembre : « Je suis carrément preneur de la masseuse. (…) J’y vais parce que sinon c’est le burn out. » Commentaire de ladite collègue, en référence à l’accusation de « fragilité psychologique» portée contre Myriam* H. après sa démission : « Si je comprends bien l’anglais «burn out»signifie « craquer». Les enseignants ne sont donc pas les seuls à être « fragiles.»

[19] Cf. note n° 17 et ce message adressé à mes proches après mon premier jour de cours, le 19 novembre 2012 au soir : « Ils m'ont bouffé tout cru. C'était vraiment le cercueil d'énoncer ces règles si strictes dans un établissement miné par les pbs de discipline, où les expérimentés même demandent à partir pour l'an suivant – voire même avant, comme celle que je remplace – wallah les 6e B m'ont tué ils ont applaudi après mes règles, style bravo gars t'y crois. Impossible de les faire taire, ils parlent tous, 80%. Tous les collègues ont ces pbs. » Comparer l’évolution de la situation avec ce témoignage d’une maman de 6e sur ma relation avec mes élèves, daté du 25 mai 2013 : « une relation bienveillante emplie de compréhension, de respect et d’échanges culturels, et c’est pourquoi la discipline régnait et il était soucieux de connaître leurs difficultés et essayait de les aider bénévolement, sans rien demander en échange (…) les élèves le respectaient énormément et il était désireux de les aider ; ils lui en étaient reconnaissants et parlaient de leur affection pour lui aux autres enseignants » ; témoignage d’un parent d’élève de 4e datant du 1er mai 2013 : « leProf. S. est un excellent enseignant en ce qui concerne le savoir et en ce qui concerne sa relation avec les élèves. » ; une autre parent d’élève, le 1er avril 2013 : « Du côté académique, je dois admettre que je n’ai jamais eu à me plaindre de vous et pour être plus précis, vous avez été d’une grande aide pour mon fils. A ma connaissance, vous êtes le seul enseignant à avoir donné son numéro de téléphone aux parents et vous étiez toujours prêt à aider gratuitement, que ce soit durant les heures d’école ou au téléphone après les cours. Vous n’avez jamais refusé votre aide à mon fils sur le plan académique, et vous lui réexpliquiez à sa demande tout point du programme » ; une élève de 6e, le 31 mars 2013: « Cher monsieur, Nous sommes désolé de ce que c'est passé, nous voulons vous salue[r] avant de partir mais on n'avaient pas le droit et on a pleuré beaucoup nous voulons vous dire que vous étiez un trés bien professeur pour nous qui nous a enseigné le francais avec un niveaux élevée merci de tout se que vous a fait pour nous et on ne vous oublieront jamais » ; un élève de 4e, le 30 mars 2013 : « Bonjour M. Saleh, Vous me manquez beaucoup fâché de vot[re] absence vous me manquez plus que vous le croyez, vous êtes le meilleur prof que j'ai eu, j'étais très fâché quand j'ai su que vous n'allez pas nous donner après les vacance. Vraiment monsieur s'pas parceque je vous parle, vous êtes le meilleur prof que j'ai eu, je vous ai beaucoup aimez, je comprenais de vous mieu que n'importe qu'elle prof. Vraiment Monsieur il n'y a aucun prof qui peu vous remplacer est il soit de votre intelligence ou comme vous. (…) excusez mois pour les faute d'autographe dans le message » Nous reviendrons sur cela en 2e section.

[20] Rapport qu’en a fait Stéphanie* C. : « Une de nos collègues titulaire enceinte, rentrée en France pour des examens médicaux a été en arrêt maladie début janvier jusqu’au 5 mars 2013. Le Proviseur l’a contactée sur skype et lui a demandé de démissionner car ‘il avait un établissement à gérer’ (et des parents qui avaient trouvé une remplaçante à satisfaire). Il a enrobé ses pressions exercées sur notre collègue en lui disant que la MLF était d’accord et l’aiderait à réintégrer en France. »

[21] Cf. cet extrait d’un courriel adressé à mes proches après mes premiers jours, le 20 novembre 2012 : « Hier soir [j’ai] été forcé à sortir par un collègue malgré ma fatigue, soirée privée entre un groupe de 3 profs dont mon hôte, y en a pas un qui aime son boulot, c[’est] le bordel, et ils parlent d'unetelle ou d'untel qui disent aimer ou arriver à les tenir et que ça se passe bien comme des menteurs/hypocrites (sauf en primaire). Le bon temps, c en dehors des cours, en congé, ou exceptionnellement avec telle ou telle classe qui est calme. Ils m'ont dit de surtout pas douter de moi ou me remettre en cause, mais un prof qui tient pas sa classe... Enfin si des vétérans gèrent des élèves qui font même des votes pour les exclure... Mais on est pas là pour travailler. Ce qui est sûr c que mes critères de choix [j’avais été contacté simultanément par MISR et Balzac] étaient faux, le proviseur fait pas son boulot et est critiqué vivement par les collègues, m'a lâché dans les classes sans préavis et me donne des heures de perm imprévues (le collège qui assumait l'intérim voulait plus les voir ces 4e, il me l'a dit franco quand je l'ai vu) alors que je suis fatigué et débutant, et la gestion du personnel est faite pour les élèves, les payeurs – 5000 à 15 000 euros annuels !!!!! – qui se comportent comme les propriétaires de l'école. » Le sort des enseignants égyptiens est pire encore, comme le souligne le rapport de Stéphanie* C. : « Les enseignants égyptiens sont corvéables à merci, contraints de rester toute la journée dans l’établissement, contraints de participer aux activités (le week end de préférence) pour promouvoir l’établissement pour un salaire de misère (la moitié du salaire du 1er échelon de la grille des non-titulaires) ».

[22] Consultable en ligne : etranger.sgen-cfdt.org/spip/IMG/pdf/88Printemps2008.pdf, pp. 10-11.

[23] Qui continuaient à se dégrader comme le précisent ces comptes rendus de Salima* C. au Proviseur Frédéric TUMPICH : « La situation au collège, et dans certaines classes du lycée, continuent de se détériorer. Les mois de janvier et février 2013 ont été très pénibles. Vous ne parvenez pas à rétablir une quelconque discipline dans l’école. Les enfants ne rencontrent aucune véritable limite. » (13 mars 2013) ; « Les dysfonctionnements de Misr sont tels que je ne suis plus en mesure d’être présente toute la journée dans l’établissement (…) je rentre chaque jour plus fatiguée que la veille comme la plupart de mes collègues du collège. Mes enfants ne me voient quasiment plus si ce n’est dans un état d’épuisement complet. Je suis de plus en plus incapable de jouer mon rôle de mère. » (19 janvier) ; « Je voulais aussi vous dire que l’équipe enseignante est de plus en plus abattue et découragée. » (11 février). 

[24] De telles mesures d’accompagnement avaient été prévues avant même mon recrutement du fait du chaos qui régnait dans l’établissement et des plaintes des enseignants, comme on peut le lire dans les courriels du Proviseur adressés aux personnels avant ma venue, tel ce courriel du 22 octobre 2013 dont j’ai eu connaissance a posteriori et qui traduit éloquemment le chaos endémique à l’école et le dangereux amateurisme de Frédéric TUMPICH, dont c’était également le premier poste en tant que Proviseur : « Je vous remercie pour votre participation à la réunion d’hier et la franchise de vos interventions. […] Message reçu. Pour rétablir la sérénité en cours, voici les protocoles qui se seront mis en place à la rentrée. Le professeur principal identifie les élèves perturbateurs. […] Il est recommandé d’encourager les élèves qui font des efforts pour s’amender ou lutter contre leur bougeotte, leurs démons. […] Si un élève "replonge", une autre fiche de suivi doit lui être imposée. Dans le cas où une classe entière se comporte mal, les enseignants le signalent au PP, à la Vie scolaire et me le signalent. […] N'oubliez pas : - que le système des retenues pendant la récréation peut être mis en place. - que vous pouvez aller aider vos collègues pendant un cours qui se passe mal d'ordinaire (en vous plaçant au fond de la salle par exemple). - que nous pouvons aussi tenir les classes avec les projets de voyage, de kermesse, d'action caritative, etc. » Voir également note n° 32.

[25] Cf. par exemple ce compte rendu de la première de ces expériences avec François* E. le 7 mars 2013, datant du jour même : « Les élèves sont arrivés en cours vers 13h20 [au lieu de 13h], dans un chahut aggravé par la présence inattendue, parmi eux, des élèves de Première ES (qui auraient dû être en cours avec Farid* Y., absent), et qui se sont invités dans ma salle sans même me consulter. Je ne les ai évidemment pas acceptés, et leur ai demandé de sortir. Face à leur réticence, S. (qui n'avait même pas encore eu l'occasion de se présenter) m'a aidé en leur demandant de sortir au plus vite afin que le cours puisse enfin commencer, et lorsqu'un élève de Première S, I***, s'est permis de m'interpeller insolemment pour contester ma décision et "proclamer" le droit des élèves de Première ES d'assister à ce cours […], M. S., qui était alors juste à côté de lui, lui a intimé l'ordre de baisser d'un ton et de s'adresser respectueusement à moi […] I*** a ensuite redoublé d'insolence en disant à S. qu'il ne s'adressait pas à lui mais à moi, et qu'il ne devait pas élever la voix sur lui (alors que lui-même se permettait d'élever la voix sur son Professeur, pour une question qui ne le concernait en rien !) […]. Suite à cette altercation verbale et grâce à l'aide de S., les élèves de Première ES sont sortis, mais ils étaient suivis par la majorité des élèves de Première S. Ils se sont installés au beau milieu de la cour. […] Quelques minutes plus tard, Ola [la Conseillère Principale d’Education]est venue demander des explications sur ce qui s'était passé, ne comprenant pas que les élèves soient entrés dans un premier temps puis ressortis. Elle pensait que S. avait été la cause d'un incident. Je lui ai expliqué ce qui s'était passé en réalité, et S. lui a exprimé son étonnement de la voir servir ainsi d'intermédiaire entre les élèves et les Professeurs, au lieu de tout simplement leur ordonner (aux Première S) de retourner en cours, laissant les explications à plus tard – ou au moins de les demander en privé, et non pas devant les élèves, ce qui peut donner l'apparence d'un poids égal (voire inférieur) à la parole des Professeurs et des élèves. En effet, en temps normal, rien, absolument rien ne saurait justifier qu'un quelconque élève – a fortiori les 2/3 de la classe – quittent la classe sans s'exposer aux sanctions les plus sévères. Ce n'est pas à un Professeur de se justifier – ni même à des élèves de les justifier, car ceux-ci ont été sollicités pour corroborer notre version des faits, ce qu'ils ont fait, comme s'il était nécessaire de les consulter – publiquement – à propos de la décision conjointe d'un (de deux) Professeur(s).Ola est repartie, et quelques minutes plus tard, elle est revenue avec la plupart des élèves de Première S, à l'exception de I*** qui était dans son bureau. Le cours a ensuite pu commencer, et s'est même mieux passé que d'habitude grâce à la présence d'un deuxième Professeur. S. a même pu échanger avec les élèves. […] Si cela était possible, je pense qu'il serait très profitable pour tous que S. (qui est d'accord sur le principe) puisse se voir affecter cette heure de cours à mes côtés, voire même deux heures le dimanche avec ces mêmes Première S, dont il est notoire que c'est la classe la plus difficile de l'établissement. »

[26] Cf. cet extrait d’un courriel à mes proches daté du 20 décembre 2012 : « Des ennuis, certains parents et élèves veulent ma peau apparemment, le proviseur dixit […] vu que je veux les tenir et y mets le prix – sévérité, punitions, exclusions de cours. Hier, j'ai une maman qui est venue me voir, avec le Proviseur, pour nous dire qu'on exagère, j'ai exclu sa fille qui bavardait, a rechigné à se déplacer, me parlait insolemment […] et la maman me dit que c[’est] pas une école religieuse, et que ma directive ne paraissait pas logique à sa fille (je l'ai placée au 1er rang, vers mon bureau où y a un ordinateur, mais apparemment c[’est] intimidant et même mauvais pour la santé, donc c[’est] pour ça qu'elle voulait pas...) et que donc je devrais être plus flexible, et patati et patata. Incroyable jusqu'où ils vont pour défendre leurs "anges", qui sont bien plutôt des diables. Mais c cool, j'y arriverai iA. » Autre courriel du 16 mars 2013 : « Le Proviseur, qui veut mon bien mais est faible et lui-même en danger, m'a fait comprendre que mon avenir au collège est pas assuré […] Il m'a laissé entendre que les blocages à mon sujet viendraient de l'administration égyptienne – CPE, direction – voire de qqs parents. J'ai pour moi 99% des élèves et des parents et c ces derniers qui décident. Le pb c'est que c'est toujours ceux qui sont pas contents qui crient et exigent, ceux qui sont contents se manifestent pas – pcq qu'ils savent rien. »

[27] Même courriel du 16 mars : « Le Proviseur m'a conseillé de me faire connaître des parents, organiser réunions, les appeler, faire faire des projets aux élèves, donner bcp de devoirs, etc. Les paillettes quoi, la quantité et pas la qualité. Je vais essayer de concilier mon professionnalisme avec la "publication", comme pour le théâtre ou les lettres au Petit Prince. »

[28] Cf. ce témoignage de François* E. daté du 11 mai 2013 : « J’ai accueilli pendant quelques séances de cours mon collègue Sayed Hasan au mois de mars 2013, [celui-ci] connaissant aussi les difficultés rencontrées avec cette classe de 1-S. Sa première venue date du jeudi 14 mars. [Suit le compte rendu des événements décrits en note n° 25.] Mon collègue S. est alors intervenu pour leur ‘faire un peu la morale’ et s’exprima notamment en Arabe, de façon ferme mais calme. C’est ainsi que j’ai pu ensuite, pendant environ un quart d’heure, démarrer le cours de Physique. Le dimanche suivant (17 mars) ayant à nouveau cette classe en Physique chimie (de 13h05 à 15h), les élèves à leur habitude, sont rentrés en salle avec plus de vingt minutes de retard, mais l’élève N*** est resté dans la cour, ce qui ne me dérangea nullement car cet élève perturbe régulièrement les cours et ne prend aucune note. D’ailleurs cet élève m’agressa de nouveau verbalement et tenta de m’intimider physiquement le jeudi 21 mars, en présence de Farid* Y., un enseignant du Collège. Mon collègue S., bien que ne travaillant pas le dimanche avait tenu à venir assister à mon cours […] pour m’assister en cas de difficulté, (comme le préconisait d’ailleurs notre Proviseur lors d’une réunion en novembre 2012). Le cours se déroula normalement et dans le calme ; mon collègue S. intervenant à différentes reprises pour me poser des questions et ainsi rendre le cours plus vivant. Par contre, le jeudi 21 mars, le cours de 13h05 à 14h fut un peu agité, certains élèves étant peu enclins à travailler. C’est alors que, avec mon accord, S. pris la parole pour essayer de raisonner les élèves perturbateurs. […] Finalement, j’ai pu à nouveau avancer dans mon cours jusqu’au moment où la sonnerie retentit. Il n’y eut par la suite aucun autre cours avec mon collègue S.. En effet, les élèves refusèrent de rentrer pendant la première heure de cours le dimanche 24 mars. Monsieur le Proviseur du Lycée ayant demandé à Salha de ne rester que durant une heure, celui-ci quitta la salla (labo-1) vers 14 heures. Que puis-je ajouter à cette déclaration ? sachant que mon collègue S. a eu tout au long de sa venue dans mes cours, un comportement tout à fait normal pour un enseignant ; avec le seul souci de faire prendre conscience aux élèves que l’on ne fait pas n’importe quoi en classe et qu’il est nécessaire de respecter ses Professeurs. »

[29] Voilà le verbatim de cette injonction manuscrite, qui prouve que les requêtes les plus extravagantes et pernicieuses d’élèves ou de parents sont exécutées docilement par le Proviseur, au détriment même de la sécurité des personnels dont il est responsable : « 17/03/2013 13h15 M. S., J’ai eu des demandes de parents concernant votre présence en 1ère S. Etant donné le caractère exceptionnel de cette intervention, je vous demanderais de ne rester qu’une heure et d’éviter par-dessus tout tout échange avec les élèves. A tout à l’heure. TF.» Par la suite, on m’a interdit d’assister François* E., sans qu’aucune mesure ne soit prise pour le protéger, et il a été agressé la semaine suivante.

[30] Extraits de ce rapport adressé au Dr. Mona Yassine, adjoint de Frédéric TUMPICH qui était alors en France, ainsi qu’à la CPE et au Professeur principal dénégateur Eric* C. : « Depuis le mois de janvier, un nombre important d’élèves n’est pas venu en cours le dimanche. Je me suis ainsi retrouvé à plusieurs reprises, à enseigner avec seulement trois élèves ; les autres préférant s’absenter pour terminer leur T.P.E (Travaux Personnels Encadrés). Et depuis février, ces élèves de 1-S arrivent en classe avec un retard très important ; il faut ajouter que depuis environ trois semaines, ils ne veulent plus travailler et saisissent toutes les occasions pour chahuter. […] J’ajoute que plusieurs élèves de cette classe entrent maintenant dans la salle (salle -1 , labo-1) où je travaille avec les élèves des autres sections. Cela s’est encore produit ce jeudi matin vers 9 heures lors d’un cours avec les Terminale-S. Comme je l’ai signalé en Conseil de classe le dimanche 17 mars, ces élèves : N***, A***, A***, Y*** et A*** n’ont qu’un but : perturber les cours que je dispense pour me retirer toute envie de rester l’année prochaine à MISR. […]je suis aussi victime de menaces verbales et tentatives d’intimidation, notamment de la part de l’élève N***. Cela s’est produit la première fois le jeudi 14 mars en présence de mon collègue S. qui était présent à mes côtés […] De même mardi dernier, lors d’une séance d’ A.P. (au labo-2) celui-ci a encore essayé de m’intimider et a tenté de manipuler l’ordinateur avec lequel je travaillais. J’ai dû le repousser fermement de la main. Et finalement ce jeudi 21 mars, pendant le cours qui se déroule de 13 à 14h, Naguib est venu au bureau où j’étais assis pour me menacer verbalement et m’intimider physiquement. Mon collègue Farid* Y., entré à ce moment là, a été témoin de cette agression. Devant de tels comportements, qui s’ils ne sont pas rapidement stoppés, peuvent aboutir à une situation dangereuse, je vous demande Docteur Mona, de bien vouloir mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour faire cesser ces agressions et assurer ma protection. Il n’est pas digne d’un établissement scolaire de laisser faire de tels agissements d’élèves. »

[31] Un manque de cohésion et de solidarité et un déni corroborés par Salima* C. dans son rapport adressé à Frédéric TUMPICH le 31 mars 2013, où elle mentionne qu’une telle attitude a encore eu lieu publiquement le jour suivant (le 27 mars au matin), date de l’agression : « Monsieur François* E., professeur de physique-chimie, titulaire hors-classe en fin de carrière, vit un cauchemar au lycée depuis plusieurs mois. Ses élèves le méprisent, le déshonorent, boycottent ou perturbent ses cours, le menacent… Vous le recevez régulièrement mais sa situation ne change pas. Elle s’aggrave. L’établissement recrute un autre professeur de physique-chimie qui intervient en même temps que Monsieur E., durant des heures de soutien, ce qui achève de le discréditer. Parallèlement, ses jeunes collègues, notamment Madame Elodie* Q. et Monsieur Eric* C. commettent l’erreur de le critiquer, de le juger, de l’évaluer négativement, de le culpabiliser. Ils portent sans le savoir une part de responsabilité dans l’acte de Monsieur E. que j’évoquerai plus bas [après avoir subi l’agression physique d’un élève, il a quitté l’établissement pour raisons de sécurité ; à la date de ce rapport, il n’était pas revenu – il a exercé son droit de retrait pendant une semaine entière] car le matin même avant ‘le drame’ ils mettent ce collègue en cause, l’humiliant en public à la cafétéria. » Les causes et conséquences de cet entre-déchirement mutuel (notamment un turn-over exceptionnel des personnels – cf. notes n° 22 et n° 35) sont évoquées plus loin : « Mars 2013. Vous planifiez des entretiens individuels dans la perspective de recruter pour la prochaine année scolaire. Vu le contexte, la panique s’empare des enseignants. Les stratégies individualistes prennent définitivement le pas sur la réflexion collective. Sauve qui peut : telle est l’ambiance générale. Les divisions de l’équipe pédagogique se creusent dans un contexte où l’agitation et l’agressivité des enfants et des adolescents de l’école se développent encore davantage. A l’issue de vos entretiens, il apparaît les statistiques suivantes : • Sur 18 enseignants français (dont 8 titulaires) : - 11 départs (dont 6 titulaires et 2 démissions en cours d’année), soit : - 6 non-renouvellements (dont 4 titulaires) ; - 4 départs volontaires (auraient-ils été reconduits ?) ; Sur les 10 enseignants recrutés en septembre 2012 (dont 6 titulaires) : - 7 départs (dont 5 titulaires et 2 démissions en cours d’année) ; - 4 non-renouvellements (dont 4 titulaires). » 

[32] Ces décisions du proviseur avaient précédé ma venue et ont été confirmées ensuite en ma présence, comme le précisait son courriel aux personnels daté du 22 octobre 2013 évoquant la réaction à avoir face aux actes d’indiscipline dans des termes éloquents (presque militaires) : « La rapidité de réaction est essentielle. La coordination aussi. Tous les enseignants font ensuite la morale aux élèves. Si les élèves sentent que nous communiquons et formons un front unique, la partie est très bien engagée. La rentrée de novembre va être l’occasion d’un bras de fer qu’il va nous falloir gagner. Si nous l’emportons maintenant, nous aurons des conditions satisfaisantes pour la suite. La lutte sera à reprendre sûrement plus tard mais des points peuvent être marqués. » Voir également note n° 24.

[33] Extrait du compte rendu de cette intervention, adressé à Frédéric TUMPICH, à la MLF et aux services diplomatiques le 13 avril 2013, lorsque l’administration, afin de justifier mon exclusion face aux protestations des parents, a substantifié ses accusations en prétendant que j’avais « insulté » ces élèves (la teneur de ce propos a été partiellement confirmée par les témoignages de Sylvie* F. et de François* E.) : « To be a part of a [lynching] mob is as low as a man goes ». Cette citation d’Henry Fonda (acteur américain) exprime une vérité très importante, à savoir que des personnes qui, individuellement, peuvent être très respectables et avoir un comportement irréprochable, vont, dans certains cas, être entraînées par un mouvement de groupe à faire des choses mauvaises et injustes. Il se passe quelque chose d’inacceptable dans cet établissement, quelque chose avec quoi je suis familier puisque je suis directement intervenu dans le cours de M. François* E. et que j’ai vu de mes yeux la manière inacceptable dont les élèves le traitaient, sans aucun respect, allant jusqu’à l’intimidation verbale et même physique. Aujourd’hui, il a dû fuir l’établissement pour sa sécurité, et je ne sais pas quand est-ce qu’il reviendra. C’est une situation d’autant plus grave qu’elle est connue de tous, élèves, personnels et administration, au point qu’hier même, la question de savoir ce que les Professeurs feraient en cas d’agression physique contre François* s’est posée explicitement en présence de 4 professeurs. Un groupe peut nous entraîner bien bas, vers les injustices les plus graves. On prétend que François* n’est pas un bon Professeur. Mais premièrement, je le connais, et je peux attester que c’est le Professeur le plus compétent et le plus investi de tous pour ses élèves, bien plus compétent et investi que moi-même. Car on peut être un Professeur et ne pas faire beaucoup d’efforts, voire pas du tout. Ce n’est pas le cas de François*. Deuxièmement, on ne lui donne même pas une chance de montrer ce dont il est capable. Je sais à quel point les élèves peuvent être cruels, sans le vouloir véritablement ou sans s’en rendre compte, car j’ai moi-même été accueilli de la plus dure des manières par mes élèves de 6e et de 4e. Ils ne m’ont laissé aucune chance. Et certains m’ont avoué qu’ils voulaient me faire craquer, encouragés par l’expérience avec Myriam*. Au début, ils ne pouvaient pas avoir quoi que ce soit contre moi, puisqu’ils ne me connaissaient même pas. Ils n’ont pas même voulu savoir comment j’allais être, ils ont été impitoyables, et ils l’ont reconnu par la suite. Ce n’est que grâce à ma patience et à ma persévérance que j’ai pu résister, m’imposer et me faire apprécier. Pas besoin de me croire sur parole. Allez demander aux 6ecomment ils m’ont accueilli au départ, et ce qu’ils pensent de moi maintenant. Allez poser la même question aux 4e, dont je ne suis plus le Professeur : demandez-leur s’ils sont contents de mon départ ou s’ils me regrettent. C’est une vérité générale dans la vie : on ne se rend compte de la vraie valeur des choses, positive ou négative, que lorsqu’on les a perdues. Des élèves du lycée ont reconnu explicitement qu’ils voulaient faire partir François*. S’ils réussissent, ils risquent de le regretter. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de mauvais professeurs. Il y a des mauvais professeurs. Mais même dans ces cas, il faut agir de manière raisonnable et juste. Raisonnable, parce qu’il ne faut pas oublier qu’on a un objectif principal, le baccalauréat. Le Professeur ne sera pas moins payé si on a raté son baccalauréat, ou si on n’a pas obtenu la note qu’on aurait pu avoir. Il a ses diplômes, son travail, il a donc ‘fait’ sa vie. Mais ce sont les élèves qui ont encore tout à faire. C’est eux qui paieront le prix s’ils n’ont pas assez travaillé. Oui, je vous le dis, vous êtes les premières victimes de cette indiscipline, et d’ailleurs, j’ai dit à François* que ce n’est pas tant pour lui que pour les élèves que je venais l’assister dans ses cours, bénévolement, durant mon jour de repos. C’est pour vous, car je vois que vous gâchez votre potentiel par ce comportement, qui nuit bien évidemment à toute la classe. Ne croyez pas qu’on vous rende service en ne vous sanctionnant pas. J’ai vu, avec mes 4e, le très grand potentiel qu’ils recelaient, et qui a été révélé, après des combats intenses pour obtenir la discipline et la concentration, par des productions de très grande qualité (je les ai même envoyées à ma famille). Demandez-leur donc. Si vous concentrez toute votre énergie dans le travail, dans des choses positives, vous êtes capables de prodiges. Je n’exagère pas. […] Et si je voyais mon Proviseur [celui de mon ancien lycée, quand j’étais en Terminale ; j’avais rapporté aux élèves un incident dans lequel un manque de respect envers un Professeur injuste et incompétent m’avait légitimement valu trois jours d’exclusion], je le remercierais pour sa punition. Je n’ai pas payé une fortune pour m’inscrire dans ce lycée (un lycée public, gratuit, je n’avais pas les moyens d’autre chose, contrairement à vous) mais j’ai été bien ‘éduqué’, l’administration faisait bien son travail et assumait toutes ses responsabilités. Elle nous préparait à la vie adulte par le travail et par l’exhortation au bon comportement. […] Et plus on grandit, plus on paie cher le manque de contrôle. Il faut donc toujours rester maître de soi. C’est ce que j’explique à mes 6e, avec Le Petit Prince. Je vous assure, dans ce lycée même, ce ne sont pas les loups qui manquent, alors restez toujours maîtres de vous pour vous en prémunir : être le plus intelligent ne suffit pas. Ce que font certains élèves ici est non seulement irresponsable, pour leur avenir, mais lâche. Irresponsable parce qu’ils gâchent leurs capacités. Lâche parce qu’ils savent qu’ils ne risquent rien. François*, à l’âge vénérable où il est arrivé, n’est pas capable de se défendre comme je le ferais moi par exemple. Et puisque l’administration ne vous sanctionne pas et permet que, chaque jour, les élèves restent dans la cour une demi-heure de plus, sous les yeux des CPE, et entrent en classe à 13h30 au lieu de 13h, s’y comportant de la manière la plus inacceptable, les élèves savent qu’ils n’auront rien (et ils se lèsent eux-mêmes car ils ont payé une heure de cours et ne font qu’un quart d’heure). Et, je vous le dis, il n’y a rien de plus lâche, rien de plus minable que de s’attaquer à quelqu’un qui est sans défense. […] Pour conclure, ni moi ni aucun collègue ne vous demandons de faveurs personnelles. Il n’y a pas besoin que vous soyez gentils, généreux, compréhensifs à notre égard, quelles que soient nos caractéristiques ou même nos problèmes personnels s’il y en a. Agissez dans votre intérêt. Ne perdez pas de vue l’objectif. Soyez responsables d’abord, et la justice viendra d’elle-même. Je demandais à mes 6e s’il était plus important de se respecter soi-même, de respecter ses camarades ou de respecter le Professeur. Le plus important est de se respecter soi-même : quand on a assez de respect pour soi, on s’oblige à respecter tout ce qui est respectable, et on s’interdit tout acte honteux. Je vous invite à penser à vous-mêmes, et à personne d’autre, mais avec sagesse et lucidité. »

[34] Courriel de Frédéric TUMPICH aux personnels daté du 12 avril 2013, qui cautionne l’accusation calomnieuse portée par des élèves contre François* E. : « En mon absence encore, un élève de Seconde a affirmé que son enseignant l’avait poussé en cours jusqu’à le faire tomber. J’ai vu le père de cet élève avec Nermine. Celui-ci était confus de l’attitude de son fils. En effet, cet élève avait été exclu de cours par l’enseignant et était revenu en classe deux fois de sa propre initiative, contrevenant ainsi directement à un ordre de son professeur. Nous avons demandé à l’élève d’écrire une lettre d’excuse à l’enseignant, ce qui a été fait. Il a manifesté un repentir sincère. [sic] Une sanction d’exclusion avec sursis a été prise à son égard. J’ai rendu visite aux classe de Seconde et leur ai demandé de se comporter correctement en cours. »

[35] Ainsi paie-t-on des titulaires au rabais en invoquant des prétextes spécieux et en les assurant d’une reconduite de leur contrat pour l’année suivante à des conditions de travail & salariales qui compenseront cette situation, puis leur pose-t-on comme condition d’enseigner d’autres matières que les leurs, même s’ils n’ont pas la qualification ou l’expérience requises, et voient-ils leurs contrats non reconduits pour l’année suivante en cas de refus, malgré les accords précédents, pour la raison suivante (Frédéric TUMPICH dixit à ladite collègue en question) : « j’ai un tas énorme de CV de personnes qui travailleront pour bien moins cher que vous (…) si vous acceptez d’enseigner le français, je peux vous garder ». De fait, selon ce rapport d’une collègue,« 4 autres collègues titulaires expérimentés […] ont également été ‘débarqués’ sans aucune explication à la fin de l’année scolaire en juin 2013. L’explication m’en a été donnée quelque temps après: L’école MISR avait demandé l’homologation de la terminale d’où le recrutement de titulaires chevronnés pour l’année 2012-2013. Une fois l’homologation garantie, ils se sont ‘débarrassés’ des titulaires. Le nouveau proviseur français de connivence avec les investisseurs et parents d’élèves a largement œuvré dans ce sens. Pour les non-titulaires, il y a aussi une grille de rémunération mais d’après ce que j’ai compris chacun négocie. Aucune transparence.»

[36] Voici le courriel que j’ai adressé aux directions française et égyptienne le dimanche 24 mars 2013 : « Monsieur TUMPICH, Comme vous le savez peut-être, je n'ai toujours pas de compte en banque alors que j'ai pris mes fonctions le 19 Novembre 2012, soit il y a plus de 4 mois. J'ai rempli et signé tous les papiers nécessaires, à plus d'une reprise, et me suis constamment enquis auprès de Mme Yara de l'avancement de ce dossier. A chaque fois, on me parlait d'un mystérieux problème me concernant et touchant également d'autres collègues, et sur lequel l'établissement ne pouvait rien. Tous les efforts étaient exercés, m'assurait-on, et la question était ajournée à plus tard, lorsqu'il y aurait des nouvelles, lorsque les responsables seraient disponibles, etc. Finalement, il y a deux semaines, Mme Yara m'a dit que tout ce qu'elle pouvait faire était de me donner une espèce de carte de retrait qui me permettrait de retirer ma paie, sans pour autant que j'aie un compte, ce qui m'a paru non seulement incroyable mais en plus inacceptable : comment peut-on travailler et vivre dans un pays sans avoir de compte ?Jeudi 14 mars, une semaine après avoir découvert que j'avais été lésé de près de 3000 livres sur mes paies précédentes (ce dont j'ai informé Mme Yara, exigeant que ce problème soit réglé au plus vite), pour la première fois, je me suis dirigé non pas vers Mme Yara (qui était occupée), mais vers le bureau qui s'occupe des comptes en banque. On m'a informé que depuis deux mois, on me demandait seulement mon adresse, seul élément qui manquait pour que mon compte puisse être ouvert à la CIB. On m'a assuré avoir directement informé Mme Yara de ce fait. Cela a été répété et confirmé en sa présence. Il s'avère donc qu'on a délibérément laissé cette affaire traîner en longueur depuis des semaines, pour des raisons que je peux seulement imaginer. Et sans cette initiative qui n'a été possible que parce que je parle couramment l'arabe, je n'aurais jamais été informé de la réalité des faits. Depuis mon arrivée, je n'ai pas de compte en banque, je touche mon salaire en liquide, et je suis obligé de le garder chez moi et de le transférer sur mon compte en France, avec tous les coûteux désagréments que des transferts et retraits internationaux peuvent entraîner (taux de change, frais bancaires conséquents, délais, etc.). Cela est absolument inacceptable, d'autant plus que l'affaire toute entière reposait sur un point de détail dont on n'a point daigné m'informer, à savoir mon adresse, que j'aurais bien évidemment communiquée sans problème, ayant emménagé fin Novembre. Je demande à ce que ces problèmes soient réglés au plus vite, pour le 1er avril au plus tard, et à obtenir une compensation au moins égale aux frais occasionnés pour tout ce que ces graves manquements injustifiables m'ont coûté. »Voici la réponse que j’ai reçue le jour même : « M L., Je vous transmets la réponse de Mme Nermine: Elle est très occupée cette semaine par les interviews avec les nouveaux parents. Elle vous accueillera en présence de M. TUMPICH la semaine prochaine. Cordialement Yara Youssef »

[37] Voilà quelques notes & moyennes (brillantissimes !) de ses élèves de 4e A en Français, pour le 2e trimestre 2012-2013 : l’élève N*** a trois notes : 15/20, 02/20, 15/20, ce qui lui fait une moyenne de… 16/20 ! L’élève A*** a deux notes, 01/20 et 11,5/20, ce qui lui fait une moyenne de… 14/20 ! L’élève J*** a trois notes, 13,5/20, 06/20 et 15,5/20, ce qui lui fait une moyenne de… 18/20 ! L’élève M*** a trois notes, 16,5/20, 01/20, 00/20, ce qui lui fait une moyenne de… 13/20 ! L’élève L*** a deux notes, 05/20 et 07,5/20, ce qui lui fait une moyenne de… 14/20 ! L’élève H*** a trois notes, 05/20, 08/20, 15,5/20, ce qui lui fait une moyenne de… 18/20 ! L’élève R*** a trois notes, 16,5/20, 12/20 et 15,2/20 (sic), ce qui lui fait une moyenne record de… 19/20 !!! Etc., etc. 

[38] Cf. un témoignage d’une maman d’élève de 6e, daté du 18 juin 2013, dénonçant « unecorruption généralisée et un manque de rigueur » ainsi qu’une« gestion menée d’une manière brutale ».

[39] Cf. Henri Guillemin, Une certaine espérance,Conversations avec Jean Lacouture, Le Seuil, 1992, p. 43.

[40] C’est cet établissement qui a accueilli Myriam* H. après son départ de MISR, et malgré une tentative malveillante de Frédéric TUMPICH auprès de la direction de cet établissement en vue de la discréditer. La direction de la Mère de Dieu, qui connaît et abhorre le fonctionnement de ces établissements, l’a envoyé paître, lui demandant pourquoi il se plaignait d’être débarrassé d’une enseignante prétendument « incompétente et fragile ». Mais comme nous le verrons, même un établissement comme La Mère de Dieu se ressent du fonctionnement de ce « système mafieux » : grâce à la recommandation de collègues et de parents et après un entretien, la direction de La Mère de Dieu, qui connaissait le différend qui m’opposait à MISR, s’était engagée à me recruter pour l’année suivante mais a finalement renoncé, cédant à l’ostracisme de Paul PETIT.

Etat d'urgence : démocratie ou totalitarisme ?

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« Dans une démocratie, seul un livreur de lait peut frapper à la porte avant l'aube. » Winston Churchill

« Ceux qui sont prêts à renoncer à des libertés essentielles pour obtenir temporairement un peu de sécurité ne méritent ni la liberté, ni la sécurité. » Benjamin Franklin

« Si vous proclamez un mensonge énorme et le martelez sans cesse, les gens finiront par y croire. Le mensonge peut être maintenu seulement tant que l'Etat peut dissimuler les conséquences politiques, économiques et/ou militaires de ce mensonge. Il devient donc d'une importance vitale pour l'Etat de faire usage de tous ses pouvoirs pour réprimer toute dissidence, car la vérité est l'ennemi mortel du mensonge, et donc par extension, la vérité est le plus grand ennemi de l'Etat. » Joseph Goebbels

« Le peuple peut toujours être amené à exécuter les volontés des dirigeants. Tout ce qu'il suffit de faire est de lui dire qu'il est attaqué, et de dénoncer les pacifistes pour manque de patriotisme en les accusant d'exposer le pays à des périls. Cela fonctionne dans n'importe quel pays. » Hermann Göring, Maréchal Impérial des forces armées nazies, successeur désigné de Hitler

« Sous un gouvernement qui peut emprisonner injustement n'importe quel citoyen, la seule place d'un homme juste est en prison. » Henry David Thoreau


Sayed Hasan

Russie : une guerre invisible

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Comment la Russie a-t-elle pu, en seulement 20 ans, sans guerres ni autres perturbations, passer du statut de semi-colonie à celui de superpuissance mondiale reconnue, sur un pied d'égalité avec les plus grands ?



Rostislav Ichtchenko
Par Rostislav Ichtchenko 

10 décembre 2015 


Source : thesaker.is

Article original publié sur oko-planet.su

Traduit par Diane, édité par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone


Les stratèges en chambre, qui croient sincèrement qu’une attaque nucléaire massive est la solution universelle à tout problème international (même le plus brûlant, proche de la confrontation militaire), sont malheureux de la position modérée du gouvernement russe dans la crise avec la Turquie. Ils jugent même insuffisante la participation de l’armée russe dans le conflit syrien. Ils sont aussi mécontents des activités de Moscou sur le front ukrainien.

Pourtant, pour une raison quelconque, personne ne pose une question simple. Comment est-ce arrivé que, tout d’un coup, la Russie ait non seulement résisté à la puissance hégémonique mondiale, mais ait gagné brillamment contre elle sur tous les fronts ?

Pourquoi maintenant

À la fin des années 1990, la Russie était, économiquement et financièrement, un pays au niveau du Tiers Monde. Une rébellion contre les oligarques commençait à naître dans le pays. La Russie menait contre les Tchétchènes une guerre interminable et désespérée qui s’étendait au Daghestan. La sécurité nationale n’était soutenue que par les armes nucléaires ; quant à conduire une opération sérieuse même à l’intérieur de ses propres frontières, l’armée n’avait ni personnel entraîné ni équipement moderne, la flotte ne pouvait pas naviguer et l’aviation ne pouvait pas voler.

Bien sûr, tout le monde peut voir comment l’industrie, y compris d’armement, a été progressivement ranimée, comment le niveau de vie en hausse a stabilisé la situation intérieure, comment l’armée a été modernisée.

Mais la question essentielle n’est pas de savoir qui a fait le plus pour reconstruire l’armée russe : Shoigu, Serdukov ou l’état-major général. La question principale n’est pas de savoir qui est le meilleur économiste entre Glaziev ou Koudrine, et s’il aurait même été possible d’allouer davantage de ressources aux dépenses sociales.

Le facteur clé dans ce travail est le temps. Comment la Russie l’a-t-elle gagné, pourquoi les États-Unis ont-ils donné du temps à la Russie pour préparer la résistance, muscler son économie et son armée, anéantir le lobby pro-américain actif dans la politique et les médias financé par le Département d’État ? 

Pourquoi la confrontation ouverte avec Washington, vers laquelle nous avançons, n’a-t-elle pas commencé plus tôt, il y a 10 ou 15 ans, lorsque la Russie n’avait aucune chance de résister à des sanctions ? En réalité, au cours des années 1990 ou 2000, les États-Unis ont commencé à installer des régimes fantoches dans l’espace post-soviétique, y compris à Moscou, qui était considéré comme l’une des diverses capitales de la Russie démembrée.

Le sain conservatisme des diplomates

Les conditions des actuels succès militaires et diplomatiques ont été construites pendant des décennies sur le front invisible (la diplomatie).

Il faut dire que parmi les ministères centraux, le ministère des Affaires étrangères a été le premier à se remettre du désordre administratif causé par l’éclatement du début des années 1990. Déjà en 1996, Evgueni Primakov est devenu un ministre des Affaires étrangères qui, en plus de faire faire demi-tour à son avion au-dessus de l’Atlantique en apprenant l’agression US contre la Yougoslavie, a transformé la politique étrangère russe – qui n’a depuis lors plus jamais suivi celle des Américains.

Deux ans et demi plus tard, il a recommandé Igor Ivanov comme successeur, qui a lentement (presque imperceptiblement) mais sûrement continué à renforcer la diplomatie russe. Il a été remplacé en 2004 par l’actuel ministre des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, sous la direction duquel la diplomatie a accumulé suffisamment de ressources pour passer d’une position défensive à une position offensive.

Sur ces trois ministres, seul Ivanov a reçu l’Étoile d’or [le plus haut titre honorifique, décerné aux Héros de la Fédération de Russie, NdT], mais je suis sûr que tant son prédécesseur que son successeur sont tout aussi dignes de cette récompense.

Il faut dire que la traditionnelle proximité de caste et le sain conservatisme du corps diplomatique ont contribué à une rapide restauration du travail du ministère des Affaires étrangères. Le sang-froid et le traditionalisme dont les diplomates sont accusés ont aidé. La kozyrevshchina (mot dérivé du nom de Andrei Kozyrev, ministre des Affaires étrangères de 1990 à 1996, signifiant « agir comme Kozyrev », c’est-à-dire d’une manière servile contre ses propres intérêts, NdT) n’a jamais pris au ministère, parce que ce n’était pas son genre.

 

Une période de consolidation interne

Mais revenons à 1996. La Russie est au fond du trou économiquement, mais le défaut de 1998 est encore à venir. Les États-Unis violent totalement le droit international et le remplacent par leurs actes arbitraires. L’OTAN et l’UE se préparent à se rapprocher des frontières russes.

La Russie n’a aucun moyen de répondre. La Russie (comme l’URSS avant elle) peut anéantir n’importe quel agresseur en 20 minutes, mais personne ne prévoit de l’attaquer. Toute déviation de la ligne approuvée par Washington, toute tentative de mener une politique étrangère indépendante conduirait à l’étranglement économique et à la déstabilisation interne qui s’ensuivrait – à cette époque, le pays vit sur les crédits occidentaux.

La situation se complique encore par le fait que jusqu’en 1999, le pouvoir était entre les mains de l’élite compradore redevable aux Etats-Unis (comme l’actuelle en Ukraine), et jusqu’en 2004-2005, les compradors luttent toujours pour le pouvoir, en concurrence avec la bureaucratie patriotique de Poutine. La dernière bataille d’arrière-garde livrée par les compradors vaincus a été une tentative de révolution en 2011 à la place Bolotnaïa. Que se serait-il passé s’ils avaient réussi en 2000, lorsqu’ils jouissaient d’un avantage écrasant ?

Les dirigeants russes avaient besoin de temps pour consolider la situation intérieure, restaurer les systèmes économique et financier, assurer leur autonomie et leur indépendance à l’égard de l’Ouest et reconstruire une armée moderne. Enfin, la Russie avait besoin d’alliés.

Les diplomates avaient une mission presque impossible. Il était nécessaire, sans reculer sur des questions essentielles, de consolider l’influence de la Russie dans les États post-soviétiques, de s’allier avec d’autres gouvernements qui résistaient aux États-Unis, les renforcer, si possible, tout en donnant à Washington l’illusion que la Russie était faible et prête à des concessions stratégiques.

L’illusion de la faiblesse russe

La démonstration du succès de cette mission tient dans les mythes qui continuent à vivre chez certains analystes occidentaux et dans l’opposition russe pro-américaine. Par exemple, si la Russie s’oppose à un nouvel avatar de l’aventurisme occidental, elle « bluffe pour sauver la face », les élites russes sont totalement dépendantes de l’Occident parce que « leur argent est là-bas », et « la Russie trahit ses alliés ». 

Cependant, les mythes sur les « fusées rouillées qui ne volent pas », « les soldats affamés qui construisent des datchas pour les généraux » et « l’économie en lambeaux » ont pour l’essentiel disparu. Seuls des marginaux y croient, mais ils ont trop peur de reconnaître la réalité.

Ce sont ces illusions elles-mêmes, sur la faiblesse et l’empressement à reculer, qui ont dupé l’Occident, lui faisant croire que la question russe était résolue et le dissuadant de lancer des attaques politiques et économiques préventives sur Moscou, et ont donné aux dirigeants russes un temps précieux pour accomplir leurs réformes.

Naturellement, il n’y a jamais assez de temps, et la Russie aurait préféré reporter de trois à cinq ans encore la confrontation directe avec les États-Unis qui a commencé en 2012-2013, ou même l’éviter complètement, mais la diplomatie a gagné 12 à 15 ans pour le pays – un immense laps de temps dans le monde actuel, qui change à toute vitesse. 

La diplomatie russe en Ukraine

Pour faire bref, je donnerai un seul exemple très clair, le plus pertinent dans la situation politique actuelle.

Les gens critiquent encore la Russie pour ne pas contrer assez activement les États-Unis en Ukraine, pour échouer à créer une cinquième colonne pro-russe afin de contrebalancer la cinquième colonne pro-américaine, pour travailler avec les élites plutôt qu’avec le peuple, etc. Évaluons la situation sur la base des possibilités réelles plutôt que des vœux pieux.

Malgré toutes les références au peuple, c’est l’élite qui détermine la politique du pays. L’élite ukrainienne, dans toutes ses actions, a toujours été et est encore antirusse. La différence est que l’élite idéologiquement nationaliste (et qui devient progressivement nazie) était ouvertement russophobe, tandis que l’élite économique (compradore, oligarchique) était simplement pro-occidentale, mais ne s’opposait pas à des liens lucratifs avec la Russie.

J’aimerais rappeler que ce sont les représentants du Parti des régions, soi-disant pro-russes, qui se sont vantés de ne pas avoir autorisé le commerce russe dans le Donbass. Ce sont eux aussi qui ont essayé de convaincre le monde qu’ils étaient plus favorables que les nationalistes à l’intégration européenne.

Le régime Ianoukovitch–Azarov a précipité la confrontation économique avec la Russie en 2013, en demandant que malgré la signature de l’Accord d’association avec l’Union européenne, la Russie maintienne et même renforce un régime favorable à l’Ukraine.

Après tout, Ianoukovitch et ses collègues dans le Parti des régions, alors qu’ils avaient un pouvoir absolu (2010-2013), ont soutenu les nazis financièrement, politiquement et en matière d’information. Ils les ont fait passer d’une niche marginale à la vie politique générale dans le but d’avoir un opposant pratique lors des élections présidentielles de 2015, tout en supprimant toute activité d’information pro-russe (sans parler de l’activité politique).

Le Parti communiste ukrainien, en même temps qu’il conservait une rhétorique pro-russe, n’a jamais tiré sur le pouvoir et a joué un rôle d’opposition loyale convenable soutenant indirectement les oligarques, canalisant l’activité protestataire dans des endroits sûrs pour tous les pouvoirs (y compris l’actuel).

Dans ces conditions, toute tentative russe de travailler avec des ONG ou de créer des médias pro-russes aurait été perçue comme un empiétement sur les droits des oligarques ukrainiens de voler le pays à leur seul usage, ce qui aurait provoqué une nouvelle dérive de l’Ukraine officielle vers l’Ouest, vu par Kiev comme un contrepoids à la Russie. Les États-Unis auraient vu cela, tout à fait naturellement, comme une transition de la Russie vers une confrontation directe, et auraient redoublé d’efforts pour la déstabiliser et soutenir les élites pro-occidentales dans tout l’espace post-soviétique.

Ni en 2000, ni en 2004, la Russie n’était prête à affronter ouvertement les États-Unis. Même lorsque cela s’est passé en 2013 (et ce n’était pas le choix de Moscou), la Russie a eu besoin de presque deux ans pour mobiliser ses ressources pour donner une réponse forte en Syrie. L’élite syrienne, contrairement à l’élite ukrainienne, a rejeté dès le début (en 2011-2012) tout compromis avec l’Occident.


C’est pourquoi, pendant 12 ans (depuis l’action « l’Ukraine sans Koutchma », qui a été la première tentative infructueuse de coup d’État pro-américain en Ukraine), la diplomatie russe a travaillé à deux tâches essentielles.

Premièrement, garder la situation en Ukraine en équilibre instable ; deuxièmement, convaincre l’élite ukrainienne que l’Occident était un danger pour son bien-être, tandis que la réorientation vers la Russie était l’unique moyen de stabiliser la situation et de sauver le pays ainsi que la position de l’élite elle-même.

La première mission a été réalisée avec succès. Les États-Unis ont réussi à faire passer l’Ukraine du mode multidirectionnel au mode bélier antirusse en 2013 seulement, après avoir dépensé beaucoup de temps et de ressources et avoir installé un régime avec d’énormes contradictions internes, incapable d’exister de manière indépendante (sans soutien américain croissant). Au lieu d’utiliser les ressources ukrainiennes à leur profit, les États-Unis sont obligés de dépenser les leurs pour prolonger l’agonie de l’État ukrainien détruit par le coup d’état.

La seconde mission, la réorientation économique vers la Russie, n’a pas eu lieu pour des raisons objectives (indépendantes des efforts russes). L’élite ukrainienne s’est révélée totalement inadéquate, incapable de penser stratégiquement, d’évaluer les risques et les avantages réels, vivant et agissant plutôt sous l’influence de deux mythes.

D’abord, que l’Occident l’emporterait facilement dans toute confrontation avec la Russie et partagerait le butin avec l’Ukraine. Ensuite, qu’aucun effort, sinon une position antirusse inébranlable, n’est nécessaire pour obtenir une existence confortable (au détriment des finances de l’Occident). Dans la situation de devoir choisir entre s’orienter vers la Russie et survivre, ou être aux côtés de l’Occident et mourir, l’élite ukrainienne a choisi la mort.

Cependant, même avec ce choix négatif de l’élite ukrainienne, la diplomatie russe a réussi à obtenir un avantage maximum. La Russie ne s’est pas laissée aspirer dans une confrontation avec le régime ukrainien, mais a forcé Kiev et l’Occident à un processus de négociation épuisant, sur fond de guerre civile de faible intensité, en excluant les États-Unis du format Minsk. En mettant l’accent sur les contradictions entre Washington et l’Union européenne, la Russie a réussi à faire porter la charge financière de l’Ukraine sur l’Ouest.

Résultat, la position de Washington et de Bruxelles, solide au début, s’est désintégrée. Comptant sur un blitzkrieg politico-diplomatique, les politiciens européens n’étaient pas préparés à une confrontation prolongée. L’économie de l’UE ne pouvait simplement pas la supporter. À leur tour, les États-Unis n’étaient pas prêts à accepter que Kiev soit exclusivement à leur charge. 


Aujourd’hui, après un an et demi d’efforts, la vieille Europe qui détermine la position de l’UE, l’Allemagne et la France, a complètement abandonné l’Ukraine et cherche un moyen de tendre la main à la Russie par dessus la tête des pays limitrophes pro-américains d’Europe de l’Est (la Pologne et les États baltes). Même Varsovie, qui avait l’habitude d’être le principal avocat de Kiev dans l’Union européenne (quoique de manière semi-officielle), évoque la possibilité de diviser l’Ukraine, ayant perdu la foi dans la capacité des autorités de Kiev à maintenir l’unité du pays.

Dans la communauté ukrainienne des politiques et des experts, l’hystérie à propos de la trahison de l’Europe est en train de grandir. L’ancien gouverneur (nommé par le régime nazi) de la région de Donetsk et oligarque Sergei Taruta dit que son pays a encore huit mois à vivre. L’oligarque Dmitry Firtash (qui avait une réputation de faiseur de roi ukrainien) prédit la désintégration pour le printemps prochain.

Tout cela, tranquillement et imperceptiblement, sans tanks ni aviation stratégique, a été atteint par la diplomatie russe. Réalisé dans une confrontation difficile avec le bloc des pays les plus puissants, militairement et économiquement, tout en partant d’une position beaucoup plus faible et avec les alliés les plus étranges, dont tous n’étaient pas, ou ne sont pas, heureux de la montée de la puissance russe.

Percée au Moyen-Orient

Parallèlement, la Russie a réussi à retourner au Moyen-Orient, à conserver et à développer l’intégration au sein de l’espace post-soviétique (l’Union économique eurasienne), à déployer avec la Chine un projet d’intégration eurasienne (l’Organisation de coopération de Shanghai) et de lancer avec les BRICS un projet d’intégration mondial.

Malheureusement, l’espace limité de cet article ne me permet pas de discuter en détail toutes les actions stratégiques de la diplomatie russe ces 20 dernières années (de Primakov à aujourd’hui). Une étude exhaustive nécessiterait plusieurs volumes.


Cependant, toute personne qui essaierait de répondre honnêtement à la question de savoir comment la Russie a réussi en 20 ans, sans guerres ni chamboulements, à passer de l’état de semi-colonie à celui de superpuissance mondiale reconnue, devrait reconnaître les contributions de beaucoup de gens sur la place Smolenskaïa [où se trouve le ministère des Affaires étrangères, NdT]. Leurs efforts ne tolèrent pas l’agitation ou la publicité, mais sans effusion de sang ni victimes, ils produisent des résultats comparables à ceux obtenus par des armées de plusieurs millions d’hommes pendant de nombreuses années.

Rostislav Ichtchenko est analyste à Russia Today.

Voir également :  

1993-2013 : Les vingt ans de « Pas de deux » entre la Russie et les Etats-Unis arrivent-ils à leur fin ?


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